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EAN : 9782752912152
240 pages
Phébus (03/01/2020)
4.36/5   7 notes
Résumé :
Nadia n’a jamais connu son père, mort avant sa naissance. À dix-sept ans, elle apprend que Nâzim, né en Turquie, immigré en France, avait été abattu lors d’une attaque de banque. Comme une frange de la jeunesse révoltée des années 1980, il s’était fourvoyé dans un groupuscule violent, au nom d’une lutte radicale contre l’injustice.
Bouleversée, Nadia va chercher à renouer les fils de son histoire, entre Strasbourg où elle a grandi, et Istanbul où s’est réfugi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Après le coup de coeur de Finir la guerre et apprenant que le deuxième roman de Michel Serfati vient d'être publié, je me suis précipitée avec curiosité sur L'Enfant de la colère (titre fort bien choisi soit dit en passant). Grâce au kindle je me suis plongée en un click dans un livre passionnant.

Toujours cette écriture cristalline et cette élégance sobre du phrasé.

La découverte du hang cet « instrument sans appartenance, hors du temps » fut pour moi une délicieuse surprise de lecture.

Je trouve le résumé éditeur très bien conçu. Aussi, pour vous mettre en appétit je vais simplement reprendre quelques menus détails.

Un avertissement confirme l'allusion directe à un fait divers réel à l'origine de l'histoire du personnage du père disparu : l'attaque de la BNP (rue Lafayette) à Paris le 30 mai 1980.

Le braquage semble être le fait de jeunes qui voulaient « refaire le monde » animés par « une révolte qui se voulait certainement généreuse, mais dont rien de précis n'émergeait ».

Nâzim Melen, d'origine turque arrive en France vers l'âge de 10-11 ans. Il s'établit avec sa famille à Nancy. Jeune magasinier il fréquente Cécile Grandidier, caissière qui habite un faubourg de Strasbourg, depuis à peine « deux mois » quand il disparaît soudainement ignorant que celle-ci (« entre vingt et vingt-cinq ans ») est enceinte.

La naissance de Nadia, le 21 juin 1984, s'inscrit donc dans un contexte difficile que vous découvrirez à la lecture, une lecture que je vous souhaite aussi agréable qu'elle le fut pour moi.

Laissez-vous emporter par le périple de Nadia sans plus attendre !
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A la veille de ses 18 ans, Nadia apprend enfin qui était son père. Elle ne l'a pas connu, puisqu'il est mort avant sa naissance, abattu par la police lors d'un braquage dans les années 80. La mère de Nadia a attendu toutes ces années pour enfin raconter cette histoire à sa fille. Nâzim, jeune ouvrier turc immigré en France avec ses parents, était épris de justice. Son idéalisme l'a poussé à intégrer un petit groupe de révoltés comme lui, et à préparer avec eux une attaque de banque. Voler l'argent des riches pour le redistribuer aux pauvres, tel était le projet naïf et romantique de ces "terroristes" amateurs. Evidemment l'opération tourna mal, Nâzim tué, trois complices arrêtés et jugés, une quatrième en fuite, condamnée à perpétuité par contumace. Ces révélations bouleversent Nadia, qui se lance dans la quête de ses origines. Etudiante brillante mais écorchée vive, perdue, elle abandonne la fac, et entame alors un cursus de musicologie après avoir découvert le hang, un instrument de la famille des percussions. Ses études l'amènent pour quelques mois à Istanbul, où elle tente de retrouver la trace de l'ancienne complice de son père.
"L'enfant de la colère" est un roman initiatique, qui commence par cette recherche du père, qui se transforme ensuite en polar diplomatico-judiciaire avant de revenir à un questionnement sur soi-même : qui est-on quand il nous manque la moitié de nos racines, qu'a-t-on reçu en héritage, et plus généralement, que faire de sa vie en sachant (ou pas) tout cela. J'ai trouvé ces réflexions intéressantes, mais pour le reste, je n'ai pas réussi à m'attacher à cette histoire. Des personnages trop lisses, trop "gentils", à la limite du stéréotype, des péripéties qui s'enchaînent trop facilement ou trop vite, trop de hasards qui font bien les choses. Une lecture néanmoins agréable, mais je suis déçue de ne pas avoir ressenti la "colère", celle de l'enfant ou celle de son père.

En partenariat avec les Editions Phébus via Netgalley.
#LEnfantdelacolère #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Nadia attend avec impatience que sa mère lui dise enfin qui était son père, comme elle a promis de le faire pour ses dix-huit ans. Des années de questions sans réponses rendent le dialogue difficile.

