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EAN : 9782752905789
336 pages
Phébus (10/03/2011)
4.15/5   220 notes
Résumé :
Préface de Paul-Emile Victor.
Avec des photographies de Franck Hurley.

Août 1914, la Grande Guerre éclate. Mais Sir Ernest Shackleton s'est lancé dans une toute autre bataille : la traversée du continent Antarctique de bout en bout. Et de l'échec - total - de cette tentative, il va faire une victoire : la plus stupéfiante épopée de toute l'histoire de l'exploration polaire. Leur navire, l'Endurance, bientôt broyé par les glaces, Shackleton et s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Il y a un an jour pour jour, le 9 mars 2022, un petit drone sous-marin a retrouvé l'épave de l'Endurance après bientôt 107 ans de vie aquatique par 3000 m de fond. Pour celles et ceux qui ignorent tout de cette goélette et des hommes qui vécurent à son bord, on pourrait questionner l'opportunité et l'intérêt de cette découverte.

En ce qui me concerne, il y a bien plus d'un an que je m'intéresse au bonhomme Shackleton — depuis 2015 pour être précise — et cette découverte n'a pas particulièrement eu d'incidence sur moi ni sur mes lectures le concernant, notamment celle-ci, qui remonte à des lustres. Mais, reprenons la question pour celles et ceux qui ignorent tout de ce bateau et de l'histoire dont il fut, bien involontairement, le douloureux protagoniste.

Pourquoi irait-on dépenser des sommes folles à rechercher une épave coincée sous la banquise antarctique si c'était juste pour retrouver des vieux bouts de bois et de métal oxydé, incrustés d'algues et d'étoiles de mer depuis plus d'un siècle ?

Eh bien tout simplement parce que les hommes qui furent pris dans les glaces à bord de ce bateau, l'Endurance, ont réalisé l'un des plus grands exploits humains — pour ne pas dire LE* plus grand — de tous les temps, un de ces actes de bravoure qui vous redonne foi en l'espèce humaine, une leçon d'espoir et de courage à méditer pour des siècles et des siècles. le genre de péripéties qui vous fait dire : « Ceux-là étaient des grands, ceux-là étaient des braves. »

(* J'ai écrit plus haut « LE plus grand exploit de tous les temps », encore que j'imagine qu'atteindre Hawaï ou la Nouvelle-Zélande, pour les premiers habitants issus de la Polynésie, notamment des Marquises, dans l'insondable immensité du Pacifique, en couvrant plusieurs milliers de kilomètres par des courants contraires sur une pirogue à balancier et sans outil de navigation, ça devait bien valoir aussi un peu quelque chose.)

Ils voulaient découvrir le continent antarctique mieux que personne : ils n'y poseront même pas le pied ; ils voulaient donner à connaître la Terre : ils ont donné à connaître l'Humanité, ils nous ont fait découvrir une potentialité insoupçonnée de l'Humain, sa formidable résistance dans les pires conditions d'adversité imaginables. Et ce qui est beau, surtout, c'est qu'il s'agit d'un exploit collectif, fruit d'une collaboration optimale entre une poignée d'hommes décidés à mettre leurs forces en commun plutôt que de viser le chacun pour soi.

Quel exemple que cet équipage de l'Endurance ! Quel meneur que cet Ernest Shackleton, commanditaire de l'expédition ; quel capitaine que ce Frank Worsley, le skippeur de l'Endurance et, plus tard, du canot James Caird ; quel incroyable officier que ce Tom Crean, qui les accompagna jusqu'au bout faisant preuve d'une force et d'un courage exceptionnels ; quel second que ce Franck Wild qui, par son calme et sa sagesse, a su tenir la baraque au pire moment de découragement possible, et tellement, tellement d'autres exploits individuels parmi les autres membres de l'expédition, du charpentier de marine au cuisinier, qui, tous, tous, à un moment donné, par leur action décisive, ont permis la réussite de l'ensemble.

Eh bien, c'est le détail de cette incomparable aventure que nous raconte Sir Ernest Shackleton dans ce livre, ces presque deux ans de vie — ou de survie — coincés sur la banquise dérivante de l'Antarctique, ou sur l'île désolée de l'Éléphant, sans oublier, bien sûr, le broyage du bateau par les puissances titanesques de la glace travaillée par les blizzards et les courants profonds, la navigation parmi des vagues hautes comme des immeubles, pour trois malheureuses coquilles de noix, cernées par l'ouragan, dans le froid polaire, sans eau potable ou presque, dans une quasi obscurité…

Et c'est tout ? euh… non, ce n'est pas tout, j'allais presque oublier le principal, parcourir à six dans un canot les plus de mille kilomètres qui séparent une chiure de mouche sur les cartes de l'Atlantique sud, d'une autre chiure de mouche, à peine plus grande, ballotés sur un océan déchaîné, à la pire période de l'année, avec des outils de navigation rudimentaires, aborder une île — la Géorgie du sud — aussi aimable qu'une quintuple rangée de barbelés d'une tranchée minée, sachant, bien évidemment, qu'il faudra escalader la charmante insulaire hérissée de monts à pics et de glaciers monstrueux car l'aide, si aide il y a, se trouve de l'autre côté de l'île, dans un petit port baleinier, logé dans une baie abritée du rivage opposé.

