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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Livre de voyage ou compilation de nouvelles ? Ce livre est un peu des deux. Sepulveda a ce sens du récit, ce sens du conteur, qui transforme quelques anecdotes de voyages en légendes ! Non, anecdote est trop connoté, il s'agit plutôt de rencontres, la véritable essence du voyage, que Sepulveda nous conte aux fils des pages. Un voyage fait au sud du 42eme parallèle, avec son « socio », complice photographe Daniel Mordzinski, mais aussi avec son coeur, grand ouvert sur la vie. Dix neuf cent quatre-vingt seize, les deux complices décident de faire ce voyage au Sud et de le raconter avec leurs mots à eux : la lumière pour Mordzinski et l'encre pour Sepulveda. Ils partent, sans vraiment plus de but que de se laisser guider par les rencontres, ce qui veut dire aussi prendre le temps. le vrai voyage était là. Les rencontres avec ce luthier Cervantesque sorti de la brume à la recherche d'un violon au milieu de nulle part, le poivrot descendant de Davy Crockett, les mécanos du Patagonia express et de nombreux autres dont Sepulveda a écrit la légende et que Mordzinski a immortalisé avec son Leica.
Ces nouvelles du sud, c'est aussi un plaidoyer pour ces hommes ancrés dans la terre australe, au caractère endurci par les vents de Patagonie, ces hommes et ces femmes que Sepulveda chérit aussi dans nombres de ces livres. Des héros de l'ordinaire, savants mélanges de dureté et de douceur, de vent tempétueux et de lumière rasante. Des hommes et des femmes exploités, maltraités, et qui ne demandent rien de plus que de vivre leur liberté.
Ces dernières nouvelles du sud, hélas ne sont pas bonnes. Elles témoignent de la toute puissance de l'argent qui gangrène les esprits, pourrit les racines et coupe les ailes. Par bonheur, il y a les livres. de fiction, ou de voyages, ils nous invitent dans les contrées de notre âme que l'on aurait oubliées, ils ouvrent ces fenêtres sur les mondes à vivre et à rêver.
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« En Patagonie, on dit que faire demi-tour et revenir en arrière porte malheur. Pour rester fidèle aux coutumes locales, nous avons poursuivi notre chemin car le destin est toujours devant, et on ne doit avoir dans son dos que la guitare et les souvenirs. »

Attendez, j'vous raconte…

J'arrive à peine d'un voyage enchanteur au pays de Sepúlveda pour vous donner les Dernières nouvelles du Sud, le Sud du bout du monde. Mon sac-à-dos est chargé de souvenirs, pas de ceux qui s'abîment et se perdent, mais des souvenirs comme des odeurs qui s'impriment à jamais dans les mémoires du coeur. Mes compagnons de route, Luis Sepúlveda et Daniel Mordzinski - photographe franco-argentin - avaient envie de nous raconter la richesse lumineuse dont sont imprégnés les gens qui vivent dans cet endroit que l'on dit l'un des plus purs de la planète : la Patagonie. Et moi, je ne demandais pas mieux que de les suivre…

À bord d'une vieille bagnole, notre voyage débutait à San Carlos de Bariloche, où nous descendions vers le Cap Horn, à l'Ouest argentin de la Terre de Feu, pour revenir par la Patagonie chilienne jusqu'à l'île de Chiloé, quatre mille cinq cents kilomètres plus loin. La quila venait de fleurir, une variété de bambou andin. Pas un seul nuage dans le ciel, d'un bleu immaculé. Nous avons traversé la steppe patagonienne, affrontant de face les vents violents de ces grands espaces indomptables. Ils nous ont rappelé les beautés sauvages d'une terre qui côtoie de près les eaux glaciales de l'Antarctique et les masses d'air froides qui battent de plein fouet sur la Cordillère des Andes.

« La steppe patagone invite les humains au silence car la voix puissante du vent raconte toujours d'où il vient et, chargé d'odeurs, dit tout ce qu'il a vu. »

Comme seule boussole, nous avions une envie furieuse de nous abreuver du parfum des fleurs sauvages, des saveurs des ravioles con tuco et de l'agneau rôti sur la broche, que mes amis voyageurs affirmaient dur comme fer être le meilleur au monde. le vin chilien coulait dans les verres au son des guitares et des accordéons, avant de finir la soirée devant un bon maté que nos hôtes au visage tanné par le vent nous servaient avec fierté.

