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EAN : 9782376220329
272 pages
Tohu-Bohu (12/01/2018)
3.95/5   10 notes
Résumé :
D’un côté, Constantin Lepage dit Costa, un « putain d’acteur » pour sa femme et ses amis, un peu aigri et alcoolo. De l’autre, Hank van der Weld, un nom batave qui sonne comme un pseudo, une fine moustache, des lunettes teintées, un bon sourire. Avec son ami Jean-Louis, scénariste, Costa va orchestrer cette rencontre dangereuse, où il jouera pourtant le rôle de sa vie.
Et une question qui devient lancinante : mais qui a tué ?
Avec Il et moi, Philippe S... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Avec « Il et moi » je découvre la plume d'un auteur dont je n'avais lu aucun livre et surtout une finesse dans la description psychologique du personnage principal dont on suit la déchéance pas à pas.

Une magnifique couverture, qui prend tout son sens lorsque l'on referme le livre et qui en devient encore plus parlante. Un titre à double sens avec ce « S »… Il et moi – Il est moi… Qui laisse au lecteur le plaisir de se triturer les méninges jusqu'à ce qu'il comprenne …

Court mais intense, court mais te fou une claque magistrale tellement il est bien construit, tellement il t'embarque dans une histoire bien tordue, une mauvaise blague, comme on pourrait en faire une, histoire de faire payer celui qui nous fou les boules ! C'est typiquement le genre de choses que je pourrais faire… La blague, pas le reste… Je n'ai pas encore basculé du côté obscure… Quoi que…

Avec un récit sans fioritures et sans concession, l'auteur nous entraine dans l'histoire de cet homme dont la vie va prendre un virage inattendu… Un virage qui lui fera perdre la raison au point de ne plus distinguer le bien du mal, de ne plus distinguer la réalité… Cette réalité que le lecteur a parfois du mal à percevoir, tellement la folie est palpable… Une construction en entonnoir qui donne un rythme dense, une lecture que l'on ne peut poser tellement on est pris par le récit.

L'histoire d'une folie qui se construit, qui se vit au rythme des pages que l'on tourne, pour atteindre son paroxysme. Un personnage qui ne va plus rien maitriser, que la raison a abandonné, malgré quelques soubresauts, il est trop tard…

La frontière entre réalité et fiction est parfois tellement mince que basculer d'un côté ou de l'autre est un vrai jeu d'équilibre.

Costa est un acteur engagé. Engagé au point de laisser son personnage prendre le dessus. Une mauvaise farce qui tourne à l'indéfinissable…

Il suffit parfois de peu de choses pour les rouages bien huilés d'une vie s'enrayent… Pour péter un câble… Au point parfois de ne pas se réveiller…

Je suis fana de thrillers psychologiques, l'être humain dans ce qu'il de de plus tordu me fascine et me révulse en même temps, il oblige le lecteur à se positionner et renvoie à nos convictions les plus profondes.

Je remercie la maison d'édition Tohu-Bohu pour sa confiance et pour le plaisir que j'ai pris avec cette lecture.
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Sur QUATRE SANS QUATRE

Son destin s'éclaire sous le fard !

Costa est un putain d'acteur, il en est intimement convaincu, le roi du maquillage, des accents au ton si naturel qu'ils en deviennent plus vrai que vrai, il peut tout incarner, même les pires contre-emplois. Lui, le type ouvert et sympa peut parfaitement jouer un tueur à gages impitoyable, parano, au professionnalisme parfait comme personne, il l'assure à son ami Jean-Louis au cours d'un déjeuner bien arrosé. Un postiche, du fard, un faux nez et le voilà dans la peau d'un exécuteur. Il gâche son temps à courir les petits cachets pour un pub insipide ou un doublage voix, noie ses espoirs de gloire dans l'alcool et la forfanterie. Jean-Louis fera les dialogues, Costa jouera.

Mais tout ça, c'est une blague un peu sinistre, une mascarade poussée pour se payer la tête d'un quidam qui n'a pas très bien traité son copain. Il lui a refusé un manuscrit sur lequel il travaillait depuis des mois sous des prétextes que Jean-Louis estime fallacieux. Costa n'est pas débordé par les contrats, acteur loser, il passe plus de temps à attendre les apparitions furtives à l'écran et les auditions stériles qu'à faire son métier d'acteur. La cinquantaine plus qu'entamée, son heure est passée, elle ne reviendra pas. Il se sent lésé par un système qui ne lui a pas donné sa chance, un rôle à sa mesure où il aurait pu laisser libre cours à son talent et éblouir les foules.

