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sur 426 notes
°°° Rentrée littéraire 2020 # 19 °°°

« Bah oui, ce sont les premiers-nés de l'ère internet. Google leur a donné l'univers en images, Facebook leur a appris à se considérer eux-mêmes comme des images. Et c'est des petits capitalistes, ils savent qu'elles ont un prix, ces images. Que ce qui fait leur valeur, c'est leur visibilité. Les algorithmes remontent ce qui est le plus liké : plus on est haut sur la page, plus on est visible. Même les animaux en voie de disparation, il leur faut des likes, pour que leur cause soit soutenue. Même les arbres de la forêt amazonienne, si personne les like, on va tous mourir. Non mais, ces gosses, on les oblige à dealer, en profondeur, avec la peur de disparaître, puis on ouvre grand la bouche pour dire que c'est une génération superficielle ... On s'attendait à quoi ? A ce qu'ils découvrent les confins de l'univers, les vaccins contre tout, les secrets de la cryonie ? D'ailleurs, c'est bien connu, on fait des enfants pour être immortels. Mais eux, ils s'en foutent, hein. de toute façon, quand le monde explosera, ils partageront des vidéos de chats. »


A partir de la disparition mystérieuse d'une jeune fille de quinze ans, Francesca Serra tisse une fresque générationnelle remarquable de profondeur, dressant le portrait fin d'une jeunesse hyperconnectée qui n'a jamais connu le monde sans Internet et qui construit sa sociabilité sur les réseaux sociaux. Bien sûr, il faudrait demander à un millénial s'il se reconnaît dans ce qui est dit, certes, mais on sent beaucoup de lucidité et d'authenticité pour parler des ados sans la condescendance de l'adulte qui croit savoir, sans discours moralisateur plombant.

Garance est une adolescente comme il y en a tant, banale dans sa maladresse, ses ambitions et ses désirs, ni particulièrement brillante, ni décérébrée , raisonnable. Elle est juste d'une beauté renversante et puis «  il y a longtemps que Garance attendait de vivre à la hauteur d'un hashtag » ... ce qui finit par arriver lorsqu'elle intègre LA bande star du lycée, une meute menée par la reine du bal, une alpha friquée. Garance croit qu'elle existe enfin.

On est immédiatement happée par la construction et l'audace de l'auteure qui alterne temps de l'enquête, narration à la troisième personne des événements qui précédent la disparition de Garance, monologue intérieur à la 1ère personne ainsi que des extraits de conversations sur Snapchat, Facebook ou Instagram. Et sans jamais que cela ne sonne artificiel, grâce à une écriture incisive qui pèse chaque mot. le suspense monte jusqu'à ce que toutes les pièces du puzzle se remettent en place et révèlent une vérité bien laide.

J'ai rarement lu des passages aussi saisissants, crus et tendres sur l'adolescence, actuelle ou passé ( mon livre référence est le formidable Frankie Addams de Carson McCullers ), scrutant au plus près les corps, les émotions, les sensations de ces adolescents. On ressent toute la mélancolie du présent entretenue par l'hyperconnexion, on ressent leur solitude lorsqu'ils se déconnectent, l'angoisse qui les prend à la gorge lorsqu'ils subissent le miroir déformant des réseaux, on ressent le tragique de cet univers structuré en castes où l'exposition permanente de l'intimité sonne comme une injonction pour exister. La violence de la meute anonyme qui dézingue et harcèle derrière son écran apparaît dans toute sa tragédie avec comme toile de fond l'éveil à la sexualité.

