A propos du dernier roman d'
Abdelhak SERHANE,
L'Homme qui Marche sur les Fesses , j'ai envie de dire :
Parfois, on dit d'un homme qui est fou, qu'il marche sur la tête. de son contraire, qu'il a les pieds sur terre. Mais d'un homme qui marche sur les fesses ?
Entre la folie et la réalité, y aurait-il un endroit où cheminer ? Quelle serait cette terre bienfaitrice ? L'écriture ?
L'homme qui marche sur les fesses, de son nom véritable, Rouida , privé de ses jambes est contraint de faire sans. Ainsi naît sa marche singulière !
Ecrire, ne relève t il pas de cela ? de la perte ?
Ecrire… Il me semble que ce livre résonne de cela, qu'il tente d'en épuiser le sens, le non sens et les pièges qu'il traverse.
Sur l'écriture, tous les conseils sont donnés par des voix différentes qui s'opposent avec ferveur. Peut être, est ce pour cela qu'on les entend si bien…
« Il faut se limiter aux faits. » dit l'une.
« Je m'en tape de ces négociations qui ont tordu le cou à l'oralité, au lyrisme. » dit l'autre
Et nous, lecteurs on entend tout, le lyrisme, l'oralité, les faits mais aussi les dénonciations et tellement d'autres choses encore ... Tout nous est donné à entendre, même le dialecte qu'on ne connaît pas. Et ce h, dans le prénom Dahmane que tu prends le temps de souligner. C'était qu'un h après tout ?
Tu écris:
« Quel lecteur français peut le prononcer correctement sans s'arracher la gorge avec ce h planté au milieu comme une arête de poisson !».
Alors forcément ça résonne et le h prend toute la place et on comprend tellement de chose aussi sur l'histoire entre ces peuples…
Cette histoire a la force de la poésie d'
Omar Khayyâm. Comme la vie, elle contient mais ne juge pas. Quand le savant persan que tu cites s'exprime ainsi :
« Par l'idée qu'il se fait de moi, chacun m'emprisonne en lui-même
Que m'importe, je m'appartiens. Celui que je suis, je le suis. »
Je me sens pousser des ailes et cela me donne le courage de m'exprimer sans craindre la critique et je me dis : « Combien il a raison ! » Et puis, je pense à Rouida, et je me dis : «Combien il est libre, il n'a plus rien qui l'empêche de parler ! ». Et puis je pense à toi, et je te dis : « Merci! ».
Caroline BOURDEIX
Une fidèle lectrice qui a décidé de s'exprimer