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3,69

sur 355 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voilà un auteur qu'on lit avec grand plaisir.
Trois vieux militants gauchistes se retrouvent à Santiago, 35 ans après avoir fui le régime de Pinochet. de retour, ils n'ont pas oubliés leurs idéaux et attendent avec joie et excitation la venue du "Spécialiste" qui doit leur proposer une dernière action, sorte de baroud d'honneur. Hélas, quand ce n'est pas la dictature, c'est le destin qui s'en mêle.
Sépulveda brosse le portraits de papys cabossés par leur exil, mais qui ont gardé au fond des yeux une lueur d'espoir et de revanche. Tour à tour touchant, cocasse, cynique, le grand auteur Chilien rend un bel hommage à son peuple qui aura payé de sa chair l'avènement de Pinochet. Un roman qui va droit au coeur, profondement humain, magnifié par la langue de Sépulveda. Excellent.
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Qu'ont-ils donc été, ces trois vieux types qui en attendent un quatrième dans un hangar de Santiago, par une nuit de pluie sans fin ? Ils ont été trois militants gauchistes, fervents partisans de Salvador Allende, qui ont payé cher leur loyauté à leurs idéaux, en passant par la case prison sous Pinochet puis celle de l'exil en Europe. Trente-cinq ans plus tard, de retour dans leur pays, ils savent qu' "On ne revient pas de l'exil, toute tentative est un leurre, le désir absurde de vivre dans le pays gardé dans sa mémoire. Tout est beau au pays de la mémoire, il n'y a pas de dommages au pays de la mémoire, pas de tremblement de terre, et même la pluie est agréable au pays de la mémoire. C'est le pays de Peter Pan, le pays de la mémoire". Mais malgré leurs désillusions, il leur reste un brin d'espoir, d'utopie et d'envie de revanche. Alors ils ont décidé de préparer un dernier coup, un dernier baroud en l'honneur de leurs frères d'armes disparus et des générations sacrifiées par la dictature. Ils ont besoin pour cela du "Spécialiste", le quatrième larron qu'ils attendent. Mais le destin est un vilain farceur, le Spécialiste n'arrivera pas, victime d'un tourne-disques jeté d'un balcon au moment où il passait dessous. Un quatrième personnage, invité surprise, viendra néanmoins en renfort. Et évidemment, ce serait trop simple si la police ne s'en mêlait pas. Mais avec un peu de chance, ses représentants seront peut-être intègres, pour une fois...

Cocasse, nostalgique, cruel, attachant, ce roman est un hommage aux perdants, au peuple chilien, aux générations passées brisées par la dictature, et aux actuelles, qui en portent toujours le poids. C'est aussi une charge virulente contre des autorités qui continuent à occulter le passé et à profiter de cet héritage, qui ne rendent pas justice aux victimes, et contribuent à la division d'un pays qui ne parvient pas à se réconcilier avec son histoire. Un roman profondément sincère et humain, qui touche au coeur.
"Je suis l'ombre de ce que nous avons été et nous existerons aussi longtemps qu'il y aura de la lumière."
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En voilà, un bouquin qui fait du bien au moral !
Trois vieux papis se retrouvent dans une planque pour mener une opération dont ils ne savent rien, sauf qu'elle a été mise au point par "L'Ombre", vieil anar au coeur pur -mais qui ne vient pas... Précision : l'histoire se passe à Santiago du Chili, et les trois papis sont des anciens militants socialistes et communistes qui ont connu l'exil ou la torture dans les années 70.

En 150 pages à peine, Luis Sepulveda raconte, émeut, fait rire et redonne de l'espoir. de façon concise, sans s'appesantir, il rappelle l'avènement d'Allende et le coup d'état de Pinochet, et toutes ces vies brisées ou disparues à jamais. Mais surtout, il évoque ce Chili du XXIe siècle que ne reconnaissent pas les anciens exilés, et qui ne leur a réservé aucune place : "(...) il n'en restait que des chants révolutionnaires mais plus personne ne les chantait car les maîtres du présent avaient décidé qu'il n'y avait jamais eu au Chili de jeunes comme eux (...)". J'ai beaucoup aimé cette façon douce-amère dont Sepulveda relate les faits, et rend ainsi hommage à cette génération qui aspirait à autre chose qu'à une dictature et en a payé le prix fort.
C'est donc un roman empreint de mélancolie, mais très drôle aussi ; malgré sa gravité, le ton est léger et chaleureux, et les papis sont attachants. En le refermant, je me suis surprise à me dire que l'humanité n'est finalement pas à désespérer si de tels hommes continuent d'exister (le tout est de les trouver).

