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EAN : 9782070635672
432 pages
Gallimard (13/10/2011)
4.42/5   1198 notes
Résumé :
Une nuit de juin 1941, Lina Vilkas, une jeune lituanienne de quinze ans, est arrêtée par la police secrète du régime stalinien.
Avec sa mère et son petit frère, Jonas, ils sont déportés en Sibérie. Là, logés dans des huttes, sous-alimentés, brutalisés et harcelés par les Soviets, Lina et les siens tiennent bon. Soutenue par une mère exemplaire, et par sa volonté de témoigner de cet enfer blanc à travers ses dessins et ses écrits, elle tente de survivre au fro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (322) Voir plus Ajouter une critique
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Un roman magnifique et effroyable à la fois !
Kaunas, en Lituanie 14 juin 1941, juste avant que les Allemands n'envahissent les pays baltes. Les soviétique se livrent à une épuration planifiée par Staline : on arrête les écrivains, les artistes, les enseignants, et toute personne ayant une activité intellectuelle et qui serait susceptible de travailler contre le pouvoir central. C'est dans ce contexte que Lina, jeune lituanienne de 16 ans est condamnée à être déportée.
Roman effroyable parce que si J'ai déjà entendu parler des conditions de détention en Sibérie, je constate à la lecture de ce roman-témoignage que l'extermination dans ces camps n'étaient pas toujours directe comme dans les camps Allemands, pas d'élimination systématique mais une mort quasi certaine, une mort progressive dans des souffrances atroces, souffrances morales, souffrance physique, maladie tournée en dérision par des gardes monstrueux, à vomir !!!!
Une question m'est venue : pourquoi n'a -t-on pas décidé d'un devoir de mémoire pour ces gens ? Parmi les réponses possibles, l'existence d'une URSS et de son parti unique durant toutes ces décennies qui si elle a libéré les déportés dans les années 50, s'est assurée de leur silence, le KGB les surveillant étroitement. C'est ainsi que les quelques témoignages recueillis proviennent d'écrits et dans le roman présent, de dessins d'artistes qui ont été enfouis au moins jusqu'à l'indépendance des pays baltes en 1991. Les survivants sont aujourd'hui encore réduits au silence par leur âge, par l'habitude, par le fait d'avoir refoulé des souvenirs si longtemps.
Roman magnifique pourtant par la richesse humaine en laquelle il faut croire : Helena, la mère de Lina intelligente, vive, d'une finesse extraordinaire, et chaque personnage, agréable ou non, a son rôle et contribue à l'équilibre de cette société a qui l'on inflige des travaux inhumains. le ressenti de tous ces personnages bien différents s'exprime et c'est ce qui fait la richesse de cette histoire.
Vous l'aurez compris, j'ai adoré ce roman admirable : documentaire précieux sur les conditions de détention au-delà du cercle polaire, je me suis attachée aux personnages à tel point que je n'ai pas voulu refermer ce livre avant de connaître l'issue pour chacun de ces êtres humains déportés, oeuvrant ou non pour l'intérêt de la communauté, chacun étant un héros dans l'histoire.
Merci aux babéliotes qui ont rédigé une critique de ce roman et qui m'ont permis de le découvrir !
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Ruta Sepetys ouvre sa palette de couleurs sombres pour nous dévoiler un pan de l'Histoire assez inconnu, à savoir la déportation et le génocide de milliers d'habitants des pays baltes dans des camps en Sibérie par les soviétiques, en 1941.
Fidèle à son envie de dénoncer l'innommable afin qu'il ne puisse plus se reproduire, comme une manière de rendre la parole à toutes les victimes, l'auteure américaine a un besoin viscéral de se raconter pour se réconcilier.

Mêlant les faits à un peu de fiction, pour un roman à forte dose de pudeur et d'émotion, l'écriture gagne en force ce qu'elle abandonne de lyrisme, mais n'en demeure pas moins envoûtante et touchante.

Je referme le livre gorge nouée par un roman fort et puissant, qui malgré la part d'horreur innommable, libère une incroyable énergie.
L'énergie du désespoir, celle qui donne des ailes, qui transcende la faim, le froid, la maladie et qui empêche qu'on vous vole l'espoir.

On peut tout prendre à un être humain, sauf son désir de vivre et d'espérer et cette lueur qui même au bord du gouffre, lui permet de faire le choix de la vie.


