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3,57

sur 115 notes
Dès qu'on hasarde un oeil, ou un orteil, ou le bout du nez dans ce roman, on se trouve transporté dans un autre univers. Celui qu'on connaît semble exister toujours, cependant, comme cela se confirme au bout de quelques chapitres. Il y a une ville, quelque part, au-delà du lac qui est tout l'univers de Petite boîte d'os, ainsi nommée par son père pasteur à sa naissance. La jeune fille est née là, dans ce village lacustre entouré de forêts, où on élève des cochons devenus fluorescents, où l'on vit de pêche, d'élevage, de trois fois rien.
Il faut vraiment se laisser porter par l'écriture en courtes touches, en images poétiques, se laisser aller à croire à cet univers, à accepter que le temps y passe plutôt vite, et que rien ne change finalement. Petite boîte d'os grandit avec ses différences, sa rébellion, devient une femme, vit une histoire d'amour, sans qu'elle ait semblé grandir… Un moment, on se demande si l'auteur va vraiment quelque part, puis la vie évolue, les gens naissent et meurent, les maisons montent au fur et à mesure de la montée des eaux, les cochons restent. Après tout, est-ce si important d'aller quelque part ?
Si vous aimez les dystopies, les univers pas forcément roses, (ne vous laissez pas abuser par les cochons !), les textes courts qui ne s'embarrassent pas d'explications, laissez-vous tenter et sans doute charmer. Ce premier roman est remarquable à bien des égards et je n'ai pas regretté être tombée dedans !
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Ce titre. Ce monde. Embarquée. Ce style. Cette atmosphère. Désorientée et emportée.

Un monde à la fois pré et post apocalyptique, toute une vie – et tout ce qui fait une vie – racontée par une voix saisissante, une pulsion vitale impressionnante dans cet air moite, parfois glauque, et pourtant lumineux en éclats de couleurs.

Un récit comme une fable, un merveilleux cruel sur cette écriture sensuelle malgré sa violence, d'une sensibilité farouche pour ce monde d'après une catastrophe écologique dont il ne reste rien à sauver, voué lui aussi à disparaître, immergé.

» Des ethnologues, ce sont. Il paraît que nous sommes une sorte de réserve : derrière les montagnes qui rapetissent, une vie urbaine âtre et polluée ferait rage tandis que nous, pêcheurs traditionnels, éleveurs de cochons mutants, nous vivrions comme dans le passé. «

Un univers à apprivoiser, à peine une centaine de pages pour se laisser fasciner et ravir par le flux des mots et des émotions sur les heures et les autres; par l'amour immense.

Un autre monde littéraire, ce premier roman, une voix singulière. de toute beauté. Prégnant et brillant. Touchée.
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Un village au bord d'un lac qui vit en marge de la grande ville. Les habitants ont leurs propres rituels, leurs propres cultures et animaux de bétails (qui subissent de drôles de mutations !), ... Ce village est un monde à part.
On suit la vie de Petite Boîte d'Os, nom qu'elle a reçu de son père, de sa naissance à sa vieillesse, de son amour pour Jeff, à son fils, de son travaille à la ville, ...

J'avoue que le premier tiers de ce livre m'a laissé perplexe, déboussolé, et puis je me suis laissée porter par l'histoire d'amour entre elle et Jeff et là j'ai plus "accroché" à l'histoire. L'histoire d'une vie dans un village reculé qui vit pour partie en marge de la société à proprement parlée.
Un petit livre intriguant.
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N°809 – Septembre 2014.

MONDE SANS OISEAUX - Karin Serres – Stock.

Ai-je perdu le goût des fables ? Serais-je devenu imperméable à ce monde merveilleux que des écrivains comme Boris Vian avaient si bien su tisser autour de moi, il y a de cela bien des années, pour modifier mon approche de la littérature qui était à la fois scolaire et un peu trop classique ? L'auteur de « l'écume des jours » avait enchanté cette période de ma vie par cette poésie si caractéristique qui émanait de son oeuvre. Je tiens à garder intact ce charme qui fonctionne peu ou prou encore aujourd'hui mais malgré ma propension à vouloir voir les choses autrement, je ne suis pas vraiment entré dans cet univers que je reconnais pourtant comme original et onirique.

