[...] la valeur que je donne aux mots m'a appris qu'ils ont un sens profond du respect humain et souffrent quand on les utilise mal.
(dans "Narrer...résister")
Les chiens sont de nobles amis qui soudain s'en vont. Ils entrent dans nos vies avec leur joie à quatre pattes et deviennent des compagnons avec lesquels nous tissons des liens dans la solitude d'une rue, le jardin ou les promenades sur la plage. Sans dire un mot, nous parlons avec eux et ils nous parlent dans la langue pure d'un regard ; une caresse, un geste leur suffisent pour être nos plus fidèles confidents. Leur tristesse est réelle quand ils nous voient partir et leur joie sincère quand nous revenons.
(dans "Laïka")
[...] on sait bien comment les propriétaires de bordels et de casinos règlent les problèmes avec leurs employés. Les romans noirs, le cinéma et les archives judiciaires sont remplis de leçons sur ce sujet. Évidemment, briser les jambes ou la colonne vertébrale de ceux qui perdent la confiance du Parrain est plus rapide qu'une lettre de licenciement.
(dans "Eurovegas, un mégabordel")
au fil du temps, l'amour des mots m'est apparu comme un amour fidèle qui ne me trahirait jamais.
(dans "Un doute et une certitude")
Nous laissons les années vieillir avec nous sans la moindre rancœur et plus rien ne nous surprend plus.
(dans "La clef du ciel")
Il m'est particulièrement difficile d'imaginer une littérature où le conflit entre l'homme et ce qui l'empêche d'être heureux serait absent. Je ne pourrais m'attaquer à la littérature, ç l'écriture, sans la conscience d'être la mémoire de mon pays, de mon continent et de l'humanité. Il m'a été donné de vivre la seconde moitié du XX° siècle, une époque marquée par la confrontation entre deux puissances qui utilisèrent la guerre et la paix comme moyen de chantage pour s'effrayer mutuellement et décidèrent que, dans leurs zones d'influence, la liberté, la justice sociale et la dignité humaine étaient des sujets réservés aux élites.
(dans 'Donner la parole aux sans voix")
Cette femme était sa force. Je l'ai découvert tardivement et aucun des deux ne l'a su à temps. Ma mère était constance, fermeté, elle tenait les rênes de la maison. Mon père, une poignée de jolis rêves qui rendaient la vie moins triste.
(dans "Les grillades, c'est l'affaire du vieux")
D'une part, les gouvernements ont fait peser le poids de la crise sur les citoyens en amputant les prestations sociales et en faisant du travail une sorte de condamnation à perpétuité. D'autre part, on a vu fleurir des réponses inspirées par la xénophobie la plus obtuse, le racisme, la manie simple et grossière de rendre l'autre, le différent, responsable de tous les problèmes liés à la crise provoquée par les banquiers, les riches, les marchés. A un problème aussi complexe que celui d'un système économique basé sur la spéculation, l'extrême droite européenne a répondu par des incitations à la haine, à l'intolérance, à l'élimination de ceux qui sont différents ; c'était précisément l'objet de la réunion des jeunes Norvégiens assassinés à Utoya.
(dans "Horreur et impuissance")
C'est un devoir pour les êtres humains d'éviter la souffrance à ceux que nous aimons.
(dans "Laïka")
Etre du Sud marque la vie parfois avec fatalité, d'autres fois avec une nostalgie plus épaisse que les brumes scandinaves mais aussi avec une luminosité plus forte que l'aurore boréale car c'est la lumière des gens du Sud, de mon Sud, un territoire sans frontières absurdes où l'on arrive sans autres conditions que d'aimer le Sud. Et quand on y est, on découvre en très peu de temps que ce territoire nous colle à la peau et coule dans nos veines.
(dans "Sud, le mot qui m'obsède")