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Une claque. Cette histoire, racontant l'histoire de personnes fictives mais relatant des évènements qui ont eu lieu, me laisse sans voix.
Personnellement, je ne connaissais pas ce pan de l'histoire durant la 2ème guerre mondiale. Je ne savais pas que, parallèlement aux horreurs d'Hitler et des SS, des Soviétiques avaient déportés des millions de personnes jugées anti-soviétiques.
Comment ont-ils réussi à survivre ?
A chaque lecture sur ce genre de sujet, je me pose la question.
Comment aurai-je réagi à leur place ?
Nous, simples lecteurs, face à ce genre de témoignage, nous sommes confortablement installés dans un fauteur, une tasse de café fumant accompagnée de petits gâteaux, ne manquant de rien, n'ayant jamais subi le 10ième de leurs souffrances.
Qu'est ce qui leur a donné la force de résister, de survivre, de continuer à respirer ?
J'éprouve toujours divers sentiments en refermant ce genre de livre : la honte de voir les atrocités de certains êtres humains, la honte mais aussi le dégoût.
Et un immense respect pour le courage des victimes.
Egalement un sentiment de "voyeurisme", mais je pense qu'il faut passer outre ce sentiment et parler de transmission, de témoignage qu'il faut partager le plus largement possible.
Merci à Ruta Sepetys de m'avoir fait découvrir cette Histoire là !
Lisez ce livre... Il est dur, mais il est indispensable... L'histoire ne doit pas être oubliée, de façon à ce que cela ne se reproduise pas...
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En cette soirée du 14 juin 1941, installée à son bureau, en chemise de nuit, Lina s'apprête à écrire à sa cousine lorsque des coups frappés à la porte, insistants, pressants, retentissent dans tout l'appartement. Sa mère va ouvrir et trois fonctionnaires du NKVD, la police secrète soviétique, font irruption et informent la famille qu'ils ont 20 minutes pour se préparer. En vitesse, Lina et son petit frère Jonas font leurs valises, leur maman les sommant de ne prendre que l'utile tandis qu'elle-même s'acharne à détruire sa plus belle porcelaine avant d'enfiler son manteau où elle aura caché dans la doublure papiers, bijoux et autres objets de valeur. En suivant les fonctionnaires qui les conduisent tous les trois vers un camion où sont déjà entassées plusieurs personnes, Lina s'inquiète pour son père qui n'était pas rentré, plus tôt dans la soirée, de son travail. Des heures d'attente devant l'hôpital avant qu'un agent du NKVD hisse une jeune femme et son nourrisson dans le camion. Si beaucoup s'inquiètent et ont peur de ce qui les attend, un homme chauve, lui, est certain qu'ils vont tous mourir. Premier arrêt, un modeste dépôt ferroviaire où des wagons à bestiaux s'alignent à l'infini et dans lesquels une multitude de Lituaniens sont pressés et entassés. Personne ne sait encore qu'un long et pénible voyage les attend...

Si la déportation des Juifs, sous les ordres d'Hitler, et leur enfermement ou extermination dans des camps de concentration est un pan de l'Histoire dramatique et horrible, il en est un autre tout aussi tragique et pourtant moins connu : la déportation de la population de trois pays baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie) vers des camps situés en Sibérie. Des personnes (médecins, avocats, professeurs, musiciens, bibliothécaires...) envoyées en prison ou déportées pour y être réduites à l'état d'esclaves, dans des conditions climatiques extrêmement rudes, sous le seul prétexte d'être considérées d'office comme antisoviétiques. Si ces faits effroyables sont aussi peu connus, c'est tout simplement parce que ceux qui ont eu la chance d'en ressortir vivants n'ont pas eu le droit d'en parler sans risquer un emprisonnement immédiat ou une nouvelle déportation, quand ce n'était pas la mort. C'est à partir de l'histoire de Lina et sa famille que Ruta Sepetys retrace ces événements terribles et inhumains. Adolescente de 15 ans, elle sera déportée, comme bon nombre de ses concitoyens, vers un camp en Sibérie, sous la surveillance de soldats du NKVD tyranniques. Rudesse du climat, abri de fortune, nourriture inconsistante, maladie et infection, travail à longueur de journée... C'est ce qu'ils subiront tous pendant des années. Si ce roman, basé sur des faits historiques, l'auteure s'étant elle-même inspirée de l'histoire de sa propre famille, raconte l'horreur, l'impensable, la noirceur de l'être humain, il n'en reste pas moins profondément émouvant et touchant et teinté d'une lueur d'espoir. D'une incroyable richesse et justesse, porté par des personnages inoubliables, ce roman, éprouvant, est, sans nul doute, essentiel pour comprendre la portée de ce qu'a fait subir Staline (qu'on estime responsable de la mort de plus de 20 millions de personnes).
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« Pas assez dur » ? Mais qu'est-ce que je viens de lire dans une critique sur ce site !
Pas assez dur, le fait de déporter des milliers de Lituaniens dans des wagons à bestiaux, les trainer pendant des semaines à travers la Russie, au-delà des montagnes de l'Oural, au-delà du cercle polaire, pour y travailler sans espoir de retour ?
Pas assez dur, assister à la mort de ses compagnons de voyage, et voir leurs cadavres jetés sur les rails, y compris ceux des enfants devant leur mère éplorée ?
Pas assez dur, travailler à en crever, pour manger le soir un morceau de pain et/ou une betterave, au point que les enfants meurent du scorbut ?
Pas assez dur, être séparé de sa famille, ne plus avoir de nouvelles, et voir ses proches mourir ?
Pas assez dur, être traité comme moins que rien, être insulté, moqué, frappé, privé de sa ration de pain parce qu'on a trébuché ?
Pas assez dur devoir coucher avec l'ennemi sous peine de voir son fils assassiné ?
Je continue ?

