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EAN : 9791041411559
208 pages
Points (17/11/2023)
3.9/5   166 notes
Résumé :
"Nous sommes partis un jour vers le sud du monde pour voir ce qu'on allait y trouver. Notre itinéraire était très simple : pour des raisons de logistique, le voyage commençait à San Carlos de Bariloche puis, à partir du 42e Parallèle, nous descendions jusqu'au Cap Horn, toujours en territoire argentin, et revenions par la Patagonie chilienne jusqu'à la grande île de Chiloé, soit quatre mille cinq cents kilomètres environ. Mais, tout ce que nous avons vu, entendu, se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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Luis Sepulveda, célèbre auteur chilien et son ami le photographe Daniel Mordzinski parcourent la Patagonie en 1996 et en rapportent ce somptueux livre de voyage, illustré par de magnifiques photos en noir et blanc.

Avec eux nous vivons au jour le jour la réalité quotidienne de ce pays, le marquage des génisses chez les gauchos, le parcours à bord de la Trochita, nom familier donné au Patagonia Express; les aléas de la distribution des terres agricoles, le vécu des immigrants européens depuis plusieurs générations.

La Patagonie et la Terre de Feu ont toujours été considérées comme des territoires susceptibles d'être spoliés impunément.

Sepulveda nous montre comment, tout au long du 19ème siècle les Amérindiens vivant dans ces zones ont été dépossédés de leurs terres.
Plus récemment, des milliardaires américains s'approprient des milliers d'hectares, sans qu'il y ait contrôle possible par la population locale quant à l'utilisation de ces terres.
Un magnifique ouvrage d'histoire, de géographie et d'économie..
qui me donne envie de repartir là bas...
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Livre de voyage ou compilation de nouvelles ? Ce livre est un peu des deux. Sepulveda a ce sens du récit, ce sens du conteur, qui transforme quelques anecdotes de voyages en légendes ! Non, anecdote est trop connoté, il s'agit plutôt de rencontres, la véritable essence du voyage, que Sepulveda nous conte aux fils des pages. Un voyage fait au sud du 42eme parallèle, avec son « socio », complice photographe Daniel Mordzinski, mais aussi avec son coeur, grand ouvert sur la vie. Dix neuf cent quatre-vingt seize, les deux complices décident de faire ce voyage au Sud et de le raconter avec leurs mots à eux : la lumière pour Mordzinski et l'encre pour Sepulveda. Ils partent, sans vraiment plus de but que de se laisser guider par les rencontres, ce qui veut dire aussi prendre le temps. le vrai voyage était là. Les rencontres avec ce luthier Cervantesque sorti de la brume à la recherche d'un violon au milieu de nulle part, le poivrot descendant de Davy Crockett, les mécanos du Patagonia express et de nombreux autres dont Sepulveda a écrit la légende et que Mordzinski a immortalisé avec son Leica.
Ces nouvelles du sud, c'est aussi un plaidoyer pour ces hommes ancrés dans la terre australe, au caractère endurci par les vents de Patagonie, ces hommes et ces femmes que Sepulveda chérit aussi dans nombres de ces livres. Des héros de l'ordinaire, savants mélanges de dureté et de douceur, de vent tempétueux et de lumière rasante. Des hommes et des femmes exploités, maltraités, et qui ne demandent rien de plus que de vivre leur liberté.
Ces dernières nouvelles du sud, hélas ne sont pas bonnes. Elles témoignent de la toute puissance de l'argent qui gangrène les esprits, pourrit les racines et coupe les ailes. Par bonheur, il y a les livres. de fiction, ou de voyages, ils nous invitent dans les contrées de notre âme que l'on aurait oubliées, ils ouvrent ces fenêtres sur les mondes à vivre et à rêver.
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« En Patagonie, on dit que faire demi-tour et revenir en arrière porte malheur. Pour rester fidèle aux coutumes locales, nous avons poursuivi notre chemin car le destin est toujours devant, et on ne doit avoir dans son dos que la guitare et les souvenirs. »

Attendez, j'vous raconte…

J'arrive à peine d'un voyage enchanteur au pays de Sepúlveda pour vous donner les Dernières nouvelles du Sud, le Sud du bout du monde. Mon sac-à-dos est chargé de souvenirs, pas de ceux qui s'abîment et se perdent, mais des souvenirs comme des odeurs qui s'impriment à jamais dans les mémoires du coeur. Mes compagnons de route, Luis Sepúlveda et Daniel Mordzinski - photographe franco-argentin - avaient envie de nous raconter la richesse lumineuse dont sont imprégnés les gens qui vivent dans cet endroit que l'on dit l'un des plus purs de la planète : la Patagonie. Et moi, je ne demandais pas mieux que de les suivre…