"Je suis l'ombre de ce que nous avons été et nous existerons aussi longtemps qu'il y a aura de la lumière." dit L'Ombre ; à nous (les vivants) d'entretenir la lumière. Et lire ce court récit est déjà un bon moyen d'y contribuer.
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Chili, nostalgie d'une époque et d'une jeunesse envolée.

C'est la vieillesse, celle d'hommes qui ont vécu les années soixante-dix, qui ont cru pouvoir changer les choses, qui ont applaudi l'élection de Salvatore Allende, qui ont souffert sous la dictature de Pinochet et se sont exilés dans des pays étrangers.

La nostalgie la jeunesse prend une autre forme que celle des soixante-huitards embourgeoisés. Les jeunes de ce pays ont connu une grande défaite, plusieurs sont disparus, ont été torturés et comme un des protagonistes du livre, ont l'esprit qui déraille à cause des coups reçus.

Malgré ces drames , le ton du roman n'est pas du tout lourd, c'est juste la réalité racontée sans fioritures pour ceux qui sont nés trop tard pour se rappeler, mais qui doivent pourtant vivre avec les conséquences de ces pages d'histoires occultées.
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Sepulveda rend un hommage appuyé à ceux qui ont pris les armes contre la dictature de Pinochet. Mais derrière la sueur et les larmes, il y a le rire. Un rire un peu noir.

Trois papys, anarchistes toujours actifs, se retrouvent dans un hangar pour préparer un coup. Lequel? On le saura plus tard. Ils attendent un quatrième homme, le cerveau, avec qui ils ont rendez-vous.

Dans le même temps, dans un appartement, une femme se dispute avec son homme, lequel voit ses affaires valdinguer par la fenêtre dont un vieux mais précieux tourne-disque ( qui fait la couverture du roman). Mais ce tourne-disque voit sa chute prématurément stoppée sur la tête d'un passant.

Deux lignes narratives, un peu loufoques, qui se rejoindront à Santiago sous la pluie.

Mais pour Sepulveda, l'heure des comptes a sonné. 35 ans après, il réclame encore justice contre ceux qui ont fait tant de mal à son pays: le Chili.
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Sepulveda pour moi, c'est le vieux qui lisait des romans d'amour.Un livre lu trop jeune, dont le souvenir me fait encore, sans doute injustement, bailler.
Ici, pas le temps de s'ennuyer. Trois révolutionnaires se retrouvent pour un dernier coup, plus de trente ans après la lutte contre Pinochet qui les a conduits à mettre leur vie entre parenthèses, voir à s'exiler de nombreuses années.
Parallèlement, une de leurs anciennes connaissances est mêlée à un homicide.

Livre ô combien truculent. Tourbillon d'actions, d'histoires parallèles et de flash back, il faut un peu s'accrocher pour ne pas décrocher dans la première partie du livre . Qui est qui, où va-t-on?
Et puis tout s'éclaire, la dictature chilienne en prend plein la tête, les vieux anarchistes se mettent à rêver à un dernier coup d'éclat, eux qui sont aujourd'hui seuls en quête de chair fraiche , ou pas, sur internet. le policier est intègre, humaniste.
C'est un livre profondément humain, où les yeux des protagonistes ont gardé quelques illusions. C'est aussi un livre très drôle, engagé, rempli d'espoir et d'illusions.
Les épisodes liés à la révolution chilienne et les sabotages qui en ont résulté sont des purs moments de bonheur de lecture.
Il m'a juste manqué un peu de connaissance de l'histoire chilienne pour sans doute l'apprécier encore plus.
Il va être temps de retourner voir le vieux qui lisait des romans d'amour .
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Passé rouge.

Trois vieux communistes nostalgiques se réunissent à Santiago du Chili. Entre souvenirs du passé et disputes, ils attendent leur chef "le Spécialiste". Attente vaine car celui-ci est mort tué par un tourne-disque, jeté par une fenêtre lors d'une dispute conjugale.