Sans doute le dénouement est-il moins convaincant que tout ce qui le précède, rebondissant dans une direction, certes inattendue mais qui alourdit une intrigue déjà riche et qui n'avait nul besoin d'être surchargée. Mais qu'importe, ce parcours initiatique d'une jeune fille en construction est réellement captivant. J'ai pensé au Elephant de Gus van Sant dans cette saisie puissante du flottement adolescent, entre ennui, détermination et mélancolie. Une grande réussite.
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Haletant, addictif, fascinant, incisif… Je suis époustouflée ! L'amie libraire qui m'a prêté son exemplaire n'a pas menti : quelle maturité pour un premier roman ! (Je ne dérogerai pas à mes principes, j'achèterai le livre à sa sortie, même si je l'ai déjà lu).
C'est un roman d'apprentissage. Une adolescente devient femme. Garance (l'héroïne) doit répondre à tous les changements qui font de sa vie un gigantesque point d'interrogation. Comment quitter son enfance ? Comment s'émanciper de sa mère ? Comment s'accepter ? Comment gérer le désir des garçons et la jalousie des filles ? Comment déployer ses ailles, et prendre son envol … ? Mais elle a menti pour les ailes ! (Merveilleux titre).
Intime sans être intrusif, empathique sans faire du jeunisme, le roman de Francesca Serra décrit avec justesse une génération « Internet native » en manque de repères.
Une ado qui grandit sur la pointe des pieds… au bord de l'abîme ? Sur le thème, je n'ai rien lu d'aussi réussi depuis « D'acier » de Silvia Avallone. C'est du contemporain #IRL, du teenager rageur 4.0, du roman social de haute volée à faire passer le Goncourt 2018 pour un reportage poussif. Parler de mèmes, de « revenge porn », de réseaux sociaux et de la génération Z sans tomber dans la caricature et la démagogie, c'est un exploit.
Je recommande vivement ce livre à celles et ceux qui s'intéressent à la rentrée littéraire. Il en sera l'un des évènements. À vous de confirmer mon intuition.
Bilan : 🌹🌹🌹
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Attention, gros, énorme coup de coeur de la rentrée littéraire... et même de l'année 2020... cela fait longtemps que je n'avais pas été happée par un livre comme ça !
Garance a 15 ans, une mère professeur de danse, une meilleure amie plutôt sage et bonne élève qui prend des cours de danse avec elle et une folle envie de devenir quelqu'un. Elle compte pour cela sur sa beauté qui la distingue parmi les autres fille de son âge et sur le prochain concours de mannequin organisé dans sa petite ville. Mais son monde bascule quand la petite bande d'ados branchés de terminale que tout le lycée admire la remarque : prête à tout pour être intégrée à leur groupe, elle va grandir d'un coup en quelques mois... jusqu'à sa soudaine disparition.
Ce livre est inclassable : tantôt thriller avec la disparition de Garance et l'enquête qui s'en suit, tantôt chronique adolescente avec les premiers émois, les bandes de copains, les bêtises qu'on fait à cette âge là, tantôt documentaire sur la "génération Z", les premiers à avoir grandi avec Internet et les réseaux sociaux dès leur plus jeune âge. Dès les premières pages on est happé par l'écriture vive, précise, implacable de Francesca Serra qui en quelques phrases sait camper une atmosphère ou un personnage. La langue est riche, le style particulièrement construit et travaillé puisque l'auteur arrive à mêler à son récit des conversations d'ados et des échanges sur Instagram, Twitter et autres Facebook en sonnant toujours juste et sans jamais donner l'impression de chercher à se mettre à la place de ses personnages alors qu'elle a près de 20 ans de plus qu'eux. Rarement on aura réussi à rendre aussi bien compte de la vie adolescente, de l'importance du regard des autres et de toutes les interactions qui se jouent dans une cour de lycée.
La différence par rapport à d'autres chroniques adolescentes c'est que nous sommes maintenant à l'heure de l'exposition permanente sur Internet : il ne suffit plus de vivre sa vie (ce qui n'est déjà pas facile à 15 ans !), il faut aussi la mettre en scène. Ce livre nous fait prendre conscience du poids permanent du regard des autres auquel sont confrontés ces adolescents. Alors certes les intrigues de lycée, la jalousie, les mauvais coups entre adolescents ne sont pas nouveaux mais Internet leur donne une caisse de résonance formidable et un poids inédit. Au fil du récit, nous découvrons certaines scènes glaçantes de harcèlement et surtout ce qui se passe quand la machine infernale des réseaux sociaux et des images s'emballe. L'auteur aborde l'air de rien plusieurs sujets importants, le poids de l'image et des normes sociales sur les adolescents, l'absence de modèles à qui s'identifier, la difficulté qu'ont parents, professeurs et même policiers à suivre ce que font ces enfants sur Internet, outil avec lequel ils sont nés et qu'ils maîtrisent beaucoup mieux que les adultes.