À bord d'une vieille bagnole, notre voyage débutait à San Carlos de Bariloche, où nous descendions vers le Cap Horn, à l'Ouest argentin de la Terre de Feu, pour revenir par la Patagonie chilienne jusqu'à l'île de Chiloé, quatre mille cinq cents kilomètres plus loin. La quila venait de fleurir, une variété de bambou andin. Pas un seul nuage dans le ciel, d'un bleu immaculé. Nous avons traversé la steppe patagonienne, affrontant de face les vents violents de ces grands espaces indomptables. Ils nous ont rappelé les beautés sauvages d'une terre qui côtoie de près les eaux glaciales de l'Antarctique et les masses d'air froides qui battent de plein fouet sur la Cordillère des Andes.

« La steppe patagone invite les humains au silence car la voix puissante du vent raconte toujours d'où il vient et, chargé d'odeurs, dit tout ce qu'il a vu. »

Comme seule boussole, nous avions une envie furieuse de nous abreuver du parfum des fleurs sauvages, des saveurs des ravioles con tuco et de l'agneau rôti sur la broche, que mes amis voyageurs affirmaient dur comme fer être le meilleur au monde. le vin chilien coulait dans les verres au son des guitares et des accordéons, avant de finir la soirée devant un bon maté que nos hôtes au visage tanné par le vent nous servaient avec fierté.

De toutes ces rencontres que nous ayons faites, si je devais n'en revivre qu'une seule, j'irais revoir La dame aux miracles, cette vieille femme de quatre-vingt-quinze ans avec ses beaux sillons de rides qui témoignent de son histoire. Sa petite maison de campagne est entourée d'un jardin qui abonde de fruits et de légumes. Les herbes miraculeuses qui foisonnent de toutes parts ont ce don d'éveiller la fertilité. Mais je voudrais surtout, au coin du feu, qu'elle me reparle des souvenirs de l'homme sur la photo sépia. Je saurais alors que le plus beau des voyages est celui qui nous offre le cadeau d'une fenêtre ouverte sur le coeur des gens…

« Un jour mourait en Patagonie mais, à l'aube suivante, une vieille dame de quatre-vingt-quinze ans, qui avait fêté son anniversaire avec deux hommes des grands chemins, garderait la merveilleuse habitude de vivre. »

Je pourrais aussi vous parler de l'homme-luthier, El Tano, avec lui nous avons cherché dans chaque recoin de la steppe des bois rares pour la confection de ses violons. Ou encore des Gauchos de Patagonie, ces cavaliers qui franchissent la Pampa au galop, hommes élégants avec un foulard rouge autour du cou. Ils sont maîtres du lasso avec leurs gestes lents et harmonieux…

Ce récit de voyage est dédié à Osvaldo Soriano. Des pages émouvantes témoignent de son amitié envers l'écrivain et scénariste argentin.

« Osvaldo Soriano se dirigeait à pas lents vers Callao, il s'est arrêté pour saluer un vendeur de journaux, s'est penché un peu plus loin pour caresser un chat de gouttière puis a continué à s'éloigner, à s'éloigner jusqu'à ce que sa silhouette se perde sous les arbres, jusqu'à ce qu'il ne reste plus de lui qu'un souvenir inoubliable, définitif, têtu, incombustible, installé pour toujours dans le coeur de ma mémoire. »

Le temps me manque pour vous en dire davantage, le Patagonia Express arrive dans quelques minutes. Je monterai à bord et je me fermerai les yeux sur ces souvenirs inoubliables d'images et de rencontres.

Des Grandes Plaines du Montana en passant par un igloo du Québec, je dois le cadeau inestimable de cet aller-simple au Sud du 42ème parallèle à un Bison. Si vous passez un jour à la petite maison de campagne de la Dame aux miracles, vous seriez gentils de la serrer très fort dans vos bras de ma part. Dites-lui qu'il n'y a pas un jour qui passe sans que je pense à elle et à la photo sépia suspendue à son mur.

L'amour est le plus beau des voyages…

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Le dernier "Far South", presque immaculé de civilisation.