Je retrouve avec plaisir Luis Sepùlveda que je n'avais plus lu depuis des années. Au travers des personnages de son roman il évoque ses années de lutte, tout d'abord pour permettre à Salvador Allende de devenir président du Chili, puis pour faire face à la dictature Pinochet.

Il évoque ainsi la douleur de l'exil, le déracinement de sa patrie d'origine, puis le sentiment de n'être plus qu'un étranger après les années d'exil ailleurs. Les réfugiés politique d'hier sont devenus apatrides.

Est aussi évoqué le rôle de la police lors de la dictature de Pinochet. Arrestations, tortures, disparitions... sont le sanglant héritage de la police chilienne. La nouvelle génération de policiers cherche la rédemption en essayant de réparer les torts causés par leur prédécesseurs.

Malgré la gravité des sujets abordés Sepùlveda use d'humour. Ainsi les situations cocasses s'accumulent jusqu'au final jubilatoire à plusieurs titres. J'ai passé un très bon moment avec les souvenirs doux-amers de ces individus imparfaits mais très attachants.

Bref, une lecture très agréable.
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L'ombre de ce que nous avons été de Luis Sepúlveda.
Il avait reçu le 16 juillet1925 un Smith &Wesson calibre 38 spécial avec lequel le grand père s'était fait sauter le caisson et qui avait aussi servi à liquider en 1923 le cardinal archevêque de Saragosse. Il s'appelait Pedro Nolasco Arratia, travaillait à l'imprimerie Alborada et avait 30 ans à l'époque. Les années ont passé Salinas, Garmendia et Arancibia, vieux révolutionnaires communistes sont réunis pour un dernier coup, ils ont fait des provisions, partagé leur haine pour les poulets et attendent désormais le Spécialiste. Ils ne se sont pas vus depuis longtemps, échangent des informations sur leur parcours. Ce qu'ils ne peuvent pas deviner c'est qu'une dispute conjugale dans la famille Aravena a vu un tourne disque voler par la fenêtre et atterrir sur le crâne dudit Spécialiste ( ainsi que des disques des C.D.I. et des bouquins) qui mourut sur le coup. le temps que Coco Aravena descende dans la rue vérifier l'état du Spécialiste, un passant lui avait déjà pris ses chaussures. Pendant ce temps les trois communistes ont commencé à s'engueuler sérieusement en discutant politique, ils n'ont pas tous les mêmes souvenirs du passé. La famille Aravena ayant enlevé toute trace du tourne disque meurtrier et autres projectiles, c'est désormais l'inspecteur Crespo de Santiago et son adjointe qui ont hérité de cette enquête étrange, un mort bien habillé aux pieds nus sans papiers, mais dont les empreintes digitales parlent immédiatement, c'est Pedro Nolasco… et Crespo connaît bien son histoire qui remonte au temps d'Allende, son adjointe n'était pas encore née.
Les vieux communistes nostalgiques vont donc devoir se débrouiller seuls et la famille Aravena se trouver un bon alibi car une aiguille du gramophone est restée plantée derrière l'oreille du Spécialiste.
Hilarant, tendre plein de charme et d'humanité, un Sepúlveda version politique, impliqué et sans illusions.
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Luis Sepulveda est l'auteur du Vieux qui lisait des romans d'amour, que j'ai préféré à ce livre-ci, que j'ai trouvé moins poétique, plus réaliste.
De vieux briscards chiliens rescapés du coup d'Etat se retrouvent après des années d'absence et se souviennent...
A la faveur d'un malheureux hasard, un autre se joint à eux pour rechercher un trésor perdu.
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Un joli petit roman qui évoque avec humour et tendresse de vieux révolutionnaires sympathiques et cabossés encore plein d'illusions. Sous couvert de tenter un dernier coup d'éclat, ces trois compères convoquent leur passé révolutionnaire sous la dictature de Pinochet, racontent leurs souvenirs de lutte, leurs souvenirs d'exil, ils se souviennent et ils méditent...alors qu'un de leurs contemporains, devenu policier, lui aussi se souvient...
L'auteur livre une réflexion profondément humaine et pleine de dignité sur la révolution, la lutte pacifique, l'exil et le retour d'exil, dans une langue truculente et caustique.
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