Le roman n'est jamais démonstratif mais nous donne juste à voir une tranche de vie, un morceau de la société actuelle, les failles d'une petite ville de province presque comme les autres. L'auteur intercale avec brio plusieurs époques, la rentrée en seconde de Garance, son intégration à la bande qu'elle admirait jusqu'ici de loin, sa disparition soudaine et les terribles journées qui ont conduit à cette disparition. Cette construction faite de retours en arrière est particulièrement réussie puisqu'elle rompt la monotonie du récit et nous fait encore plus prendre conscience des conséquences que vont avoir une série d'actes et de petits dérapages qui pourraient être anodins. Qui est coupable ? Personne diront les adolescents aux policiers qui les interrogent. L'auteur se garde bien de répondre à cette question et la dernière partie du récit, très différente de ce qui précède, nous laisse réfléchir à ce que pourrait être la vie loin de l'oeil inquisiteur d'Internet et de la mise en scène permanente des images.
Vous l'aurez compris si vous êtes arrivés jusque là, je vous recommande vraiment ce roman : en plus d'être particulièrement juste et de soulever des questions d'actualité, c'est aussi une magnifique lecture, bien écrite, prenante et qu'on a du mal à lâcher. Un de ces livres pour lesquels on est triste de tourner la dernière page et qu'on aurait déjà envie de relire pour s'attacher aux petits détails qu'on a pu manquer.
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Ce roman m'a appris que je vivais en Corée du Nord sans le savoir. Page 153 : "A moins d'avoir été emprisonné en Corée du Nord au cours des deux dernières années, impossible d'être passé à côté [du clip "Chandelier" de Sia]." Je ne connaissais ni la chanteuse, ni le clip, mais pas que.
Ca se passe en 2015-2016 dans une petite ville du Sud de la France, et les personnages principaux sont des Millennials. Garance, 15 ans, rêve d'amour, gloire et beauté. Elle s'est inscrite à un concours Elite, exhibe ses selfies sur les réseaux sociaux, et -comble du bonheur !, vient d'être admise dans le cercle fermé des amis trop cools de la star du lycée, où évolue ce beau garçon dont elle est amoureuse depuis ses 12 ans. Mais patatras !, tout va s'écrouler, et le rêve va tourner au cauchemar.
J'ai d'abord beaucoup aimé ce roman, qui m'a permis de retrouver quelques unes de mes lointaines sensations d'adolescente. Mais finalement, non : j'ai surtout découvert un univers totalement nouveau pour moi -et qui m'a fait prendre conscience qu'effectivement, je suis une Nord-Coréenne. J'ai appris des mots nouveaux comme "story" sur Instagram, et je me suis pris une claque en lisant que "Fight Club" est considéré comme un "vieux film". Mais plus que tout, j'ai été interloquée par la conception de la vie (numérique) de ces digital natives, et c'est là tout le talent de l'auteur que d'avoir su la retranscrire avec un réalisme tel que je n'ai éprouvé aucune sympathie pour ses djeuns -qui sont pourtant plus à plaindre qu'autre chose.
Je sors donc mitigée de cette lecture, admirative du style de Francesca Serra et de son analyse implacable de cette génération Z, mais également agacée par ses personnages. Je regrette aussi des longueurs et une maîtrise de la structure narrative moins affirmée dans la seconde partie du roman ; il aurait gagné à être élagué de 200 pages (sur 700).
Le livre refermé, je ne dirais pas que je préfère encore la Corée du Nord à ce monde 2.0. Mais, comme toute vielle c*nne qui se respecte, j'incline à penser que c'était mieux avant.
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En tant que Coréenne du Nord (voir la critique de Judith, Brooklyn_by_the_sea), je tenais à sortir de mon ignorance. Par pur hasard, ce livre était dans ma pile de la bibliothèque quand j'ai lu cette critique et je me suis dit: Voyons cela.