Ce roman bouleversant pour adolescents (et moi, je dis, pour tout le monde ! ) raconte en effet la déportation par les Russes des intellectuels, des artistes, des supposés ennemis du communisme, issus des pays baltes, et en l'occurrence ici, de la Lituanie (annexée par l'URSS en 1939). Déportation jusqu'en Sibérie, et au-delà, qui a commencé en JUIN 1941.
J'avais lu « Une journée d'Ivan Denissovitch », quand j'étais en humanités. Je savais que les opposants à Staline étaient envoyés au goulag, mais mes connaissances s'arrêtaient là.
Je ne savais pas que pendant la guerre, des familles entières étaient envoyées vers l'horreur. Je croyais que cela ne concernait que les Juifs…

Ce roman est d'autant plus déchirant qu'il est vu par les yeux d'une jeune fille de quinze ans, ne connaissant pas les tenants et aboutissants de la politique stalinienne. Elle a un petit frère, et des parents aimants. Elle connaitra l'enfer.
Dans un style abouti et nullement simpliste, au rythme trépidant – je ne parvenais pas à me détacher des pages, chapitre après chapitre -, Ruta Sepetys s'est inspirée de l'histoire de sa propre famille et a fait de nombreuses recherches y compris en Lituanie pour raconter l'effroyable.

Je recommande ce roman poignant non dénué d'espoir et d'amour, particulièrement aux adolescents (et aux adultes…) qui découvriront ainsi un pan méconnu de l'Histoire des hommes, ces êtres capables du meilleur et du pire.