Il s'y accroche, Costa, à ce personnage de Hank van der Weld, assassin professionnel batave, il le peaufine, le bosse sans relâche, seul chez lui, alors que son épouse travaille. Il ajoute un détail, améliore l'accent, l'orne de mots hollandais et fait disparaître le visage de Constantin Lepage sous les artifices en latex et les crèmes. Peu à peu, il devient Hank van der Weld, un homme qui a réussi dans sa branche, pas un raté, un mec qu'on respecte et qui en impose, pas un saltimbanque dont tout le monde rit avec commisération lorsqu'il a le dos tourné.

Hank van der Weld est une telle réussite que Costa lui-même peine à distinguer les limites de son personnage de celles de sa propre personnalité. Qui a mangé qui ? Costa a-t-il digéré Hank ou l'inverse ? Peu importe, finalement le résultat est le même : le maître est phagocyté par son chef d'oeuvre. Très vite, il ne sait plus lui-même s'il est l'un ou l'autre. Il alterne entre les deux personnalités, pris dans un engrenage infernal dont il ne contrôle plus la marche. Quelle part de lui a souhaité tout ce qui va suivre ? Quelle part le refuse ?

Philippe Setbon aime les tueurs, il se glisse dans leurs peaux avec délice. Après l'impeccable Monsieur Faux qui investissait la vie de Wilfried Bodard dans son précédent roman (Les gens comme Monsieur Faux - Éditions du Caïman - septembre 2017), c'est à l'intérieur même de son personnage principal que cette “invasion” se produit. Il décrit avec minutie cette bascule, ce moment presque magique où l'acteur n'interprète plus mais incarne entièrement son rôle, se fond dans l'être qu'il doit jouer. L'instant de grâce auquel on reconnaît les grands artistes. Ceux-là enchaînent les personnages, passent de l'un à l'autre, planning surchargé et engagements à répétition, Costa, lui, sait qu'il n'y aura pas d'autre rôle à sa mesure, que ce Henk est celui de sa vie, impossible de l'abandonner, il n'y en aura plus jamais qui lui iront si bien. C'est en tueur hollandais qu'il va laisser à jamais l'empreinte de son immense talent, les dommages collatéraux, les victimes de Henk ne font pas le poids pour l'arrêter.

Poussé toujours plus loin par une suite de circonstances imprévisibles, Costa s'enfonce, perd pied jusqu'à l'absurde. Les événements le dépassent, sa lutte contre Henk le déboussole, le “public” en redemande, il ne peut se dérober mais contrôle de moins en moins la situation. Sa morale et son intégrité luttent désespérément contre l'intransigeance du criminel qu'il abrite. C'est Dr Jekyll et Mr Hyde personnifié, nul besoin de drogue magique, seul le défi à son talent et son ego l'animent.

Avec son écriture toujours aussi savoureuse et son superbe style, Philippe Setbon nous fait partager presque minute par minute, la métamorphose de Costa, le narrateur. Ses peurs, ses hésitations, ses résolutions qu'il ne peut tenir et, a fortiori, la détermination et l'assurance de Henk, ses meurtres, son sang froid à toute éprueve. le lecteur assiste aux premières loges à ce combat d'anthologie entre l'acteur et son personnage, son angoisse va crescendo comme celle de Costa dans un suspense qui ne cédera qu'à la toute dernière ligne. Tragique, sous son ton badin, ce roman est passionnant de bout en bout.

