Je n'ai jamais compris les défaites de 1870 et 1940, ni où était la victoire française en 1914 après les millions de morts...Avec ce livre, je découvre dans une magnifique écriture fluide les coulisses de ces défaites. Passionnant, rageant, je comprends pourquoi tout cela est passé sous silence. Ce livre est incontournable pour qui veut comprendre pourquoi ses aïeux sont morts.
La deuxième partie (1/4 du livre) - où l'auteur cherche à retrouver les mêmes explications dans nos défaites institutionnelles et économiques actuelles - se limite à analyser le comportement de nos élites sur des thèmes déjà connus. Il fait l'économie d'une analyse personnelle sur le collectif français alors qu'il sait pertinemment que nous avons les chefs que nous méritons.
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Professeur à l'École de guerre, Servent traque pour 1914 et 1940 les mêmes tares françaises : volonté d'autarcie, fuite des réalités, luttes intestines, culte de la belle note rhétorique, mépris de l'étranger au nom d'une soi-disant supériorité française.
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Le colonel Stoffel est consterné devant cette propension à disserter sur tout, sans avoir pris le soin d'étayer son jugement par un travail de recherche besogneux et patient : "Combien eût on compté de personnes en France avant 1866 qui cherchassent à étudier l'Allemagne ou à s'instruire sur les affaires allemandes ? Le Rhin n'était-il pas et n'est-il pas encore, pour nous tous, comme une autre muraille de Chine ? Et cependant écrivains, journalistes ou autres, qui n'ont pas même séjourné en Allemagne, qui n'ont étudié ni son histoire ni ses institutions, écrivent et discutent à l'envi sur tous les sujets, portent des jugements sur toutes choses et se font ainsi les maîtres d'un public encore plus ignorant qu'eux". Cette aptitude à discuter de tout, à disserter, sans avoir rien étudié, coûtera cher à la France lors de la crise qui précédera la calamiteuse déclaration de la guerre à la Prusse. Moins on investit un sujet, plus les passions peuvent prendre le pas.
Le poids des conservatismes - de droite comme de gauche -, un fond d'état d'esprit très "guerre civile", une difficulté certaine à fonder une réforme sur le réel examiné froidement - et non sur la simple idée que l'on s'en fait -, d'éternels problèmes budgétaires, une culture très administrative et "paperassière" ne favorisent pas l'enchaînement vertueux : comparaison-prise de conscience-vision-courage-action réformatrice-mise en œuvre-communication.
Pierre Servent sur "Europe 1"