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Critique de Calimero29


Il m'est très difficile de parler de ce premier roman d'Emmanuel Sérot tellement j'ai été bouleversée et touchée au plus profond.
Le narrateur raconte avec une grande mélancolie poétique le départ de ses parents, octogénaires, en maison de retraite, qui ne pouvaient plus rester chez eux, de façon autonome ainsi que leur éloignement progressif de la vie, son père étant atteint d'un probable Alzheimer même si la maladie n'est jamais nommée précisément et sa mère étant dépendante et aphasique depuis plusieurs années.
Le roman est tellement vrai, tellement proche de ce que chacun a pu vivre ou va vivre, qu'il en devient un récit universel. La peine de voir ses parents devenir vulnérables, fragiles alors qu'ils étaient nos rocs lorsque nous étions enfants, voire adultes remue le coeur et les tripes. C'est avec des larmes au bord du coeur qu'on les voit doucement s'éloigner de nous et d'eux-mêmes. L'auteur compare souvent ses parents à des enfants et il évoque une boucle qui nous ramène de la vieillesse à l'enfance.
Les mots sont tellement justes et poétiques à la fois lorsque l'auteur parle de petits renoncements successifs, de rétrécissements imperceptibles qui conduisent nos parents à un repli sur eux-mêmes, qui limitent leurs interactions sociales. La perte de raison de son père est joliment nommée « la navigation sur son fleuve intérieur ».
Et pourtant sur le chemin de la mort inéluctable, de la perte de ceux qui nous sont les plus chers, scintillent, comme des étoiles, de petits moments de bonheur que l'auteur enferme bien au chaud dans son coeur comme le goût frais de morceaux de pruneaux dégustés ensemble, un échange de sourires, le retour pour une journée dans la maison familiale. Ce roman est baigné d'un amour très doux d'un fils pour ses parents au point d'essayer des les rejoindre dans leur monde et non de les faire revenir à lui.
Ce livre est également un hommage au personnel dévoué, attentif et humain des EHPAD, essayant d'apporter confort, soutien, voire tendresse à chaque résident.
Aucun pathos, aucun sentimentalisme, juste une infinie tendresse pour ceux qui ont permis à l'auteur de devenir l'homme qu'il est aujourd'hui et qui s'éloignent sans retour possible. Ce texte aide à moins redouter ces moments et éclaire d'une lueur moins sombre cette épreuve de la fin de vie de ses parents.
Je remercie Notre Temps et les éditions Philippe Rey que je ne connaissais pas, pour m'avoir offert ces moments d'émotion et de tendresse ; ce roman restera longtemps en moi comme une petite musique apaisante.
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