Quatorze nouvelles de l'écrivain Yakoov Shabtai, considéré comme un des plus grands auteurs de la litterature israélienne contemporaine.
Presque toutes, mise en scène dans le Tel-Aviv des années 40, une période assez particulière de l'histoire du pays, elles nous immergent dans l'intimité de personnages coincés entre coeur et raison,passé et présent, tradition et modernité, fanatisme religieux et agnosticisme...où les relations,l'amour,la foi..en apparence,se font et se défont,avec légèreté et insouciance;mais au fond de leur conscience,l'imbroglio entre le Bien et le Mal les ronge.
Les Oncles(des vrais et des faux), La Grand-mère (probablement celle de l'auteur) et la mort (qui revient,même sous forme de suicide,comme le cours normal de la vie,le destin) sont les constantes de ces récits.
L'éventail des sujets est vaste,un vieil homme vient faire une proposition de mariage à la grand-mère du narrateur,tout est dans le non-dit,la grand-mère n'a aucune envie d'une troisième tentative ( Une proposition de mariage) / L'oncle Shmuel,l'homme caméléon aux multiples talents (Oncle Shmuel) / Oncle Peretz, fervent communiste qui s'envole avec l'amour (Oncle Peretz s'envole) / Les mésaventures d'un charlatan perdu dans ses réves de grandeur ( Un léopard trés particulier)... impossible de vous raconter toutes ces belles histoires que j'ai beaucoup aimé sans exception.
Shabtai écrit avec empathie et compassion,il n'y a aucun faux espoir.Le fond est profond,la forme, simple,l'humour est discret. Terrassé d'une crise cardiaque en 1981, à l'âge de 47 ans, il est malheureusement peu connu en dehors de son pays ,et c'est un grand dommage! Je ne peux que vous conseiller de vite le découvrir à travers ce très beau receuil!
P.s.Ayant lu le livre en anglais ,les noms des nouvelles mentionnées sont ma propre traduction.
Je suis resté immobile sous la lumière opaque, une main dans la poche, l'autre tenant une cigarette, l'ombre d'un sourire doux aux lèvres. J'ai essayé de reconstituer son image à partir de fragments épars : les cheveux souples couleur de noix, la belle joue, le dessin de lèvres, le regard franc, la ligne du cou, la saillie douce de la clavicule, le galbe de la jambe avec le tendon fin de la cheville, tels que je les avais aperçus de dos.
"True tenderness there's no aping,
It tells, though it hardly stirs,
No use your carefully draping
My shoulders and breasts in furs.
And no use your abjectly serving
First-love talk which reassures.
How well I know these unswerving,
These ravenous looks of yours!"
True tenderness by Anna Akhmatova (La nouvelle,True tenderness)
Lentement, telle une feuille qui se détache d'un arbre, dans un geste plein de confiance, elle pose sa tête sur mon épaule. Je reste impassible et lui lance un regard du coin de l'œil. Un rayon de soleil très clair s'infiltre entre les branches, illuminant ses cheveux et sa tempe.
Nancy dort et je veille.
Ces mots, "Je m'envole. Je m'envole", roulaient sans fin dans la tête de l'oncle Peretz et ses yeux se portaient vers la profondeur du ciel. Il n'arrivait toujours pas à décider si le ciel était le firmament vers lequel on s'envole ou bien un gouffre dans lequel on tombe.
L'automne arriva. Le dôme vert du poinciana fut anéanti en une nuit et le squelette de ses branches tortueuses qui atteignaient le bord du balcon apparut. A travers lui l'on pouvait voir les vestiges de ses corymbes, cramoisis et fiers, éparpillés sur la pelouse maigre et noircie.
Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.