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EAN : 9782757897492
360 pages
Points (10/03/2023)
3.44/5   34 notes
Résumé :

3, 4, 5 juillet 1962. Alors que sonne le glas de la présence française en Algérie et que, sous couvert de patriotisme, les crimes les plus abjects se perpétuent, trois gamins d’un quartier pauvre d’Oran sont les cibles d’un tueur anonyme. Deux garçons sont éliminés, le troisième reste introuvable.
L’inspecteur Abel Helme, pourtant sur le point de regagner la métropole, décide de sauver l’enfant. Hanté par sa mission, il s’immerge dans les quartiers po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
3,44

sur 34 notes
Début juillet 1962, Oran, Algérie.Quelques mois plus tôt les accords d'Evian ont proclamé la fin de la guerre d'Algérie puis l'indépendance du pays sera votée début juillet .
Une défaite lourde à digérer pour les français et surtout pour ceux , comme les membres de l'OAS, qui ont oeuvré pour que l'Algérie reste dans le giron français quitte à y mener les pires exactions.
Alors que les bateaux pour la France sont pris d'assaut par tous les pieds noirs souhaitant quitter au plus tôt l'Algérie de peur d'être pris à partie par des algériens revanchards, l'un des quartiers les plus pauvres de la capitale subit une vague de crimes sur des jeunes enfants. Un groupe d'enfants de cette Cité des Lions semble plus particulièrement ciblé . L'enquête est confiée à l'inspecteur Abel Helme , qui malgré la débâcle de ses concitoyens et le temps qui lui est compté , a bien l'intention de débusquer le coupable. Il sait qu'il ne pourra compter que sur lui et sur la solidarité des habitants pour trouver le meurtrier qui ne semble pas prêt de s'arrêter de si tôt à commettre ses horribles forfaits.

Étonnant roman qui mêle la grande et la petite histoire. Un récit qui n'est pas à charge, mettant d'un côté les gentils français et de l'autre les méchants algériens. Non, l'auteur nous conte la vie de ces gens d'en bas, qui ont toujours vécu en Algérie et qui ne conçoivent pas une vie ailleurs alors même que leur vie est en danger. Les moins téméraires ont déjà fui, à bord de bateaux pris d'assaut par une population en déroute alors que l'armée française laisse peu à peu la place à leurs homologues algériens, non sans une extrême confusion. le pouvoir a changé de mains et ces trois jours durant lesquels dure cette histoire montre une accélération des événements jusqu'au massacre du 5 juillet , le jour précisément de la déclaration d'indépendance de l'Algérie . Terrible journée qui voit une partie du peuple algérien pourchasser violemment pieds noirs, harkis ou européens dans leurs quartiers .Certains seront tués ou même torturés. L'auteur ne nous cachera rien de ces événements relatés avec un réalisme redoutable dont il a été lui-même le témoin .
À cette Histoire d'une grande noirceur , l'auteur ( dont c'est le premier roman) juxtapose cette fiction dans laquelle une série de crimes sur des jeunes enfants sont commis. Elle montre aussi et surtout l'humanité dont fait preuve le principal protagoniste auprès de ces laissés pour compte alors que sa vie et celle de ses proches est menacée. Un flic sans hiérarchie, sans voiture pour se déplacer, sans appui technique qui s'entête à faire éclater la vérité. Un simple flic qui fera son métier jusqu'au bout malgré le danger. Accompagné pour l'occasion d'un des voisins du drame, qui deviendra progressivement un homme de confiance et un confident. Une équipée incroyable et quasi surréaliste qui navigue à vue dans cette ville qui se vide de ses anciens habitants et de son âme d'antan.
Un livre en guise de témoignage que je ne peux que vous conseiller fortement.
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In fine mundi nous emmène à Oran en juillet 1962, à la veille de l'indépendance algérienne.

Ce roman m'a donné un aperçu de la complexité de la situation à cette époque, avec certaines personnes assoifées de vengeance (que ce soit dans les deux "camps"), la tension palpable qui augmente au fur et à mesure, les accords d'Evian non suivis, et la massacre d'étrangers à la proclamation de l'indépendance. Nous y découvrons une population déroutée, et les enfants sont malheureusement aussi impactés. Cette lecture m'a donné envie de me pencher sur la question et d'en apprendre davantage.

Concernant le côté polar, l'enquête est assez simple dans l'ensemble, sans grands rebondissements, mais elle se lit. Je regrette simplement que tout arrive trop vite (selon moi). Les amitiés se nouent en quelques lignes, les séparations sont tout aussi rapides. J'ai néanmoins apprécié le duo Abel Helme / Alberto Amatt. Ils auraient pu être encore plus touchants chacun à leur façon si leur psychologie avait davantage été fouillée.

