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EAN : 9782253017011
442 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
4.25/5   22 notes
Résumé :
Dans la froideur d'une nuit moscovite, le camarade Toulaev, un apparatchik de haut rang, est abattu en pleine rue. L'enquête commence et la machine bureaucratique du parti-État stalinien enclenche ses rouages totalitaires. Les suspects, arrêtés et interrogés les uns après les autres, sont pris dans les mailles d'un filet qui étend ses ramifications jusqu'à Paris et Barcelone.
Ces inculpés, dont Victor Serge fait le portrait saisissant, n'ont de commun que l'i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Formidable dénonciation de la société soviétique et surtout de la terreur stalinienne .

A travers une galerie de personnages de toutes conditions sociales, l'auteur nous démontre toute la perversité d'un système.

Ou comment, les accusateurs d'aujourd'hui deviendront les accusés de demain.
Ou comment, l'obscur petit fonctionnaire s'acharne à appliquer des directives qu'il sait être criminelles et qui provoqueront une famine et donc des milliers de morts.
Ou comment, le régime fait régner la peur, en effet être ami, prit en photo avec celui qui est maintenant l'ennemi du peuple, peut vous coûter très cher.
Ou comment, le pouvoir encourage la délation et entretient la corruption et détruit l'idéal révolutionnaire de tout un peuple. En effet, pour Staline et ses comparses, personne n'est totalement innocent et chacun complotera un jour contre la nation.

L'auteur nous emmènera en Espagne, pendant la guerre civile, ou là encore l'on pervertira les combattants de toutes tendances avec les mêmes menaces et éliminations au nom du parti.

Au final, ce livre écrit avec passion, nous démontre l'absurdité d'une politique qui tua ses propres enfants.

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Dans ce roman inspiré de faits réels, Victor Serge nous emmène au coeur du régime stalinien. Il décrit avec minutie les origines des procès de Moscou et la logique interne d'un régime qui avait fait de la purge une technique de survie. Révolutionnaire lui-même, Serge à vécu de l'intérieur la mise en place de la dictature soviétique et a fait l'objet de poursuites par le Guépéou. Ceci n'en rend son roman que plus poignant.
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Un homme a été tué dans une rue, comme il se doit une enquête est diligentée mais voilà nous ne sommes pas dans n'importe quel pays mais en URSS, à Moscou dans les années trente et c'est un apparatchik qui a été assassiné. Dans un pays totalitaire la mort d'un dirigeant ne peut pas être un meurtre ordinaire, pour ce régime construit sur la paranoïa le coup vient forcément de haut et participe d'un complot. le système répressif étant parfaitement rodé et les années trente celles des grandes purges, la machine à broyer se met en route immédiatement.

Dans ce roman rude et austère Victor Serge décortique les mécanismes impitoyables qui poussent l'état stalinien à dévorer ses meilleurs enfants. Car ce sont des vieux combattants du bolchévisme qui sont suspectés, si tout innocent est un coupable qui s'ignore les anciens sont encore plus suspects : ils ont connu Lénine, ils ont côtoyé Staline et ses manoeuvres et ont compris les dérives du système, leur existence même est un danger.

Serge aligne les portraits, les parcours de ces hommes qui sont des durs, certains ont les mains sales car ils ont été bourreaux avant d'être victimes, ils ne sont pas surpris ils savent ce qui les attend. Il ne sert à rien de se défendre, de faire valoir des états de service, l'étape ultime sera l'aveu car tous avouent, même les crimes les plus invraisemblables. le moyen suprême est de les convaincre qu'ils sont coupables pour le bien du Parti, le contester serait donner raison à la contre-révolution et trahir ce qui a fait le sens de leur vie.