Eh bien, oui, tout ça, ils l'ont fait, et même encore plus que ça. le détail en est révélé dans ces pages, qui se lisent très facilement et avec grand intérêt. Personnellement, j'aurais aimé que Shackleton nous offre un récit un peu plus émotionnel, un peu plus détaillé sur l'environnement et la psychologie des différents membres de l'équipage, un peu moins distancié des événements, c'est le tout petit, le minuscule reproche que je lui adresse, d'où ces quatre étoiles et non cinq, mais pour le reste, une aventure époustouflante qui mérite vraiment le détour d'après moi. Mais bien entendu, ça n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand chose.
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Jusqu'où peuvent être repoussées les limites de l'endurance humaine ? Il y eut un navire qui portait justement le nom d' « Endurance », et dont l'odyssée prouva qu'elles peuvent aller très loin. A l'âge héroïque de l'exploration de l'Antarctique, l'expédition fut lancée juste avant la première guerre mondiale par un capitaine anglais du nom d'Ernest Shackleton. L'objectif était de traverser le continent de mer à mer, en passant par le pôle.

Mais rien ne se passa comme prévu. Avant même d'être arrivé en vu du continent, le bateau fut pris dans les glaces. Pendant dix mois ils dérivèrent avec la banquise, incapable de se libérer. Il fine, la pression sur le bâtiment l'écrasa, et ils durent l'abandonner pour survivre. Tantôt trainant avec eux leurs canots tantôt naviguant sur l'eau libre, ils parvinrent à gagner l'île de l'Eléphant, petite montagne gelée et inhospitalière au beau milieu de l'océan Australe. Ayant perdu le gros de leurs réserve de nourriture, ils survécurent en mangeant les rares phoques et pingouins qu'ils pouvaient attraper.

Nul secours n'étant à attendre, Shackleton prit la décision de tenter avec quelques hommes une traversée jusqu'en Géorgie du Sud, la plus proche terre habitée : 1500 km à travers la mer la plus dangereuse du monde, dans une coquille de noix de sept mètres de long, rafistolée et pontée avec des morceaux de caisses…

Les souffrances qu'ils supportèrent et les dangers qu'ils bravèrent sont simplement hallucinants. le plus impressionnant reste cependant que jamais le groupe ne perdit sa cohésion et sa discipline, et fit toujours face aux pires épreuves avec résolution et courage. Au final, pas un seul homme de l'expédition ne mourut.

Le ton avec lequel Shackleton raconte tout cela prouve que le célèbre flegme britannique n'est pas une légende. C'est avec calme que lui et ses camarades font face au danger, et avec humour qu'il raconte leurs dures conditions de vie et qu'il constate leur stupéfiante capacité d'adaptation. Serions-nous encore capable aujourd'hui d'endurer autant d'épreuve avec autant de courage ? Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas Koh Lanta qui vous le dira.
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Les 50èmes hurlants, c'est ce que va devoir affronter Shackleton. Son expédition a foiré. D'abord les glaces précoces ont empêché le débarquement pour une première, la traversée de l'Antarctique. S'ensuit un hivernage au cours duquel l'Endurance est broyé par la débâcle, 260 jours de dérive sur la banquise, les fissures au dégel, le camp sans cesse déménagé sur des îlots de plus en plus restreints, secoués par la houle du sud et enfin l'embarquement des 28 hommes dans trois canots, l'accostage sur l'inhospitalière île de l'Elephant où un deuxième hivernage s'avérerait problématique.

Seul espoir, partir chercher de l'aide sur un frêle canot avec quelques hommes, 1500km à l'Est sur l'île de Géorgie du sud.

Récit factuel, total dénuement où le moral est vital, humour anglais, une chanson fredonnée, la majesté d'un iceberg, le bonheur de sucer un glaçon quand l'eau potable vient à manquer.
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"On va finir un peu tard ce soir ma puce"
En entendant le ton doucereux de mon collègue au téléphone qui calme son épouse inquiète de nos aléas professionnels, j'ai une pensée pour madame Shackleton qui attendait son mari parti vagabonder des mois, voire des années durant, sans smartphone, parmi les glaces antarctiques.

Ce type et les gars de son équipe n'étaient pas des pétochards.
De quel bois étaient-ils faits ?

Incroyable, passionnante odyssée que cette expédition qui tourne à l'échec puis à la catastrophe.
On pourra regretter quelques longueurs lorsque Shackleton retrace ses difficultés à passer la banquise mais il s'agit d'une sorte de journal de bord et non d'un roman.
Shackleton s'en tient au faits et aux hommes qui se révèlent extraordinaires de courage, d'entêtement, d'abnégation et de loyauté.

