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Critique de andman


Ce braconnier, trouvé mort par des indiens Shuars sur la berge de la rivière Nangaritza, pourrait figurer au palmarès de l'inconscience. Il faut en effet une sacrée dose de cupidité pour oser débusquer en solitaire des bébés jaguars alors que les parents de la progéniture sont dans les parages…

Rassemblés autour du cadavre mutilé, quelques habitants d'un petit village équatorien du nom d'El Idilio écoutent avec attention le plus âgé d'entre eux supputer sur les derniers instants de vie de ce chasseur imprudent. Visiblement la jungle n'a pas de secret pour le septuagénaire !

En deux courts chapitres le lecteur découvre l'environnement et fait la connaissance d'un personnage romanesque qu'il n'oubliera pas de sitôt. A El Idilio il est connu sous le nom d'Antonio José Bolivar Proaño mais pour le lecteur il est déjà et restera « le vieux qui lisait des romans d'amour ».

Après quarante années de liberté infinie dans la forêt amazonienne en compagnie de ses amis Shuars, le vieux sentant ses forces décliner s'est installé dans une cabane en bambou. Son besoin d'évasion est toujours intact et se concrétise maintenant par la lecture passionnée de romans à l'eau de rose.

Le vieux sait mieux que quiconque apprécier la frontière ténue entre le monde végétal et animal. Il se méfie par contre de ses semblables, de leur penchant à se croire en territoire conquis. Ce solitaire sentimental, au mode de vie atypique, est un bel exemple d'humilité pour le genre humain dont la course aux profits met chaque jour un peu plus la planète en danger.

Luis Sepúlveda a achevé l'écriture de ce livre en 1988, l'année même de l'assassinat de son ami brésilien Chico Mendès, le défenseur de la forêt amazonienne.
La genèse de cette oeuvre littéraire a débuté dix ans plus tôt. Contraint à l'exil, l'opposant à la dictature chilienne a vécu en 1978 quelques mois en Equateur dans un hameau shuar.
Surpris un jour au coeur de la forêt par un épouvantable orage, Luis et un de ces compagnons amérindiens trouvèrent refuge dans une hutte habitée par un blanc d'un certain âge. de cette rencontre sylvestre, particulièrement conviviale, est né « le vieux qui lisait des romans d'amour ».

Le succès rencontré par ce conte écologique se poursuit depuis plus de vingt ans, preuve s'il en est que les problématiques liées à la préservation de la biodiversité rencontrent dans l'opinion publique un écho durable.
Puisse cet écho aller crescendo dans le temps !
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