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EAN : 9782205066395
288 pages
Dargaud (19/11/2010)
4.19/5   218 notes
Résumé :
Le Chat du Rabbin essaye de répondre à une question fondamentale : peut-on apprendre la torah à un chat, fut il doué de parole ?
La réponse est une fable savoureuse, d'une intelligence rare qui réjouira les amateurs d'Orient, de jolies femmes et de métaphysique.
Sfar, qui est né lui-même dans une famille juive, met en scène une communauté juive du début du XXe siècle, à Alger. Dans un décor luxuriant de tissus, carrelages et tapis orientaux, il plant... >Voir plus
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La Bar-Mitsva – Parce que le perroquet du rabbin Sfar était trop bruyant, le chat l'a goulument croqué. Il y a gagné la tranquillité, un bon repas et la parole. le voilà bien décidé à faire sa bar-mitsva pour prouver au rabbin qu'il peut fréquenter sa jolie fille. « Je lui dis que si je suis un chat juif, je veux faire ma bar-mitsva. » (p. 16) le rabbin enseigne donc le Talmud au chat. Mais avec la parole vient la fin de l'innocence et le début des ennuis. le chat est menteur et insolent et bien incapable de garder sa langue dans sa poche. Mais que ne ferait-il pas pour retrouver la tendre compagnie de sa douce maîtresse. « Ça vaut le coup de ferme sa gueule pour être heureux. » (p. 42)

Ce premier volume des aventures du chat du rabbin pose le décor : nous sommes en Algérie, au début des années 1930. le rabbin respecte la loi judaïque. Son affection pour Zlabya, sa fille, confine au laxisme et la demoiselle s'enivre de romans et de théâtre français. Voici donc pour les personnages principaux. Dans ce premier volume, nombreux sont les phylactères qui comprennent le verbe « dire » ou ses synonymes : la bande dessinée de Joann Sfar est une allégorie de la parole, voire de la Parole. Dire, c'est faire et ce n'est pas le chat qui prétendra le contraire.

Le Malka des Lions – le rabbin a reçu deux lettres. La première est de son cousin, le Malka des Lions, un sage qui arpente le désert et protège des fauves. La seconde est du Consistoire israélite français : pour être agréé en tant que rabbin, il doit prouver qu'il maîtrise la langue française et se soumettre à une dictée. « Pour faire la prière en hébreu à des juifs qui parlent arabe, ils veulent que tu écrives en français. » (p. 68) le rabbin doit pratiquer et il demande au chat, affectueux bien qu'impertinent, de lui faire la dictée d'ouvrages français. « Si vous voulez, je peux chercher une fable composée uniquement d'animaux cashers. » (p. 67) Hélas, l'examen officiel semble mal se passer et le chat désespère. Perché sur une fenêtre, il prononce plusieurs fois le nom de Dieu pour attirer la miséricorde céleste sur son maître. Pour cet ouvrage verbal, il perd le pouvoir de se faire comprendre : il parle toujours, mais on n'entend que des miaulements. Pendant ce temps, dans la maison du rabbin, un mariage est sur le point de se nouer.

Ce deuxième tome donne de nombreuses informations sur la religion juive, sa culture et ses traditions. L'Algérie telle que la décrit Joann Sfar est haute en couleurs et en verbe. le chat qui perd la parole rappelle l'épisode de la tour de Babel : pour avoir voulu s'approcher trop près du Seigneur, les hommes ont été punis et chaque peuple parle un langage que l'autre ne comprend pas.

L'exode – La belle Zlabya a épousé un jeune rabbin qui a fait ses classes en France. Pour le voyage de noces, tout le monde (même le chat) embarque pour l'Hexagone afin de rencontrer la famille du gendre. Mais le voyage ne sera pas de tout repos. « Tu crois que ça me fait plaisir cet exode ? Tu t'imagines que je suis heureux que le mari de ma fille, il l'emmène chez les eskimos ? » (p. 114) Une fois à Paris, la colère du vieux rabbin est à son comble et il part seul dans Paris, son chat sur les talons, à la découverte d'une ville inconnue et d'un mode de vie bien étrange. C'est l'heure du doute et des questions au Seigneur.