Quelques regrets donc à la fin de cette lecture, une petite impression que l'on effleure les sujets (passionnants) sans les approfondir, que ce soit le côté historique comme polar. J'aurais aimé avoir plus de détails sur la ville, sur lq culture, sur la vie des habitants dans ce chaos par exemple.

Attention, quelques scènes sont un peu difficiles.

*Lecture dans le cadre du Prix pour le Meilleur Polar Points 2024* #lecture2
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Les accords d'Évian viennent d'être signés, ils vont mettre fin à une guerre particulièrement sanglante sur le sol Algérien. Les jours des colons français installés en Algérie sont à présent comptés. Un désordre sans nom règne à Oran, les rues se vident, c'est une véritable débandade et des atrocités sont perpétrées de toutes parts sans que personne ne s'en soucie plus ou presque…
Dans ce contexte douloureux et confus, un policier français va pourtant mener l'enquête sur le meurtre d'un enfant. C'est sans doute sa dernière enquête mais il veut la mener jusqu'au bout…
Voilà pour le contexte, je ne vous en dirai pas plus sur les ressorts de ce polar historique qui fait partie de la sélection du prix du meilleur polar des Éditions Points pour lequel je suis jury.

Néanmoins, je ne vais pas réserver mon avis : même si certaines scènes peuvent être particulièrement violentes, j'ai aimé ce polar justement parce qu'il s'ancre dans le réel et ne tente pas d'atténuer la dureté des faits (même s'ils ne sont vus qu'à travers un certain prisme).
En dehors de l'exode, l'enquête nous transporte aussi dans une visite (qui n'a rien de touristique) à travers les ruelles et sur les toits d'Oran.
On y suit le quotidien des gosses de familles pauvres livrés à eux-mêmes qui font et subissent, la seule loi qu'ils connaissent vraiment qui est celle de la rue. Ici la violence semble s'égrener au quotidien et l'accablement y est d'autant plus grand…

Andrès Serrano est professeur d'histoire (et cela se voit !), il réussit à nous plonger dans l'exode à travers son polar historique vraiment haletant (d'autant que les chapitres sont assez courts).
Et pour ce qui est de l'Histoire justement… Je constate à quel point, aujourd'hui encore, les relations se tendent lorsqu'on évoque la guerre d'Algérie, les plaies sont donc loin d'être refermées et les traumatismes vifs… L'actualité vient malheureusement souvent appuyer ces faits (une vérité qui semble impossible à obtenir sur les crimes perpétrés de part et d'autre, des mots qui ne font que blesser sans jamais trouver l'apaisement).
Il me semble que cette période de l'histoire franco-algérienne demanderait à être éclaircie, mieux expliquée et notamment en cours d'histoire où on ne fait qu'effleurer la question (est-ce que je me trompe ? Si vous êtes professeur d'histoire, ça serait bien d'avoir votre avis aussi !).

Andrès Serrano m'a confortée dans mon idée d'en savoir plus à travers d'autres lectures non fictionnelles cette fois (comme je l'ai déjà fait avec Histoire dessinée de la guerre d'Algérie, une BD de Benjamin Stora et Sébastien Vassant).

Il a déjà remporté le Prix Historia 2022 du roman policier historique pour cet ouvrage qui est aussi son premier roman : sera-t-il cette fois récompensé du Prix du meilleur polar des Éditions Points ? Encore quelques mois à attendre pour le savoir…
Lien : https://www.xn--rdactrice-b4..
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D'entrée de jeu l'auteur nous plonge dans le bain, avec un prologue musclé ! Qui s'apparente, dès les premières lignes, à des souvenirs d'enfance « à la Pagnol », pour brutalement prendre fin sur une scène de violence insoutenable. Nous sommes début juillet 1962, à Oran …

Mais qui donc a pu, dans ce coin plutôt calme de la ville, s'attaquer à la « bande des trois » : Pierrot, José (« Bilocha ») et bientôt Juan (« le loco ») ? … Trois jeunes garçons, d'une dizaine d'années, habitant le même patio d'un quartier pauvre.

C'est la dernière affaire de l'inspecteur Abel Helme. Les policiers algériens reprennent déjà possession de tous les commissariats, en cette dangereuse veille d'indépendance … Il va pourtant s'accrocher à ce dossier sordide, profondément choqué par le jeune âge des victimes … En compagnie d'un vieux voisin grincheux (Alberto Amatt) et du petit Paco (qui n'a pas froid aux yeux) Abel Helme va tenter de mettre la main sur le coupable. Il compte quitter le pays tout de suite après la fin de cette enquête, accompagné de sa fiancée, la belle Meriem …

C'est la fin pour les rapatriés d'Algérie, qui tentent de quitter le pays le plus rapidement possible avant d'y laisser leur vie. Des colons qui – contrairement à ce qu'on imagine – sont loin d'être tous riches (certains ne peuvent même pas payer leur passage en bateau pour la France, d'autres ont été massacrés avant de pouvoir se mettre à l'abri …)

