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EAN : 9782864249276
128 pages
Editions Métailié (10/05/2013)
3.66/5   101 notes
Résumé :
Yacaré. Le dirigeant des maroquineries Brunni à Milan meurt mystérieusement après avoir signé un contrat d'assurance-vie dont le bénéficaire vit au fin fond de l'Amazonie. L'enquêteur de la compagnie d'assurance est un Chilien exilé et frileux, la fille de la victime a des yeux verts et étudie l'anthropologie... Hotline. Au Chili de nos jours pour s'attaquer à un militaire il faut être ou inconscient ou exceptionnellement honnête, c'est ce que découvre George Washi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Du grand écrivain voyageur Luis Sepùlveda, on connaît son roman le plus célèbre, « le vieux qui lisait des romans d'amour » devenu un best seller international, ou encore le récit pour enfant « Histoire d'une mouette et du chat qui lui appris à voler ». On connaît moins « Yacaré / Hot-line », un recueil de deux petits romans policiers pas plus gros qu'une nouvelle parus initialement dans « Journal d'un tueur sentimental ». C'est dommage car, s'ils ne font pas partie des oeuvres maîtresses de l'auteur, ils offrent malgré tout une lecture tout à fait divertissante, pittoresque et pleine de sel.

Le premier récit, « Hot Line », met en scène un indien mapuche, le policier rural George Washington Cacauman, qui lutte contre les trafiquants et les voleurs de bétail dans les vastes plaines de Patagonie.
Dès le début, le ton est donné et il s'annonce piquant. En effet, l'inspecteur aux manières cavalières et aux airs de Charles Bronson, se fait remonter les bretelles pour avoir explosé le postérieur d'un fils de militaires !
« -George Washington Cacauman, tu as fait sauter le cul du fils du général Canteras !!! »
Et ça bien sûr, ce ne sont pas des choses à faire dans un pays où le retour à la démocratie est encore tout relatif et où l'ombre du général Pinochet plane avec autant de toxicité que le nuage de pollution au-dessus de Santiago.
C'est justement à Santiago que son supérieur, afin d'apaiser les esprits, a muté le pauvre policier plus habitué à renifler les bouses de vaches qu'à humer les vapeurs des pots d'échappement et plus enclin à chevaucher un équidé qu'à arpenter le bitume de la capitale…
‹‹La ville lui parut immense, froide et sauvage. On respirait difficilement et on avait du mal à s'orienter, car le soleil brillait quelque part dans un endroit incertain du ciel, au-dessus de la couche graisseuse de gaz qui recouvrait Santiago. ››
Sur place, Georges Washington est affecté aux affaires sexuelles et se voit confier la sympathique mission d'enquêter sur les téléphones roses…
Lorsqu'il reçoit un couple reconverti dans la Hotline, harcelé et terrorisé par les messages téléphoniques d'un mystérieux correspondant, l'inspecteur Cacauman comprend vite qu'il ne s'agit plus simplement de « factures de téléphone d'onanistes ayant des problèmes de paiements » mais d'une affaire qui ne sent vraiment pas bon…

Quel rapport peut-il bien exister entre un grand magnat des maroquineries milanaises, un enquêteur en assurances suisse, deux policiers italiens et le sorcier d'une peuplade indienne du fin fond de l'Amazonie ?
C'est ce que l'on apprendra en remontant la piste de « Yacaré » qui nous entraîne, sur fond de trafic de peaux de crocodiles, à la découverte des indiens Anarés du Pantanal. Cette peuplade d'Amazonie a vu son univers bouleversé par l'apparition du plus dangereux des prédateurs : l'homme blanc, qui est venu chasser sur ses terres le « yacaré », un petit caïman objet de sa vénération et source de toutes ses traditions.
Mais alors pourquoi, Don Vittorio Bruni, le géant de la maroquinerie italienne mort subitement en pleine réunion, a-t-il souscrit une assurance- vie d'un million de francs suisses au profit d'un de ces indiens, le sorcier Manai ?
C'est ce que les policiers Arpaia et Chielli du commissariat de Milan, et l'expert Danny Contreras, exilé chilien résidant en Suisse spécialement mandaté dans la cité lombarde par son cabinet d'assurances, vont tenter de découvrir dans cette affaire tendant à prouver, si besoin est, combien le « jeashmaré » (l'homme blanc), a pu se révéler un fléau pour les tribus indiennes d'Amazonie…ou d'ailleurs.