J'en sors un peu anéantie. Je suis toujours stupéfaite de voir la place que les réseaux sociaux ont pu prendre dans la vie de ces jeunes, plus occupés à mettre leur vie en scène qu'à la vivre vraiment. Et par ricochet, puisqu'il n'existe plus qu'à travers ces écrans, le pouvoir de nuisance, de destruction que ceux-ci ont acquis.

Le livre en lui-même aurait gagné à mon avis à être un peu raccourci. Je l'ai trouvé long à démarrer. Et puis l'intensité commence à monter et là, même si j'ai survolé les quelques pages en fonte différente de transcriptions par l'auteure d'extraits d'applications diverses et variées dont je ne connaissais pas toujours le nom, dans un langage que j'ai du mal à comprendre, je n'avais plus envie de le lâcher. L'auteure mêle adroitement le récit de l'année scolaire et l'enquête menée suite à la disparition de Garance. L'adolescence n'est pas une période facile et les compromissions auxquelles sont prêts à se livrer des lycéens pour être acceptés, considérés sont bien décrits par l'auteure. et ces comportements eux sont intemporels, même si l'ultra connexion les a accentués.
Pour Garance, se sentir admise dans ce petit groupe de terminale alors qu'elle n'est qu'en seconde passe avant tout. Elle trahit sa mère, sa meilleure amie, sèche les cours, et laisse va vie partir en vrille. Plus rien ne compte. mais elle s'apercevra à ses dépens que ces relations étaient juste des relations de surface. L'un d'entre eux a causé sa chute, aucun ne lui viendra en aide,

Un thème intéressant, bien analysé par l'auteure qui livre des portraits de jeunes assez négatifs. J'ose espérer que cette génération ne se réduit pas à cela.
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Garance, jeune fille de seize ans, vit dans le sud de la France avec sa mère prof de danse, Elle même pratique la danse,à haut niveau. . Au lycée, elle rencontre un groupe d'élèves de terminale. Séduite par cette bande de jeunes, beaux, branchés, connectés, elle essaie d'adopter leurs codes et fait tout son possible pour être intégrée jusqu'au moment où elle commet l'irréparable après ça sera la chute, la désillusion, le désamour, le harcèlement.
À travers ce premier roman très maîtrisé, écrit d'une plume aiguisée, poétique par moments, l'auteure fait le portrait de cette jeunesse appelée génération z, qui n'a pas vécu sans internet ni réseaux sociaux. Connectés non stop, ces jeunes ne savent pas ce que c'est que d'attendre des nouvelles de leurs amis, d'attendre un coup de téléphone, une lettre. Leurs amis sont virtuels pour beaucoup, ils conversent par SMS non stop, ponctuent leurs messages de selfies et vidéos, où ils se mettent en scène sans pudeur et ne vibrent qu'au nombre de likes, ils guettent l'approbation des autres, ils ne vivent et n'existent que par les autres. Cela les fragilise et peut engendrer des drames, comme c'est le cas pour Garance. Ces jeunes avec leurs amis virtuels sont assez isolés et vulnérables, ils peuvent se retrouver seuls face à leur téléphone et livrés à la vindicte populaire, comme les gladiateurs au temps de Rome dans l'arène quand la foule d' un simple mouvement de pouce décidait de la mise à mort.
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Garance est belle, tout le monde s'accorde à le dire et y est sensible à Ilarène et c'est la fille d'Ana, professeure de danse classique au Coryphée.
ais elle n'est qu'en classe de seconde. Pourquoi Maud, l'élève la plus populaire et suivie de toutes les terminales l'a-t-elle invitée à sa fête d'Halloween ?

Que de sentiments contradictoires m'ont traversée à la lecture de ce premier roman tout à la fois prometteur et pas totalement abouti.
D'un côté, une intrigue habilement menée, dont les tenants et les aboutissants nous sont dévoilés peu à peu. Des personnages crédibles dans la hiérarchie subtile du monde lycéen. L'univers impitoyable, non pas de Dallas, mais des jeunes accros aux réseaux sociaux et aux applications incontourqui jugent, condamnent et mettent au ban de leur société ceux qui ont failli ou déçu.

De l'autre, des passages lourds et abscons ou l'auteure fait montre de sa capacité à écrire, certes, mais se perd dans des digressions qui n'apportent rien, une propension à vouloir s'immerger toujours plus (trop) dans le psychisme de ses personnages , un abus de langage familier voire vulgaire alors que la plume sait être soutenue.

A trop vouloir embrasser, on finit par mal étreindre. Il en résulte une vision très juste d'une génération qui m'a captivée mais une histoire qui m'a parfois tenu à distance en me laissant sur ma faim.
Une auteure à suivre au demeurant.
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Elle a menti pour les ailes de Francesca Serra @editions.anne.carriere #francescaserra #prixlitterairelemonde @lemondefr #cyberharcelement #harcelement #reseauxsociaux #adolescence #premierroman

Garance adolescente sans problème de quinze ans habite avec sa maman Ana, professeur de danse. Sa meilleure amie s𠆚ppelle Souad. Elle est en seconde. Depuis longtemps elle est attire〞 par Vincent plus âgé qui est en terminale. Il fait partie d’un groupe de jeunes les plus populaires du lyce〞.

