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EAN : 9782259220446
480 pages
Plon (16/05/2019)
4.03/5   121 notes
Résumé :
Une auberge au bord de la Tamise, par une nuit de solstice d’hiver au milieu du XIXe siècle.
Les habitués sont regroupés autour de Joe le conteur lorsqu’un homme pousse la porte, gravement blessé, portant dans ses bras une petite noyée. L’homme s’appelle Henry Daunt, il habite la région et expérimente cette technique révolutionnaire : la photographie. La fillette morte, personne ne sait son nom. Quelques heures plus tard, l’enfant pousse un soupir et revient... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
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Dans ce village du bord de la Tamise au milieu du 19e siècle, l'on vit au rythme des humeurs du fleuve qui, de tout temps, a fait l'objet de persistantes légendes, peuplées de noyés et de fantômes, longuement relayées autour des bières servies à l'auberge Swan. Lorsqu'un jour surgit le photographe Henry Daunt, blessé, avec dans les bras une fillette méconnaissable, qui paraît d'abord morte noyée avant de revenir miraculeusement à la vie, les spéculations vont bon train : s'agit-il de l'une ou l'autre des enfants des environs récemment portées disparues ? Les imaginations ne tardent pas à s'échauffer, n'excluant pas les hypothèses les moins rationnelles...


Toute l'originalité de cette histoire vient d'abord de son atmosphère, soigneusement campée entre réalité et fantasmes, en un lieu propice aux croyances magiques, à une époque où la superstition peine encore à s'effacer devant les avancées de la science. Dans les esprits ordinaires, la photographie flirte ainsi encore avec la magie, le darwinisme avec l'inimaginable, et l'inexpliqué avec la sorcellerie. Alors, un fleuve qui, par ses crues, ses courants et ses brouillards, emmêle si bien son cours à celui de l'existence de ses riverains, prend naturellement une dimension bien vite surnaturelle, telle une frontière entre deux mondes, un miroir dont les deux faces seraient la vie et la mort, et où se refléteraient bien des ombres et des secrets.


Dans cette ambiance liquide aux teintes de plomb et d'étain et aux odeurs de marécage, se dessinent, restitués en profondeur et avec le plus grand réalisme, des personnages singuliers que l'ignorance, la peur et les duretés du quotidien font d'autant plus dériver au vent des croyances et des rumeurs. La vie, dans l'ensemble, ne leur fait guère de cadeaux : deuils et pertes jalonnent le temps, frappant particulièrement les femmes en couche et les très jeunes enfants.


Tout est dès lors posé pour le déroulement d'une intrigue savamment construite qui, tel le courant imprévisible de la Tamise, emportera irrésistiblement le lecteur dans ses mille méandres et ramifications. Ce conte profondément original et attachant, joliment brodé autour des thématiques de l'écoulement de la vie, des mystères de la naissance et de la mort, et des difficultés de la parentalité, s'avère une lecture enchanteresse à nulle autre pareille. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un conte rafraîchissant, idéal par cette météo estivale.
La nuit du solstice d'hiver 1887, un étrange individu fait irruption dans l'auberge bondée de Radcot, sur le bord de la Tamise. Il tient dans ses bras une petite fille noyée, finalement pas si morte que cela. Pour tous les clients, le mystère est total : que s'est-il passé et qui est-elle ? Est-ce l'enfant qui a été kidnappée il y a deux ans à ce couple richissime ? La soeur disparue depuis quarante ans de la vieille excentrique ? La fillette jetée dans le fleuve il y a quelques jours par sa mère désespérée ? Pendant toute une année, au rythme des solstices et équinoxes, les habitants de Radcot et des environs vont tenter de résoudre cette énigme, sur la base d'intuitions fournies par un fantôme, un cochon qui parle et une fermière au don de double-vue.

