L’affaire Seznec appartient à ces énigmes judiciaires qui ont défrayé la chronique et qui, pour ma part, m’a totalement fascinée. Coupable ou innocent, il est en tout cas évident que Guillaume Seznec est devenu le héros malgré lui d’une affaire criminelle qui revêt une grande part d’ombres aujourd’hui encore.
En 1924, Guillaume Seznec, breton du Finistère, est condamné aux travaux forcés à perpétuité dans les bagnes de Guyane après avoir été reconnu « coupable de faux en écriture privée et du meurtre de Pierre Quéméneur ». Ce dernier, conseiller général du Finistère, s’était associé à Seznec pour revendre à l’Union soviétique des voitures Cadillac rétrocédées à la France par l'armée américaine après la Première Guerre mondiale. En 1923, au cours d’un voyage d’affaires auquel prenaient part les deux hommes, Pierre Quéméneur disparaît et son corps n’est jamais retrouvé. Seznec, qui dit l’avoir vu pour la dernière fois à Dreux, clame son innocence. Pas de corps, pas de preuves, pas d’aveux … pourtant Seznec restera 20 ans au bagne. En 1947, après avoir bénéficié d’une réduction de peine de dix ans, il rentre en métropole.
Toute cette affaire a été longuement reprise par le petit-fils de Guillaume Seznec, Denis Le Her-Seznec, dans son livre « Nous les Seznec ». Véritable contre-enquête, son livre met en exergue tout le flou qui a entouré l’enquête et l’instruction de l’affaire. Ses investigations révèlent surtout que la justice a failli en de nombreux domaines.
Son deuxième livre, « Seznec le Bagne », revient sur les conditions de vie et de détention dans les bagnes de Guyane. A partir de l’histoire de son grand-père, mais aussi de témoignages, de rencontres et d’archives, Denis Le Her-Seznec nous révèle toute la réalité de cet enfer. Chaque année, environ mille deux cents forçats de France arrivaient en Guyane. Pour autant, l’effectif des forçats n’augmente pas… Les maladies et les assassinats se chargeaient de maintenir un quota « acceptable ». Là-bas, toutes les conditions se côtoient : voleurs à la petite semaine, assassins, escrocs en tous genres, petits délinquants, meurtriers sadiques. Pour garder ces hommes, des surveillants et des gardiens venant eux-mêmes de tous les bords, certains encore plus véreux que ceux qu’ils surveillent. Heureusement, au milieu de cet enfer, se tend parfois une main secourable : un médecin, un autre détenu, un surveillant. Tous sont des hommes, avec leurs vices et leurs qualités. Tous survivent dans un milieu inhospitalier qui pousse les plus faibles à la déshumanisation.
Remarquable document, « Seznec le bagne » mêle donc l’histoire familiale de Denis Le Her-Seznec à celle de la justice française. Le récit est vivant et touchant, terrible le plus souvent. En revenant sur ces vingt années de détention de son grand-père, Denis Le Her-Seznec ravive la mémoire du bagne, tare indélébile dans l’histoire du pays des droits de l’homme, où on accueillait les détenus par cette phrase : « Ici, ce n’est pas tout à fait l’enfer mais c’est déjà le purgatoire. Bienvenue au bagne ! »
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Ecrit par le petit fils de Guillaume Seznec , Denis LE HER , pour lui rendre hommage et le réhabiliter , ce livre manque un peu d'impartibilité. Il faut le voir comme un témoignage.
D'abord sur une affaire judiciaire très complexe et ensuite sur le monde du bagne.
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Au-delà de la honte d'avoir eu un voleur, un faussaire, un escroc ou un assassin parmi leurs parents, ces personnes expriment le remords, transmis pendant plusieurs génération, d'avoir renié et abandonné un père, un grand-père, ou un grand-oncle parce que celui-ci avait été condamné aux travaux forcés. 80 % des bagnards, effectivement, n'ont plus reçu aucune nouvelle des leurs, dès la première année.
Guillaume Seznec fut condamné aux travaux à perpétuité en novembre 1924. Il passa plus de 20 ans au bagne de Cayenne, et malgré les souffrances, il fut l'un des rares à en revenir vivant. Denis Seznec a déjà publié deux livres sur son grand-père : "Seznec, le bagne" et "Nous, les Seznec". L'ouvrage qu'il publie aujourd'hui rassemble près de 200 photos, venant d'archives familiales ou glanées au cours d'une enquête personnelle qui a conduit Denis Seznec à travers toute la France et en Guyane. Au delà de son combat incessant pour la réhabilitation de son grand-père, Denis Seznec dévoile avec ces photos une période sombre de l'histoire française.
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