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EAN : 9782757849033
504 pages
Points (07/01/2016)
3.56/5   256 notes
Résumé :
En 1968, à Newcastle, une fillette de 11 ans assassine deux enfants de 3 et 4 ans. Considérée par toute la Grande-Bretagne comme un être démoniaque, la petite fille, vive, jolie, exceptionnellement intelligente, est jugée comme une adulte et emprisonnée.
Près de trente ans plus tard, alors que, sortie de prison à sa majorité, mère de famille, Mary essaie de refaire sa vie, Gitta Sereny la retrouve et la convainc de rouvrir avec elle, dans de longs e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (77) Voir plus Ajouter une critique
3,56

sur 256 notes
Mary Bell avait 11 ans lorsqu'elle fut reconnue coupable du meurtre de deux petits garçons de 3 et 4 ans, cela se passait en 1968 en Angleterre et à l'époque, les enfants de plus de 10 ans étaient jugés comme des adultes.
Elle fut donc condamnée à aller en prison.
L'auteur a rencontré Mary Bell à de très nombreuses reprises et ce, pendant plus de trente années, ainsi que plusieurs membres de sa famille et de nombreux membres du personnel des différents endroits où elle fut enfermée au cours des années.

Elle s'interroge sur le fait que dans les années 60-70 personne ne conseillait de faire soigner les enfants criminels, aucune aide psychologique ou psychiatrique n'était apportée, les enfants emprisonnés n'avaient accès ni à l'école ni à aucune sorte d'éducation ou de formation professionnelle et bien sur ils n'étaient en rien préparé à une éventuelle vie d'adultes en dehors de la prison.

En somme, lors du procès, personne ne s'est réellement demandé pourquoi une petite fille de 11 ans avait bien pu tuer deux petits garçons si jeunes.
Avait-elle une famille heureuse, présentait-elle un handicap, avait-elle des prédispositions à la violence, avait-elle déjà fait du mal auparavant à d'autres personnes, avait-elle elle-même subit quoi que ce soit de douloureux ou de traumatisant ?
Mary Bell sera finalement libérée une fois adulte mais la presse et la vindicte populaire la poursuivra pendant des années, l'obligeant à changer de nom et à déménager souvent.

L'auteur de ce documentaire pose une question à la toute fin de l'ouvrage, elle se demande combien de temps une personne ayant été jugée et punie pour un crime doit-elle encore "payer" pour cela même après sa libération.
En somme, y a t-il une rédemption possible ?

Ce documentaire est passionnant mais le sujet difficile et les révélations qui viennent s'ajouter tout au long des chapitres font que je n'ai pas pu le lire d'une seule traite, mais que je l'ai découvert peu à peu, en alternant avec des lectures plus légères.
Pour tout ceux qui s'intéressent au thème des enfants criminels, ce document est édifiant car il révèle ce qu'était la réalité d'une époque pas si lointaine.
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Le 17 décembre 1968, Mary Bell, une fillette de 11 ans, est condamnée à la prison à perpétuité par le tribunal de Newcastle pour homicide involontaire avec responsabilité atténuée.Quelques mois plus tôt, elle avait en effet causé la mort de deux enfants, Martin Brown, 4 ans, et Brian Howe, 3 ans.
A l'époque, Gitta Sereny qui couvrait le procès pour son journal, est horrifiée de voir cette enfant jugée comme une adulte, maltraitée par la presse, poursuivie par la vindicte populaire et qualifiée de psychopathe par des psychiatres qui l'ont à peine entrevue. En 1972, elle publie Meurtrière à onze ans : le cas Mary Bell où elle dénonce le traitement infligé aux enfants tueurs en Angleterre, après une longue enquête auprès de la famille de Mary et de tous ceux qui, de près ou de loin, sont intervenus dans son arrestation et son procès. Lors de ces interviews, elle découvre les mauvais traitements dont a été victime Mary durant sa petite enfance et qui expliquent partiellement sa violence future.
En 1998, soit 30 ans après les faits, elle revient sur cette affaire qui continue ponctuellement d'intéresser la presse anglaise. Cette fois, elle s'entretient avec Mary elle-même, revenant avec la principale intéressée, sur les meurtres, le procès, la prison, la libération.