Le shabbat tient une grande place dans ce troisième épisode : le respecter ou non semble démarquer le bon du mauvais juif. Mais c'est toujours avec humour, voire dérision, que Joann Sfar présente la religion juive. À la suite du rabbin et de son matou qui n'a rien de gouttière, on patauge dans le caniveau parisien, sous des pluies torrentielles, bien loin des chaleurs épicées de la ville algérienne.

Le paradis terrestre – le chat du rabbin suit le Malka et son lion dans le désert. le Malka raconte ses histoires : entre mythe et vérité, la frontière est mince. le Malka est une légende vivante dont la réputation traverse les pays et déplace les dunes. Au coeur des oasis, on découvre une loyauté animale plus forte que les contingences humaines. « Je vous aime parce que vous êtes vulnérables. Je vous aime parce qu'il faut bien que quelqu'un vous aime. […] Et ceux qui ne t'aiment pas seront toujours plus nombreux. » (p. 203) Malheureusement, dans les villes, l'antisémitisme va croissant. Mais c'est compter sans le Malka qui, du bleu des ses yeux qui ont tout vu, transperce les âmes.

Ce quatrième album est mon préféré sur les cinq : il a des airs de contes des mille et une nuits et un parfum exotique plus prononcé que les autres. le chat y est moins central, mais sa présence discrète est vraiment celle que l'on attend d'un félin domestique.

Jérusalem d'Afrique – le mari de Zlabya s'est fait expédier des textes religieux de Russie. Dans la boîte qui contient les livres, il trouve un Russe juif qui fuit l'Union soviétique et cherche à rejoindre l'Éthiopie et ses mythiques juifs d'Afrique noire. Étrangement, le chat comprend la langue russe et se fait entendre du réfugié. Se décide alors une folle équipée à travers le désert, pour remonter aux origines du judaïsme. « Quelle preuve avons-nous que nos ancêtres avaient la peau claire ? / La preuve, c'est que regarde : les Noirs, ils ont l'esclavage, les Juifs, ils ont les pogroms. C'est lourd à porter. Alors imagine un peuple qui aurait les deux à la fois, c'est pas possible. » (p. 242) Cette expédition vers la Jérusalem d'Afrique est à la fois loufoque et mystique. le chat est du voyage, comme toujours.

Au début de ce dernier volume, Joann Sfar a des mots courageux. « Pendant longtemps, j'ai pensé qu'il était superflu de faire un album contre le racisme. Il me semblait que c'était une évidence, qu'il ne fallait pas enfoncer les portes ouvertes. Les temps changent, semble-t-il. Tout a sans doute été dit, mais comme personne n'écoute, il faut recommencer. » (p. 208) Je n'en dirai pas plus pour vous laisser apprécier la profondeur de ce bel album. Juste un mot sur la présence de Tintin qui s'avère être, comme je m'en doutais, un parfait crétin.

****

Le chat est un héros élégant, un brin poseur et désabusé, mais toujours en quête de caresses et de tendresse. « Je suis le chat du rabbin. Il m'arrive des tas de choses. Par exemple, une fois, je suis allé à Paris et il a plu. Alors je suis rentré chez moi, en Algérie. » (p. 157) Mais le félin ne prend pas toute la place : il s'efface, file sous une table et laisse se dérouler sans lui d'autres histoires.