Garance est dote〞 d’une grande beauté et participe à un concours de mannequin dans sa ville.

Sa vie bascule lorsqu𠆞lle reçoit une invitation via Facebook de Maud à une soire〞 déguise〞 pour Halloween.

L’occasion rêve〞 pour Garance de se rapprocher de Vincent et de pouvoir intégrer sa bande d𠆚mis. Elle se sent enfin vivre et exister.

Elle fera tout pour appartenir à ce clan le plus charismatique du lyce〞 hyper connecté aux réseaux sociaux lesquels peuvent devenir cruels où l𠆚nonymat derrière un e〜ran peut devenir une arme pour détruire complètement une adolescente en la harcelant violemment et sans pitié.

Garance soudain disparaît où est-elle ? Que lui est-il arrivé ? Pourquoi ?

Ce premier roman est haletant, addictif, totalement re〚liste par rapport à notre époque et aux problèmes de l�olescence. Un coup de cœur.

Félicitations à Francesca Serra dont le roman a remporté le prix littéraire le Monde 2020.
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Ouh la la, que cette immersion dans l'univers hyperconnecté des ados est flippante pour les parents ! J'ai senti mon coeur de maman se serrer à la lecture de certains passages du roman.
C'est sans filtre, c'est cash et c'est violent.

Francesca Serra, de sa plume incisive, parvient à dresser un portrait saisissant de la génération des « millennials », à travers l'histoire de Garance et de ses camarades de lycée.
A l'adolescence - cet âge charnière, ce passage si délicat où l'on quitte le cocon protecteur de l'enfance, où l'on se cherche et où l'on se construit au fil de ses expériences, où l'on se sent « grand » mais où l'on se révèle parfois fragile et influençable, et où le regard des autres et le désir d'appartenir à un groupe sont si puissants - le rejet et le harcèlement scolaire sont dévastateurs.
Les erreurs commises se payent cher et le jugement de ses pairs est impitoyable.

Cette problématique du harcèlement scolaire n'est pas nouvelle mais ses effets sont démultipliés avec l'avènement les réseaux sociaux, où la popularité se mesure au nombre de « like » reçus et où l'on peut devenir du jour au lendemain la cible d'un acharnement hors de contrôle.
Il est tellement facile d'être blessant lorsque l'on est anonyme, retranché derrière son écran. La portée des mots peut sembler virtuelle mais les conséquences sont bien réelles et peuvent être dramatiques.
L'auteure décrit avec beaucoup de réalisme ce phénomène de lynchage de masse.

J'ai moins aimé la dernière partie du livre, que j'ai trouvée un peu trop longue et manquant de cohérence avec le reste de l'histoire, mais dans l'ensemble, cette plongée au coeur du quotidien des adolescents est très réussie.
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Un très bon premier roman de cette rentrée littéraire 2020.
C'est un roman très contemporain, qui ressemble à un de ces faits divers que l'on peut lire de temps en temps et qui font froid dans le dos.
L'action se passe de nos jours dans une petite ville balnéaire du sud de la France. Garance Sollogoud a 15 ans, elle est en seconde. Sa mère l'élève seule, elle est prof de danse. Garance est très belle et mène une vie d'adolescente comme les autres, c'est-à dire qu'elle est très active sur les réseaux sociaux comme Facebook, Instagram et Twitter. Elle vient de s'inscrire à un concours de mannequinat qui a lieu dans sa ville.
Sa vie va changer le jour où elle reçoit une invitation à une fête déguisée pour Halloween, fête donnée par une élève de terminales, Maud. C'est la fête de l'année, celle à laquelle il faut absolument être et elle n'en revient pas de sa chance. A partir de cette réception, sa vie va changer. Garance va petit à petit s'éloigner de sa mère et de sa meilleure amie Souad, elle va tout faire pour s'intégrer dans la bande d'amis de Maud, pour le meilleur et pour le pire...
Je n'en dirai pas plus.
Ce roman évoque de façon très juste le milieu des adolescents d'aujourd'hui, ceux qui sont nés avec Internet et dont la vie doit être sur Internet, ils se sentent exister à travers les commentaires sur les réseaux sociaux et les like. Il est question de cyber-harcèlement, des rumeurs, des réputations.
C'est effrayant mais aussi très intéressant et bien écrit.
Je le recommande vivement.
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