Quand un livre est en lice pour le prix du meilleur polar Points, on s'attend, peut-être à tort, à lire un polar. Or il ne s'agit ici ni d'un polar, ni d'un roman mais bel et bien d'un travail journalistique d'envergure mené par Gitta Sereny, en étroite collaboration avec Mary Bell, la ''meurtrière du onze ans'' devenue une femme libre après douze années derrière les barreaux. La première surprise passée, on entre dans la vie de celle qu'on appelait May, de ses crimes à sa libération, en passant par ses années de prison et son enfance tourmentée. Sans voyeurisme ni parti pris, Gitta Sereny raconte le parcours familial et judiciaire d'une petite fille broyée par le système. Son propos n'est pas d'excuser les crimes mais d'expliquer les faits qui ont conduit au passage à l'acte et surtout de dénoncer la justice anglaise qui traite les enfants criminels comme des adultes. Sous-jacente, la question est aussi de savoir pour combien de temps on est redevable à la société des crimes que l'on a commis. Doit-on payer toute sa vie ou une rédemption est-elle possible ?
Sentiments ambivalents à la lecture de ce livre dur et violent. Les meurtres effroyables et la personnalité trouble de Mary sont contrebalancés par la révélation des mauvais traitements infligés par sa mère et par la punition imposée par les juges. Une enfant si jeune enfermée sans espoir de libération, intégrée à une prison pour femmes dès l'âge de 16 ans et durant des années jamais suivie psychologiquement ou psychiatriquement, peu ou mal préparée à une éventuelle sortie, forcément cela interpelle sur la façon dont une société gère le cas des enfants délinquants...Et en amont, la prévention est à revoir. Avant son passage à l'acte, Mary a lancé plusieurs appels à l'aide mais les services sociaux et la famille sont restés sourds à sa souffrance, par manque de moyens et soucis de discrétion. Prise en charge plus tôt, Mary n'aurait sans doute pas tuer...
Un livre fort, passionnant à certains égards mais qui souffre de certaines longueurs et n'entre pas dans le cadre du polar.
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En décembre 1968, Mary Bell, onze ans, a été condamnée pour 'homicide involontaire avec responsabilité atténuée', après avoir tué deux petits garçons de trois et quatre ans.

Malgré son jeune âge, Mary Bell a été jugée comme une adulte. Quid de la responsabilité pénale des enfants ? De leur notion du bien et du mal ? De ce qu'ils ont eux-mêmes subi pour en arriver là ? Un tueur est-il forcément un monstre, quel que soit son âge ?
Mary Bell a été envoyée en prison dès 16 ans. Pourquoi ? Quelle est la fonction de l'emprisonnement ? Protéger les citoyens ? Punir les criminels ? Les remettre dans le droit chemin grâce à un système éducatif approprié, dont ils ne pourraient pas bénéficier dehors ? Hélas, les moyens manquent pour l'enseignement et la réinsertion...
Et après ? Une fois la peine purgée ? Le coupable doit-il continuer à payer en se cachant, sous peine d'être harcelé par les médias, chassé par les 'honnêtes citoyens' ? Un enfant qui a tué reste-t-il dangereux ?

Même si cet ouvrage fait partie de la sélection 'Prix du Meilleur Polar Points 2016', il ne s'agit pas d'un roman policier, mais d'un documentaire.
Après avoir rencontré Mary Bell enfant pour un premier ouvrage sur cette affaire ('The Case of Mary Bell', 1972, consacré aux meurtres et au procès), la journaliste d'investigation Gitta Sereny a de nouveau travaillé avec elle trente ans plus tard. Elle a recueilli ses témoignages et ceux de personnes qui l'ont côtoyée et/ou accompagnée.
L'idée de l'auteur n'était pas de publier un livre à sensation, mais de retracer le parcours de Mary (de sa naissance non désirée à sa vie de femme et de mère, en passant par la case prison) pour comprendre comment les enfants peuvent déraper, pourquoi les enfants meurtriers sont de plus en plus nombreux. A travers ce cas et celui, plus récent, de l'affaire James Bulger, le lecteur est invité à réfléchir sur les systèmes judiciaires et pénaux - appliqués aux mineurs, notamment - et à s'indigner, forcément.