Ce roman est un pur régal. L'intrigue est fantasque mais l'auteur maîtrise sa narration tout au long des 500 pages. Malgré les multiples personnages pittoresques et attachants (les gentils si gentils, les méchants bien méchants), on ne se perd jamais dans les méandres de cette histoire bizarre. J'ai énormément aimé son côté mystérieux assumé (comme le dit l'un des piliers de bar : "C'est pas parce qu'une chose est impossible que ça arrive pas."), sa façon de ne pas chercher à tout expliquer -à quoi bon, tant que c'est plaisant à lire et à croire ?
J'ai apprécié également l'ambiance 100% british mâtinée de romantisme, où les éléments se déchaînent à l'aune des émotions des personnages et des rebondissements de l'intrigue, tandis que l'humour est omniprésent. En cela, Diane Setterfield se positionne clairement aux côtés des soeurs Brontë et de Jane Austen (oui, rien que ça !), d'autant que son écriture rappelle celle des contes lus au coin du feu.
Enfin, l'auteur a veillé à ce que ses principaux personnages féminins soient des femmes cultivées et émancipées, et j'ai trouvé cela follement vivifiant. En outre, l'histoire se tenant à la fin du XIXe siècle, on assiste aux débuts de la photographie et de la psychanalyse, et à la diffusion des théories évolutionnistes. En mêlant l'essor technique et scientifique à une intrigue aussi fantaisiste, Diane Setterfield réalise un grand écart audacieux et réussi.

C'est donc une lecture très agréable, qui nous emporte dans les remous de la nature humaine et de la Nature-tout-court, sans se départir de son ton léger malgré sa gravité, et tout en cultivant le mystère jusqu'à la fin. Un roman délicieux, à déguster avec un bon Earl Grey et des scones.
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Il ne faut pas s'aventurer dans le sillon d' « Il était un fleuve… » sans son gilet de sauvetage et ses balises de détresse.
Amoureux des petites flâneries bucoliques en péniche, ne franchissez pas l'écluse de ce roman gothique. Vous allez boire la tasse, où plutôt une pinte, à la santé de Stevenson et de Dickens.
Un soir, un inconnu surgit aux portes du Swan, auberge en bord de Tamise et s'effondre, une petite fille inerte entre les bras. Une infirmière, appelée sur place, ne peut que constater le décès de l'enfant. Défiant la science, la petite revient le soir même à la vie et cette résurrection étrenne ce conte aussi glaçant que les eaux de ce biotope romanesque.
Point de vampire ou de savant fou fan de tuning humain dans ce roman, mais un fleuve dont les larmes se transforment en crue et sur lequel dérive le fantôme d'un batelier, le Silencieux, qui ferait traverser les âmes selon la légende, tel Charon sur les rives du Styx.
Plusieurs fillettes ont disparu le long du fleuve ces dernières années. Deux personnages, Rita l'infirmière et Daunt, un photographe, futur couple en instance de bisous, vont rechercher la vérité dans les secrets de familles éplorées.
La force de ce roman tient à cet environnement lugubre mais aussi à une galerie de personnages aussi fouillés qu'originaux. Il y Mr Armstrong, riche mulâtre dont l'épouse handicapée masque un oeil qui sonde l'âme des gens, Lily, jeune femme simplette terrorisée par son demi-frère et les Vaughan, couple bourgeois qui ne survit que dans le déni du destin de leur fille. Si vous ajoutez les gitans du fleuve, Joe, le tenancier et conteur d'histoires du Swan et quelques belles crapules aussi sexy que des silures, il devient impossible de résister à cette histoire.
Selon moi, le roman aurait gagné à miser davantage sur le personnage envoûtant du Silencieux dont on regrette les trop rares apparitions et le texte aurait pu être également plus concis car à mi-croisière, la marée de mots est un peu trop calme. Une flaque d'eau entre deux tempêtes car le dénouement est vraiment trépidant et Diane Setterfield navigue comme un vieux loup de mer entre le récit fantastique et le roman historique.
Ce conte victorien teinté de Darwinisme mérite la traversée, en fond de cale.
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Diane Setterfield m'a happée dans son récit dès les premières lignes du roman qui débute comme un conte : "Il était une fois...".
Elle plante le décor, présente ses personnages pleins de pittoresque et elle nous place face à quelque chose d'impossible qui nous interloque autant que les témoins de l'événement. En effet, une petite fille a été repêchée dans le fleuve et, alors tout indiquait qu'elle était morte, elle revient à la vie peu après. Outre les interrogations sur cet étrange phénomène se pose la question de l'identité de la fillette : plusieurs personnes la reconnaissent comme leur enfant.

