Je sors mitigée de ce roman. L'auteur montre sans conteste sa passion pour cette période de l'histoire d'Argentine qualifiée de « guerre sale », et insiste sur ces enfants volés à leur mère et adoptés par des couples proches de la junte alors au pouvoir, anciens nazis réfugiés dans une argentine qui leur ouvrit ses portes pour leur offrir la sécurité en leur épargnant tout jugement et leur proposant l'asile politique.
Il y est bien question des « desaparecidos », individus jugés subversifs, capturés par les militaires, puis torturés et assassinés, toutefois
Céline Servat s'en tient là, laissant au lecteur un certain questionnement qui correspond peut- être aux questions que se sont posées les familles quant à la disparition de leurs proches, enterrés secrètement ou largués dans l'océan depuis un avion, mais alors, pourquoi ne pas inclure dans le roman, quelques épisodes rappelant les « locas » de la place de mai, ces grand-mère qui se manifestèrent pour retrouver leurs petits enfants ? C'est la raison pour laquelle j'ai eu l'impression que la question n'était pas suffisamment approfondie, sans doute n'était-ce pas l'objectif de ce roman noir.
Par ailleurs,
Céline Servat précise bien que l'histoire de cet internat « spécial est issu de son imagination », et il assure bien sa fonction au coeur de ce thriller : la terreur d'adolescents perturbés parfois, avec des crimes perpétrés par une ombre non identifiée, des appels au secours qui échouent en raison d'un vaste complot de la part des dirigeants, mais certains passages donnent l'impression d'une caricature : des professeurs anciens nazis qui refont l'histoire ou encore, des cours entiers dédiés aux formes de tortures un peu grossiers et sans finesse, cela ne me semble pas très crédible.
L'ombre, du moins je pense qu'il s'agit de ce meurtrier qui intervient dans le collège, termine le journal de sa mère torturée et assassinée, en lui promettant de la venger et de faire souffrir les enfants de ses bourreaux...
D'abord, les enfants de ses bourreaux sont des victimes semblent souffrir autant que les autres internes, mais la question que le lecteur est en droit de se poser, c'est comment ce meurtrier a-t-il su qui étaient les enfants des bourreau puisque la mère meurt avant qu'ils aient adopté leurs enfants et ne les mentionne pas dans son journal ? Et comment le meurtrier parvient-il seul à capture et torturer des individus certainement supérieurs en force.
Peut-être ai-je tort de me poser ces questions, tout roman a le droit de laisser le lecteur exercer son imagination...
j'en profite pour me demander pourquoi, en début de roman, alors qu'on incite les enfants à lire Mein Kampf et les biographies de dictateurs célèbres, les élèves se prosternent devant l'image d'Eva Perón si populaire et qui n'avait pas de rapport avec la guerre sale de Videla.
J'ai toutefois beaucoup aimé le journal de Gabriela, qui résume bien la situation en Argentine entre 1976 et 1983.
Je ne peux m'empêcher également de signaler à l'éditeur de ce roman, les grosses erreurs d'orthographe et les tournures maladroites qui le parsèment et perturbent la lecture.
Un roman intéressant qui appelle à se documenter sur un sujet que nul ne devrait oublier.
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