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EAN : 9782264060525
504 pages
10-18 (17/04/2014)
4.13/5   354 notes
Résumé :
« Ma mère est morte deux fois. » C’est par ces mots qu’Esma, jeune femme kurde, commence le récit de l’histoire de sa famille née sur les rives de l’Euphrate et émigrée à Londres en 1970.

L’histoire, d’abord, de sa grand-mère dans le village de Mala Car Bayan, désespérée de ne mettre au monde que des filles, elle qui sait combien la vie ne les épargnera pas. L’histoire de sa mère, Pembe la superstitieuse, et de sa tante, Jamila la guérisseuse, sœurs j... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (61) Voir plus Ajouter une critique
4,13

sur 354 notes
Jolie construction de petits bouts de vie autour du couple formé de l'Istanbuliote Adem fils d'ivrogne et de la jumelle Kurde Pembe dont la mère est morte en accouchant sa neuvième fille, leur émigration à Londres, leurs trois enfants, la destruction d'Adem addict aux jeux et aux femmes, le faux pas de Pembe et l'honneur que leur fils Iskender se doit de laver, la prison.

Avec Elif Shafak on voyage, Londres, Istanbul, mais on voyage surtout dans la tête de ses personnages, qu'ils soient homme, femme, enfant, vieillard, généreux, vulnérable... tel le mystique Zeeshan, compagnon de cellule, la guérisseuse Jamila ou l'amour tendre et platonique du jeune Yunus pour la punk Tobiko. Ainsi le livre serait beau même sans le crime et son incroyable dénouement.

Et pour moi, sa créativité, généreuse, qui semble sans effort est un véritable cadeau!
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Entre traditions et modernité, culture et exil, Elif Shafak construit petit à petit une oeuvre à part, où les histoires de famille au destin marquant révèlent des personnages pris dans des conflits qui les dépassent, entre sentiments personnels et devoirs vis-àvis de leur communauté. Son écriture incisive faite à la fois de vocabulaire précis et de métaphores bien concrètes porte ces destins jusqu'à l'extrême de leurs situations, les croisant et les entrecroisant dans la montée du drame, comme dans un kaléidoscope à multiples facettes. Hommes, femmes, parents et enfants s'aiment et se confrontent sans cesse, se cherchent et se fuient , pris dans l'engrenage de leurs amours, de leurs amitiés, des influences et des rencontres qui forgent leur destin, communauté turque et kurde en exil à Londres.
"Crime d'honneur" est l'histoire d'une femme qui sera assassinée par un jeune homme qui la croit infidèle à son mari, mais c'est surtout l'histoire de cette communauté prise en étau entre liberté occidentale et valeurs propres. Les personnages sont riches, profondément humains, et leur histoire sonne juste d'un bout à l'autre. On est pris dans cette histoire comme dans un tourbillon qui nous entraîne au-delà de nous-mêmes, au-delà des choix que nous sommes tous un jour ou l'autre amenés à faire et qui sont pour certains, beaucoup plus difficiles et douloureux que pour d'autres. Ce n'est pas le livre de Shafak que je préfère, mais c'est tout de même superbe, éblouissant d'intelligence des êtres et des situations.
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Une histoire que je ne saurais définir mais qui m'a pris mon coeur, me l'a écrasé pour me le redonner tout en morceaux…chacun des thèmes abordés m'a touché au plus profond de moi, je ne savais plus quoi faire à part penser à cette histoire, à ces personnages, à cette chose…bref ce livre est un coup de coeur qui m'a brisé en mille morceaux.

