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EAN : 9782746518834
96 pages
Le Pommier (27/02/2019)
3.45/5   39 notes
Résumé :
« Pour chanter les vingt ans du Pommier, mon éditrice me demanda d’écrire quelques lignes. Les voici. Pour une fois, j’y entre en morale, comme en terre nouvelle et inconnue, sur la pointe des pieds. On disait jadis de l’Arlequin de mes rêves, bienheureux comédien de l’art, qu’il corrigeait les mœurs en riant. Devenu arrière-grand-père, son disciple a, de même, le devoir sacré de raconter des histoires à ses petits descendants en leur enseignant à faire des grimaces... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Pourquoi est-ce que je lis les livres de philo plus vite que les autres, et avec plus d'appétit ? Je n'en sais rien.
Ma critique est un peu un hommage à Michel Serres qui vient de nous quitter ce premier juin.
Il fait l'éloge de l'espièglerie, du chahut, de la désobéissance de sa jeunesse. En vieux grand-père complice et provocateur, il évoque les bazars d'internats qu'il lançait.
.
Mais il met des bornes : la triche n'apporte rien.
Marin, il sait mieux que quiconque la responsabilité de l'homme de quart : on ne triche pas avec la mer, les éléments, la nature : c'est l'école de la vie.
Le chahutage ne doit pas aller trop loin, et ne doit pas se transformer en lynchage : Bérégovoy en est sûrement mort.
.
C'est donc un éloge du chahut doux que propose notre philosophe.
De même, il rappelle une livre précédent où la joute verbale entre Grand Père "Ronchon-c'était-mieux-avant", et Poucette sur son smartphone se fait dans la douceur. Il donne même raison à Poucette, associant le virtuel à vertu, car il n'y a pas mort d'homme dans le virtuel qu'il associe aux exploits chimériques de Quichotte ou de Tartarin, et aux aventures douces des romantiques.
C'est pour une euphémisation de la vie sociale que notre philosophe prend parti. Tiens, ça me rappelle Norbert Élias !
.
Un merveilleux passage sur le don et le pardon vient un peu comme un cheveu sur la soupe, mais je l'ai bien apprécié.
Enfin, une morale de l'humilité vient compléter le tableau de ce petit livre, qui est une sorte de testament de notre philosophe : )
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Un petit opus que j'ai choisi d'offrir, il y a déjà un moment (début septembre) à un camarade pour son anniversaire, qui allie en effet malice, facétie et espièglerie... pour parler des changements sociétaux... entre gravité et légèreté !!

(...)pourquoi tant aimer cette pratique [le chahut ], entendue évidemment comme une conduite morale ?
Parce que le chahuteur supporte mal la hiérarchie, le dogme ou le prêt-à-penser." (p. 23)

Un petit volume de notre grand sage optimiste, Michel Serres... qui pourfend les apparences,les conventions et surtout les "tricheurs" qu'il exècre... il défend , admire les inventeurs, qui oeuvrent en toute humilité, adore le chahut, le rire...reste un homme libre, avec une pensée hors des chemins battus !

Et ce qui est le plus fort, c'est qu'il défend le virtuel, ce qui paraît plus surprenant pour un homme de sa génération...Le Virtuel , de façon large, puisqu'il y inclut
la littérature !!

Un petit ouvrage qui incite à l'indépendance de pensée, à l'humilité dans les parcours de la connaissance, et au rire... qui réunit l'humilité des chemins du savoir, et la relativité de toute chose !!

Un petit livre qui est un joli pied de nez aux humains qui se prennent trop au sérieux !!!