Comme dans tous les contes, il faut dépasser les mots, aller chercher derrière les phrases le message, mais l'histoire de « Petite Boîte d'Os » ne m'a guère enthousiasmé. Elle est la fille d'un pasteur, habite près d'un lac, dans un pays un peu indistinct qu'on peut aisément imaginer nordique. Elle grandit, va à l'école, se fait des amis, voit son corps se modifier, se marie avec Joseph « Tados », plus vieux qu'elle et qui lui fait un enfant. Cet homme a une réputation non vérifiée de « cannibale » parce qu'il a survécu au déluge et qu'il est revenu au village sans l'homme qui l'accompagnait. Cette bourgade est un microcosme où les gens vivent en vase clos. On pourrait peut-être y voir l'incarnation d'un Eden puisque les choses y sont différentes d'ailleurs. On y tire sa subsistance de cochons transgéniques et fluorescents qui vivent dans l'eau du lac dont le fond sombre est tapissé de cercueils troués. Les morts servent ainsi de nourriture au porcs et aux poissons, une sorte de reconstitution de la chaîne alimentaire.« Petite Boîte d'Os » vit avec sa famille dans une maison bleue, dont la couleur, sans doute à cause de la chanson de Maxime le Forestier, évoque le bonheur.

Pourtant la vie de cette jeune femme, malgré le contexte surréaliste de ce village, est assez ordinaire, faite de petits bonheurs (scène de la vie de famille) ou de grands malheurs(deuils, perte d'un proche). Les enfants grandissent, quittent leur famille, les gens vieillissent et meurent, certains même se suicident parce qu'il ne supportent pas ce monde, d'autres y connaissent la solitude et l'abandon et comme à l'extérieur c'est la même fuite du temps. le texte est pourtant actuel, met en scène les changements dans la vie sociale qui obligent les femmes à aller travailler dans la ville voisine et donc à confier leurs enfants à d'autres pour ainsi gagner un peu d'argent et survivre. Il prend un ton écologique quand il est question de la montée des eaux de ce lac à cause du changement climatique. Quand il évoque les temps reculés où l'air était peuplé d'oiseaux maintenant disparus, on ne peut pas ne pas songer à cette constante action destructrice de l'homme qui, au nom de la rentabilité et de l'enrichissement d'une génération, détruit inexorablement ses richesses en laissant le soin à la suivante de réparer ses erreurs ! Des ethnologues viennent de l'extérieur étudier ce mode de vie et des touristes curieux prennent des photos mais les choses dépérissent et les gens avec elles ! le village se vide et avec le temps, les bouleaux qui entouraient le bourg s'attaquent aux maisons, une sorte de fin du monde !

J'ai pourtant trouvé à ce texte étrange une sorte de poésie colorée mais je l'ai lu davantage par curiosité que par réel intérêt.

©Hervé GAUTIER – Septembre 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com

Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Dans ce court roman très resserré et compact, nous suivons la vie de Petite Boîte d'Os de sa naissance à sa vieillesse. Fille de pasteur elle va rester dans son village, y passer son enfance, sa vie de femme.
Nous ne savons pas trop dans quelle époque nous sommes, vraisemblablement un futur pas si lointain sans oiseaux. Nous ne savons pas où nous sommes, un pays d'eau et celle-ci monte inexorablement. L'ailleurs et l'horizon n'existent pas.
Un mode de vie archaïque avec des cochons fluorescents, une odeur de fin du monde, la banalité et la dureté de la vie, la rudesse des relations.
Une rencontre avec un homme plus âgé revenu dont on ne sait où, va éclaircir le destin de Petite boite d'os
Karin Serres n'explique pas ce monde étrange à nous lecteurs de l'accepter et d'entrer à l'intérieur. Toute l'originalité de ce roman est dans la relation que l'écrivain entretient avec son lecteur. Ce roman ressemble à un OVNI à un conte. Un très beau roman