De toutes ces rencontres que nous ayons faites, si je devais n'en revivre qu'une seule, j'irais revoir La dame aux miracles, cette vieille femme de quatre-vingt-quinze ans avec ses beaux sillons de rides qui témoignent de son histoire. Sa petite maison de campagne est entourée d'un jardin qui abonde de fruits et de légumes. Les herbes miraculeuses qui foisonnent de toutes parts ont ce don d'éveiller la fertilité. Mais je voudrais surtout, au coin du feu, qu'elle me reparle des souvenirs de l'homme sur la photo sépia. Je saurais alors que le plus beau des voyages est celui qui nous offre le cadeau d'une fenêtre ouverte sur le coeur des gens…

« Un jour mourait en Patagonie mais, à l'aube suivante, une vieille dame de quatre-vingt-quinze ans, qui avait fêté son anniversaire avec deux hommes des grands chemins, garderait la merveilleuse habitude de vivre. »

Je pourrais aussi vous parler de l'homme-luthier, El Tano, avec lui nous avons cherché dans chaque recoin de la steppe des bois rares pour la confection de ses violons. Ou encore des Gauchos de Patagonie, ces cavaliers qui franchissent la Pampa au galop, hommes élégants avec un foulard rouge autour du cou. Ils sont maîtres du lasso avec leurs gestes lents et harmonieux…

Ce récit de voyage est dédié à Osvaldo Soriano. Des pages émouvantes témoignent de son amitié envers l'écrivain et scénariste argentin.

« Osvaldo Soriano se dirigeait à pas lents vers Callao, il s'est arrêté pour saluer un vendeur de journaux, s'est penché un peu plus loin pour caresser un chat de gouttière puis a continué à s'éloigner, à s'éloigner jusqu'à ce que sa silhouette se perde sous les arbres, jusqu'à ce qu'il ne reste plus de lui qu'un souvenir inoubliable, définitif, têtu, incombustible, installé pour toujours dans le coeur de ma mémoire. »

Le temps me manque pour vous en dire davantage, le Patagonia Express arrive dans quelques minutes. Je monterai à bord et je me fermerai les yeux sur ces souvenirs inoubliables d'images et de rencontres.

Des Grandes Plaines du Montana en passant par un igloo du Québec, je dois le cadeau inestimable de cet aller-simple au Sud du 42ème parallèle à un Bison. Si vous passez un jour à la petite maison de campagne de la Dame aux miracles, vous seriez gentils de la serrer très fort dans vos bras de ma part. Dites-lui qu'il n'y a pas un jour qui passe sans que je pense à elle et à la photo sépia suspendue à son mur.

L'amour est le plus beau des voyages…

Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Onze nouvelles sur un voyage. Un voyage partant du 42e Parallèle pour prendre plein sud, en direction du Cap Horn. La Patagonie, célèbre Terre de Feu, traversée et revisitée par un écrivain et un photographe. Tous deux amoureux de cette terre relativement inhospitalière. Riche de légendes et de sang versé. de drames et d'espoirs. Onze nouvelles remplies d'une humanité bienvenue.

Ce livre est un cadeau. Au propre car il m'a été récemment offert. Et au figuré car il fait du bien. Et, en ces temps un peu moroses, prendre soin de son moral est primordial. Car oui, ce livre fait du bien malgré l'histoire mouvementé et sanglante de la Patagonie. Malgré la dureté de la vie dans ces contrées fouettées par les vents. Impitoyables. Ce livre fait du bien car il montre que derrière la plus petite chose peut se cacher une très grande humanité. Une générosité rare. Précieuse. Et toujours sincère. Des rencontre, souvent fortuites, qui embellissent le voyage. Et renforcent une foie en l'Autre qui est de plus en plus chancelante. Oui, ce livre fait du bien.

Je ne peux donc que le conseiller à tous les passionnés de voyage. A tous ceux pour qui l'Homme a encore une importance en tant qu'individu riche de ses expériences et de ses singularités. A tout ami d'une poésie puissante et légère talentueusement et généreusement offerte dans ses courtes nouvelles.

Lien : https://unecertaineculture.w..
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En 1996, l'écrivain Luis Sepulveda et son ami, son socio comme il l'appelle, le photographe Daniel Mordzinski partent au sud du Sud : en Patagonie. Depuis Buenos Aires, ils traversent la Terre de Feu pour aller à la rencontre de ses habitants et ramener leurs histoires.
Ce récit de voyage qui prend la forme de petites nouvelles marquant chacune des rencontres sont autant d'étapes de leurs parcours qu'une histoire de la Patagonie à travers ses hommes et ses femmes.

