Citations sur Le garçon incassable (44)
Mais le chagrin, Henri, où le mets-tu ? Tes yeux ne pleurent jamais. La tristesse semble ricocher sur toi. Je sais qu'elle entre pourtant, filtrée par ta vision du monde. Alors, dans quel recoin de toi-même l'enfermes-tu ? (p.110)
Henri recommence, plus doucement. ses yeux brillent, il regarde son père comme si son père était Dieu et qu'il lui appartenait exclusivement à lui, Henri; Un regard d'adoration ravie. Ils sont seuls au monde. Ils sont les rois du monde. Je les vois et je pense que mon cœur est atrophié, pas seulement le mien, il en est de même pour tout le groupe humain dont je suis issue : notre cœur est une petite machine sage qui ne produit que des ersatz de sentiments. je n'ai jamais vu un lien aussi fort entre deux personnes. je n'ai jamais vu un père et un fils s'aimer autant; (p.26)
Il y a des gens qui traversent la vie en se faisant des amis partout… tandis que d’autres ne font que traverser la vie.
Mon frère, toi qui peines à enjamber une flaque d'eau, toi pour qui le monde est aussi peu lisible que ce plan que tu tenais à la main, que ferais-tu si te perdais encore ? Et que ferais-tu si c'était la guerre ? C'est idiot, si c'était la guerre, nous serions perdus, apeurés, sans doute aurais-tu moins peur que nous. Toi qui reçois les mauvaises nouvelles comme de la pluie sur tes chaussures, les brimades comme une rafale de vent sur ton visage.
Mais le chagrin, Henri, où le mets-tu ? Tes yeux ne pleurent jamais. La tristesse semble ricocher sur toi. Je sais qu'elle entre pourtant, filtrée par ta vision du monde. Alors, dans quel recoin de toi-même l'enfermes-tu ?
Il y a des gens qui traversent la vie en se faisant des amis partout… tandis que d’autres ne font que traverser la vie.
Sur le chemin du retour, je découvre au milieu des pierres des galets étranges, rouge sombre, rayés ou quadrillés de lignes grises. Certains sont de très grande taille, d'autres ressemblent à de gros oeufs, d'autres encore sont en forme de poire ou de stylo, amis quelle que soit leur forme, leurs arrondis sont parfaits. J'en prends un dans ma main, intriguée par ce rouge foncé et la ligne grise qui le traverse, toute droite, et soudain je comprends que c'est un morceau de maison que je tiens dans la main ; deux briques assemblées par du ciment et polies depuis trente-cinq ans par la mer, à la manière d'un glacier, et venant se dissoudre sur la grève. On ne voit plus rien, et pourtant les maisons sont encore là sous nos pieds. Je m'étonne que les promeneurs ne marchent pas les yeux rivés au sol.
Au fil du temps, j'ai vu ces galets rouges devenir de plus en plus petits, de plus en plus rares. La dernière fois que j'ai marché sur cette plage, je n'y ai trouvé que quelques allumettes rouges, à peine de la taille d'un pouce. En cinquante ans, les ruines avaient presque fini de se dissoudre.
Aucune phrase au monde n’est plus proche de ce qu’elle ressent à cet instant, juste avant que son bébé n’apparaisse. Rien de plus, je ne pourrais rien demander ni espérer de plus, merci, oh merci, Dieu, qui que vous soyez, merci. De chaque côté de son visage, des larmes de gratitude lui coulent dans les oreilles. Personne ne les voit, ils sont tous occupés à faire apparaître ce bébé qu’elle attend depuis cent ans, et qui arrive, du fond des âges, de sa galaxie personnelle. Oh, petit garçon, puisses-tu être incassable.
Dans le monde du spectacle,a buster, c'est une chute,une chute spectaculaire. Joseph ne sait pas encore, mais il vient de changer de nom.
Joseph regarde la porte et attend que sa mère apparaisse. Comme elle n'apparaît pas, il va voir à quatre pattes si elle est derrière. Il y a un couloir. Les doigts de Joseph sont si petits qu'ils pourraient presque se coincer dans les interstices du parquet. Il essaie d'attraper les yeux sombres dans les dessins du bois, mais ils se dérobent.
Il y'a des gens qui traversent la vie en se faisant des amis partout ... tandis que d'autres ne font que traverser la vie.