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Ce récit, c'est une histoire d'amours : entre des parents et leurs enfants, entre des hommes et des femmes, entre des maris et leurs femmes. C'est un récit fantastique. C'est une histoire de fin du monde, où le petit village disparaît progressivement face à l'inexorable montée des eaux. C'est la fin d'un monde également, celui des solidarités villageoises face à l'anonymat des grandes villes, celui des vies simples et modestes face à un monde de consommation grandissante. Avec ce monde qui disparaît, ce sont également des hommes et des femmes qui meurent, les uns après les autres. Les plus jeunes le quittent aussi, par bateau, pour rejoindre la grande ville et ses buildings. Ces ruptures et ces disparitions sont décrites avec beaucoup de douceur et d'intensité à la fois.
l y a de l'amour dans ce livre, de la douceur, de la joie, des rires... Il y a de la douleur, de la violence, de la colère, des regrets, des angoisses... Il y a de l'humour, des rêves, du surnaturel... Il y a tant de choses dans ces 112 pages, portées par une écriture magnifique !!! Ce livre est un vrai condensé littéraire.
Lien : http://itzamna-librairie.blo..
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Encore un court premier roman paru chez Stock (décidement une bien belle rentrée chez eux cette année), d'une auteur française ce coup ci, déjà reconnue et estimée en littérature jeunesse et en théâtre, mais qui s'essaie avec énormément d'a propos et d'audace à la littérature adulte.

Ce monde sans oiseaux histoire extremement émouvante qui résonne comme un poème triste, une ile ou les oiseaux n'existent pas et où les cochons sont des animaux de compagnie, ou tout est différent de ce que nous connaissons et pourtant en même temps, tellement semblabe à ce que nous vivons.

Dans cette géographie si étrange, des familles, des amitiés, des amours se développent au fil des jours, des ans, des décennies.

Un court récit que l'on n'oublie pas, tant l'auteur affiche une réelle maitrise de son récit et surtout de sa plume, maniant avec habileté pas mal de poles ambivalents : violence et sensualité, noirceur et luminosité, poésie et fantaisie.

Un seul défaut (que je reprochais déjà la servante du seigneur, paru chez le même éditeur), son prix un peu important par rapport à la brieveté du récit et de la lecture.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un style particulier, qui sort de l'ordinaire. Une écriture belle et poétique. Un premier roman très réussi pour Karin Serres. Dès la première page, on plonge dans un univers particulier, surréaliste… et pourtant teinté d'un futur possible où les oiseaux auront totalement disparu de la surface de la terre. Je me suis vraiment laissée séduire par ce court roman faisant plutôt penser à un conte. Mélancolie, réflexion sur la vie et la mort… Ces thèmes sont abordés à travers une plume fine et sensible. Je vous conseille ce roman si, comme moi, vous aimez les histoires originales, voire complètement décalées à la rencontre de cochons fluorescents…
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C'est une histoire d'amour folle que nous offre Karin Serres. Un conte noir et terrible où les oiseaux se sont éteints en même temps qu'un passé révolu. Une histoire aussi étrange qu'envoûtante, où les personnages s'attachent, évoluent et se noient dans un désenchantement du monde aussi cruel que réaliste. Une plongée en eaux troubles, celles d'un univers qui ressemble au nôtre, mais qui est encerclé par un destin de mort tragique et proche. Une jolie fable écologique et humaniste, un petit conte qui rappelle ceux de Mathias Malzieu, ici cruel et sombre.
Lien : http://art-enciel.over-blog...
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Un véritable coup de coeur. Un petit bijou qui m'a littéralement happée dès les premières lignes dans le monde imaginaire quelquefois inquiétant de Karin Serres.
Karin Serres habituée à l'écriture de théâtre ou de littérature jeunesse réussit de main de maître ce tout premier roman. Une petite merveille à l'écriture précieuse, poétique, ciselée; oui c'est un véritable travail d'orfèvre que cette fable des temps modernes pourtant bien étrange.