On ne peut s'empêcher de rapprocher ce tableau affligeant du totalitarisme stalinien de celui du dictateur Poutine, comme pendant l'URSS les systèmes policier et judiciaire d'aujourd'hui sont aux ordres, arrêtent et condamnent sans vergogne et la population endoctrinée assiste à ces crimes sans émotion.
Lecture tristement instructive qui demande des efforts au lecteur car si la langue de Victor Serge est élégante, l'atmosphère du roman est irrespirable et déprimante. Même si parfois on rirait devant tant d'absurdité ubuesque.
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Victor Serge reste un romancier à découvrir, comme si l'on avait encore Orwell à découvrir, ceci pour donner une idée du personnage. Comme lui il est un des premiers à dénoncer le totalitarisme soviétique, alors que les soi disant intellectuels continueront pendant longtemps, en tout aveuglement volontaire à faire des odes à l'escroc Staline. "L'affaire Toulaev " montre on ne peut mieux comment la terreur, la soumission, la lâcheté, l'arrivisme se conjuguent pour emballer la plus formidable machine à broyer les individus. L'écriture n'a pas vieilli, rapide, incisive, engagée, résolument moderne. Serge restera un homme libre, au péril de sa vie, qui sera aussi courte que celle d'Orwell, d'ailleurs.
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Belle plongée dans un triste épisode de l'histoire d'un auteur du xxème siècle trop méconnu que les éditions zones ont eu la bonne idée de rééditer en 2010........
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
- Répondre à un interrogatoire ? Après cet enlèvement illégal ? Sans savoir qui vous êtes - ou ne le sachant que trop - sans garanties d'aucune sorte ?
La tête massive du bellâtre oscilla légèrement sur la cravate ; les dents, larges et jaunes, s'y découvrirent... Cette brute aussi entendait sourire. Ce qu'elle murmura devait vouloir dire : "Nous saurons bien vous y obliger." Bien sûr. Avec un courant électrique à faible tension, on peut tordre une créature humaine en tous sens, la plonger dans les pires convulsions de l'épilepsie, de la démence, bien sûr, et je le sais.
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Il dînait vite au réfectoire d'entreprise en lisant l'article de tête du journal, qui disait toujours de la même voix administrative que l'on était en marche, en plein progrès, en plein essor, incomparablement, victorieusement, malgré tout, pour la grandeur de la république, le bonheur des masses laborieuses, témoin les deux cent dix usines ouvertes en un an, l'éclatant succès du stockage des céréales et...
"Mais moi, se dit un jour Romachkine en avalant sa dernière cuillerée de semoule froide, je pressure la misère."
Les chiffres l'attestaient. Il perdit sa tranquillité. Tout le mal vient de ce que l'on pense, ou plutôt de ce qu'il y a en vous un être qui pense à votre insu, puis tout à coup émet dans le silence du cerveau une petite phrase acide, insupportable, après laquelle on ne peut plus vivre comme auparavant. Romachkine fut terrifié de cette double découverte : qu'il pensait et que les journaux mentaient.
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Ils prirent rendez-vous dans le bois, sur l'Istra, parce qu'il n'eût pas été sensé de se rencontrer en ville ni chez Philippov qui voisinait avec des cheminots.
"je ne reçois jamais personne, disait Philippov, c'est le plus sûr. Et puis, de quoi parler avec les gens ? "
Philippov survivait sans y rien comprendre à plusieurs équipes successives d'économistes de la Commission Centrale du Plan.
" Le seul plan qui sera accompli à fond, plaisantait-il, c'est celui des arrestations."
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Qui sait combien de fusillés sont encore nécessaires pour nourrir la terre russe ?

Nous avons cru voir si clair devant nous au temps de la Révolution, et nous voici replongés dans les ténèbres; peut être est-ce le châtiment de notre orgueil.
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Le chef demanda tranquillement :
— Alors, tu trahis, toi aussi ?
Tranquillement, du fond d’un calme sûr, Kondratiev répondit :
— Je ne trahis pas, moi non plus.
Chaque syllabe de cette terrible phrase se détachait comme un bloc de glace dans une blancheur polaire. Sur de telles paroles, impossible de revenir. Quelques secondes encore, et tout serait fini. Pour de telles paroles, ici, on devrait être anéanti sur place, instantanément, Kondratiev les acheva fermement :
— Et tu dois le savoir.
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Vidéo de Victor Serge
Marc Quaghebeur évoque l'auteur révolutionnaire Victor Serge.
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