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Critique de Pietro38


Tuer le fils est à ce jour le roman le plus attachant de Benoît Séverac. Un polar pétri d'humanité sur le thème de la relation père-fils. Mais pas seulement. Benoît Séverac raconte aussi et surtout le quotidien d'un groupe du service Police criminelle du SRPJ de Versailles. Vous vous attacherez très vite à Grospierres, Nicodemo, et Cérisol, le chef du groupe. Un homme expérimenté qui adore la confiture et sa femme Sylvia, devenue aveugle à cause d'une maladie orpheline. Une femme de caractère qui n'a jamais baissé les bras, malgré son handicap, et qui permet à Cérisol de garder le cap. Tant bien que mal. Car le commandant le reconnaît bien volontiers, sans la remarquable lucidité de sa femme, il y a bien longtemps qu'il serait devenu facho. En parlant de facho, Patrick Fabas, un veuf solitaire vient d'être retrouvé mort.

En apparence un suicide par pendaison, mais immédiatement Cérisol et ses hommes adhèrent à la thèse du meurtre maquillé en suicide. Et très rapidement, un premier suspect est identifié, qui n'est autre que le fils de Patrick Fabas, Matthieu. Il s'avère que celui-ci vient tout juste de sortir de prison après avoir purgé une longue peine pour meurtre. Un meurtre homophobe. Sorte d'offrande faite à son père violent, qui le méprise et le rabaisse depuis toujours. Matthieu a voulu prouver à son père raciste et homophobe qu'il était bien un homme, un vrai. Mais cela n'a pas suffi, bien au contraire. Et la haine du fils envers son père, qui ne lui a pratiquement jamais rendu visite en prison, n'a cessé de grandir.

Et donc fort logiquement, Matthieu se retrouve sur le banc des accusés. Mais le policier Grospierres, l'un des collaborateurs de Cérisol, émet de sérieux doutes sur sa culpabilité. Et nous lecteurs aussi, tant Benoît Séverac parvient à maintenir ce doute tout au long de son récit remarquablement construit.

Entre comédie légère et polar noir, l'auteur trouve un équilibre parfait. L'humour souvent présent contraste avec cette tragédie familiale qui met en scène un père violent, cynique, méchant et un fils qui a perdu sa mère très tôt et a fini par commettre l'irréparable. Un fils tyrannisé par son père ne pouvait pas développer une estime positive de lui-même, et a fini par trouver une forme de rédemption dans l'écriture.

Je ne vous en dis pas plus et vous laisse le soin de lire ce très bon polar, bien mené, et bien écrit, dans un style agréable, posé, et limpide. Avec en toile de fond une analyse pertinente du métier de flic sous l'angle psychologique. Et sans parti pris. Bref, tout sonne juste dans ce roman réaliste qui met en scène des personnages plus vrais que nature.

Lien : http://www.conseilspolarsdep..
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