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EAN : 9782746501942
236 pages
Le Pommier (13/08/2004)
3.73/5   13 notes
Résumé :
À quoi reconnaître une authentique nouveauté ? Comment décrire une naissance ? Qu'est-ce qu'un événement ? Comment sort-il du quotidien ? Y a-t-il quelque chose de commun entre l'émergence d'une idée et l'apparition d'une espèce ? Comment l'histoire humaine bifurque-t-elle ?
Comme le rameau s'élance de la tige, la nouveauté émerge du "format ". Et de la philosophie "père ", celle des dogmes et des lois, jaillit la philosophie "fils ", celle du faible et de l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Faire la critique d'un livre de Michel Serres est une gageure. Sa pensée est fluide et échappe sans cesse à qui veut la saisir d'un bloc et bien fou celui qui veut tenter de la résumer, de la réduire à quelques formules. Il faut plutôt s'imprégner de ce qu'il dit, sentir les résonances que son récit (oui, ce mot convient mieux qu'"essai") évoquent en soi. C'est une pensée non-déclarative et plus proche de l'algorithmique selon une comparaison qu'il établit vers la fin de l'ouvrage. Malgré tout tentons de donner un aperçu de la thématique du livre.

Le titre "Rameaux" évoque les mille ramifications du savoir. Un rameau est une bifurcation entre un tronc solide mais vieillissant et une nouvelle pousse. La ramification est nécessaire sinon c'est la sclérose. Mais pour autant c'est tout de même le vieux (le troc, la branche) qui porte et fabrique le rameau. le livre évoque donc plusieurs type de ramifications, dans les sciences, dans l'histoire (de l'Univers, du non-vivant, du vivant, de l'homme, cet enchainement que Michel Serres appelle le Grand Récit), dans la philosophie aussi. Une partie du livre est étonnamment consacrée à Saint-Paul, héritier de 3 sagesses-tronc, le judaïsme, la philosophie grecque, l'efficacité romaine, et qui va lancer un nouveau rameau très différent de ces 3 là : le christianisme.

Pas de vérité assénée dans ce livre, aucune certitude mais des pistes pour mieux comprendre notre monde, des incitations à croiser les savoirs, à les cross-fertiliser. Pratiquement pas d'excommunication, ce n'est pas le style de Serres qui rappelle souvent la faiblesse de sa pensée comparée à l'univers, se mettant volontiers dans la descendance d'un Montaigne ou d'un Pascal. Descartes reçoit cependant quelques taloches pour son cogito qui oubliait un peu trop que l'homme était fils de la Nature et puis les créationnistes, décidément accrochés à leur arbre dont ils refusent de descendre.

Serres plaide pour une vie qui prend des risques, qui ose, qui explore mais sans orgueil, sans fanfaronnade. La vie est bien plus forte que nous, comme la mer est plus forte que le marin. On peut y habiter, tenter de gouverner (son bateau, notre société, son existence) mais en conjuguant prudence, audace et connaissance, toujours plus de connaissance !

J'en étais certain, en tentant de résumer cette pensée complexe et féconde, je l'ai hélas ramenée à quelques lieux communs. Pourtant les livres de Michel Serres sont d'une lecture passionnante et l'on aimerait en garder, après avoir fermé le livre, quelques éclats de sagesse.
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De @Michel Serres, je ne connaissais jusque là que @Petite Poucette et les différentes chroniques radiophoniques, notamment celles tenues sur France Info.
Avec @Rameaux, on entre dans une autre dimension, toute aussi intéressante mais aussi bien plus complexe de la pensée de l'auteur ! Aussi, je me garderai bien de livrer ici une analyse exhaustive de l'ouvrage ! Et ce d'autant plus que je reconnais humblement ne pas avoir saisi toutes les implications, tous les questionnements, tous les concepts manipulés par @Michel Serres.
Toutefois, pour peu qu'on s'y attarde un peu, on retrouve dans ces lignes tout l'humanisme profond du philosophe, sa foi inébranlable en l'homme, sa confiance absolue dans un progrès respectueux de tous et de tout, réconciliant l'homme, la science, la nature.
Et ça et là, lorsque la concentration est au rendez-vous (!), on tombe sur des pépites, des lignes qui sont éclairantes et permettent d'envisager l'avenir avec plus d'optimisme que ne le laisse penser l'environnement actuel. Salutaire !
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Ok, mais alors... uniquement si vous comptez préparer l'agreg de philo !!
Qui a dit au fait, que "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement" ? et "que les mots pour le dire viennent aisément" ??

