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EAN : 9782371001039
256 pages
Le nouvel Attila (05/03/2021)
3.53/5   15 notes
Résumé :
Un homme sonde les réserves de pétrole des fonds sous-marins et meurt sous les balles de pirates au large du Nigeria. La femme qui l’a aimé poursuit sa trace en empruntant des chemins de traverse : elle trouve un écho de sa voix dans les sagas islandaises du Moyen-Âge, dont il était un lecteur compulsif ; elle le suit en Afrique, et guidée par le guérisseur qu’il fréquentait, elle l’aperçoit dans des visions nocturnes. Elle entraîne le lecteur dans ce voyage initiat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
A la mort de Ralph, tué par des pirates en plein Delta du Niger qu'il avait rejoint pour travailler sur des gisements pétroliers au large du pays, Aude, celle qu'il aimait sans aucune mesure – à son plus grand trouble d'ailleurs – cherche à comprendre ce qu'il s'est passé. Elle partira d'abord en Islande, terre des légendes qu'il adorait lire, et le récit sera de fait parsemé de références à la Saga de Kormak, dans laquelle un barde, Kormakr Ogmundarson, raconte ses amours malheureuses pour Steingerd Torkelsdatter, et dans laquelle la jeune femme reconnaît avec force l'histoire de celui qu'elle a perdu. Elle se rendra ensuite au Nigeria, à la rencontre d'un nganga (guérisseur), Moussango, qui a tenté d'aider Ralph, de vaincre ses démons, avant sa mort, et qui va désormais l'aider, elle aussi, ce qui changera son existence à jamais, et donnera un cours beaucoup plus mystique, imprégné de croyances et de rites nigérians, à ce même récit.

Offshore est tout d'abord un roman qui peut surprendre dans ses mélanges assez détonants de genres et de cultures, mais qui finalement s'explique du fait de n'être qu'un syncrétisme de la vie même de Ralph, protagoniste certes absent, et pourtant omniprésent. Ainsi, c'est son histoire qui nous est racontée à travers le regard et l'esprit d'Aude, de son histoire d'amour très particulière avec elle à son évolution professionnelle qui va le faire travailler dans les zones les plus dangereuses du Nigeria, et qui lui fera paradoxalement découvrir un nouvel amour, cette fois pour un pays. Syncrétisme de la vie de Ralph, et donc syncrétisme de style qui se ressentira tout du long, passant, via des chapitres assez courts, parfois même au sein d'un même chapitre, d'une langue délicate et versifiée, racontant la saga islandaise susnommée, à une langue plus orale, plus visionnaire, celle des ngangas, ou encore à une langue plus rugueuse, plus pragmatique, racontant cette fois la désolation du Delta du Niger causée par les sociétés pétrolières qui pillent le sol, sans même s'inquiéter un seul moment des conséquences écologiques ou sociales de leurs gestes. Langues qui se mêlent avec beaucoup de réussite, dans tous les cas dans une même poésie troublante, celle du pétrole, fondatrice de Ralph, et en somme fondatrice des recherches d'Aude pour comprendre, enfin, dans toutes ses contradictions, l'être qu'elle a perdu.

Et, tout comme Aude, l'on ressort troublé par cette parenthèse dans la vie d'un homme qui nous est racontée avec une capacité narrative très prometteuse pour un premier roman. Je ne suis donc pas mécontente de la découverte, tout à fait impromptue et hasardeuse, d'Offshore.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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DÉRANGEANT ,DÉROUTANT, FLIPPANT, j'ai du mal à "refaire surface ".
Lors du mariage d'une amie,Aude,kinésithérapeute, fait la connaissance de Ralph, qui n'est autre que le frère du marié.Aussitôt,c'est le coup defoudre ,mais Aude sent que Ralph est différent des autres : il aime le risque:"Baroudeur" sur les plates-formes de forage pétrolières.
Une date de mariage est arrêtée ,hélas Aude attendra seule devant l'autel : Ralph,ne viendra pas.