L'histoire se partage alors entre les différentes pistes et tandis que l'intrigue s'étirait, mon intérêt s'est lentement émoussé malgré un vrai suspense. Les personnages "importants" sont trop nombreux et j'aurais aimé que le récit se concentre un peu plus sur les deux ou trois qui m'ont davantage touchée (Rita, l'infirmière très pragmatique confrontée à l'inexplicable, Armstrong, le fermier au grand coeur qui se refuse à admettre que son fils n'est pas devenu un homme bien, etc).

Jusqu'au dénouement que j'ai trouvé assez frustrant. C'est comme si l'autrice choisissait la solution de facilité en faisant intervenir

Il Etait un Fleuve est donc un conte où le surnaturel s'invite dans un univers ultra-réaliste. En effet, Diane Setterfield décrit avec talent l'Angleterre rurale du XIXème siècle, partagée entre anciennes croyances tenaces et nouvelles connaissances scientifiques qui repoussent sans cesse les limites du possible. Alors que les théories de Darwin commencent à circuler, pourquoi le retour à la vie d'une fillette morte serait moins crédible que d'avoir des singes parmi ses ancêtres...

Au coeur du roman, il y a le Swann, une auberge réputée pour les conteurs qui s'y réunissent. L'art de raconter des histoires se trouve ainsi au centre du récit : qu'est-ce qui fait une bonne histoire, quelle est la meilleure façon de la raconter, quels détails peut-on modifier sans altérer l'essence de l'histoire, etc. J'ai bien aimé cette mise en abyme où l'autrice semble se questionner elle-même sur ce qu'elle nous raconte.