Le récit est minutieux, fouillé, la lecture est dérangeante, même si Gitta Sereny évite de s'appesantir sur les détails sordides. L'auteur sait montrer que Mary Bell, victime de maltraitances maternelles, « n'était rien d'autre qu'une enfant désorientée à qui un jour on avait fait quelque chose d'affreux ». Son écoute attentive, respectueuse, met Mary Bell en valeur sans la dédouaner de ce qu'elle a pu commettre - la journaliste rappelle fréquemment la douleur des proches des deux petites victimes.

Le titre original est plus pertinent que sa traduction française (on s'en fiche qu'elle ait été jolie ou moche lorsqu'elle a tué, Mary, à onze ans !) : 'Cries Unheard, the Story of Mary Bell' :
« Mary Bell n'était pas un assassin mais une enfant maltraitée à qui on n'a pas porté secours », conclut l'auteur, avant de préciser : « [...] en Grande-Bretagne, nous ne nous contentons pas d'être discrets, nous vouons un culte à la vie privée. Nous n'observons pas les enfants de nos voisins. Surtout, nous ne les écoutons pas, nous ne sommes pas - pardonnez-moi de le répéter encore - à l'écoute de leurs cris, de leurs pleurs, de leurs appels. »
C'est terrifiant.

• Un autre récit (fictif cette fois ?) sur un enfant meurtrier : 'L'affaire Jennifer Jones', d'Anne Cassidy - aussi bouleversant et intelligent que ce documentaire de Gitta Sereny.
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En 1968, à Newcastle, Mary Bell, une fillette de onze ans, assassine deux enfants de 3 et 4 ans à quelques semaines d'intervalle. 26 ans après la parution de Meurtrière à 11 ans en 1972, un document retraçant les étapes de l'affaire, Gitta Sereny décide de rencontrer la jeune femme, alors âgée de 40 ans et mère d'une petite fille, afin de comprendre les raisons pour lesquelles une enfant de 11 ans peut commettre des actes aussi horribles et quelles conséquences peuvent avoir des années d'emprisonnement sur le développement psychologique des enfants. Ce livre est le résultat de 7 mois d'entretien où sont évoqués les circonstances du drame, le procès, les années d'emprisonnement, la difficile réinsertion dans la société, pour finir par l'évocation douloureuse de la petite enfance et des traumatismes subis. Ce tragique portrait d'une femme plongée dans le chaos par les actes horribles commis dans son enfance se double d'une réflexion sur l'impuissance de la justice à juger les crimes commis par les mineurs et à proposer des mesures d'accompagnement et de soins. Bien que centré sur le système judiciaire anglais, ce récit peut se transposer aisément à d'autres systèmes. Il est un appel à soigner ces enfants en déshérence, abandonnés par nos sociétés plus préoccupées à se protéger qu'à prévenir. Il est difficile de rester insensible à ce récit qui se conclut par cette phrase de l'auteur : « Je pense que la plupart d'entre nous sommes dorénavant d'accord pour affirmer que Mary Bell n'était pas un assassin. Elle fut une enfant maltraitée à qui personne ne porta secours ; elle n'incarnait pas le mal, elle ne cherchait pas à faire le mal. Elle était désespérée, et c'est ce désespoir qui a conduit à la tragédie ».
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Etoiles Notabénistes : ******

Cries Unheard : The Story of Mary Bell
Traduction : Géraldine Barbe

ISBN : 9782757849033

Il était une fois une petite fille, née en Grande-Bretagne, dans le Nord, et que l'on nomma Betty. Sur son enfance personnelle, les lettres adressées à son père, qu'on retrouva après sa mort dans ses affaires, sont assez étonnantes et peuvent prêter à des interprétations carrément inquiétantes. D'autant que, vers quinze / seize ans (si nos souvenirs sont bons), l'adolescente se retrouva enceinte.