Peu après,elle apprendra qu'il a été tué par des pirates en plein delta du Niger, il était en reconnaissance pour l'exploitation de nouvelles plates formes.
Aude ,complètement déstabilisée, cherche à comprendre son comportement ,pour cela ,elle va refaire le voyage de Ralph.
D'abord en Islande, Ralph étant un lecteur assidu des légendes vikings ( dont elle fera souvent référence avec la saga de Kormak).
Ensuite elle s'envolera pour le Nigeria où elle fera la connaissance d'un Nganga( guérisseur spirituel, féticheur,herboriste ): Moussango qui à côtoyé Ralph et l'a mis en garde sur la dangerosité de sa vie.Pour cela Aude s'initiera aux rites africains pour" revêtir" l'habit de Nganga.
Grâce à cela ,elle ouvrira les yeux et sortira de sa terrible dépression.Le parcours initiatique au coté de Moussango la mettra en paix avec elle-même.
Un langage et un style très surprenants qui parfois m'ont fait " flipper" .Au travers les yeux d'Aude , nous suivons le parcours de Ralph nous sommes immergés en même temps dans l'économie et la politique du Nigeria pays dévasté par les pilleurs de pétrole par toutes ces sociétés offshore qui font des profit phénoménaux en appauvrissant la population.
De plus ,j'ai aimé les passages sur la ville du Havre, habitant à 8 kms,je n'avais pas de mal à suivre Aude et Ralph " Au bout du monde "et dans le Blockhaus,n'étant pas cartésienne comme liberliber très sensible à l'onirisme ,l'imaginaire,aux mythes et légendes ,j'ai apprécié .
Une nouvelle plume ,qui je pense ,nous apportera encore bien des surprises lors de ses prochaines parutions qui ne manqueront pas ,je l'espère. A recommander chaleureusement. ⭐⭐⭐⭐⭐
Lu ,dans le cadre de : terres de paroles,1er roman.
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Tout d'abord, je tiens à préciser que je ne suis pas très férue de mythologie nordique, l'un des fils conducteurs de « Offshore », premier roman original et prometteur.
« Je suis kiné le jour nganga la nuit » confie Aude à son mystérieux interlocuteur. Pourquoi et comment est-elle devenue une guérisseuse initiée par un Bantou nigérian ? Pour retrouver Ralph, son amour tué par des pirates dans le golfe de Guinée, et pour sortir de la dépression qui la mine depuis qu'elle est seule avec son deuil. Ni les somnifères ni le yoga, et encore moins les vains divertissements que sont les voyages, n'ont en effet réussi à la sortir de la neurasthénie. « J'ai le coeur noir » écrit-elle.
Le noir, c'est la couleur du pétrole que Ralph le baroudeur prospecte inlassablement, tellement il est fasciné par cette source d'énergie qui a favorisé l'industrialisation du monde et façonné nos modes de consommation (ah cet indispensable plastique !) tout en souillant en toute impunité la nature dont, rappelons-le, l'homme fait partie.
Au-delà de la quête initiatique menée pour sonder l'âme de l'aventurier défunt qui nous entraîne au Havre (moi qui en suis originaire, j'ai apprécié sa description), en Islande et au Nigeria, Céline Servais-Picord témoigne des ravages de l'industrie pétrolière, dont les pays les moins avancés sont les premières victimes.
Si j'ai été enchantée par l'écriture précise de l'autrice, par son talent pour raconter un amour peu banal, mis à distance par l'élément masculin obsédé par l'appel de l'or noir (« N'est-ce pas du pétrole que tu as à la place du coeur » interroge Mousango le nganga), par la manière dont elle instille les éléments pour reconstituer les mystères de l'existence de l'énigmatique Ralph, sorte de Viking des temps modernes, qui, selon moi, ne mérite pas la femme qui l'attend telle la fidèle Pénélope, j'ai été en revanche moins convaincue par le fond.
Les rites bantous et la « Saga de Kormák » (Ralph serait une sorte de double du scalde islandais), qui ont tant aidé Aude à retrouver et à faire revivre l'homme qu'elle a aimé, et qu'elle commence à comprendre une fois qu'il est mort, ont peu touché l'incorrigible cartésienne que je suis...