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critiques presse (3)
Ricochet
13 avril 2012
Premier roman percutant de Ruta Sepetys, librement inspiré par l'histoire de son père qui, jeune garçon, a fui la Lituanie pour se retrouver en Allemagne dans un camps de réfugiés.
Lire la critique sur le site : Ricochet
LeFigaro
18 novembre 2011
Ce livre, souvent publié à l'étranger sous la bannière adulte, est, en France, proposé dans la collection «Scripto» de Gallimard. La jeunesse de l'héroïne, sa perception de la vie et du drame qui la frappe rendent ce récit particulièrement palpable aux adolescents. Sa lecture laissera des traces.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Lexpress
09 novembre 2011
Qu'on ne soit pas rebuté par ce sujet difficile. Car happé par la puissance de ce récit qu'on ne peut lâcher, le lecteur se sent le témoin privilégié d'un épisode important de l'Histoire.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (124) Voir plus Ajouter une citation
"Ce témoignage a été écrit pour laisser une trace ineffaçable et tenter l'impossible : parler dans un monde où nos voix ont été éteintes. [...]J'espère de tout mon coeur que les pages ici cachées feront jaillir de votre âme la source de compassion la plus profonde. J'espère aussi qu'elles vous inciteront à faire quelque chose, a en parler à quelqu'un. C'est le seul moyen de nous assurer que les hommes ne permettront pas au mal de se reproduire sous cette forme."
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- Je ne vois pas ta mère travailler la terre...
- Non, répondit Andrius en se penchant vers moi. [...] Et sais-tu pourquoi ?[...]
Parce qu'ils l'ont menacée de me tuer si elle n'acceptait pas de coucher avec eux. Et le jour où ils seront fatigués d'elle, rien ne les empêchera de me tuer si ça leur chante. Dis-moi un peu, Lina, que ressentirais-tu si ta mère pensait qu'elle devait se prostituer pour te sauver la vie ? [...] A ton avis, que ressentirait mon père s'il savait ça ? Et que ressent ma mère quand elle doit coucher avec les gens qui ont assassiné son mari ?
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- Comment peuvent-ils décider que nous sommes des animaux ? Ils ne nous connaissent même pas.
- Nous nous connaissons, répondit Mère. Ils se trompent. Ne leur permet jamais, Lina, de te convaincre du contraire. Comprends-tu ?
J’acquiesçai d’un signe de tête. Mais je savais qu’un certain nombre de nos compagnons s’étaient déjà laissé persuader de leur condition inférieure. Ils avaient une expression abattue, dénuée de tout espoir et se faisaient tout petits devant le NKVD. J’aurais voulu les dessiner tous.
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Mère sort une liasse de roubles de sa poche et la montre discrètement à l’officier qui tend le bras pour la prendre. Après quoi, il dit quelque chose à Mère, ponctuant ses paroles de petits mouvements de tête. Je vois maintenant la main de Mère voltiger pour arracher le pendentif qu’elle porte à son cou et le déposer dans la main de l’officier. Il ne semble pas satisfait. Ce n’est que de l’ambre. Tout en continuant de lui parler en russe, Mère sort de la poche de son manteau une montre à gousset en or. Je connais bien cette montre. C’est celle de son père ; il y a même son nom gravé au dos. L’officier s’en empare d’un geste vif et lâche Jonas pour se mettre à crier après ceux qui se trouvent près de nous.
Vous êtes-vous jamais demandé ce que vaut une vie humaine ? Ce matin-là, mon petit frère ne valait pas plus qu’une montre à gousset.
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La guerre, en général, se caractérise par des opérations militaires. Mais, pour les peuples baltes, cette guerre était essentiellement d'ordre idéologique. En 1991, après cinquante ans d'occupation, les trois pays Baltes ont retrouvé leur indépendance et, avec elle, la paix et la dignité. Ils ont préféré l'espoir à la haine et montré au monde qu'une lumière veille toujours au fond la nuit la plus noire. S'il vous plaît, réfléchissez à cela. Parlez-en autour de vous. Ces trois minuscules nations ont montré au monde qu'il n'est pas de plus puissante arme que l'amour. Quelle que soit la nature de cet amour-qui peut aller jusqu'à pardonner à ses ennemis-, il nous révèle la force miraculeuse de l'esprit humain.

Note : pays Baltes = Lettonie, Lituanie, Estonie.
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Videos de Ruta Sepetys (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ruta Sepetys
Dans cette dernière vidéo consacrée aux sélections de fin d'année 2020, les libraires de Point Virgule partagent leurs coups de cœur concernant la littérature à destination des adolescents. Rassurez-vous, il n'y pas d'âge limite après lequel il serait interdit de piocher dans ces recommandations...
Adèle - #Bleue, Florence Hinckel, Pocket Jeunesse, 7,60€ - L'Année de Grâce, Kim Liggett, Casterman, 19,90€ - Collectif Black bone, Tome 1 - Coltan Song, Maylis Jean-Préau, Manu Causse, Marie Mazas, Emmanuelle Urien, Nathan, 14,95€ - Akata witch, Nnedi Okorafor, L'école des loisirs, 18€ - Les Chroniques de l'érable et du cerisier, Camille Monceaux, Gallimard Jeunesse, 20,50€
Alexia - Ma Story, Julien Dufresne-Lamy, Magnard Jeunesse, collection Presto, 5,90€ - Espérance résistance, Juliette Keating, Magnard Jeunesse, collection Presto, 5,90€ - Hôtel Castellana, Ruta Sepetys, Gallimard Jeunesse, 19€ - Des œillets pour Antigone, Charlotte Bousquet, Scrineo, 17,90€ - Des yeux de loup, Alice Parriat, L'école des loisirs, 14€ - À quoi rêvent les étoiles, Manon Fargetton, Gallimard Jeunesse, 17€ - #Murder, Gretchen McNeil, Milan, 16,90€
Musique du générique d'intro par Timo Vollbrecht.
+ Lire la suite
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