À quel moment Constantin Lepage va-t-il enlever le masque et saluer son public ?
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Constantin Lepage, dit « Costa » : un putain d'acteur, selon ses proches. Mais voilà, ce putain d'acteur est maintenant réduit pour gagner sa vie à faire des doublages de télénovelas brésiliennes ou des pubs à la radio. Jean-Louis Rey, un de ses amis de longue date, écrivain et scénariste, se trouve lui aussi dans le creux de la vague.
De plus, son éditeur Willy Willemetz, contrairement à un engagement qu'il avait pris, vient de lui refuser la publication d'un roman. Dans la conversation animée qui s'ensuit avec Jean-Louis, Willy est amené à parler de sa femme Irène qui veut divorcer, prendre ses enfants à l'étranger et le dépouiller, euro après euro.
« Tu te rends compte ? Il paraît qu'elle est déjà en négociation pour une maison sur pilotis à Malibu. Cette salope est complètement malade ! Si je pouvais la tuer ! La tuer ! Tu n'imagines pas avec quel plaisir… Quel bonheur… Quel soulagement…
– C'est faisable, le coupa Jean-Louis d'une voix calme et posée. »
Cet échange va faire germer dans le cerveau de Jean-Louis l'idée d'une mystification aux dépens de Willy, et l'occasion de le délester de quelques milliers d'euros. Il s'en ouvre à son ami Costa, qui les met en rapport avec Henk van der Weld, un soi-disant tueur à gages, pour supprimer Irène.
Irène meurt quelques jours après. Sa mort a toutes les apparences d'un suicide. La mystification à l'égard de Willemetz s'avère d'une vraisemblance que Jean-Louis et Costa n'avaient pas prévue. La situation leur échappe alors complètement, les laissant impuissants, observateurs plus qu'acteurs de la marche inéluctable du destin.
Après ce premier contrat, les événements se bousculent et Costa va être amené à faire encore appel à Henk van der Weld, qui gagne en efficacité dans son rôle de tueur, prenant encore plus d'assurance et d'initiative, allant même jusqu'à s'affranchir de la tutelle de Costa.
Au long des chapitres, les cadavres s'accumulent, Et arrivé à ce point, le lecteur se demande qui, dans ce jeu macabre, tire les ficelles. Costa a-t'il toujours le contrôle de la situation ? Ou bien est-ce van der Weld qui échappe à son commanditaire ?
Dans un style très dynamique, l'auteur déroule son intrigue, découpée en des chapitres courts qui contribuent au rythme de l'ensemble. Sa formation de graphiste et de scénariste n'est pas étrangère au fait que son récit soit très visuel, piqué par endroits de petites pointes d'humour, comme pour alléger la noirceur du propos.
Ses personnages sont bien marqués et psychologiquement bien dessinés. Ils ont des sentiments et des réactions qui les rendent proches de vous ou moi, très humains en somme, avec ce que cela suppose comme qualités, mais aussi comme défauts.
Ce roman très noir nous met aux prises avec la complexité de l'esprit humain, en proie à des pulsions de violence et de mort, à travers la trajectoire d'un homme qui bascule dans la folie meurtrière, allant crescendo vers l'inéluctable dénouement dramatique.
Cette dernière publication d'un auteur aux multiples facettes m'a donné l'occasion d'une très agréable lecture.
Éditions TohuBohu, Janvier 2018.

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Quand une vengeance gentillette tourne au drame...J'ai lu ce livre d'une traite tellement l'histoire est prenante. Les mots sont simples, l'histoire bien construite et originale, parfois teintée d'humour et assez courte. C'est le premier livre que je lis de Philippe Setbon mais ce ne sera pas le dernier tant l'histoire m'a marquée. On nage en plein coeur de la schizophrénie et de la dissociation de personnalité. La voix de van der Welk parle au personnage principal et lui donne des ordres qu'il exécute. Il sombre peu à peu dans les méandres de son esprit torturé. En faut-il si peu pour basculer? D'ailleurs, la couverture est juste parfaite et représente bien cette dissociation. Bref, une histoire brève mais captivante qui vous ne ferez basculer dans un roman noir et addictif.

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Ce polar est vraiment jouissif. Il débute comme une mauvaise blague qui dérape et les personnages vont se retrouver dans un engrenage de violences. l'auteur ne s est pas embarrassé de détails et pourtant tout est parfaitement décrit, ainsi que la complexité des personnages. le final est fabuleux et possède différentes interprétations. C est génial et addictif. Réussi
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
- Tu sais que tu deviens fatiguant, avec l’âge ?
- Moi, c’est la vie qui me fatigue. Elle me crève, ma vie. Au sens littéral du terme. Ma vie me tue ! Je suis assassiné à petit feu par ma vie.
- Tu sais que tu devrais écrire ? Tu as le sens de la formule. Et comme en plus tu adores t’écouter parler…
- C’est ça, fous-toi de ma gueule, en plus.
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Il pris le bras de Daniel qu'il sentit frissonner et l’entraîna à poursuivre leur balade. Costa avait délibérément embrouillé les choses : un "ami" lui avait parlé de "quelqu'un" qui pouvait "éventuellement" contacter un homme habitué à exécuter certains "contrats" pour le compte de particuliers. Des intimidations, des rappels à l'ordre, des recouvrements de dettes. Et...... bien davantage, si le besoin s'en faisait ressentir.
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