L'auteur nous présente une panoplie de personnages différents, on se perd un peu au début pour ensuite s'y retrouver et comprendre que chaque Homme est une histoire, que chaque Homme a son importance…au final je me suis attaché à chacun de ces personnages parce qu'ils ont tous leur raisons, leurs histoires, parce qu'on a tous un coeur brisé ! Quand on lit ce livre on se dit qu'il n'y a pas de notion de bonheur qui peut exister parce que tout n'est que faux…

On a aussi le fait générateur de l'auteur pour nous raconter toute cette histoire…il faut dire qu'elle est horrible, glaçante…mais si elle se contentait de raconter le fait dans un style journalistique, ça l'aurait resté, mais le pire c'est qu'elle tente de comprendre, d'expliquer, de voir comment ça s'est passé…ça en devient juste trop émouvant, haletant et surtout, on se sent impuissant face à toute cette histoire qui se déroule telle une machine infernale !

Elif Shafak, écrivaine turque a la renommée quasi-mondiale. Je me demandais bien ce qui faisait cette renommée et je m'étais acheté quatre de ces livres pendant un de mes voyages en Turquie et conséquence, je viens tout juste de la lire. Résultat ? Elle a une plume splendide, moi qui ne trouvait pas le turque excessivement beau du point de vue littéraire, j'ai changé d'avis puisque quand c'est bien écrit, c'est beau et même très !

Durant toute ma lecture, ce livre est devenu une obsession. Je pensais à Iskender, à son histoire, et je trouve que mes moments préférés (ou j'étais le plus triste quoi et le plus à fond dans l'histoire…) c'était surtout dans les lettres d'Iskender. Son histoire est bouleversante, on ne sait même plus comment réagir face à lui, l'apprécier, le détester…que faire ? On ne sait pas, et ça nous trouble et nous fascine encore plus…

PS : Il faut savoir que j'ai bien pleuré en lisant ce livre surtout en lisant les lettres de certains personnages qui sont justes bouleversantes vu le contexte…

J'ai adoré la trame narrative ! On fait des espèces de saut dans le temps parfois alors que parfois c'est linéaire, j'avais un peu peur de m'y perdre, mais on s'y retrouve assez vite. Et les points de vue puzzle qui se complète est encore meilleur puisque ça nous permet de tout comprendre et de remplir le puzzle qu'on a en nous.

La fin !! Je ne m'y attendais pas du tout, mais pas du tout…je ne sais pas si d'autres lecteurs s'y attendaient, mais moi, PAS DU TOUT ! Elif Shafak m'a choqué, m'a surpris, elle m'a fait espérer avant de me remettre dans un gouffre, à cause de ce livre, je suis passé à travers toute la panoplie des sentiments existants…bref, la fin est bien comme elle est même si j'aurais eu quelques questions à l'auteur si je la vois !

Après quelques temps de réflexion, il me vient à l'idée que cette fin est super bien fait, qu'elle insiste encore plus sur l'aspect message social de ce livre, que ce livre n'est pas une « simple » histoire (comme dans la réalité) mais surtout une fiction qui permet d'insister sur quelque chose qui permet de montrer l'horreur de la situation. Si vous ne m'avez pas vraiment compris, je vous comprends, il faut que vous lisiez le livre.

Il ne faut pas oublier l'aspect message social de ce livre. Il n'est pas clairement dit, mais on le comprend aisément. le crime d'honneur, acte horrible qui détruit des familles surtout à cause des malentendus, des problèmes de communications, à cause de valeurs qui ne sont même pas bafoués…bref un très beau message à travers une histoire brisante !

A part le crime d'honneur, il y a encore de nombreux sujets traités comme les parents, les enfants, les relations entre enfants-parents, la famille…brève un peu de tout ça pour faire cette histoire touchante au possible.

Pour terminer, je vous conseille ce livre. Il est à lire si vous voulez découvrir une histoire émouvante, triste, magnifiquement bien écrite (pour la traduction, je ne peux rien dire…) pour découvrir la vie d'Iskender…

- Ce livre est unique -
Lien : http://letteraturaa.wordpres..
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Etre Européen, et lire un roman d'Elif Shafak, c'est remettre en question sa propre culture, avoir l'impression qu'elle est complètement incohérente et pervertie. Ce « Crime d'honneur » c'est un peu ça: nous faire comprendre des coutumes qui ne sont pas les nôtres, des règles que nous ne connaissons pas, nous faire accepter que notre mode de vie est largement questionnable et qu'il y a des valeurs que nous avons oubliées en cours de route.