Cette intégrale est un vrai bijou : outre le grand plaisir de lire les cinq albums d'un trait, j'ai particulièrement apprécié l'humour fin et parfois cynique de l'auteur. Son dessin est particulier, avec des traits vifs et nerveux. La couleur explose sur la page et donne l'impression d'un souk qui ne cesse jamais de s'activer. Les cinq albums constituent une version moderne et ironique de l'Ancien Testament, avec ses légendes, ses cantiques d'amour et ses récits édifiants.
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Prendre un dimanche pour lire l'intégrale des 5 albums "Le Chat du Rabbin", quel luxe ! Quel moment rare !
Ce qui est drôle, c'est que cette BD trône dans ma bibliothèque depuis des années, que je l'ai ouverte dans l'espoir de pouvoir cocher la case du Multi-défi 2017 "Livre dont l'action se passe au Moyen-Orient" et que je découvre que presque toute son action se passe en Algérie.
Tant pis pour le défi... mais tant mieux pour moi.
Car cette BD est délicieuse d'humour, de provocation, d'ouverture pluri-religieuse, de remise en question des croyances et pratiques monothéistes, de rencontres décapantes !
Entre mythe, conte et réel, on voyage aux côtés d'un chat sage et savant, tantôt multilingue, tantôt silencieux, mais toujours perspicace, pertinent et subtil.
Les cases dessinées sont assez inégales. Parfois le trait est précis, net, coloré. D'autres fois, le flou choisi laisse grand place à notre imagination. Cela est surprenant mais ne gêne en rien sa lecture.
Une fort sympathique lecture qui me permet, une fois de plus de découvrir avec plaisir ce 9ème art à mes yeux si méconnu et d'approfondir mes connaissances des cultures géographiques, ethniques et religieuses.
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Le Chat du Rabbin de Joann Sfar. Cela fait un petit moment que je voulais découvrir cette BD et je suis tombée sur le dessin animé qui en a été tiré à la télévision. J'ai beaucoup aimé l'humour et l'impertinence de ce chat ainsi que le dessin de Joann Sfar.
Je suis donc ravie d'avoir pu découvrir enfin la BD grâce à une amie qui me l'a prêtée et d'un coup puisque c'est l'intégrale, 5 volumes en une seule fois.
Le 1er tome : La Bar-Mitsva est particulièrement délicieux. D'une part parce que les personnages se mettent en place et que le chat après avoir croqué un perroquet bien trop bavard se met lui-même à parler. Et comme il se considère comme un chat juif (son maître est le Rabbin et sa maîtresse adorée, sa fille), il veut passer sa Bar-Mitsva. Les échanges entre le Rabbin et le chat sont délicieux, plein de malice et d'à-propos et j'y ai pris un très grand plaisir.
J'ai aimé cette BD de bout en bout, bien que certains volumes m'ont paru un peu moins bons, en tout cas m'ont un peu moins plu. Mais j'ai aimé ce regard à la fois tendre et plein d'humour mais aussi doté d'un certain réalisme et d'un recul bienvenu, sur la communauté juive d'Alger, ses relations avec les Arabes, les Français... C'est un beau message d'ouverture et de fraternité teinté d'autodérision.
Il y a un autre tome qui m'attend « Tu n'auras d'autre Dieu que moi ».
Suite donc au prochain épisode !
A découvrir.
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Petit séjour chez ma mère. Mes yeux s'évadent vers les étagères pleines de livres. Et je tombe sur quoi ? le Chat du Rabbin !
J'en avais entendu parler, d'autant plus parce que cette bande dessinée a été adaptée au cinéma, sous forme de film d'animation.

Heureuse donc d'avoir jeté mon dévolu sur cet album, qui regroupe cinq titres : La Bar-Mitsva, le Malka des Lions, L'Exode, le Paradis Terrestre, et Jérusalem d'Afrique.
Une bonne lecture sur la religion, mais aussi plus largement sur l'humanité, la vie, et en dernier lieu sur le racisme.
Le chat du Rabbin, ainsi que tous les autres personnage (le Rabbin lui-même, sa fille et bien d'autres) nous font réfléchir à tout cela.