Epicé, relevé juste à point, savoureusement mitonné à la sauce sauvage des grands espaces, les romans de Luis Sepùlveda sont comme le plat national chilien, ils s'ingurgitent dans la bonne humeur et la simplicité, avec cette convivialité des bonnes choses qu'on aime à partager dans un optimisme amical, fraternel.
Cet entrain, ce côté enjoué et rieur que l'on puise souvent dans l'oeuvre de l'auteur sud-américain, s'enrichit qui plus est d'un engagement politique et écologique, véritable fer de lance d'une production littéraire des plus foisonnantes pour cet écrivain impliqué qui a connu et éprouvé les geôles du général Pinochet.
Sous le couvert de l'ironie et de la caricature, « Hot Line » dénonce ainsi ce que furent les premières années de transition démocratique de l'après Pinochet dans un pays encore tout imprégné du passé, où les militaires tentent de jouer encore les prolongations ; tandis que « Yacaré », davantage écologique, révèle avec un brin d'amertume que la soif de profit et de cupidité conduit malheureusement à la perte des grands espaces et à la destruction définitive des espèces animales et humaines.
Au-delà de la spiritualité, de l'humour et de la fantaisie qui caractérisent ces deux récits policiers, Sepùlveda continue encore et toujours à délivrer un message fort qui nous touche et nous donne à réfléchir.
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L'écologie et la démocratie, deux thèmes chers au coeur et à la plume de Luis Sepúlveda, sont au centre de ces deux textes (longues nouvelles ou courts romans, c'est selon).

Dans le premier, Hotline, George Washington Caucaman, mapuche et inspecteur de la police rurale patagonne, vient de neutraliser un trafiquant de bétail en lui tirant dans les fesses. Rien d'extravagant dans ce Far West chilien, sauf que, hic, le voleur n'est autre que le fiston bien-aimé d'un général dignitaire du régime de Pinochet. Lequel régime, bien que tout récemment renvoyé à ses études de démocratie, dispose encore d'une certaine influence et d'une certaine assisse (en dépit du postérieur troué du gamin), et voilà Caucaman puni et muté à Santiago, troquant les effluves de bouse de vache pour les gaz d'échappement, et la chasse aux contrebandiers pour la brigade des moeurs. Chargé d'enquêter sur les téléphones roses, il tombe sur une étrange affaire dans laquelle les gérants d'une de ces hotlines font l'objet d'inquiétantes intimidations de la part d'un de leurs clients. Caucaman est rattrapé par son passé, mais rira bien qui rira le dernier...

Dans le deuxième texte, on change de continent et d'atmosphère, entre Zurich et Milan, dans le milieu feutré des assurances et de la maroquinerie de luxe. Brunni, l'un des magnats milanais du secteur, vient de trépasser. La mort est suspecte, la police ouvre donc une enquête, de même que la compagnie d'assurances, qui dépêche sur place son inspecteur Dany Contreras, chilien exilé en Europe depuis quinze ans. L'enjeu pour la compagnie : une assurance-vie d'un million de francs suisses à payer en mains propres à un certain Manaï, résidant au fond du Pantanal en Amazonie brésilienne, selon la volonté de Brunni. A la seule et unique condition que celui-ci soit décédé de mort naturelle ou accidentelle. Et notre inspecteur Contreras de mettre les pieds, non pas dans un panier de crabes, mais dans une mare aux crocodiles: la mort de Brunni pourrait en effet être liée à un trafic illégal de peaux de yacarés, une variété protégée de petits caïmans d'Amazonie, vivant en particulier sur le territoire des Anarés, l'une des dernières tribus à être entrée en contact avec l'homme blanc et dont le grand sorcier n'est autre qu'un certain Manaï...