"La vertu du virtuel Grand-Papa Ronchon reproche à Petite Poucette de vivre sans cesse dans le virtuel et d'y perdre à tout jamais le sens de la réalité. Il débite aussi, avec monotonie, la litanie selon laquelle, de son temps, "c'était mieux".Petite Poucette, qui a lu
l'histoire sur Wikipédia, ose à peine rétorquer à Grand-Papa Ronchon que l'atroce XXe siècle produisit, en guerres et crimes d'état, plus de cent millions
de morts, sous les gouvernements de Lénine, Franco, Mussolini, Hitler, Staline, Mao, Pol Pot, rien que des braves gens. "Leurs victimes eussent préféré, dit- elle, mourir virtuellement." Non par des folies assassines, dures, mais dans un jeu électronique, fascinant et doux." (p. 69)


"La joute qui, maintenant, unit et oppose le Sancho Ronchon à Petite Quichotte ouvre alors à la question grandiose : qu'est-ce que la littérature ?
Théâtre ou roman, poésie ou récits, elle couvre l'ensemble des oeuvres d'imagination, cette maîtresse de connaissance et de vérités humaines, d'autant plus réelle qu'elle est virtuelle. Oui, le virtuel est tellement l'essence
ou la vertu des humains, dans leur essence singulière, que pour connaître ces individus dans leur vérité il faut s'instruire d'oeuvres hautement virtuelles comme celles de la littérature, plus profondes, en effet, que les philosophies et les sciences humaines, réelles, trop réelles, quant à elles. (...) Qu'est-ce que la littérature ? le récit indéfini des possibles humains. "(p. 80-81)

D'accord ou pas avec Michel Serres, ce que je trouve appréciable, estimable c'est que ce "vieux philosophe" garde toute son indépendance de pensée, de réflexion sans aller dans la pensée du plus grand nombre ...Désobéissance, Indépendance de réflexion, humilité, soif de la connaissance...et le Rire...pour reconnaître sa modeste place dans l'univers... !!
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Serres a toujours été sentencieux et creux. Mais le vide à ce point-là, ça fout le vertige. Peut-être qu'en demandant de l'aide à Debbouze... on aurait obtenu la division par zéro! Encore plus fort que la quadrature du cercle ou le mouvement perpétuel!
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Petit Ouvrage "de fin de vie ?" écrit pas Michel Serres à la demande de ses éditrices pour l'anniversaire de leur coopération. Quelques belles pensées, des pensées de toujours, un peu comme aimaient à les écrire les Stoïciens, serait-on tenté de dire. le style est souvent limpide mais frôle parfois l'ésotérisme comme aime à le faire Michel Serres. Un petit livre qui se lit, comme ça, sans autre forme de procès. Où l'on comprend que le vieux Monsieur qu'est l'auteur se retourne sur sa vie et sur LA vie - qui est aussi la nôtre pour le coup - avec gentillesse, avec mansuétude, avec intelligence et bonne humeur. Un livre qui fait du bien. Ce qui n'est pas un petit livre ! A lire et sans doute à relire.
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De Michel Serres, je connais surtout la voix. Cette voix à l'accent attachant qui retentissait sur les ondes publiques… Il aura finalement fallu que le philosophe nous quitte, en juin 2019, pour que je me décide enfin à ouvrir un de ses ouvrages. À l'époque j'avais choisi un court essai titré C'était mieux avant !. Que j'avais adoré, vraiment adoré. N'ayant pas encore repris le clavier pour cet espace, je n'avais pas chroniqué l'ouvrage. le mois de septembre, que je n'aime décidément pas trop, m'a semblé parfait pour me replonger dans la pensée de monsieur Serres, pour profiter de son optimisme, de sa malice, de son intelligence. Là encore j'ai choisi un très court essai, à peine 90 pages mais j'espérais que cette lecture, comme la première, m'offrirait beaucoup de plaisir.

