Jorge Osuna, douze ans, surnommé le Nopal, vit dans la rue, dans le Mexico des pauvres, avec sa bande de copains, inhale de la colle et gagne quelques pesos en lavant les pare-brise des voitures. Sa mère survit comme femme de ménage dans un bar minable, en tentant d'oublier Jorge père, parti en les abandonnant.
Marcos Valladares a fait fortune en créant une station de radio qui sponsorise un concours dont l'objet est de récompenser un enfant héros et sa famille. Il vit en parvenu, entretenant sa femme, son fils Marquitos et l'inévitable maîtresse.
Le Nopal et Marcos n'auraient jamais du se rencontrer. Mais Marquitos tue par imprudence Jorge Osuna père, et tout se dérègle...
Enrique Serna nous emmène à la rencontre d'une métropole où une richesse sans pudeur côtoie la misère la plus sordide, sous l'oeil intéressé d'une police et d'une justice corrompues.
Il le fait dans un langage où la poésie et l'humour, la férocité et l'horreur cohabitent et cherchent à embrouiller le lecteur. Il efface certains repères temporels, et estompe la frontière entre rêves délirants, ou hallucinés, et réalité. le résultat ne se lit pas facilement, mais le plaisir est là.
L'auteur ne cherche pas à rendre ses personnages attachants. Il les décrit dans toute la nudité de leurs sentiments, et plus souvent dans leur cruauté, exprimée ou cachée, que dans leurs amours ou amitiés.
Un roman dur et sans fard qui nous entraîne dans les bas-fonds, physiques ou moraux, de Mexico, dans une ambiance glauque. Et c'est brillamment réussi !