J'ai néanmoins hâte de découvrir le prochain livre de l'autrice qui pourrait devenir, si elle poursuit sur sa lancée, une voix singulière de la littérature française qui témoigne, une nouvelle fois, que les mots peuvent sauver.

EXTRAITS
- Notre relation n'avait pas pris fin avec sa mort et trouvait à s'exprimer dans le chatoiement du monde. le monde était plein de lui.
J- 'ai […] continué à parcourir les livres de Ralph dans l'espoir de le retrouver et de lui parler.
- Je suis un être sans peau revêtu d'un manuscrit pour affronter de longs voyages.
- J'ai l'intention confuse que la vie déborde la mort en un éternel surgissement.
- La cité raide et solennelle d'Auguste Perret, dominée par la tour hiératique de l'église Saint-Joseph, lanterne des morts au-dessus d'une ville nouvelle.
- Tu es mon homme-frontière, mon homme des marges mobiles, mon homme de brut insaisissable sous ton manteau crypté.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Etrange histoire d'amour entre ces deux personnes, qui ne se sont finalement que peu croisées puisque Ralph travaille dans des compagnies pétrolières qui prospectent à l'autre bout du monde. Ralph disparait (meurt ? apparemment oui, pourtant le début du livre n'est pas explicite à ce sujet) et Aude, pour sortir de cette mélancolie, décide de marcher sur ses pas : l'Islande et les légendes scandinaves, le Niger et son guérisseur mystérieux, qui occupe une place majeure dans ce récit.
J'ai tout de suite été fasciné par la langue, les longues descriptions ou énumérations dans des paragraphes sans virgules. Accélération du rythme. Je me suis laissé embarquer dans ce périple Islando-Nigérian , dans cette quête sur les traces du passé de Ralph.
Et puis j'ai été dérouté. J'ai commencé à lire, relire certaines pages, pas certain d'avoir compris à la première lecture. Désarçonné par cette histoire de mariage raté. Plusieurs retours en arrière pour comprendre comment Aude avait pu retrouver ce guérisseur, puis pour comprendre comment Ralph l'avait connu des années avant (mais c'est expliqué vers la fin du livre : par le nouveau directeur de la compagnie pétrolière je crois…). Et puis Ralph est-il vraiment mort ? Au début du livre, on parle de preneurs d'otages… Je termine ce roman en me disant que j'ai loupé quelque chose.
Plusieurs temporalités : l'histoire d'Aude à la première personne, l'histoire de Ralph à la troisième personne, tout en flash backs. Et puis les interventions du guérisseur, à la première personne, qui sont mystérieuses, initiatiques (mais quel but ? quelle délivrance pour Aude ?).
Une lecture plutôt exigeante, un très beau style.
C'est assez beau, mais déçu d'avoir cette impression de ne pas avoir tout compris.
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D'emblée, ce qui happe le lecteur d'Offshore, premier roman de Céline Servais-Picord, c'est cette langue puissante, poétique et envoûtante, une langue aux accents multiples qui sait s'adapter aux différentes voix du récit. Cette langue jaillit comme le pétrole fuse dans les veines de Ralph, jeune homme qui sillonne les mers à la recherche de nouveaux puits à siphonner, avec un cynisme qui nous oblige à reconsidérer assez brutalement nos propres oeillères quant aux conséquences écologiques et humaines de l'exploitation pétrolière. Lorsque Ralph meurt, tué par des pirates lors d'une échauffourée qui tourne mal, Aude, la femme qui l'aime, se lance dans une quête pour tenter de le retrouver, ou peut-être simplement de le trouver, tant le personnage est fuyant, au propre comme au figuré. Ralph est mort, et pourtant il est toujours là, c'est lui le personnage principal et son ombre s'étend sur le récit. Cette quête est un voyage initiatique qui mène Aude dans plusieurs directions, géographiques, littéraires, spirituelles : de la Normandie au Nigéria, des sagas islandaises aux guérisseurs africains, les voies qu'elle emprunte sont multiples. Et c'est au croisement de ces lieux, de ces époques et cultures différentes que se dessine peu à peu le portrait de Ralph. Mais quel est le but réel de cette quête ? Guérir de ses blessures ? Comprendre qui était Ralph, quelle a été sa vie ? Ou appréhender quelle fut vraiment leur relation, un amour aussi soudain qu'agité ? Offshore est un roman surprenant, il explore des pistes variées ; pour entrer dans cet univers, le lecteur doit accepter de se noyer avec Aude, pour ensuite reprendre pied.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Qu'importaient les rivages asphyxiés du delta du Niger,la gangue de poisse étreignant les pieds des palétuviers,et le glaçage létal et lent qui couvrait ce matin- là les eaux du golfe.Le soleil levant avait un air de victoire.C'était il y a cinq étés. Raph était en chemin vers la concession pétrolière ,à quarante - huit milles marins des côtes .Il se trouvait à bord du navire qui devait ancrer la toute nouvelle plateforme semi- submersible sur son lieu d'exploitation,au - dessus d'une tête de puits à deux cents mètres de profondeur.( Page 11).