Elif Shafak nous plonge au coeur des traditions et des cultures kurdes et turques, lorsqu'elles sont confrontées à un monde qui n'est pas le leur, celui de l'Occident, de l'Angleterre. On prend véritablement la mesure de ce que c'est que de vivre dans une contradiction permanente, chercher à maintenir son identité et ses valeurs, face au laxisme d'une société qui nous pousse au vice.

La famille d'Esma a beau être atypique, on s'y attache, à chacun d'eux, chaque personnage, malgré ses contradictions et ses faiblesses, puisque chacun d'entre eux au final a des raisons d'être ce qu'il est, des circonstances atténuantes. On se laisse porter par l'histoire, persuadé que dès le début, on n'a tout compris. En fait, les indices ont beau être disséminés tout au long du récit, on ne comprend rien du tout, et on hallucine jusqu'à la fin.

Magistral.
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Le roman s'ouvre sur Esma en 1992, à Londres, qui s'apprête à aller chercher son frère à sa sortie de prison. Elle rumine, elle imagine la suite, elle se repasse le film... Parce que si son frère est en prison, c'est parce que c'est un meurtrier.

Voilà, le décor est planté, on sent qu'on ne va pas rigoler.

Grâce à une construction format puzzle, baladant le lecteur, à coup de chapitres courts, de la Turquie à l'Angleterre, des années 40 à l'année 1992, c'est toute la problématique de la place de la femme dans la culture kurde qui se pose. Les relations de couple, l'accès à l'éducation, le rôle de mère,... tout est abordé à travers une famille que l'on pourrait pourtant presque qualifier de moderne sous certains aspects, pas religieuse pour un sou. Sans compter que la moitié de l'intrigue se déroule à Londres où une partie de la famille a émigré et tente de s'intégrer bon an mal an.

Je découvre la plume d'Elif Shafak avec ce roman que j'ai beaucoup aimé. L'histoire de cette famille sur deux générations était très intéressante et la fluidité de l'ensemble a permis une lecture aisée. La psychologie des personnage est bien construite à travers différentes techniques y compris un aspect épistolaire qui s'intègre parfaitement à l'ensemble.
Les thèmes abordés restent d'actualité aujourd'hui, 30 ans après le moment où se situe le temps présent du roman. Au-delà de la question bateau de la cohabitation de cultures différentes, l'autrice aborde aussi subtilement les mécanismes activés ou qui font défaut, et qui peuvent entrainer certains jeunes sur une pente radicale là où le contexte n'y était a priori pas spécialement favorable. le fait d'avoir mis le focus sur une fratrie dans laquelle chacun a évolué différemment a partir d'un postulat de départ assez similaire (quoique le diable se cache parfois dans le détail) était assez crédible.

