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Critique de topocl


Parce qu'un oligarque moscovite s'est rendu compte que cela pourrait bien lui rapporter quelques sous, vingt ans après, les travaux de la centrale hydroélectrique de Bougoutchany, en Sibérie, reprennent. Et voila que la menace, qui planait depuis si longtemps qu'elle avait été quasi oubliée, devient réalité: le lac de barrage va engloutir des villages entiers. les habitants vont être recasés à la va-comme-je-te-pousse, les morts aussi seront déplacés.

Alors de quoi se plaint-on? Eh bien d'abandonner une vie séculaire, ancrée dans une réalité terrienne, de rompre avec ce qu'on a aimé ou détesté, mais connu, ses souvenirs, son travail et ses amours. D'être asservis par la cupidité des puissants, l'intransigeance des petits chefs, la corruption de tout un appareil.

Sans s'attacher à un héros précis, Roman Sentchine fait vivre toute cette population bafouée, ses espoirs et ses désespoirs, ses combats et ses renoncements. C'est le dernier enterrement, ce sont les derniers mois puis les derniers jours, qu'emmener, qu'abandonner? C'est déchirant mais imparable. Et puis il faut se réhabituer ailleurs, et cet ailleurs, outre qu'il est un outrage, n'a pas d'âme.

J'ai curieusement été emportée par ce texte, qui laisse une large part aux dialogues, moi qui n'en suis guère adepte, car ces échanges anodins traquent au plus profond des émotions non-dites, dans un grand respect des interlocuteurs. C'est prenant, c'est tragique, c'est l'homme mortifié par ce qu'on présente comme une fatalité mais qui n'est en vérité que la vénalité de ses pairs.
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