Quand on réalise que la majorité de ceux qui échappèrent aux mille périls de ces contrées glacées perdirent la vie quelques mois plus tard dans une tranchée, sous les obus de l'effroyable hécatombe odieusement appelée "Grande Guerre".
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Woooh !...
À la veille de la première guerre mondiale, vingt-huit marins d'un côté et une trentaine de l'autre embarquent pour l'Antarctique, dans le but de réaliser la première traversée du continent Blanc.
Une organisation du tonnerre contrecarrée par la glace, le blizzard et la nuit polaire, qui entraînera les explorateurs, dans une tourmente de près de deux ans pour certains.
On ne peut imaginer les terribles privations, la peur et les souffrances qu'ont enduré ces marins tout au long de leur odyssée; et Shackleton a la pudeur de nous ménager. Il nous fait voir cependant la bravoure et la persévérance de ses hommes, déterminés à survivre, et maintenus par l'espoir chaque jour plus ténu, de retourner à la civilisation. Car si l'Antarctique est sans doute magnifique, comme le dépeint l'auteur entre paysages de glace et de neige sublimes, parhélies et autres étrangetés des jours et des nuits polaires, il n'en est pas moins un monde que l'homme ne fait qu'effleurer, tant celui-ci est impropre à la vie humaine.

Récit d'expédition, d'exploration, d'aventure, grandiose, le style est parfois laconique comme l'a exprimé CVolland dans sa critique. Je pense que l'auteur, conscient de s'adresser à un public plus familier du plancher des vaches que de l'océan, a limité leurs apparitions, mais fidèle à ses états de service, les positions, longitudes, latitudes, les dates, heures, rapports sur l'état du ciel et de la mer, sont omniprésents à la lecture.

Il a un terme pour parler de l'âge des premières expéditions polaires ; et celui-ci me paraît tout à fait approprié : HÉROÏQUE.

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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Les rations suffisaient à nous entretenir en vie; mais nous nous sentions tous capables de manger trois fois plus. La ration d'un jour ordinaire consistait en une demi-livre de phoque et trois quarts de pinte de thé pour déjeuner, un hannock de quatre onces avec du lait pour le lunch, et trois quarts de pinte de ragoût de phoque pour souper. C'était très juste, même avec le peu de travail que nous fournissions. Naturellement pain et pommes de terre manquaient complètement. Quelques-uns souffraient plus que d'autres de ces privations, et le thème "nourriture" devint l'unique sujet de leur conversation; mais la plupart d'entre nous trouvaient qu'à trop parler de la chose, on ne faisait que développer un appétit impossible à satisfaire. Cela dit, notre désir de pain et de beurre n'était pas une fantaisie, mais bien un besoin de l'organisme.
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"Notre îlot de glace a été jusqu'ici notre meilleur ami, mais maintenant il est capable à tout moment de se briser et de nous jeter tout au fond de la mer insondable. "
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Ce jour-là, le cuisinier, qui avait si bien travaillé sur la banquise et pendant le voyage, s'affaissa soudain. J'étais à la cuisine à ce moment-là et le vis tomber. Je l'emmenai dans sa tente et le mis dans son sac de couchage, avec ordre à ses compagnons de tente de ne pas l'en laisser sortir sans ma permission ou celle des docteurs. Je le remplaçai aux fourneaux par un homme qui avait exprimé le désir de se coucher par terre et de mourir. La tâche difficile et fatigante d'entretenir le feu éloigna ses idées noires. Je le retrouvai un peu plus tard, surveillant gravement le séchage d'une paire de chaussettes - naturellement pas lavées - pendue à proximité de notre lait du soir. L'occupation avait ramené ses pensées aux petits soucis de l'existence.
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Notre îlot de glace a été jusqu'ici notre meilleur ami , mais maintenant il est capable à tout moment de se briser et de nous jeter tout au fond de la mer insondable .
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Enfin nous nous retrouvions sur un terrain sec. Impossible de reprendre la corde. D'en haut nous avions jeté la doloire, le livre de loch et la casserole, enveloppés dans une de nos blouses. C'était, avec nos vêtements trempés, tout ce que nous rapportions de l'Antarctique, où nous nous étions engagés un an et demi auparavant avec un bateau bien gréé, un équipement fourni et d'immenses espoirs. C'était tout, en fait de choses tangibles ; mais en souvenir nous rapportions des richesses. Nous avions pénétré le placage extérieur des choses. Nous avions souffert et triomphé, rampant par terre en cherchant à saisir la gloire, grandissant au contact de l'immensité. Nous avions vu Dieu dans sa splendeur, entendu la voix de la Nature. Nous avions touché l'âme humaine dépouillée de tout artifice.

À TRAVERS LA GÉORGIE DU SUD.
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Vidéo de Ernest Shackleton
Tombe de Shackleton Visite de la tombe de Shackleton à Grytviken, Géorgie du Sud.
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