Je ne manquerai pas de découvrir un autre roman de cette intéressante autrice à la plume très agréable.
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critiques presse (1)
LaPresse
10 juin 2013
Ce roman est intense et parfois déroutant. D'autant qu'il est un peu difficile à suivre, au début, à cause de nombreux aller et retour dans le temps. Au fil des pages, tous les morceaux du puzzle finissent par se mettre en place.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (90) Voir plus Ajouter une citation
Les humains sont des êtres curieux. Ils trouvent les insectes répugnants, mais se disent chanceux quand une coccinelle se pose sur leur doigt. Ils détestent les rats, mais affectionnent les écureuils. Révulsés par les vautours, ils sont impressionnés par les aigles. Ils méprisent les moustiques et les mouches, mais s'émerveillent devant les lucioles. Alors que le cuivre et le fer ont leur importance en médecine, ils ne leur prêtent guère d'attention, mais ils vénèrent l’or. Ils ne remarquent même pas les pierres sur lesquelles ils marchent et deviennent fous devant les pierres précieuses.
Il sembla à Jamila que, dans tout ce qu'ils faisaient et pensaient, les humains choisissaient quelques favoris à aduler et rejetaient franchement le reste.
Ils étaient loin de comprendre que les choses qu'ils n'aimaient pas étaient aussi essentielles au cycle de la vie que celles qu'ils chérissaient. Dans ce monde, chaque créature est destinée à défier, changer et compléter autre chose. Un moustique n'est pas moins important qu'une luciole, le cuivre que l'or. C'est ainsi que Dieu, le Grand Bijoutier, a conçu l'univers.
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Chaque fleur, chaque pierre recelait un secret divin infusé par Dieu. Les gens s'en rendaient rarement compte. Ils regardaient du gui et ne voyaient qu'un parasite enserrant un tronc, pas une baie facilitant la circulation sanguine. Confiance. C'était à cela que Jamila devait travailler. Quand les formes de vie vous font confiance, elles vous livrent leurs gecrets. Pas tout de suite. Peu à peu. Vous comprenez alors que telle plante guérit tel mal. Chaque élément de l'univers, si petit ou insignifiant soit-il, a été conçu pour donner la réponse à autre chose.
À chaque problème, sa solution - souvent étonnamment proche. Il suffisait de le voir. Jamila savait voir.
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L'Orateur ouvrit son sac et en sortit deux fascicules.
- Prends ça. Quand tu les auras lus, on reparlera. Dis-moi ce que tu aimes, dans ce qu'ils disent, et n'hésite pas à me faire savoir ce que tu n'aimes pas.
- Esma adore les livres. Je ne lis pas beaucoup.
- Il faut que ça change, dit-il d'un ton qui n'était pas autoritaire mais résolu. L'esprit a besoin d'idées autant qu'une voiture a besoin d'essence pour rouler. Et les idées viennent des livres, en grande partie.
- Oui, tu dois avoir raison.
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- Toi et Yunus, vous voulez toujours que les choses soient simples et faciles, mais le monde est si complexe ! Tout est compliqué.
Nadir fait la moue.
- Oublie le monde ! Jouis, dans ce monde de néant, de la part du plaisir qui te revient. N'attends pas pour cela que les faveurs du ciel te soient retirées.
Je ris malgré moi.
C'est de Khayyâm ?
- Omar Khayyâm, en effet !
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Une fois, après un orage, il était tombé sur des créatures des profondeurs rejetées sur la rive. ça l'avait choqué de voir ces organismes si singuliers sans espoir, après ce déplacement. Au fil des ans, tandis qu'il travaillait dans de nombreuses villes occidentales, il s'était souvenu de cette scène en observant la vie des immigrants de première génération. Eux aussi étaient coupés de leur environnement naturel. Dans leur nouveau cadre, ils avaient du mal à respirer, ils étaient vulnérables, ils attendaient que l'océan les remporte ou que la plage avale leur inconfort, les aide à se faire une place. Elias comprenait ces émotions, car il s'était toujours considéré comme un homme vivant en marge d'autes cultures, mais, fondamentalement, il était différent d'eux. Il pouvait survivre n'importe où, puisqu'il n'était attaché à aucun bout de terre.
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Ce mois-ci Bienvenue au club s'est rendu à Manosque, au club de lecture de la médiathèque d'Herbès, en lien avec le festival des Correspondances de Manosque. Un club un peu particulier puisqu'il accueille un auteur en résidence. Cette fois, c'est Salomé Kiner qui s'est prêtée à l'exercice en soumettant une liste de lecture aux membres.
Ce mois-ci les membres nous parlent de: Je suis une fille sans histoire - de Alice Zeniter aux éditions L Arche Beauté fatale - de Mona Chollet aux éditions de la Découverte Les Vilaines- Camila Sosa Villada aux éditions Métailié La guerre n'a pas un visage de femme - de Svetlana Alexievitch aux éditions J'ai Lu Lait Noir – d'Elif Shafak aux éditions Phébus
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