J'ai donc bien aimé ce roman, même si j'ai fini par me lasser un peu...
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Attirée par le commentaire apposé sur la 1ère de couverture " Un plaisir de lecture à la Dickens ", je n'ai pu faire autrement que de me procurer ce roman tout en m'écriant " Quoi, mon Dickens ! On ose faire une comparaison avec mon Dickens, quelle prétention !" . J'ai donc commencé la lecture de ce roman curieuse mais dubitative, et ce, d'autant plus que le treizième conte de Diane Setterfield m'avait bien déçue. Et ma foi, l'écriture et l'atmosphère, en effet dickensiennes, de cette histoire m'ont parfaitement ralliée à cette comparaison audacieuse.
Dans ce roman-fleuve (jeu de mot facile, je l'avoue), il est question d'une enfant morte puis ressuscitée, d'adultes qui se disputent sa paternité, d'une auberge dont les piliers s'enivrent de pintes et de joutes oratoires, de femmes courageuses, savantes, malheureuses, de fils indignes, de secrets de famille et de la Tamise.
Un roman très plaisant à découvrir.
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critiques presse (3)
LeJournaldeQuebec
31 décembre 2019
De la même auteure que Le treizième conte, un roman qu’on a tardé à dévorer. [...] Un roman jubilatoire qui ne manque pas d’originalité.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Lexpress
03 juin 2019
Le roman gothique à secrets effroyables s'auréole de romantisme et de magie. Insensiblement. L'indolence trompeuse, Diane Setterfield trousse au long de son fleuve intranquille une jolie ode aux conteurs d'antan.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeMonde
28 mai 2019
Un plaisir de lecture à la Dickens.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
L'été, il coupait des roseaux, l'hiver, il fabriquait des paniers, et tout le monde venait lui en acheter, car c'était un bon artisan et il ne vendait pas cher sa production. Il n'avait pas d'enfants qui pussent le décevoir, pas d'épouse pour le tourmenter, ni aucune autre femme pour lui briser le cœur. Il était taiseux sans être morose, saluait très agréablement tout le monde, et ne se disputait avec personne. Il n'avait pas de dettes. Aucun vice avéré ou supposé. Un matin, il entra dans le fleuve, des pierres plein les poches. Quand son corps heurta une barge qui attendait son chargement à quai, on alla visiter son cottage, où l'on trouva des pommes de terre dans une jarre de pierre, et du fromage. Il y avait aussi du cidre dans un flacon, et sur la cheminée une blague à tabac à moitié pleine. Sa disparition sema la consternation. Il avait du travail, à manger, de quoi se détendre : que pouvait-il désirer de plus ? C'était un mystère, et, dès cet instant, Marsh Cottage devint Basketman's Cottage.
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La pluie d’été explosait mollement sur ses épaules en grosses gouttes tièdes qui semblaient contenir leur double poids d’eau. C’était le soir, mais il ne faisait pas encore nuit, et la lumière tombait sur les feuilles mouillées et les flaques des chemins, nimbant tout d’un scintillement argenté. Les gouttes incessantes donnaient au miroitement du fleuve un fini grêlé.
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On disait communément qu'une personne était au seuil de la mort, comme s'il existait une frontière tangible entre les deux et moribond pût demeurer suspendu sur ce seuil. Seulement, jamais dans ce genre de circonstances elle n'avait eu la moindre difficulté à définir de quel côté se trouvait son patient. Quelle que fût la gravité de la maladie, l'été de faiblesse du malade, il restait vivant jusqu'à l'instant où il mourait. On ne pouvait pas tergiverser. Il n'existait pas d'entre-deux..
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L'été, il coupait des roseaux, l'hiver, il fabriquait des paniers, et tout le monde venait lui en acheter, car c'était un bon artisan et il ne vendait pas cher sa production. Il n'avait pas d'enfants qui pussent le décevoir, pas d'épouse pour le tourmenter, ni aucune autre femme pour lui briser le cœur. Il était taiseux sans être morose, saluait très agréablement tout le monde, et ne se disputait avec personne. Il n'avait pas de dettes. Aucun vice avéré ou supposé. Un matin, il entra dans le fleuve, des pierres plein les poches. Quand son corps heurta une barge qui attendait son chargement à quai, on alla visiter son cottage, où l'on trouva des pommes de terre dans une jarre de pierre, et du fromage. Il y avait aussi du cidre dans un flacon, et sur la cheminée une blague à tabac à moitié pleine. Sa disparition sema la consternation. Il avait du travail, à manger, de quoi se détendre : que pouvait-il désirer de plus ?
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Il était une fois une auberge paisiblement installée sur les berges de la Tamise à Radcot, à une journée de marche de la source. Les auberges étaient nombreuses en amont du fleuve à cette époque, et partout on pouvait s'y soûler, mais outre le cidre et la bière qu'il convenait d'y trouver, chacune présentait une spécificité. Le Red Lion à Kelmscott était réputé pour la musique : les bateliers y jouaient du violon le soir, et les fromagers y chantaient des complaintes sur l'amour perdu. A Inglesham, il y avait le Green Dragon, havre de contemplation fleurant le tabac. Si vous étiez joueur, le Stag à Easton Hastings était parfait pour vous, mais si vous préfériez les ambiances bruyantes et querelleuses, rien ne valait le Plough, aux abords de Buscot. Le Swan, à Radcot, possédait lui aussi sa spécialité. On s'y rendait pour écouter des histoires.
(...)
Ce soir-là était rassemblé tout ce que le Swan comptait d'habitués. Terrassiers, planteurs de cresson et mariniers, pour la plupart, Beszant le réparateur de bateaux était là lui aussi, ainsi qu'Owen Albright, qui avait descendu le fleuve jusqu'à la mer un demi-siècle plus tôt, et en était revenu deux décennies plus tard, sa fortune faite. Désormais, Albright souffrait d'arthrose, et seules une bonne bière et des histoires parvenaient à apaiser la douleur qui lui rongeait les os. Ils étaient tous là depuis la tombée de la nuit, à vider et remplir leurs verres, à taper leur pipe pour la garnir de tabac au puissant arôme, et à raconter des histoires.
(...)
Vous savez dorénavant tout ce qu'il faut savoir, l'histoire peut commencer.
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