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Roger Duchêne (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070379354
380 pages
Gallimard (11/10/1988)
3.45/5   97 notes
Résumé :
Madame de Sévigné est devenue un grand écrivain presque sans le vouloir et le savoir. Ses lettres sont nées de sa conversation
vive, enjouée, coulant de source dont elle a pu conserver, à l'intention de ses correspondants, la succulente spontanéité. Lettres de la ville, lettres de la cour, lettres de Bretagne, lettres au cousin Bussy. Lettres surtout à sa fille, les plus belles après le départ de Mme de Grignan pour la Provence, où son mari était nommé lieu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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N.. le 2 juin 2015
A X.., lectrice et voyageuse de Babelio
Phébus m'accable, la chaleur m'alanguit déjà, alors que la saison d'été s'annonce seulement depuis deux jours. C'est à peine si je trouve des forces pour saisir au clavier ma chronique de ce recueil de lettres choisies. Rien, cependant ne saurait me faire reculer devant si noble tâche: il s'agit rien moins que vous rendre compte du plus amusant, du plus impertinent, du plus piquant, du plus étourdissant des récits de la vie de cour, accompagné du plus émouvant, du plus envahissant, du plus affolant des témoignages d'amour maternel.
Ah, ma bonne! Jamais je n'eusse pensé de tels transports possibles entre une mère et sa fille! M. de Grignan qui n'est point un sot ,n'eût pu ignorer que de la gaîté de la fille dépend le bonheur de la mère; aussi laissa-t-il la première libre d'échanger épistolairement tout à son aise avec l'auteur de ses jours. J'ai cependant ouï une rumeur selon laquelle les fréquents séjours de la Marquise de Sévigné à Grignan eussent pu projeter quelque ombre entre les époux.
Qu'importe! Ces lettres sur lesquelles nous pouvons aujourd'hui jeter un regard indiscret font oeuvre de piété familiale autant que d'historiographie. Je gage qu'ils feront encore longtemps les délices des amateurs de beau langage. Je baise vos belles mains, ma chère. Je vous aime d'amitié babeliote et guette avec fièvre vos commentaires. le courrier va partir, Adieu.

Madameduberry
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À l'occasion de la sortie du film sur Mme de Sévigné, je ressors mon vieil exemplaire folio classique pour en lire la préface, que généralement j'ai tendance à ignorer.

J'attends de Roger du chêne qu'il m'apporte quelques appréciations sur la rédaction des fameuses Lettres qui ont fait la gloire de la Marquise.
Cette noble et illustre épistolière, qui a vécu éloignée de la Cour, s'appliqua à faire une chronique à la fois juste et spirituelle de son siècle. Selon Mlle de Scudéry, la Marquise "écrit comme elle parle". "C'est à dire le plus agréablement et le plus galamment qu'il est possible. "
En effet, selon les témoignages, la conversation de Marie de Rabutin-Chantal était "aisée, divertissante et naturelle." Ses contemporains ne tarissent pas d'éloges sur sa vivacité d'esprit, ses remarques spirituelles et originales. Qualités qu'elle conserve en prenant la plume.
Ces qualités ne font pas d'elle une intellectuelle, au sens où on l'entend aujourd'hui. Elle écrit au gré de son inspiration, sans se relire, sans s'efforcer de se donner un style. Les émotions l'animent, elle s'adresse à des amis, à des proches. Ce qui rend ses lettres si vivantes et touchantes.

Ces précisions corroborent l'impression très décevante que j'ai éprouvée devant le film d'Isabelle Brocard, qui nous présente une mère névrosée, dépressive et solitaire.
Les dialogues sont d'une pauvreté affligeante, et les personnages sans nuance.
Le contexte historique est à peine évoqué, alors que nôtre héroïne a vécu intensément les événements de son époque. Ce film ne rend pas justice à cette grande femme de lettres, qui fut un bel esprit tout en conservant son indépendance en ces temps de monarchie absolue.
