Lors d'une soirée de lycéens à Coda, une petite ville du Colorado, à la fin de l'été avant d'entrer en terminale Dominic et Lamar, deux garçons de dix-sept ans se rencontrent et finissent la nuit sur le siège arrière de la voiture du premier. Cette rencontre changera leur vie mais au matin Lamar doit rentrer chez lui à Tucson en Arizona. Ils ne connaissent que leur prénom et pendant quinze ans chacun va mener sa vie de son côté, chacun continuant à rêver de cette rencontre, jusqu'au jour ou Lamar afin d'échapper à une relation toxique accepte un poste d'enseignant à Coda. Dépressif, pour ne rien arranger il est harcelé au téléphone, les jours gris se trainent jusqu'au jour ou Dominic apparait. Les deux hommes arriveront-ils à rendre réels leur rêves, Dominic sera-t-il capable de surmonter les préjugés de cette petite ville, de sa famille, tout en préservant sa fille de treize ans ? …
Une nuit passé ensemble lorsqu'on est adolescent peut elle générer un premier amour durable et changer la vie à tel point qu'après quinze ans sans se voir on puisse d'emblée reprendre les choses où on les avait laissées ? C'est l'histoire que l'autrice va nous conter, à travers les aléas des préjugés aux quels on doit faire face dans une petite ville et dans sa famille, surtout lorsqu'elle est nombreuse et envahissante. On se rend compte aussi à travers le récit que les moeurs ont changé en quinze ans et que ce qui était problématique pour des ados dans le passé n'est plus maintenant qu'anecdotique pour la jeune génération.
L'auteur nous entraine dans cette romance, superficiellement mêlée à une enquête sur le harcèlement avec talent. Les personnages sont attachants, bien définis et parfois surprenants, le cadre est réaliste et l'écriture agréable nous incite à tourner les pages avec délectation.
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Si Lamar avait été une fille, ça n’aurait pas été grave qu’on les découvre. Dom aurait pu l’allonger dans l’herbe humide et se laisser guider par la passion. Si un de ses amis les avait vus, il serait reparti. Les aurait sifflés, au pire.
Mais ça, c’était différent.
— Viens, dit Dom en remarquant que ses genoux tremblaient et que son pantalon étranglait son érection.
Il vit la même bosse dans le pantalon de Lamar lorsqu’il l’aida à se relever, ce qui lui donna envie de gémir. De pleurer. De jouir. Encore mieux, de voir Lamar jouir. Dom leur fit traverser le parc, jusqu’à sa voiture. Il ouvrit la porte, renversa le siège avant pour que Lamar passe à l’arrière.
Vite, était sa seule pensée. Vite, vite vite !
— On garde les vêtements ? demandai-je, la poitrine bloquée.
Son sourire s’agrandit.
— Si ça te fait plaisir.
Puis il m’embrassa.
Quinze ans disparurent. Toute une vie de doute, de méfiance, de déni se désintégra en un seul élan de passion aveuglante. Il était parfait. Il était tout ce que j’avais toujours voulu, enfin de chair et de sang, là dans mes bras, à m’embrasser comme si c’était la dernière fois. Comme s’il avait passé ces quinze dernières années à en rêver. Je l’attirai contre moi, approfondis notre baiser. J’espérais déjà qu’il durerait toute une vie. Mais nous étions dans la cuisine, le comptoir était dur contre mon dos.
Cette idée me démoralisait. Ce n’était pas ce que je voulais. Je ne voulais pas que le temps que je passais avec lui soit gâché par la culpabilité du secret. Je ne voulais pas me cacher.
Mais je ne pouvais pas l’aimer ouvertement non plus.
Prisonnier d’une boucle de choix impossibles, je soupirai.
— Mais qu’est-ce que je vais faire ? demandai-je au siège vide à mes côtés.
Il ne répondit pas. Lorsque je me garai enfin chez moi, j’étais aussi tourmenté qu’à mon départ de chez Lamar.
Et j’avais des souvenirs. Que je veuille le reconnaître ou non, ça avait joué dans ma décision. Découvrir que le collège cherchait un professeur avait semblé une intervention divine. Lorsque j’avais dix-sept ans, c’était là que je m’étais découvert. Que j’avais exploré ma sexualité pour la première fois. C’était un lieu qui, dans ma tête, était associé à l’amour, la liberté sexuelle et la découverte.
Un lieu de renouveau.
Dom suivit ce garçon venu d’ailleurs, qu’il venait de rencontrer, avec l’impression que tout le poids de ses dix-sept ans lui avait fait traverser le brouillard de l’adolescence pour atteindre cette parfaite soirée d’août, où la lune presque pleine flottait en un plafond étoilé, où le rire de ses amis et de sa famille s’éloignait derrière eux.