L'intelligence n'est pas la qualité que j'admire le plus chez un penseur qui écrit. Soit, je n'irais pas me pâmer devant un tas de bêtises écrites brillamment, du moins je ne crois pas, mais disons que l'intelligence ne suffit pas. Deux vertus me semblent indispensables et bien plus rares pour me convaincre : la modestie et la capacité à s'adresser à tout le monde. Si je déteste le terme vulgarisation, je dois avouer que je ne peux que reconnaître la valeur du processus. Or Michel Serres était non seulement un homme intelligent mais aussi et surtout d'une modestie délicieuse et un maître pour raconter les idées. Qu'on adhère ou non à ses propos, on ne peut pas nier à l'auteur son talent. Les pages se sont donc succédé sans voir le temps passer et j'ai pris beaucoup de note sur ma lecture. Des morceaux de phrases que je trouvais brillantes, de liens qui me semblaient tout à coup aller de soi, des boutades qui m'ont fait sourire. Je ne recopierai pas ici les extraits que j'ai relevé parce que vu la brièveté de Morales espiègles, je m'en voudrais d'en gâcher la découverte à quiconque voudrait s'y plonger.

Soit, Morales espiègles n'aborde pas de questions qui m'intéressent particulièrement et je reste bien plus amoureuse du premier essai que j'avais lu, pourtant ça a été un moment agréable et joyeux, une de ses lectures où, sans effort, on a l'impression un instant d'aller mieux et de partager un peu les capacités de réflexion de son auteur.
Lien : http://altervorace.canalblog..
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Connaissez-vous enfin une grande civilisation qui ne soit pas née d'une espièglerie..., celle par, par exemple, de désobéir en mangeant une pomme, ce fruit excellent de la connaissance, puisque Eve, mère du savoir, cueilleuse plus que chasseresse, engendra Héraklès, parti en voyage à la découverte des pommes d'or au jardin des Hespérides, qui, à son tour, engendra Newton qui, voyant une pomme tomber, conçut l'attraction universelle...
qui enfin engendra celles pour qui ce livre fut écrit, mes éditrices du Pommier. (p. 89)
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Alors que leurs hamacs se balancent l'un contre l'autre, les marins se sentent personnellement responsables à leur poste. La mer efface le problème du mal, dans lesquels les terriens pataugent avec délices parce que, sur le plancher des vaches, ils ne courent pas de risque majeur. Au contraire, la première faute, même le moindre mensonge, met l'esquif et son équipage en danger de couler, de brûler, de talonner, de cabaner, d'exploser.

NDL : cabaner = chavirer.
Tous ces énarques-banquiers-chercheurs d'or-dévastateurs de forêts-etc devraient faire du bateau, du vrai, pour comprendre qu'avec la nature on ne triche pas.
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"C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prend l'homme, tatatin" ( Renaud )
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Dans le cas d'un don généreux, mieux vaut que perdure la chaîne bienfaitrice, mais dans le cas inverse d'un dommage, mieux vaut l'arrêter pour que la vengeance ne se perpétue pas. Collectif, ce pardon se nomme prescription.


NDL : Serres propose que dans le cas d'un bienfait, le don soit transitif, du parent vers l'enfant qui le fera à son propre enfant ;
et que dans le cas d'un méfait, la chaîne de violence soit stoppée par le pardon, la prescription.
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Celui qui triche s'avoue à lui-même, et bientôt cela se voit, qu'il ne vaut rien. De fait, il ne vaut rien parce qu'il refuse d'affronter l'extrême dureté des objets, leurs épines douloureuses aux mains, leur vérité, sa lumière crue qui fait mal aux yeux. Il n'acquiert que des médailles en carton. Je hais la triche et ceux qui trichent, car ils n'inventeront jamais rien.
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La vertu du virtuel

Grand-Papa Ronchon reproche à Petite Poucette de vivre sans cesse dans le virtuel et d'y perdre à tout jamais le sens de la réalité. Il débite aussi, avec monotonie, la litanie selon laquelle, de son temps, "c'était mieux".Petite Poucette, qui a lu l'histoire sur Wikipédia, ose à peine rétorquer à Grand-Papa Ronchon que l'atroce XXe siècle produisit, en guerres et crimes d'état, plus de cent millions de morts, sous les gouvernements de Lénine, Franco, Mussolini, Hitler, Staline, Mao, Pol Pot, rien que des braves gens.
"Leurs victimes eussent préféré, dit- elle, mourir virtuellement."
Non par des folies assassines, dures, mais dans un jeu électronique, fascinant et doux. (p. 69)
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