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Difficile, de nos jours, de mesurer la valeur littéraire des lettres de Madame de Sévigné, comme de goûter la saveur d'allusions à des personnes ou des événements totalement disparus dans les sables du temps. Les notes regroupées en fin d'ouvrage sont aussi nécessaires à la lecture que responsables de coupures incessantes. Demeure l'intérêt de lettres écrites à brûle-pourpoint, sans souci de la postérité, qui trempent les personnages statufiés des livres d'histoire dans le quotidien d'une vie réelle, Condé et Turenne évoqués pêle-mêle entre les coliques de la comtesse de Grignan et les rhumatismes de sa mère. Et c'est ainsi que l'on touche d'un peu plus près une France surplombée d'un monarque divin, échangeant quelques mots d'une amusante platitude avec l'épistolière, au terme d'une représentation d'Esther - du grand Racine - par les jeunes protégées de Madame de Maintenon ; une France où la guerre incessante se déroule aux frontières, balançant les grandes familles d'aristocrates entre la crainte d'une issue funeste et la félicité d'une blessure bénigne assurant un florilège de compliments empressés ; où le passage du Rhin de 1672 occasionne de glorieuses représentations picturales, hautes en couleurs, tout en plongeant Madame de Longueville et le duc De La Rochefoucauld dans une profonde affliction ; où les mariages comme les régiments sont affaires d'argent ; où la question de la prédestination est âprement disputée tandis qu'une femme sur deux meurt en couches, provoquant Madame de Sévigné à faire preuve de volontarisme en exhortant sa fille à éviter les grossesses, tout en restant fataliste en considérant le concours de circonstances qui valut à Turenne d'être fauché par un boulet ; une France, encore, où quelques menus bretons sont exposés publiquement au gibet pour ne pas consentir à toutes les impositions royales, mais où la petite vérole frappe sans distinction toutes les familles. Ainsi, de la disgrâce du surintendant Fouquet au couronnement du prince d'Orange, s'écoule une vie d'un tempérament léger, quoique cerné par la mort, qui eut l'amer privilège de survivre aux complices de son temps : le sulfureux Bussy-Rabutin, le sage La Rochefoucauld, ainsi qu'une autre dame de renom, la comtesse De La Fayette, morte "tristement". Pour illustrer sans fard que tout destin s'inscrit dans les moeurs du temps, mêle la trivialité et le drame, dans une éternelle fin.
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On ne propose que des lettres authentiques,dont les manuscrits sont connus,alors que le Sévigné fictif ou approximatif a pullulé depuis la première édition des lettres de la marquise en 1725
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Je suis retombé, en faisant un peu de rangement, sur tout un tas de ces petits opuscules à usage scolaire au départ. C'est un vrai plaisir de replonger dans ces sélections de textes, et pour Madame de Sévigné, il est facile de "picorer", à l'occasion un texte et de le savourer, avec même un certain nombre d'explications, de notes et d'analyse enrichissantes.
J'ai collectionné depuis des années un bon nombre de ces petits livres, et j'ai tout à coup envie de m'y remettre au fil de mes moments disponibles (Il y en a peu, malheureusement !)
Je vous encourage à vous y intéresser dans les "vides-grenier" ou chez les bouquinistes. Plus personne n'en veut, et pourtant c'est une source de culture et de plaisir. Que demander de plus ?
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Elle avait eu de très bon maîtres : Chapelain et Ménage ; elle avait lu Pascal, Corneille, Racine, La Fontaine ; elle avait entendu Mascaron, Bourdaloue ; elle avait fréquenté un instant le salon de Mme de Rambouillet ; et causait chaque jour avec Mme de La Fayette. Retz et La Rochefoucauld. Cette femme cultivée avait le souci d'écrire comme elle avait l'habitude de parler : avec précision et avec finesse. Elle a l'imagination vive, une grande passion au cœur, elle n'écrit enfin que lorsqu'elle a quelque chose à dire. Elle est d'un siècle où l'on cause. Comme ses séjours en Bretagne lui donnaient tout loisir pour la méditation, ils lui en donnèrent le goût. A Paris, elle cause avec ses amis de mille choses ; aux Rochers, elle lit et réfléchit. Si bien que lorsqu'elle se met à écrire, la lettre est toute prête sans avoir été préparée.