Dans ces deux textes tragi-comiques, Sepúlveda oppose dictature et démocratie, densité des villes et nature infinie, les Blancs et les Indiens, l'appât du gain et du pouvoir à la Justice et à la protection de la Nature. Même si le ton est à la farce, ironique, simple et alerte, et même si le format est court, l'essentiel est dit et les injustices dénoncées. Sepúlveda y met une grande force de conviction, jamais démentie au fil de son oeuvre.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Première question que je me pose à ton propos : sais-tu ce qu'est une hot line ? Je n'en doute pas une seconde, c'est comme un hot dog, la saucisse bien chaude mais le pain reste virtuel. du sexe dans un téléphone, mais bon ce n'est pas nouveau.

Du coup, je prolonge le test, non je ne cherche pas à déterminer le potentiel de ton Q(i). As-tu déjà entendu parler du yacaré ? ah, ah. Je le savais. En fait dès qu'il est question sexe, tu es au rendez-vous mais pour connaître la faune amazonienne tu reste aux abonnées absentes.

Le soleil se couche dans l'Amérique du Sud de Luis Sepulveda, les téléphones sonnent et les yacarés sauvent leurs peaux. Dans la première nouvelle, je rencontre un certain George Washington Caucaman, inspecteur mapuche de Patagonie muté à la capitale suite à une mésentente avec un certain fils de général. Là-bas, on ne plaisante pas avec l'armée. Et voilà donc que ce pauvre homme, flic au grand coeur et perspicace, menacé par toute la junte militaire, spécialisé dans le vol de bétail patagon, se retrouve dans une ville bruyante et irrespirable au sein de la brigade des moeurs.

La seconde nouvelle m'entraîne dans une autre ville, tout aussi bruyante et polluée, Milan. Oui, je sais c'est un peu loin des terres chiliennes et de la Patagonie. Là-bas, on écoute plus Pavarotti que Pagny, et Dany Contreras, fin limier aussi, enquête sur un trafic de peaux, celle des yacarés, petits crocodiles d'Amazonie pour le compte d'une grande compagnie d'Assurance. Et voilà que ce pauvre homme part sur la piste du grand sorcier Manaï et se frotte aux indiens Anarés. Range ton Walther 9 mm et sors ta sarbacane.