Nous sommes dans un bien drôle endroit. Dans un village de planches, des maisons de bois toutes colorées, munies d'une roue qui leur permet d'être déplacées lorsque les eaux du lac montent. Et elles montent chaque année un peu plus depuis le déluge. Un village de pêcheurs, éleveurs de cochons transgéniques fluorescents et amphibies.

Toute la vie de la communauté est gérée par ce lac. Et lorsque la vie s'arrête, c'est dans le lac que l'on confie les morts, une forêt de cercueils en tapisse le fond. Les cochons roses fluorescents s'y baignent. Voilà, le décor est planté.

C'est là que naît notre héroïne "Petite Boîte d'Os", fille du pasteur de la communauté.

Ce court roman de 106 pages nous conte sa vie. Court mais dense car nombreux sont les chemins qui s'ouvrent à votre imagination grâce à l'écriture délicate et précise de Karin Serres.

Petite Boîte d'Os,enfant prend conscience de sa vie au village, elle ne supporte pas l'idée d'avoir cette vie bien organisée, bien régulière, bien policée et sait au fond d'elle-même qu'elle attend autre chose.

Un jour, le vieux Joseph, surnommé "Le Cannibale" rentre au village. C'est le seul qui ait quitté le village sur une barque il y a des années lors du déluge, il a vu autre chose que leur communauté et pourtant un jour il revient et dit à Petite Boîte d'Os qu'il est revenu pour elle.

Le jour de ses 17 ans ils plongent ensemble dans le lac et explorent la forêt de cercueils qu'il contient - Petite Boîte d'Os n'explore -t-elle pas son monde intérieur ? - et c'est comme une révélation, leur amour explose au grand jour. le véritable Amour celui qui ne s'explique pas, qui vous porte, qui lui donne sa raison d'être.


Ce court roman nous offre une belle réflexion sur le temps qui passe et le cycle perpétuel. La vie n'est-elle pas toujours un éternel recommencement : la vie , la mort, la vie qui revient..Ceci est joliment mis en rapport constant avec la nature et le cycle des saisons.

"La vie est cyclique. La barbe pousse sur les joues de Jeff qui la rase, elle repousse. Il la rase, elle repousse; L'armée de poils perce la peau du menton et les joues de Jeff, me pique les lèvres quand je l'embrasse et m'embrasse. La vie est ronde. On se regarde, face à face, tellement près. On se connaît par coeur, on se redécouvre sans arrêt."

On passera par tous les sentiments : la joie, la tristesse, la mort, la vie. L'écriture est forte et puissante. Précise très précise, les mots sont choisis avec le plus grand soin. Les phrases sont courtes aux mots justes et percutants. Cela me fait assez penser à la littérature japonaise de Kawakami ou Aki Shimazaki.

Le récit est en alternance poétique, tendre mais aussi cruel. Ce monde imaginaire un peu fou n'est-il en somme pas proche de notre monde réel ? Un monde en perdition.

N'assiste t-on pas ici au cycle permanent de la vie qui n'arrête malheureusement pas l'évolution et se dirige petit à petit à la perte de l'homme et à l'extinction de l'espèce?

A noter également un parallèle intéressant avec la Genèse et la Bible, où l'on parle également du déluge, le père pasteur, la perte de l'espoir, la fin de l'homme voir la fin du monde?

Beaucoup de pistes donc s'ouvrent à vous. A vous de choisir votre chemin de lecture.

Je serai heureuse de partager vos réactions.


Ma note 9.5/10

Lien : http://nathavh49.blogspot.be..
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