Michel Serres
EAN : 9782070327232
256 pages
Gallimard
(17/09/1992)
3.74/5
31 notes
Le tiers-instruit
Résumé :
"Tout apprentissage consiste en un métissage"
Etrange et original, déjà mélangé des gènes de son père et de sa mère, en tiers entre eux, tout enfant n'évolue que par nouveaux croisements, toute pédagogie reprend l'engendrement et la naissance d'un enfant : né gaucher, il apprend à se servir de la main droite, demeure gaucher, renaît droitier, au confluent des deux sens ; né gascon, il le reste et devient français, en fait métissé ; français, il se f...
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Apprendre avec les autres tout en apprenant soi méme . Voila en gros comment résumer la philosophie de
Michel Serres. Cela peut paraitre simple , mais c'est bien plus compliqué a mettre en pratique . Ce livre démontre bien le fait que l'homme ne peut appendre durablement que si il est au contact d'autres desquels il apprend. Comme souvent chez cet auteur il faut y revenir a deux fois pour réelement saisir toutes les subtilités d'un discours passionnant dont l'on ne veut rien manquer .
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» Cet essai étant consacré à ce qui fut (et est encore) la passion de ma vie ,instruire et s'instruire, je ne pouvais passer à côté. D'autant que
Michel Serres , sa voix rocailleuse , ses sourcils broussailleux et son art de tisser les mots et les idées m'était (hélas !) éminemment sympathique . Cependant ce livre ,divisé en trois parties: élever, instruire, éduquer, (Formation du
corps, développement de l'esprit, enseignement moral de l' âme) , m'a causé quelques tourments par la complexité de la pensée et celle de la syntaxe . Pas facile mais utile et stimulant .
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Doux Jésus ! Quelle prise de tête !
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Sur 249 pages, je n'en ai lu apparemment que 105. Peut-être devrais-je réessayer ?
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Le but de l'instruction est la fin de l'instruction, c'est-à-dire l'invention. L'invention est le seul acte intellectuel vrai, la seule action d'intelligence. Le reste ? Copie, tricherie, reproduction, paresse, convention, bataille, sommeil. Seule éveille la découverte. L'invention seule prouve qu'on pense vraiment la chose qu'on pense, quelle que soit la chose. Je pense donc j'invente, j'invente donc je pense : seule preuve qu'un savant travaille ou qu'un écrivain écrit.
Il faut fréquenter les bibliothèques, certes ; il convient, assurément, de se faire savant. Étudiez, travaillez, il en restera toujours quelque chose. Et après ? Pour qu'il existe un après, je veux dire quelque avenir qui dépasse la copie, sortez de la bibliothèque pour courir au grand air ; si vous demeurez dedans, vous n'écrirez jamais que des livres faits de livres. Ce savoir, excellent, concourt à l'instruction, mais celle-ci a pour but autre chose qu'elle-même. Dehors, vous courrez une autre chance.
On croit volontiers que la langue analysée par la grammaire et la philosophie vaut la langue vive inventée par l'écriture. Non. Le grammairien, le professeur, le philosophe n'écrivent pas assez pour savoir. Avez-vous remarqué, dans les classes, les écoles et les amphithéâtres, l'absence d'exercice vrai ? L'examinateur ou juge n'exige jamais poème, nouvelle, roman ni comédie, jamais de méditation, mais toujours de la critique ou de l'histoire, copie de copies. Pourquoi ? Parce qu'il ne saurait pas rédiger de corrigé. Au contraire, il exige histoire, critique, analyse. Pourquoi ? Parce qu'il peut et sait recopier. Pourquoi ? Pour la facilité. Faire explore, défaire exploite. Ne mentez pas, écrivez. Toute la vérité, mais rien qu'elle.
Nous organisons méticuleusement un monde où seul le savoir canonisé régnera, espace qui risque de ressembler de près à la terre couverte de rats. Unifiée, folle, tragique, la science gagne, va bientôt régner, comme règne et gagne l'hiver. Excellent, le savoir, certes, mais comme le froid : quand il reste frais. Juste et utile, la science, assurément, mais comme la chaleur : si elle demeure douce. Qui nie l'utilité de la flamme et de la glace ? La science est bonne, qui le nie, et même, j'en suis sûr, mille fois meilleure que mille autres choses pourtant bonnes, mais si elle prétende qu'elle est seule et toute bonne, et qu'elle se conduise comme s'il en était ainsi, alors elle entre dans une dynamique de folie. La science deviendra sage quand elle retiendra elle-même de faire tout ce qu'elle peut faire.
On croit volontiers que la langue analysée par la grammaire et la philosophie vaut la langue vive inventée par l'écriture. Non. Le grammairien, le professeur, le philosophe n'écrivent pas assez pour savoir. Avez-vous remarqué, dans les classes, les écoles et les amphithéâtres, l'absence d'exercice vrai ? L'examinateur ou juge n'exige jamais poème, nouvelle, roman ni comédie, jamais de méditation, mais toujours de la critique ou de l'histoire, copie de copies. Pourquoi ? Parce qu'il ne saurait pas rédiger de corrigé. Au contraire, il exige histoire, critique, analyse. Pourquoi ? Parce qu'il peut et sait recopier. Pourquoi ? Pour la facilité. Faire explore, défaire exploite. Ne mentez pas, écrivez. Toute la vérité, mais rien qu'elle.
Attention : elle est mortelle.
Dans un contexte social inédit et face à l'impossibilité de célébrer cette année la 40ème édition du festival, l'association Quai des Bulles, fidèle à son objectif premier de favoriser la création, développe de nouveaux projets pour continuer à promouvoir et valoriser le métier d'artiste et d'auteur de bande dessinée.
C'est pourquoi, nous publions "QDB" : une revue expérimentale, libre et éphémère. Conçue comme un laboratoire graphique, elle questionne avec curiosité le dessin et la multiplicité des démarches, le fond et la forme, bref, tout ce qui fait la base du métier d'artiste.
Le premier numéro invite douze auteurs à s'exprimer sur la thématique « L'Art inutile ! » : Alfred, Karine Bernadou, Florence Dupré la Tour, Joub, Laurent Lefeuvre, Emmanuel Lemaire, Anneclaire Macé, Claire Malary, Nylso, Eric Sagot et Zanzim.
Toutes et tous préoccupé.e.s par l'urgence sanitaire, la culture ne semble plus être un produit de première nécessité. Et pourtant… À ceux qui se posent la question de savoir si l'art est utile, nous souhaitons leur tendre cette revue QDB et leur répondre cette intemporelle citation de Michel Serres :
« A quoi bon vivre si nul jamais n'enchante le monde ? »
Retrouvez la revue en version papier, dans les lieux culturels de Bretagne, à partir du 15 décembre et dès maintenant dans les commerces de proximité de Saint-Malo et le pole culturel La Grande Passerelle.
En numérique : https://bit.ly/3orU8z8
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