Elle donna naissance à une autre petite fille, qu'on finit par baptiser Mary. Au départ, l'enfant ne fut reconnue par aucun père et sa propre mère, sur la table d'accouchement, pria farouchement qu'on "enlevât cette chose" loin de sa vue. Ce fut donc la grand-mère qui prit l'enfant en charge, puis d'autres membres de la nombreuse fratrie de Betty, jusqu'au moment où celle-ci retrouva un "travail" et, apparemment pleine de bonnes intentions, voulut récupérer sa fille.

Le "travail" en question consistait à faire des passes, le plus souvent chez elle. Il n'y a pas de sot métier. le problème, l'odieux problème dans l'affaire, c'est que Betty contraignit Mary, alors toute petite, à se prostituer elle aussi de façon passive, visage voilé, mains et pieds attachés, le tout accompli selon des rituels incontestablement sado-masochistes. Il est crucial d'insister sur le fait que Betty également abusa alors de sa fille. Comme il arrive en pareilles circonstances, sado-masochisme ou pas, l'esprit de l'enfant "fit le noir" sur cette période. Ce qui signifie qu'elle ne l'oublia pas : simplement, afin de lui épargner la folie, son cerveau fourra ces très vilains squelettes dans un placard.

Mais, comme tout squelette de cette race horriblement bruyante et tenace, ceux-là tambourinaient sans cesse pour sortir. Mary avait grandi, elle avait maintenant une vie de famille relativement stable puisque sa mère s'était trouvé un compagnon qui avait adopté l'enfant sans nom, et elle lui avait donné des petits demi-frères et demi-soeurs. La vie était toujours difficile - nous étions en 1968, à Newcastle-upon-Tyne, et les Bell n'étaient pas très riches - mais au moins, ils formaient une famille bien que la relation entre Betty et Mary fût toujours aussi difficile (la petite fille ne comprenait pas pourquoi mais il lui semblait bien que sa mère l'aimait et la haïssait tout à la fois). Comme tous les enfants de son quartier, Mary traînait dans la rue après ses devoirs avec sa meilleure amie, Norma Bell (aucune relation de parenté) et les deux fillettes s'amusaient à des jeux divers.

Pendant ce temps-là, les vilains squelettes, dans leur placard, faisaient de plus en plus de bruit, peut-être parce que s'annonçait, chez Mary, l'âge de la puberté. Et un jour, ou plutôt une après-midi, ils réussirent à s'échapper.

Le résultat fut la mort de Martin Brown, quatre ans et demi, puis de Brian Howe, d'un an plus jeune. Bien entendu, l'enquête s'ouvrit à grand fracas, on fouilla, on traqua, on imagina un pédophile adulte, l'école de Mary et de Norma fut saccagée et des lettres des assassins (car ils étaient deux à signer de surnoms fantaisistes) y furent découvertes, bref, divers incidents eurent lieu et, très bientôt, on comprit que Norma et Mary étaient seules responsables.

La loi britannique, on l'a encore vu lors de l'affaire Bulger (totalement différente, soulignons-le, quant aux parcours des assassins), en 1993, fait comparaître des assassins mineurs devant des cours destinées aux adultes. Et les peines encourues sont les mêmes. En raison de circonstances bien précises que je vous laisse découvrir ou imaginer, Norma fut déclarée non coupable et Mary Bell fut expédiée en prison, ou plutôt dans un Centre Pour Jeunes Délinquants.

Nous passerons sur les longues années et les nombreux établissements, sans oublier les non moins nombreuses personnes, qui, bon gré, mal gré, l'"aidèrent" alors à grandir. Dans son malheur, notons qu'elle eut souvent de la chance en tombant sur des éducateurs et même des policiers, voire, sur la fin de sa peine, sur des prisonnières, qui s'intéressèrent à son cas.

Sa sortie officielle, lorsqu'elle eut fait son temps, souleva des tempêtes dans la presse. Certains étaient pour, d'autre contre. le système judiciaire anglais était une nouvelle fois remis en cause. C'était à nouveau le pavé dans la mare. Mary changea d'identité, se trouva un compagnon et eut à son tour une petite fille. Elle rêvait d'avoir un enfant, de le câliner, d'être une bonne mère, d'être en fait tout ce que sa propre mère n'avait pas été pour elle. Pour les enfants ayant eu une enfance de ce type, en général, il n'y a en effet que deux possibilités : ou, en dépit de tout, ils "répètent" sur des enfants, à commencer par les leurs, ce qu'ils ont souffert, ou bien ils font des parents modèles.