Pour résumé ; ici charabia pour initié prétentieux chérissant l'obscurantisme déchaîné.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Dans un ouvrage précédent, j'écrivais : mon identité ne se réduit point à mes appartenances. Ne m'appelez donc point vieillard, mâle ou écrivain, rangez-moi plutôt dans tel sous-ensemble, groupant respectivement âge, sexe ou métier. Au-delà de ces implications, qui suis-je ? Moi. Tout le reste, y compris ce que l'Administration m'oblige à écrire sur ma carte d'identité, désigné des groupes auxquels j'appartiens. Si vous confondez appartenance et identité, vous commettez une erreur logique, lourde ou bénigne, selon ; mais vous risquez une faute meurtrière, le racisme, qui consiste, justement, à réduire une personne à l'un de ses collectifs.
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Nous avons toujours quitté nos-gîtes, l'animalité trop peu, l'Afrique autrefois, les cavernes jadis, l’Antiquité naguère, la terre ferme pour naviguer par la mer mobile et les turbulences de l'air, la cueillette et la chasse avant-hier, l'agriculture hier, l’évolution peu à peu... Notre espèce sort, voilà son destin sans définition, sa fin sans finalité, son projet sans but, son voyage, non, son errance, l’escence-de son hominescence. Nous sortons et faisons sortir de nous nos productions ; nous produisons et nous autoproduisons par ce mouvement incessant de sortie. Nous appareillons. Comme nous laissâmes l'utérus et le sein de la mère, le pays de notre enfance, nos croyances naïves, dix vérités historiques fugitives, à notre langue paysanne... comme nous sortîmes du programme pour apprendre et de l'inné pour acquérir... nous laissons aujourd'hui l'unicité du réel, du monde et de l'homme pour d'autres, possibles.
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L'immanence s'autorègle-t-elle en silence ou applique-t-elle un verbe transcendant ? La pensée peut-elle se passer d'une fonction intégrative, personnelle ou non, de l'entendement-somme des vérités éternelles qu'évoque Leibniz ? Peut-elle se déployer sans un système global dont l'équilibre et la clôture garantissent la fidélité au réel de nos pensées locales ? Nos savoirs recourent-ils à la fonction régulatrice d'un savoir absolu ? Même l'âge des Lumières vécut sous l'emprise de cette forme sommatrice, à la lettre préformationniste, source pérenne et référence des lois, de la raison, de tous les formatages, physiques et culturels....

Si vous aimez, pitié, je vous en supplie "à genou dans la neige" (selon l'expression de l'ami Gurevitch) de m'expliquer de quoi il s'agit....
et grâce ! c'est comme ça, voire pire, pendant 232 pages....
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Par la chair pécheresse dont seule la foi nous délivre, saint Paul ne désigne pas seulement le corps besoins et passions, mais son plongement dans un collectif dont nous aimons ressentir la chaleur de fusion, subir les lois et partager l'agressivité réactive. Ses Épîtres désignent par là ce que j'appelais naguère libido d'appartenance. La plupart des péchés de la chair, nous les commettons selon l'entraînement mimétique, par pression des pairs et dans l'enthousiasme aveugle de la cohésion nationale, tribale, familiale... par corporatisme ou maffia. Qui a le courage du je ? Nous les commettons plus souvent que je ne les commets, tant le péché concerne le nous, c'est-à-dire la loi, et non le je personnel, qui nous en délivre. Lorsque saint Paul nous “relève de la Loi”, il libère d'abord notre identité propre de ce lien collectif.
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Nous ne levons plus un doigt sans en payer l'impôt ; des myriades d'images envahissent nos représentations et les formatent à leur tour ; nous ne ressentons plus un seul désir sans que la publicité n'en ait déjà suscité les marques en nos âmes-automates ; monde et environnement, actes, objets, sentiments, opinions nous emprisonnent de barreaux serrés. Nous n'allons même plus faire des enfants à l'aveuglette... Nous associons alors tout formatage à la nécessité, celle-ci à l'asservissement et celui-ci à la mort. Liberté, que deviennent tes vieilles victoires ? Mort, viens-tu de triompher ?
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Videos de Michel Serres (69) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Serres
Dans un contexte social inédit et face à l'impossibilité de célébrer cette année la 40ème édition du festival, l'association Quai des Bulles, fidèle à son objectif premier de favoriser la création, développe de nouveaux projets pour continuer à promouvoir et valoriser le métier d'artiste et d'auteur de bande dessinée.
C'est pourquoi, nous publions "QDB" : une revue expérimentale, libre et éphémère. Conçue comme un laboratoire graphique, elle questionne avec curiosité le dessin et la multiplicité des démarches, le fond et la forme, bref, tout ce qui fait la base du métier d'artiste.
Le premier numéro invite douze auteurs à s'exprimer sur la thématique « L'Art inutile ! » : Alfred, Karine Bernadou, Florence Dupré la Tour, Joub, Laurent Lefeuvre, Emmanuel Lemaire, Anneclaire Macé, Claire Malary, Nylso, Eric Sagot et Zanzim.
Toutes et tous préoccupé.e.s par l'urgence sanitaire, la culture ne semble plus être un produit de première nécessité. Et pourtant… À ceux qui se posent la question de savoir si l'art est utile, nous souhaitons leur tendre cette revue QDB et leur répondre cette intemporelle citation de Michel Serres :
« A quoi bon vivre si nul jamais n'enchante le monde ? »
Retrouvez la revue en version papier, dans les lieux culturels de Bretagne, à partir du 15 décembre et dès maintenant dans les commerces de proximité de Saint-Malo et le pole culturel La Grande Passerelle.
En numérique : https://bit.ly/3orU8z8
+ Lire la suite
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Michel Serres nous manque déjà...

Certains les nomment génération Y ou "digital natives", les jeunes, (nouvelles ?), générations nous battent à plate couture devant un écran. Moi j'ai préféré les désigner sous le terme générique de ........?........

petite poucette
les pouces en or
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