Magnifique voyage itinérant de place en place, à la rencontre de personnages tous plus atypiques les uns que les autres, dans un décor où la civilisation a encore du mal à s'imposer, même si elle a déjà causé des dégâts irrémédiables.
Luis Sepulveda, et son "socio" photographe Daniel Mordzinski, mus par une recherche d'absolu, choisissent les grands espaces patagoniens pour satisfaire à leur quête ontologique.
On y découvre des personnages hauts en couleur, un artiste-luthier, un descendant de Davy Crockett, mais aussi un lutin (!)... tous vivent libres leur passion, leur nature dégagées - pour un temps encore - des codes, des règles d'une société de plus en plus mondialisée. Des rencontres donc, avec des êtres libres, libres de pensées, libres d'exister....!
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Luis Sepúlveda (1949-2020) est un écrivain chilien, devenu célèbre grâce à son beau roman "Le vieux qui lisait des romans d'amour". C'était un homme très marqué à gauche et un ferme soutien des peuples autochtones spoliés par les colons de l'Amérique du Sud. C'était aussi un grand voyageur. Dans le présent récit, il raconte l'expérience qu'il a vécue, en compagnie de son "socio" Daniel Mordzinski. Ils sont est partis de Buenos Aires et ont abouti en Terre de Feu. La Patagonie, c'est le vaste Far South de l'Argentine, une terre ingrate et balayée par un vent infernal, peu peuplée. Dans cette immensité, des petites bourgades ou plus souvent des hameaux servent d'escale aux deux voyageurs. Ils y rencontrent des personnages, hauts en couleur, qui évoquent des anecdotes personnelles ou bien le passé du lieu où ils vivent. Et l'auteur adore s'en faire l'écho: c'est un excellent conteur. Avec lui, le mythe se mélange au reportage. A son récit se juxtaposent les photos en noir et blanc prises par son socio (images dont j'aurais avoir le titre…). Ce livre se lit facilement. J'indique que j'ai eu du mal avec le début un peu poussif (à Buenos Aires) et que j'ai préféré les chapitres avec les gauchos et d'autres habitants de Patagonie - une terre d'aventure très éloignée et peu visitée.
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critiques presse (2)
Lexpress
11 juin 2012
[Des] portraits pétris d'humanité savoureuse défilent, rehaussés par les clichés en noir et blanc de Mordzinski. Les deux hommes nous quittent lors d'un petit vol au-dessus du détroit de Magellan.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeFigaro
13 avril 2012
Luis Sepulveda, conteur embusqué derrière le voyageur, restitue, pour chacun, toute une vie en Patagonie, au fil de chapitres qui se lisent comme des nouvelles. […] Ce livre valait bien quinze années d'attente.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
L'espagnol fonde sa richesse sur sa capacité à adopter des mots, qui ont pour origine des vocables indigènes, des difficultés phonétiques rencontrées par les immigrants, ou les problèmes auditifs des criollos face à des termes inconnus.

Il y a deux ans environ, la Real Academia de la Lengua Espanola a accepté le mot chimichurri défini comme une sauce composée d'huile, de vinaigre, d'origan, de sel et d'épices servant à accompagner les viandes.