Aussi étrange que cela puisse paraître, Mary devint une excellente maman. Mais la tristesse, la dépression revenaient souvent, en l'absence de l'enfant. Elle sentait en elle quelque chose qui la torturait et qu'elle ne pouvait pas exprimer. Et, bien sûr, elle ne cessait d'évoquer Martin et Brian en se demandant : "Comment puis-je me comporter ainsi avec ma fille alors que j'ai tué ces deux petits-là ? Ce n'est certainement pas parce que je suis sa mère : la mienne ne m'a jamais aimée même si elle, elle n'a pas tué."

Gitta Sereny, qui avait suivi son procès en 1968 et, malgré l'horreur des meurtres, l'avait trouvé inique (ce qu'elle expliqua dans un premier livre : "Meurtrière à Onze Ans"), la contacta alors (on était dans les années 1995) et lui proposa tout simplement de remettre tout à plat et de chercher, de fouiller toutes deux au fond de Mary, avec le secours de psychiatres chevronnés et sans a priori. Mary savait évidemment que cela ne ramènerait jamais ni Martin, ni Brian mais elle se laissa tenter. Dotée d'une intelligence sans doute supérieure, visiblement écartelée par ses souvenirs (et pas seulement ceux qui concernaient Martin et Brian), elle voulait "comprendre." N'en avait-elle pas le droit ? de plus, une partie des droits de ce livre servirait à garantir l'avenir de sa fille - volonté qu'on lui a beaucoup reprochée alors qu'on n'a rien dit de sa propre mère, lorsque celle-ci se faisait payer des interviews sur sa "monstrueuse meurtrière de fille."

Le résultat, c'est ce livre, véritable biographie-enquête, que je vous conseille fortement de lire et qui, tout bien considéré, est avant tout une histoire d'enfants maltraités, avec les conséquences que cela peut entraîner dans des cas extrêmes. Betty, la mère de Mary, la qualifiait souvent, et bien avant les meurtres, de "monstrueuse", tout simplement parce qu'elle était née et bien qu'elle fût une très jolie enfant. A son procès, la presse ne cessa de l'appeler : "le Monstre" et les juges la traitèrent eux aussi comme tel. Mais, si l'on pouvait la considérer comme tel après le double meurtre de Martin et Brian - je souligne que je n'oublie pas ici la douleur de leurs parents même si je me range, peut-on dire, hormis en ce qui concerne les crimes, du côté de Mary Bell - pourquoi la persuader qu'elle était un monstre bien avant qu'elle eût fait la connaissance de ses deux victimes ?

Autres questions, que vous vous poserez certainement après votre lecture : pourquoi Norma Bell, qui était au minimum complice et qui a certainement participé à l'assassinat de Brian, fut-elle absoute ? Parce qu'elle avait un meilleur avocat ? Parce que les membres de sa famille n'avaient, au contraire du beau-père et de la mère de Mary, jamais eu affaire à la Police ? Parce que, sur les bancs de l'accusation, elle suivit à la lettre les conseils de ses parents et de son avocat ? ... Parce qu'elle était née sous une meilleure étoile ? ...

Vous trouverez des liens relatifs à l'affaire , en français, sur Wikipédia, et en divers autres points du Web, mais en anglais, probablement. Lisez, réfléchissez et faites-vous votre propre opinion. Certes, les crimes ne peuvent être pardonnés que par ceux qui en furent victimes et leur entourage. Simplement, la toute petite Mary Bell ne fut-elle pas victime, elle aussi, en son temps, d'un crime que les services sociaux ne saisirent visiblement pas bien qu'il se répétât plusieurs fois par jour pendant des années, mais qui se trouve bien à l'origine de toute cette horreur ? Même Betty, sa mère ... Car Mary n'était-elle pas la fille de son grand-père maternel - ou du moins d'un membre très proche de sa famille ? ...

