Profonde solitude
je bouge mon ombre
histoire de voir
Hosai
Éloge de l'authenticité et de l'humilité
Dans son incessant rappel à la nature et aux choses simples, peu à peu le haïku nous éloigne du toc, du too much, du prétentieux. Sa sobriété formelle oblige à se recentrer sur ce qui vaut vraiment la peine d'être saisi... et donc vécu. Son style pur, sans artifice, dépouillé, est naturel comme le mode de vie des maîtres classiques qui l'ont créé. Ainsi, la bonzesse Chiyo-ni, qui écrivait avec humour :
Je bois à la source
j'ai oublié que je porte
du rouge aux lèvres !
Chiyo-ni
Au lecteur contemporain cette authenticité fait du bien.
Elle incite à se libérer de l'obligation de se prendre pour plus que l'on est, se retrouvant condamné à "travailler plus pour gagner plus", à s'élever sur la seule échelle matérielle tout en courant le risque de passer à côté de sa vie. "Il vaut mieux être moins, et être ce qu'on est", rappelait ainsi Alain Chamfort dans ses Maximes.
Manifestation
Un petit homme bossu
Crie : égalité !
Jean Pezennec
Monde de rosée
c'est un monde de rosée
et pourtant, et pourtant
Issa
le chat en virgule
le chat en virgule
sur le lit près de moi
sommeil calme
// Pascale Senk
Quand vous écrivez des haïkus,
Quand vous écrivez des haïkus,
votre intuition vous révèle
ce que vous ne saviez pas savoir
avant de l’écrire.
Cette façon de se surprendre soi-même
avec ses propres mots de sagesse
— ou d’être surpris par la sagesse
contenue dans les poèmes des autres —
est au cœur de la guérison poétique.
***
la mort n’a pas sa voix ici
l’espoir, le soutien, le courage, se partagent
Nous sommes des survivants !
// Marjorie Miles
Au fond de la rivière
Deux ou trois cailloux immobiles
En route vers l'océan
Dans le peu, on trouve parfois l'abondance; dans le petit, l'immense; dans le bref, l'éternel.
Toujours à la même place
L'arbre bouge ses feuilles
D'innombrables façons
premiers papillons
premiers papillons
au-dessus des pissenlits
ombres aimantes
// Pascale Senk