Sous-titre que je propose : réhabilitation de l'Église catholique, méconnue et malaimée.
Jean Sevillia, journaliste au Figaro, reprend pour les pourfendre dix-huit évènements de l'histoire qu'il estime être des mythes. Je n'ai lu que des commentaires laudateurs. Alors tant pis je vais mettre les pieds dans le plat mais je ne suis pas totalement convaincue par la pensée de l'auteur.
Il est certain que l'histoire n'est pas une science exacte et qu'elle est régulièrement utilisée pour justifier des choix ou rassembler autour d'une idée vraie ou fausse. Donc revenir sur des croyances transmises de générations en générations est une bonne idée, encore faut-il que celui qui veut rétablir la vérité soit parfaitement neutre. C'est là que le bât blesse, j'ai des doutes sur son impartialité.
L'ouvrage me parait suivre deux idées : l'Église catholique a été toujours méjugée, accusée de tous les maux, alors que son action n'était que bénéfique ce qui n'était pas le cas de ses adversaires ; la France, à cause de la gauche, méprise son passé et surestime ses erreurs sans reconnaître ce qui a été bienfaisant.
Ainsi par exemple concernant la première tendance, le chapitre sur la croisade contre les Albigeois et l'Inquisition. Selon lui la violence n'était pas du seul côté des catholiques, les Parfaits n'étaient pas non plus des tendres envers ceux qui les avaient quittés. Quant à l'Inquisition, elle aurait été beaucoup plus clémente que la légende noire ne le laisse croire. Bernardo Gui qui a prononcé 930 sentences, n'a condamné à mort que 42 personnes, soit environ une sur sept. Les acquittements et peines religieuses (prières, pèlerinages…) sont au nombre de 425. Il réhabilite aussi Torquemada, et fait un sort à l'image de l'utilisation systématique de la torture, l'inquisition espagnole l'aurait utilisé 12 fois au cours de 300 procès. Tout cela est sans doute vrai, mais la défense systématique de l'Église rend le propos suspect.
Pourtant au détour du chapitre sur l'esclavage, il y est dit que si des papes ont fait des déclarations contre l'esclavage « personne ne les écoute : l'appât du gain est le plus fort. Au royaume de Louis XV, pour ce qui est du silence, les ecclésiastiques ne sont pas en reste. »
J'ai eu en particulier l'impression que selon lui, la religion catholique et surtout son clergé ont été dépréciés à tort alors que tout au long de l'histoire, ce sont les autres, musulmans, protestants, … qui ont été injustes envers elle qui n'a apporté que des bienfaits.
J'ai ressenti la même gène qu'en lisant
Onfray, qui lui chargeait la religion de tous les maux. En soutenant de façon implicite que l'Église catholique est la meilleure chose qui soit arrivée à l'occident, il empêche d'apprécier un livre qui par ailleurs, pour autant que mon peu de culture historique me permette d'en juger, est exact.
Je précise que je ne fais absolument pas partie de ceux qui « bouffent du curé ».
Concernant la deuxième affirmation, par exemple,
Jean Sevillia rappelle que si le commerce triangulaire était une iniquité, l'esclavage n'a pas été inventé par les Européens et que les Africains eux-mêmes, qui le pratiquaient d'ailleurs aussi, ont fourni les contingents. C'est un fait et j'ai apprécié de lire ce qui me semble évident depuis longtemps.
Le chapitre sur la guerre d'Algérie semble remettre aussi les pendules à l'heure sur les responsabilités de chacun. Mais il m'est difficile d'émettre un avis, je ne connais pas ou si peu ce pan de notre histoire.
Mais c'est toujours le côté systématique de défense de l'action de la France et de dénigrement de la gauche qui pousse à s'interroger sur une lecture orientée de l'histoire
Et encore une question quelle est sa légitimité. A-t-il une formation historique ? Sans compter qu'un historien spécialiste de toute l'histoire de France me semble suspect. le fait de critiquer pas mal d'historiens, qui selon lui auraient manipulé les faits tandis que lui tel Saint George terrassant le dragon, aurait mis fin à des décennies de mensonges historiques, me laisse pour le moins perplexe. Je dois dire que j'ai acheté ce livre sans connaître l'auteur me fiant à la qualité de la collection (Tempus).
Quelques affirmations rencontrées qui me semblent manquer de nuances : « ...une même chaine sanglante relie
Robespierre,
Lénine, Staline, et Hitler » p. 221. « Blanqui vieil agitateur » p. 231
Ceci dit je ne regrette pas d'avoir lu cet ouvrage mais avant de souscrire à ce qu'il allègue, je chercherai à creuser à travers d'autres écrits, mais de véritables historiens spécialistes d'une période ou d'un genre.