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Il dit que le sous-sol du delta du Niger était comme le père des habitants du Nigeria ; mais ce père n'avait pas laissé ses orphelins sans moyens de subsistance. Avant de mourir, il avait dit à ses enfants qu'ils pourraient creuser et sucer la puissance dans son ventre. Quand ils ont enterré son corps, ses enfants ont pleuré, pleuré, et se sont tapé sur les cuisses, ils n'ont pas vu les Oyinbo qui guettaient dans la mangrove et qui avaient tout entendu. La nuit tombée, les enfants s'endormirent sur le sol. Les Oyinbo sortirent de la forêt et commencèrent à siphonner dans le ventre du père. Les enfants qui furent réveillés crurent que les Oyinbo étaient les esprits des ancêtres. A la lueur intermittente et ténue des étincelles, ils apercevaient leur étrange masque de soudure et ils restèrent à l'écart. Le matin, la terre était hérissée de tuyaux et des navires partaient au large chargés de pétrole. Certains des enfants se mirent en colère, mais les Oyinbo achetèrent la paix avec de l'argent qui sent la mort, l'argent du pétrole. D'autres enfants percèrent les tuyaux pour récupérer un peu de la puissance qui leur avait été promise. Le ventre était crevé, les tuyaux percés, la puissance s'écoulait, elle brûlait, elle polluait et corrompait. Elle se répandait à l'étranger par toutes les mers du monde.
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Ralph s'éloigna plus encore vers la périphérie de la vie ordinaire en rejoignant Port Harcourt, sa liberté et ses dangers, aux avant-postes de la recherche de nouveaux gisements. C'était [...] une dystopie inquiétante dans l'écrin labyrinthique et vénéneux de son fleuve qui recouvre l'or noir du Delta, charrie des rumeurs et des fantasmagories, abrite des génies, cache des contrebandiers des trafiquants des rebelles des pirates, nourrit un milieu hostile où l'on est face à soi-même où l'on est face à sa propre mort.
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Noirs, Blancs, riches, pauvres, en tee-shirt ou en cravate, tous se pressaient pour puiser des barils ou des bidons de vie nouvelle. Tous des pirates. Lagos n'avait pas fini de se déployer, superlative et spéculative, repoussant le ciel et la mer.
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Je te donnerai l'écorce amère et tu regarderas dans le miroir.L'écorce t'aidera à voir dans ton voyage et surtout à dire ce que tu vois .Tu quitteras ce rivage pour une traversée sur des eaux tourmentées tu traceras ton sillage sur des courants contraires.Tu apercevras peut-être la terre ferme en face c'est la mort ta seule certitude alors il faudra que tu reviennes.Ce sera ton premier voyage.Tu en feras souvent ce sera ta nouvelle façon de vivre comme un viking rusé et imprévisible sur les flots de l'existence.
Avant de me retrouver ce soir,pense à tirer la somme en liquide.( Page 210/211).
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