En dépit de ce que l'on a voulu faire croire, Mary Bell n'est pas la seule responsable de la mort de Martin et de Brian. Mais elle seule a assumé sa responsabilité. Betty, morte, ne le peut plus. Norma, elle, s'est défilée très tôt - et on l'a laissée faire. Quant aux représentants de la société ...

Si vous voulez juger, jugez mais alors jugez tout le monde : n'oubliez surtout personne. Mais que les âmes sensibles s'abstiennent, cela vaut mieux. Les amateurs de sensationnalisme aussi d'ailleurs. ;o)
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critiques presse (2)
Lexpress
19 septembre 2014
Une fillette tue deux garçonnets à Newcastle, au Royaume-Uni, en 1968. De ce fait divers, Gitta Sereny a tiré une vertigineuse méditation sur le mal et la rédemption.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Liberation
15 septembre 2014
A la fois thriller psychologique, non-fiction novel, réflexion sur la justice et essai philosophique sur le mal, chaque page d’Une si jolie petite fille arrache des larmes au lecteur.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (61) Voir plus Ajouter une citation
Les réactions au livre ont révélé un autre aspect, d'après moi très significatif : le refus, chez certains commentateurs, de croire les souvenirs de Mary. Ils jugeaient impossible qu'elle eût été abusée sexuellement de 4 à 8 ans par les clients de sa mère [prostituée] et en présence de celle-ci. Cela démontre, une fois de plus, que quelques experts - ils sont peu nombreux, mais tenaces - et un grand nombre de personnes tout à fait convenables demeurent incapables de supporter l'existence même de la pédophilie, ce qui, étant donné le nombre de faits qui devraient s'imposer à eux, est presque aussi stupéfiant que la pédophilie elle-même.
Quiconque a travaillé auprès d'enfants abusés sexuellement sait à quel point ils ont du mal à en parler. Ils ne comprennent pas l'horreur de ce qui se passe, d'autant qu'ils sont soumis à un lavage de cerveau de la part de leur père ou de leur mère, ou des deux, consistant à leur faire croire que ce qui leur arrive arrive à tous les enfants. De sorte que nous sommes, encore aujourd'hui, souvent incapables de détecter et par là de prévenir ces abus.
(p. 484-485)
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[l'auteur en conclusion]
Je voulais montrer comment une histoire aussi terrible pouvait avoir lieu, mettre en lumière les nombreuses failles qu'elle révèle. D'abord dans la famille, mais aussi dans la société, quand la parentèle se protège en resserrant ses rangs contre les étrangers sans se préoccuper des conséquences, quand les voisins ferment les yeux, quand les policiers sous-estiment le danger des conflits parents-enfants et le plus souvent prennent la défense des parents (sauf dans les rares cas où des enfants dénoncent des abus sexuels), quand les travailleurs sociaux protègent leur relation avec ces derniers aux dépens des enfants, quand les instituteurs, débordés, mal formés à la détection des troubles psychologiques, ne voient pas ce qu'ils ont sous les yeux...
Dans le monde anglo-saxon, et particulièrement en Grande-Bretagne, nous ne nous contentons pas d'être discrets, nous vouons un culte à la vie privée. Nous n'observons pas les enfants de nos voisins. Surtout, nous ne les écoutons pas, nous ne sommes pas - pardonnez-moi de le répéter encore - à l'écoute de leurs cris, de leurs pleurs, de leurs appels.
(p. 479)
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« Je pense qu'il faut que quelqu'un comprenne et explique comment des crimes aussi terribles que ceux commis par Mary [Bell en 1968], celui des deux garçons de 10 ans qui ont tué James Bulger [1993, Royaume-Uni] et beaucoup d'autres, commis par des enfants, peuvent se produire. Il n'est pas question de chercher des excuses ou de légitimer de tels actes, mais devant l'horreur du public, pleinement justifiée, et la rapide acceptation du terme 'diable' pour désigner les responsables, les gens ont tendance à oublier qu'il s'agit ou s'agissait d'enfants. Il s'agissait d'enfants, avait-elle répété avec emphase. Des enfants qui, avant ce qu'on pourrait appeler leur 'explosion' dans ces actes de violence, portaient un poids inconnu ou ignoré par tous les adultes responsables. »