Une intrigue inattendue, dans une ambiance explosive. Un récit bien documenté (l'auteur, né en 1948, est originaire d'Oran et a donc vécu cette période apocalyptique …) C'est bien écrit, le style est sobre et percutant. Andrès Serrano souffle (volontairement) le chaud et le froid tout au long de ce roman : voilà une bien belle réussite d'un primo écrivain, qui n'est – à aucun moment – dans le jugement. Attention toutefois : certaines scènes peuvent heurter la sensibilité des âmes les plus émotives …
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"N'est-ce pas désespérant d'accepter comme une loi naturelle le fait que les hommes oppriment ceux qui cèdent et ne respectent que ceux qui résistent ?"

Début juillet 1962. Dans un contexte historique violent, trois gamins d'un quartier pauvre d'Oran sont les cibles d'un tueur anonyme. Deux garçons sont éliminés, le troisième reste introuvable. L'inspecteur Abel Helme, sur le point de quitter l'Algérie comme d'autres milliers de français, décide de rester et de mener l'enquête qui l'immerge dans les quartiers populaires européens en plein massacre.

L'ambiance est lourde, poisseuse, électrique, quasi palpable. Elle installe un malaise d'entrée de jeu et plombe un peu l'immersion dans l'histoire.
Je suis très très mitigée. J'ai adoré lire ce livre et pourtant en le refermant... Déception.

J'ai eu l'impression d'être bloquée dans le souvenir flou de l'auteur, sur lequel on a greffé une enquête. Je suis restée sur ma faim.

Je n'ai pas eu le côté polar attendu. J'ai trouvé l'intrigue secondaire, comme un prétexte à raconter L Histoire. Mais je n'ai pas eu non plus le côté historique recherché.
Le sujet qu'est la guerre d'Algérie a été à mon sens survolé. Je n'ai pas eu l'immersion voulu au coeur du FLN, de l'OAS ou de la situation politique globale. Je n'ai pas eu non plus le plaisir de déambuler dans les rues d'Oran, d'avoir le point de vue des algériens, de découvrir la vie des pieds noirs d'Algérie (étant moi même issue d'une famille de pieds noirs Tunisiens).

Un livre qui m'a cependant touché par son humanité, par la violence racontée (certaines scènes peuvent heurter), par les questions que cela nous amène à nous poser, sur la façon dont L Histoire nous a été retranscrite. Ce passé peu glorieux aux multiples nuances de gris qui mérite de ne jamais être oublié.

"Il se demanda seulement à qui reviendrait la gloire des armes : à un capitaine dont l'éthique lui commandait de désobéir aux ordres pour sauver des compatriotes ou à un général dont la soumission indéfectible à sa hiérarchie avait conduit au massacre de centaines d'innocents."

Le petit plus : On sent que l'auteur partage avec nous son histoire, avec son regard d'enfant de l'époque.
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critiques presse (1)
Liberation
25 juillet 2022
Au-delà d’une description très fine de la société d’alors, Andrès Serrano, musicien de profession devenu historien, détaille les «relations humaines» qui président à l’époque.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Il se demanda seulement à qui reviendrait la gloire des armes : à un capitaine dont l’éthique lui commandait de désobéir aux ordres pour sauver des compatriotes ou à un général dont la soumission indéfectible à sa hiérarchie avait conduit au massacre de centaines d’innocents.
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N’est-ce pas désespérant d’accepter comme une loi naturelle le fait que les hommes oppriment ceux qui cèdent et ne respectent que ceux qui résistent?
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Pour ce qui concerne la direction d’un pays, les gens méprisent ceux qui les traitent bien et respectent ceux qui ne leur font aucune concession. C’est vrai chez nous , dans les pays occidentaux où pourtant les règles démocratiques devraient tempérer l’esprit de domination. Mais alors dans les pays arabo-musulmans cette loi s’applique avec une telle férocité qu’on est amené à plaindre les gouvernés....
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Terrorisés par les représailles que promettaient les Arabes et abandonnés par l’armée qui ne protégeait plus rien, beaucoup de locataires avaient déjà fui. Dans ce patio ne demeuraient désormais que les plus pauvres. Or ceux-ci n’avaient pas l’argent pour payer l’exode vers la métropole et l’établissement dans leur nouveau monde. Dans ces temps de débâcle et de grande insécurité où la vie elle-même s’avérait aléatoire, les égoïsmes s’étaient estompés, et au 3 bis, comme dans le reste de la ville, la petite communauté devenait inconsciemment plus grégaire, plus solidaire.
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N’est-ce pas désespérant d’accepter comme une loi naturelle le fait que les hommes oppriment ceux qui cèdent et ne respectent que ceux qui résistent ?
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