D'après l'Académie, sa racine étymmologique serait peut-être un mot aymara mais on n'est pas sûr.
Chimichurri est né des difficultés d'un gaucho à moitié sourd au service d'un éleveur anglais qui lui aura mille fois ordonné "give me a curry"....
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Le guide Forbes est une sorte de publication pornographique où sont répertoriées les plus grandes fortunes du monde, et pour cette poignée de multimilliardaires qui se sont approprié toutes les richesses de la terre, le fait de posséder quelques milliers d'hectares en Patagonie est une sorte de signe distinctif, une marque prestigieuse sur l'arrière-train de leur âme. Ces gens-là sont incapables de dire où commence le Chili et où finit l'Argentine, ils se moquent complètement de ces deux pays, la seule chose qui compte pour eux c'est d'exhiber des titres de propriété en Patagonie.
Il y a une quinzaine d'années, Carlo et Luciano Benetton ont acheté neuf cent mille hectares en Patagonie. Pour se faire une idée d'une telle superficie, il faut imaginer, si tant est que ce soit possible, un million de stades de football.
Les Benetton prétendaient apporter le progrès dans la région. Ils ont apporté les clôtures en fil de fer barbelé, empêché la transhumance des gauchos et des rares espèces sauvages encore existantes, imposé des bornes absurdes dans une région où le ciel et la terre sont les seules limites. Ted Turner, le millionnaire créateur de CNN et président du groupe multimédia AOL-Time Warner, a suivi l'exemple des Benetton et, à cette liste, est venu s'ajouter un type petit, aux muscles gonflés aux sténoïdes et dont l'intelligence avait impressionné un intellectuel appelé Ronald Reagan : Sylvester Stallone.
Pour définir la capacité des armes on parle de pouvoir de destruction. Pour définir la capacité de destruction des hommes il faut parler de pouvoir d'achat. Celui de Rambo visait précisément les terres où Doña Delia vivait sa longévité féconde aux côtés de son chien, de ses moutons, de ses herbes miraculeuses, de ses fleurs aux parfums sauvages et de ses fruits aux saveurs séculaires et sacrées.
Malgré son terrible pouvoir d'achat, paradigme de la volonté - non pas, au sens où l'entendait Nietzsche mais du point de vue des jobards de Hollywood -, Stallone n'a cependant pas pu acheter. Et ce n'est pas faute d'en avoir eu envie. Il arrive parfois que l'excès de soumission face aux puissants déclenche les mécanismes de résistance qui donnent sa dignité à l'espèce humaine. Le prix fixé par les autorités argentines pour cette portion de la Patagonie était si ridiculement bas qu'un groupe d'éleveurs leur a suggéré de ne pas se montrer aussi complaisantes face aux acheteurs étrangers.
Naturellement, le gouvernement argentin ne leur a pas répondu mais, par hasard, un hebdomadaire français, Le Nouvel Observateur, a publié dans son édition du 5 mars 2003 une information qui a échauffé encore davantage les esprits : le gouvernement argentin étudiait la possibilité de donner la Patagonie aux Etats-Unis en échange de l'annulation de l'énorme dette contractée auprès du Fonds monétaire international.
La nouvelle a couru de pulpería en pulpería, de foyer en foyer, et agriculteurs, éleveurs et écologistes ont organisé un tel remue-ménage que l'affaire n'a pas pu se concrétiser.
C'est ainsi que Rambo, l'invincible guerrier capable d'étriper des milliers de Vietnamiens, d'abattre en Afghanistan des hélicoptères russes à coups de pierre en luttant aux côtés des talibans, a été vaincu par une petite vieille presque centenaire ayant pour seule arme l'amour de la terre.
C'est le genre de choses qui arrivent, là-bas, en Patagonie. Et ça, c'est vraiment une histoire qui finit bien.
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Plus tard, en 1880, quand on commença à coloniser le grand territoire austral et que la presse britannique fit remarquer non pas la fragile beauté de ce monde mais son potentiel économique qui induisait "la triste nécessité d'anéantir les barbares", les lances de quila ajoutées aux flèches et aux boleadoras affrontèrent de nouveau les envahisseurs mais, cette fois, elles furent vaincues par le plomb et les arguties juridiques des usurpateurs avides de terre qu'ils n'aimeraient jamais, de richesses qui engraisseraient les banquiers d'Europe et d'un prestige que l'histoire n'a pas encore commencé à juger.
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Le guide Forbes est une sorte de publication pornographique où sont répertoriées les plus grandes fortunes du monde, et pour cette poignée de multimilliardaires qui se sont approprié toutes les richesses de la terre, le fait de posséder quelques milliers d'hectares en Patagonie est une sorte de signe distinctif, une marque prestigieuse sur l'arrière-train de leur âme.
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Avec ou sans nuages, le ciel patagon semble toujours bas, il cesse d'être l'immense voûte céleste des autres latitudes et écrase le voyageur.

Au cours d'un précédent voyage, alors que je chevauchais aux alentours de Rio Mayo, j'ai croisé un gaucho venant en sens inverse. A vrai dire, on ne peut pas parler de rencontre car le cavalier dormait, mais les chevaux se sont arrêtés face à face pour nous rappeler les coutumes humaines.

- Comment ça va l'ami?
- Bien et vous?
- Comme vous voyez, entre le ciel et la terre, m'a-t-il dit avant d'éperonner son cheval.

Effectivement, dans la steppe patagone, on est entre ciel et terre. Ajouté à l'uniformité de la plaine cela permet de tout voir, objet ou détail, aussi loin soit-il et tout prend un caractère inédit, extraordinaire.
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