De fait, le hasard du voyage leur fait croiser toutes sortes de personnages, des fous, des improbables, des solitaires qui cachent en leur coeur bien des secrets ou des surprises. Il y a El Tano, qui cherche désespérément dans le désert son violon. Nos 2 voyageurs l'accompagnent avant de découvrir que l'homme est luthier et qu'il travaille pour l'orchestre symphonique de Berlin. Il y a cette extraordinaire vieille dame de 95 ans qui vit seul au milieu d'une oasis de verdure créée par ses soins à l'épreuve du vent cinglant. Il y a ce descendant de Davy Crocket qui raconte à qui veut l'entendre les histoires de ces ancêtres, aux clients du bar où il traîne ses guêtres. Il y a la rencontre avec les cheminots du Patagonia Express qui remettent en route le temps d'un trajet le train légendaire dans un acte militant. Il y a El Duende, qui se dit lutin expulsé de son monde pour l'amour d'une jeune fille. Et tant d'autres encore.

A travers ces hommes, ces femmes se dressent la mémoire d'un pays meurtri, en passe de disparaître. Ce sont les histoires d'un Sud qui n'est plus, en proie à une modernité écrasante qui condamne les hommes au progrès. Sepulveda évoque ces terres enviées que les puissants (Stallone, Benetton) veulent s'approprier sur le dos des plus pauvres, l'extermination des indiens Mapuches et autres ethnies, l'histoire des immigrants qui ont fait le pays, les privatisations qui bousculent la vie quotidienne des petites gens. Véritable hommage aux hommes de Patagonie, à leur terre, ces Dernières nouvelles du Sud se voit éclairer par les magnifiques photos de Mordzinski. Porté par un noir et blanc franc et puissant, les images se font le témoin de ces rencontres qu'on envie quelque peu à ces deux hommes complices. Souvenirs inoubliables de la richesse humaine, la simplicité des paysages, des portraits de ses habitants en dit long sur la grandeur patagonne.
Lien : http://grenieralivres.fr/201..
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J'adore relire ce livre de temps en temps. L'idée qu'à l'origine, les auteurs voulaient réaliser un périple bien précis, très long. Et qu'au final, ils ne soient pas allés là où ils avaient initialement prévu d'aller.

J'ai mis des années à le comprendre, mais au final, il me semble que le vrai voyage, c'est vraiment cela. Ne pas se fixer un but précis. Aller au hasard des rencontres. Éviter les célèbres "incontournables" et autres "1000 lieux qu'il faut avoir vu dans sa vie". Découvrir petit à petit. Se laisser porter...

Et puis, il y a le style de Sepulveda. Entre farce, colère, et dérision. Farce lorsqu'il nous raconte ses pérégrinations dans Buenos Aires, afin de savoir où et comment acheter des billets pour le Patagonia Express. Ses rencontres pleines d'humanité avec les personnes qu'il va être amené à croiser dans ce désert. El Tano, par exemple, artisan fabricant de violons, capable de marcher des heures à la recherche du morceau de bois dont il tirera un instrument. Coquito le lutin. Rase-mottes le gaucho qui ne fait qu'un avec son cheval. Martin Sheffields, capable de tromper les autorités scientifiques en leur faisant prendre une peau de vache pour les restes d'un animal préhistorique. Et bien d'autres.

Et il faut dire un mot des photos de Daniel Mordzinski. Loin des clichés spectaculaires de la Patagonie. Pas de glaciers ici, pas de montagnes déchiquetées, pas de guanacos bondissants parmi les nandous. Je retiendrai les portraits de ces deux vieilles femmes solitaires: l'une pensive et autoritaire à la fois, à la porte de ce qui paraît être une cabane. le toit est de tôle ondulée. Une feuille bien floue au premier plan vient croiser son bras, appuyé sur une planche qui pourrait être un comptoir rudimentaire. Bref, ce qu'il ne faut pas faire en photo, selon les experts... L'autre file de la laine, souriante, au coin de la cheminée, sous les portraits sévères d'un homme et d'une femme engoncés dans des tenues très 19ème.
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Un coup de coeur tant littéraire qu'esthétique grâce aux splendides et très humaines photographies qui le parsèment, Dernières nouvelles du sud se replonge dans les grandes étendues de Patagonie, ce qu'elles étaient et ce qu'elles sont devenues, entre légendes anciennes et rachats de terres bien actuels, et qui modifient inexorablement cet immense et magnifique espace.
Luís Sepulveda réussit à mon sens magistralement là où Bruce Chatwin n'était qu'un étranger, et ses rencontres avec les quelques habitants qui subsistent au milieu des moutons et des orages mêlent mélancolie et tristesse face à un monde qui change et qui ne sera plus jamais le même.
Un grand plaisir de lecture, surtout pour ceux qui ont déjà parcouru un tant soit peu la Patagonie!
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