1907 - [p. 21, Notice]
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Il faut que je vous raconte une petite historiette, qui vous divertira. Le Roi se mêle depuis peu de faire des vers ; MM. de Saint-Aignan et Dangeau lui apprennent comment il faut s'y prendre. Il fit l'autre jour un petit madrigal, que lui-même ne trouva pas trop joli. Un matin, il dit au maréchal de Gramont : "Monsieur le maréchal, je vous prie, lisez ce petit madrigal, et voyez si vous en avez jamais vu un si impertinent. Parce qu'on sait que depuis peu j'aime les vers, on m'en apporte de toutes les façons." Le maréchal, après l'avoir lu, dit au Roi : "Sire, Votre Majesté juge divinement bien de toutes choses : il est vrai, voilà le plus sot et le plus ridicule madrigal que j'aie jamais lu." Le Roi se mit à rire, et lui dit : "N'est-il pas vrai que celui qui l'a fait est bien fat ?"-Sire, il n'y a pas moyen de lui donner un autre nom. -Oh bien ! dit le Roi, je suis ravi que vous m'en ayez parlé si bonnement ; c'est moi qui l'ai fait. -Ah ! Sire, quelle trahison ! que Votre Majesté me le rende ; je l'ai lu brusquement. -Non, monsieur le maréchal ; les premiers sentiments sont toujours les plus naturels."Le Roi a fort ri de cette folie, et tout le monde trouve que voilà la plus cruelle petite chose qu'on puisse faire à un faire à un vieux courtisan.
Pour moi, qui aime toujours à faire des réflexions, je voudrais que le Roi en fit là-dessus, et qu'il jugeât par-là combien il est loin de connaître jamais la vérité.
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Au Marquis de Pomponne,
...Il faut que je vous conte une petite historiette qui est très vraie et qui vous divertira. Le roi se mêle depuis peu de faire des vers. MM. de Saint-Aignan et Dangeau lui apprennent comment il faut s'y prendre. Il fit l'autre jour un petit madrigal que lui-même ne trouva pas trop joli. Un matin, il dit au maréchal de Gramont : "M. le maréchal, lisez, je vous prie ce petit madrigal et voyez si vous en avez jamais vu si impertinent : parce qu'on sait que depuis peu j'aime les vers, on m'en apporte de toutes les façons." Le Maréchal, après avoir lu, dit au roi : " Sire, Votre Majesté juge divinement bien de toutes choses; il est vrai que voilà le plus sot et le plus ridicule madrigal que j'aie jamais lu." Le roi se mit à rire et lui dit : "N'est-il pas vrai que celui qui l'a fait est bien fat ? -Sire, il n'y a pas moyen de lui donner un autre nom. - Oh bien ! dit le roi, je suis ravi que vous m'en ayez parlé si bonnement; c'est moi qui l'ai fait. - Ah ! Sire, quelle trahison ! Que Votre Majesté me le rende; je l'ai lu brusquement. - Non, M. le maréchal; les premiers sentiments sont toujours les plus naturels." Le roi a fort ri de cette folie, et tout le monde que voilà la plus cruelle petite chose que l'on puisse faire à un vieux courtisan. Pour moi, je voudrais que le roi en fît là-dessus et qu'il jugeât par là combien il est loin de connaître la vérité.
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A madame de Grignan,
...L'archevêque de Reims revenait hier fort vite de Saint-Germain, comme un tourbillon. S'il croit être grand seigneur, ses gens le croient encore plus que lui. Ils passaient au travers de Nanterre, tra, tra, tra; ils rencontrent un homme à cheval, gare, gare! ce pauvre homme se veut ranger, son cheval ne le veut pas; enfin le carrosse et les six chevaux renversent cul par dessus tête le pauvre homme et le cheval, et passent par-dessus, et si bien par-dessus que le le carrosse en fut versé et renversé : en même temps, l'homme et le cheval, au lieu de s'amuser à être roués et estropiés, se relèvent miraculeusement, et remontent l'un sur l'autre, et s'enfuient et courent encore, pendant que les laquais et le cocher, et l'archevêque même, se mettent à crier : "Arrête, arrête le coquin, qu'on lui donne cent coups." L'Archevêque, en racontant ceci, disait : "Si j'avais tenu ce maraud-là, je lui aurais rompu les bras et coupé les oreilles."
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Le brillant de votre esprit donne un si grand éclat à votre teint et à vos yeux que, quoiqu'il semble que l'esprit ne dût toucher que les oreilles, il est pourtant certain que le vôtre éblouit les yeux.
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