Il ne me reste plus qu'à visionner l'adaptation.
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Au travers d'un dessin sensible et expressif Johan Sfar nous introduit dans un Alger des années 20 plein de poésie. La sensuelle et rêveuse Szlabya, fille du Rabbin Sfar, possède un chat qui est amoureux d'elle. le jour où le chat dévore le perroquet de la maison, il se met à parler et lui déclare son amour. Mais comment un chat peut-il épouser une femme ? En devenant un bon juif ? il demande alors faire sa bar mitsva afin de d'être digne d'épouser sa maîtresse. Mais il n'est pas si simple de lui faire accepter les principes de la loi mosaïque car notre chat à un esprit fin et aiguisé qui lui fait poser les bonnes questions... D'aventures en aventure le chat du Rabbin nous invite à réfléchir, sur la religion, l'amour, la liberté, la dignité... un parcours philosophique passionnant d'autant plus qu'il est conduit par des personnages hautement sympathiques le Rabbin en tête.
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
On a suivi la dame. Le curé est venu avec nous car je crois qu'il avait toujours rêvé de monter dans une voiture de sport.
- On pourra jamais se payer une voiture comme ça, nous, mon Père.
- Remercions le Seigneur qui nous permet d'y poser les fesses au moins une fois.
- Voilà.
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« Je suis le chat du rabbin. Il m’arrive des tas de choses. Par exemple, une fois, je suis allé à Paris et il a plu. Alors je suis rentré chez moi, en Algérie. » (p. 157)
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Il se met en tête de nous enseigner une méthode pour dessiner des Noirs.
« Vous voyez, ce qui fait la spécificité du Nègre, c’est la courbure de l’angle facial ».
Mon peintre ne comprend pas les phrases compliquées mais il a bien saisi le sens du dessin.
« C’est la base du travail.
Ça ne sert à rien de dessiner d’après nature si vous n’avez pas de rudiments de théorie anatomique ».
Il corrige l’angle facial de l’autre artiste. C’est la deuxième fois que je le vois se servir d’un autre outil que de ses pinceaux.
A chaque fois que j’ai vu ce type cogner sur quelqu’un c’était à bon escient.
« Il ne faut pas te mettre dans un tel état pour si peu. J’en ai entendu des pires que ça, des conneries, tu sais ».
« Hm…. »
« Sauvages ! »
« Dans pays moi, eux faire mêmes dessins sur Juifs ».
« Alors on s’est bien trouvés ».
« Mon amour ».
« Oui ».
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Mon maître lui dit : « Je te rends le chat, tu as le droit de l’avoir ».
Elle demande : « Il a réussi son examen de bar-misva ? »
Le rabbin dit que cette histoire de bar-mitsva ne rime à rien.
Tu as le droit d’avoir le chat mais il ne doit plus t’adresser la parole.
Je fais comme a dit mon maître.
Rrrrrrr !
Je me conduis comme avant, comme un vrai chat.
Ma maîtresse sait que je la comprends, que je peux parler.
Mais elle sait que je ne lui parlerai plus jamais.
C’est la condition si je veux rester avec elle.
Ça vaut le coup de fermer sa gueule pour être heureux.
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Propos liminaires de l'auteur dans le dernier album :
« Pendant longtemps, j’ai pensé qu’il était superflu de faire un album contre le racisme. Il me semblait que c’était une évidence, qu’il ne fallait pas enfoncer les portes ouvertes. Les temps changent, semble-t-il. Tout a sans doute été dit, mais comme personne n’écoute, il faut recommencer. » (p. 208)
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Vidéo de Joann Sfar
Le dessinateur et auteur de bandes dessinées Joann Sfar, et le réalisateur japonais, Rintarô, échangeaient ensemble lors de notre 51 édition sur ce qui fait leurs points communs dans le cinéma et, plus largement, dans l'art de la création.
Un échange animé par Fausto Fasulo. _____________
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