Deux petits romans réunis ensemble dans cette suite hispano-américaine, deux histoires légères de flics presque désabusés, courtes entre Patagonie et Italie. Peut-être même trop brèves pour se prendre de passion dans le scénario ; pourtant avec l'inspecteur George Washington Caucaman, il y aurait eu de quoi étoffer son enquête de moeurs surtout quand la chaleur gravite le long du téléphone ; j'en aurais fait un truc plus graveleux, détraqué comme je suis, et tu m'aurais suivie, obsédée comme tu l'es – je me réfère au résultat du test de début de chronique. Et puis j'aurais bien aussi mangé un petit ragoût de yacaré dans la forêt amazonienne, ça sentait si bon (ah bon, c'était du singe ?).
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Des dialogues succulents. Un inspecteur de police mapuche tire dans les fesses d'un trafiquant de bétail. Seulement, comme c'est le fils d'un général, il est muté à Santiago où il se retrouvera à démanteler un téléphone rose. On visionne bien le cowboy en ville déroutant ses collègues par sa façon d'être.
Deuxième histoire. Enquête d'un agent d'assurance sur un ponte de maroquinerie milanaise décédé de mort naturelle ou assassiné. le testament va nous emmener en Patagonie sur la piste d'un grand sorcier.
Des personnages au parler d'un cinéma qui n'existe plus. L'ombre de Pinochet, les privilèges, le pouvoir, les trafiquants avides d'argent, sans scrupule envers les animaux.
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Deux beaux textes, une fois de plus. Luis Sepulveda est un auteur talentueux, une valeur sûre, il possède une plume alerte. Il sait captiver son lectorat et lui offrir tout l'exotisme de l'Amérique du Sud. Encore une belle aventure que ce livre constitué de deux courts romans.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Je me souviens d'une histoire que m'ont racontée des muletiers en Patagonie. Il y a deux ans, un front de mauvais temps a interrompu les manœuvres d'un régiment d'infanterie à la frontière avec l'Argentine. Il avait plus trente jours et trente nuits sans interruption et un lieutenant est venu demander à un groupe de muletiers comment ils faisaient, eux, pour soulager leurs problèmes de braguette. Ils ont répondu : de la façon la plus connue, et si ça le travaillait beaucoup ils pouvaient lui amener une mule près de la rivière. Le lieutenant refuse, et d'un air dégoûté les traite de vicieux. Un autre mois passe, la neige s'ajoute à la pluie, et le lieutenant revient voir les muletiers. Mort de honte il leur demande de lui amener une mule près de la rivière. Sans comprendre les raisons de cette pudeur, les muletiers lui disent que le lendemain la mule l'attendrait près de la rivière qui continuait à monter. Le lieutenant est là, ponctuel, et après avoir ordonné aux muletiers de se tourner, il baisse ses pantalons et commence à forniquer avec la bête. Alors un muletier tourne la tête et lui dit : Mon lieutenant, la mule c'est pour traverser la rivière. Le bordel est de l'autre côté.
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Au commencement de toutes les choses, le monde était eau, et les hommes et les animaux vivaient sur le dos du grand yacaré. Le reptile rêvait de fruits et il y avait des fruits, il rêvait de poissons et il y avait des poissons, il rêvait de tortues et il y avait des tortues. Mais un jour apparut le premier jeashmaré (l’homme blanc) et il planta un dard incandescent dans le cœur du grand reptile. Celui-ci mortellement blessé fouetta nuit et jour les eaux avec sa queue. Il laissa mille fils, certains de la taille d’une larve et d’autres aussi grands qu’un chasseur, mais il ne dit pas lesquels d’entre eux le remplaceraient. C’est pourquoi les Anarés doivent s’occuper de tous, pour que le doux temps des rêves revienne sur le dos du grand yacaré.
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- Allô Ernesto, encore toi ? Vicieux. Hier tu m’as presque tuée. Tu veux recommencer ? Tu es mon homme, mon mâle, oui je te sens, elle est énorme, tu me fais peur, tu vas me déformer, attends, j’enlève ma culotte, maintenant, oui, Ernesto…
Ernesto resta trois minutes au bout du fil. Avec un stylo en travers de la bouche, la femme lui demandait de la laisser respirer, sa queue l’étouffait, et elle l’enjoignait de ne pas éjaculer encore, jusqu’à ce qu’un son guttural fasse comprendre qu’Ernesto n’avait plus de pièces.
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– Tu t’es mis dans la merde, mon garçon.
- Il y a quinze ans que je suis dans la merde jusqu’au cou, Chef. Vous savez bien qu’ici on ne résout pas les affaires depuis son bureau. Je renifle les bouses d’une vache et je sais comment s’appelait la grand-mère de l’éleveur.
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Dany Contreras la regarda dans les yeux. Ces pupilles vertes l’observèrent depuis des territoires si lointains qu’il frissonna et pour échapper à toute tentation de pitié tardive, il se mit à marcher vers l’hôtel, vers la chaleur du bar et le whisky, pour se sentir à l’abri du froid, qu’une fois de plus il haïssait de toute son âme.
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