Elle sait maintenant qu'elle est née d'une histoire d'amour, mais reste sur sa faim. Elle tente de savoir ce qui a bien pu se passer ce jour de 1983 et finit par trouver l'attaque de la banque, par des jeunes épris de liberté et de justice, qui s'est mal terminé : un employé blessé, trois jeunes étudiants arrêtés, un jeune magasinier, d'origine turques qui est abattu, Nâzim, et une jeune femme qui a réussi à prendre la fuite.

La voilà confrontée à l'identité de son père, à l'interrogatoire de sa mère, aux comptes-rendus du procès en 1987, Anne condamnée à la prison à vie par contumace, puisqu'elle s'était enfuie.

« Elle lut, relut dix fois les récits plus ou moins contradictoires des journaux relatant la tentative de hold-up, la folle prise d'otages, l'employé blessé, l'attaquant tué par les tirs de la police, l'arrestation de trois des assaillants, la fuite de la seule jeune femme, les comptes rendus de procès de février 1987. Nâzim Melen, Melen, c'était donc le nom de son père, de son géniteur, elle ne savait comment dire, ni si ou comment elle devait le juger. »

Nadia essaie de prendre contact avec les trois hommes qui sont sortis de prison et un seul veut bien parler avec elle des derniers jours vécus avec la bande, en planque dans un squat… et lui parler d'Anne qui tient une place essentielle sur l'échiquier, car coup de foudre entre elle et Nâzim durant cette planque.

Entre temps, elle rencontre un musicien qui parcourt le monde : Thorsten étudiant suédois qui lui fait découvrir le hang un instrument qui d'emblée la fascine et dont elle apprend à jouer.

Dans sa quête d'identité, son besoin de connaître ses origines, elle abandonne sa classe préparatoire où ses résultats sont brillants pour entreprendre des études de musicologie et apprendre le turc.

Je ne sais pas si c'est volontaire mais Nâzim est aussi le prénom d'un poète connu : Nâzim Hikmet

Cela ne suffit pas quand on recherche une moitié de soi, de son identité, alors elle obtient une bourse pour aller étudier six mois à Istanbul, sur les traces des racines de Nâzim et où Anne s'est réfugiée !

Michel Serfati aborde d'une manière pure, empathique, sans jugement, cette quête de l'identité. Il a très bien su décrire la colère de Nadia contre sa mère : c'est celui qu'on a sous la main qui est forcément coupable, puisque l'absent est mort, donc idéalisé. Elle devrait admirer, ou remercier sa mère qui s'est débrouillée seuls pour l'élever, sacrifiant sa vie de femme car aucun homme n'est venu remplacer son amour de jeunesse.

Mais, non, la colère doit se retourner contre elle car, par sa seule présence, elle lui rappelle l'absence douloureuse de son père.

Il aborde aussi les rêves d'une jeunesse idéaliste, qui croyait à l'égalité, à la fraternité, jusqu'à attaquer une banque pour redistribuer aux plus pauvres et dont l'idéal s'est fracassé, ainsi que la manière de réagir des parents : ceux de Nâzim ont « renié » ce fils qui les a déçus et ne veulent plus en entendre parler.

Les mots sont justes, forts, percutants, vibrant comme le Hang et nous montre une jeune femme qui n'a pas peur d'aller jusqu'en Turquie pour retrouver le pays d'origine de son père, alors que la situation du pays n'est pas simple, avec les emprisonnements arbitraires, la torture, les disparitions et les défilés de « mères du samedi » qui veulent juste savoir ce que sont devenus leurs maris ou leurs fils.

Heureusement la musique est là pour évacuer le trop-plein d'émotions et lui permettre de gagner quelques sous comme musicienne ambulante. On ne dira jamais assez le pouvoir thérapeutique de la musique.

Ce roman est un véritable coup de coeur car l'histoire est belle, la quête bien analysée, notamment la souffrance engendrée quand une partie de soi manque, et que le parent présent ne fait que renforcer la douleur de l'absence.