D'expérience, elle savait que des enfants comme Mary et les deux jeunes meurtriers de James Bulger étaient bien trop jeunes pour comprendre eux-mêmes l'impact de leur enfance malmenée sur leurs actes.
(p. 40)
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- Evidemment, j'ai repéré qu'il y avait beaucoup d'autres relations [entre détenues] et à quel point ces relations tenaient une place importante dans la vie de la prison - la seule forme de contact dénuée d'agressivité, vous voyez. Surtout pour les femmes qui étaient habituées... pas seulement à une vie sexuelle régulière... mais à être avec quelqu'un, à vivre et à dormir avec quelqu'un. Bien sûr de telles femmes - et, honnêtement, il s'agit de la plupart des femmes - vont avoir besoin de poursuivre cette vie. J'ai très vite compris que ce n'était pas seulement une question de sexe. Les plus vieilles - certaines détenues étaient très vieilles, il y avait une Grecque de 80 ans qui purgeait une peine de dix ans - voulaient juste des câlins. Les sentiments, le désir, les besoins ne disparaissent pas parce que vous êtes en prison. En fait, ils s'intensifient. Je veux dire que là-bas, il n'y a rien d'autre à faire que de penser... eh bien... aux sentiments.
- Vous voulez dire au sexe ?
- Ouais mais plus... plus que ça.
(p. 280-281)
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En prison, ce que tout le monde combattait sans relâche, c'était la monotonie. « Comme je vous l'ai dit, la semaine on faisait toujours la même chose et les week-ends, c'était pire : si vous n'aviez pas de visite, il n'y avait rien à faire, absolument rien. C'était l'ennui, l'ennui, l'ennui, donc même si c'était horrible pendant la semaine, on attendait impatiemment le lundi pour retourner au travail. En même temps, ils essayaient de nous rendre la vie plus supportable, en nous faisant changer de lieu de travail tous les trois mois et même avant si on s'appliquait. »
(p. 295)
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Videos de Gitta Sereny (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gitta Sereny
Dans la famille Holleeder, il y a d'abord le père : alcoolique et violent qui détruit tout sur son passage, rabaisse femme et enfants et fait régner un climat de terreur dans son foyer. Ouvrier chez Heineken, il se soûle en rentrant de l'usine, distribue raclées et insultes sous l'effet de l'alcool et de la frustration. Il y a la mère, être fragile et docile qui tente tant bien que mal de protéger ses enfants. Il y a Willem, le fils aîné, seul à tenir tête à son père et qui finit par le dépasser en devenant l'un des plus grands criminels des Pays-Bas, le célèbre "Neus" (le Nez). Avec comme premier haut fait d'armes, l'enlèvement en 1983, à vingt-cinq ans, du patron d'Heineken, Freddy Heineken et son chauffeur, Ab Doderer. Fort de cette réputation et tout en purgeant une peine de prison, Willem Holleeder va se transformer en chef de gang, prêt à tout pour régner sur un monde mafieux qu'il va contribuer à bâtir.
De prisons en prisons, la petite frappe va se muer en meurtrier assoiffé de sang et de pouvoir, "Scarface" hollandais, sans scrupule, soupçonné d'avoir commandité le meurtre de son meilleur ami et beau-frère, Cor. Et puis il y a Sonja et Astrid Holleeder, les deux soeurs, deux femmes qui un jour vont trouver le courage de dénoncer ce frère qu'elles ne reconnaissent plus, monstre de cruauté. Témoignages, enregistrements clandestins, les soeurs vont se faire Judas et envoyer leur cher frère en prison.
Ce thriller du réel, entre Roberto Saviano et Gitta Sereny, nous plonge au coeur d'une histoire de trahison, de crime, de haine et d'amour qui n'a rien à envier aux tragédies grecques ni au "Parrain".
Traduction de Brigitte Zwerver-Berret et Yvonne Pétrequin
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