Un immense merci à NetGalley et aux éditions Phébus qui m'ont permis de découvrir ce roman, inspiré d'un fait réel, il y a bien eu une attaque de banque, mais c'était en 1980, et sur laquelle l'auteur a su construire son histoire. En plus la couverture est sublime!
#LEnfantdelacolère #NetGalleyFrance
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"La musique est un cri qui vient de l'intérieur." Et ce livre aussi.
Soit Nadia, brillante étudiante qui vit seule avec sa mère et qui découvre, le jour de ses 18 ans, que son père était un jeune immigré turc révolté, qui a trouvé la mort lors d'un braquage réalisé par un groupuscule gauchiste, alors qu'elle n'était pas encore née. Comment appréhende-t'on une image paternelle aussi inattendue et floue ? de quelle façon se construire ?
Accompagnée de son hang (un drôle d'instrument de musique aux sonorités envoûtantes) dans la pratique duquel elle s'épanouit, Nadia va tenter de trouver des bribes de son père, en se rapprochant de ceux qui l'ont connu, jusqu'à Istanbul. Et ce faisant, c'est dans une quête d'elle-même qu'elle se lance, tout en se heurtant à la dure réalité du monde qui l'entoure.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui interroge et propose des réponses, qui offre plusieurs réflexions pertinentes sur l'engagement politique, les choix de vie, la culpabilité, l'amour... En cela, je l'ai trouvé dense et généreux, mais d'une lecture accessible, et dans un style sobrement maîtrisé. Je me suis sentie proche de Nadia dans sa double quête, et j'ai été sidérée par la justesse avec laquelle Michel Serfati se glisse dans la peau des femmes. Ce qui n'empêche pas, non plus, de saisissants portraits d'hommes. Enfin, j'ai apprécié le voyage à Istanbul, au point d'en sentir les odeurs et d'en entendre le bruit de fond continu, et surtout, j'ai été emballée par cette découverte du hang.
C'est donc, à plus d'un titre, un roman marquant, émouvant, profondément humain, que je m'estime chanceuse d'avoir lu. Et je vous souhaite cette même chance.
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Nadia est une jeune fille brillante dans ses études. Elle n'a jamais connu son père, décédé avant sa naissance, abattu par la police lors d'un braquage auquel il participait avec quatre autres complices. Nadia veut en savoir plus sur ce père, et pour cela, elle va se rendre en Turquie, pays de ses origines, et y rencontrer Anne, l'amante de son père et l'une des complices du braquage, en cavale depuis des années dans ce pays.

J'ai lu beaucoup de romans abordant la thématique de la recherche d'identité, certes. Mais je peux affirmer que celui-ci sort indubitablement du lot, et le talent de l'auteur n'y est pas étranger. J'ai tout simplement été séduite par le propos de cette très belle histoire.

La quête effrénée de Nadia m'a captivée et m'a beaucoup touchée. Elle fera tout ce qu'il faut pour marcher sur les traces d'un père qu'elle n'aura jamais connu. Elle cherchera à comprendre bien des éléments du passé de ses parents, et ne se découragera pas.

J'ai beaucoup apprécié d'avoir en filigrane la musique dont se passionne Nadia. Elle va ainsi s'intéresser de près au hang, un instrument de musique de la famille des idiophones. Je dois bien avouer ma méconnaissance totale en ce qui concerne cet objet et cela donne un véritable plus à l'histoire.

La plume de l'auteur est d'une incroyable fluidité. C'est un texte de caractère et non dénué d'une grande élégance que va nous proposer Michel Serfati. Les pages défilent sans même s'en rendre compte.

Une histoire sensible, où la protagoniste marchera sur les pas d'un père qu'elle n'a pas connu, avec pour toile de fond la Turquie et la musique. Je ressors conquise de ce roman abordant des thématiques maintes fois rencontrées lors de mes lectures, mais avec un talent qui le fait indéniablement sortir du lot.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Anne ne s’était jamais rendu compte à quel point les mots lus à d’autres, comme les paroles chantées parfois, pouvaient être un baume à des angoisses si diverses. À la maison d’arrêt de Strasbourg, la bibliothèque était assez peu fournie, mais c’est encore Jacqueline qui alimenta sa fille en ouvrages de toutes sortes, pour elle, autant que pour une lecture à haute voix à Dounia.
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Il faisait naître une mélodie étrange, spatiale, une sculpture musicale aérienne qui enveloppait l’auditoire d’un voile léger et subtil, une musique d’une douceur et d’une sensualité intenses venue d’un autre monde, jetant un pont entre des sonorités de sociétés très anciennes et des expressions les plus contemporaines.
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Mais de quel droit lui refusait-elle la vérité ? Que ce fût aussi une souffrance pour sa mère, qu’il y avait un trop dur à dire pour elle, n’atteignait pas Nadia qui, au fil des ans, répondit au mutisme par des silences de plus en plus pesants...

...Durant ces années, elle avait ravalé sous sa langue toutes ses interrogations, en même temps qu’elle était habitée d’une colère indicible contre sa mère, une mère n’est-elle pas toujours responsable de tout ?
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Et ce silence, trop tard et si mal comblé, Nadia le ressentait maintenant comme une injustice profonde, qui la mettait dans une colère sourde.
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C’était une rebelle, ça se voyait, ça s’entendait, une exaltée, élégante même quand elle enchaînait gauloise sur gauloise entre ses doigts fins, des sans filtre, et sa manière de souffler la fumée vers le haut en serrant les lèvres, un joli geste.
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