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4,17

sur 397 notes
Jolie construction de petits bouts de vie autour du couple formé de l'Istanbuliote Adem fils d'ivrogne et de la jumelle Kurde Pembe dont la mère est morte en accouchant sa neuvième fille, leur émigration à Londres, leurs trois enfants, la destruction d'Adem addict aux jeux et aux femmes, le faux pas de Pembe et l'honneur que leur fils Iskender se doit de laver, la prison.

Avec Elif Shafak on voyage, Londres, Istanbul, mais on voyage surtout dans la tête de ses personnages, qu'ils soient homme, femme, enfant, vieillard, généreux, vulnérable... tel le mystique Zeeshan, compagnon de cellule, la guérisseuse Jamila ou l'amour tendre et platonique du jeune Yunus pour la punk Tobiko. Ainsi le livre serait beau même sans le crime et son incroyable dénouement.

Et pour moi, sa créativité, généreuse, qui semble sans effort est un véritable cadeau!
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Bonjour à toutes et tous ! Aujourd'hui je vous invite à faire un tour dans un petit village kurde ! On y va ?

Nous sommes en 1945, Naze met au monde les jumelles Pembe et Jamila, alors qu'elle a déjà six filles et qu'elle voulait tellement un garçon ! Un garçon, c'est tellement plus important qu'une fille !

Et le temps passe, Pembe est mariée et a 17 ans, elle met au monde son fils Iskender…

Pembe finit par partir vivre en Angleterre avec son mari, l'homme que sa soeur Jamila aimait ; Jamila reste au village…

Nous allons suivre les destinées de Jamila et de Pembe (et de ses enfants) ; laquelle est la plus libre, la plus heureuse ? Jamila qui est restée au village et qui est restée fidèle à son premier amour ? Ou Pembe qui rêvait de liberté et d'émancipation et qui s'est marié avec un homme qui ne l'aime pas…

Nous suivons l'histoire de la famille, en pays Kurde ou en Angleterre ; chaque membre de la famille raconte son expérience de son point de vue…

Ce roman raconte la difficile condition des femmes, mais aussi les rêves d'émigration et d'eldorado, vite fracassés contre la réalité ; il est très difficile de s'adapter dans un pays, qui ne vous verra toujours que comme un étranger responsable des difficultés que le pays traverse… Doit-on renier ses racines pour « s'assimiler » au pays, ou doit-on garder ses racines ?

Bref, un magnifique roman sur la difficulté de l'immigration et les conditions de la femme dans certains pays ! C'est divinement bien écrit, et nous prenons conscience que nous ne sommes pas tous égaux selon l'endroit où nous sommes né(e)s…

À lire confortablement installé sur un tapis en laine, en grignotant du Tulumba (beignets imbibés de sirop) accompagné de thé noir. Bonne lecture !



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Entre traditions et modernité, culture et exil, Elif Shafak construit petit à petit une oeuvre à part, où les histoires de famille au destin marquant révèlent des personnages pris dans des conflits qui les dépassent, entre sentiments personnels et devoirs vis-àvis de leur communauté. Son écriture incisive faite à la fois de vocabulaire précis et de métaphores bien concrètes porte ces destins jusqu'à l'extrême de leurs situations, les croisant et les entrecroisant dans la montée du drame, comme dans un kaléidoscope à multiples facettes. Hommes, femmes, parents et enfants s'aiment et se confrontent sans cesse, se cherchent et se fuient , pris dans l'engrenage de leurs amours, de leurs amitiés, des influences et des rencontres qui forgent leur destin, communauté turque et kurde en exil à Londres.
"Crime d'honneur" est l'histoire d'une femme qui sera assassinée par un jeune homme qui la croit infidèle à son mari, mais c'est surtout l'histoire de cette communauté prise en étau entre liberté occidentale et valeurs propres. Les personnages sont riches, profondément humains, et leur histoire sonne juste d'un bout à l'autre. On est pris dans cette histoire comme dans un tourbillon qui nous entraîne au-delà de nous-mêmes, au-delà des choix que nous sommes tous un jour ou l'autre amenés à faire et qui sont pour certains, beaucoup plus difficiles et douloureux que pour d'autres. Ce n'est pas le livre de Shafak que je préfère, mais c'est tout de même superbe, éblouissant d'intelligence des êtres et des situations.
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Une histoire que je ne saurais définir mais qui m'a pris mon coeur, me l'a écrasé pour me le redonner tout en morceaux…chacun des thèmes abordés m'a touché au plus profond de moi, je ne savais plus quoi faire à part penser à cette histoire, à ces personnages, à cette chose…bref ce livre est un coup de coeur qui m'a brisé en mille morceaux.

L'auteur nous présente une panoplie de personnages différents, on se perd un peu au début pour ensuite s'y retrouver et comprendre que chaque Homme est une histoire, que chaque Homme a son importance…au final je me suis attaché à chacun de ces personnages parce qu'ils ont tous leur raisons, leurs histoires, parce qu'on a tous un coeur brisé ! Quand on lit ce livre on se dit qu'il n'y a pas de notion de bonheur qui peut exister parce que tout n'est que faux…

On a aussi le fait générateur de l'auteur pour nous raconter toute cette histoire…il faut dire qu'elle est horrible, glaçante…mais si elle se contentait de raconter le fait dans un style journalistique, ça l'aurait resté, mais le pire c'est qu'elle tente de comprendre, d'expliquer, de voir comment ça s'est passé…ça en devient juste trop émouvant, haletant et surtout, on se sent impuissant face à toute cette histoire qui se déroule telle une machine infernale !

Elif Shafak, écrivaine turque a la renommée quasi-mondiale. Je me demandais bien ce qui faisait cette renommée et je m'étais acheté quatre de ces livres pendant un de mes voyages en Turquie et conséquence, je viens tout juste de la lire. Résultat ? Elle a une plume splendide, moi qui ne trouvait pas le turque excessivement beau du point de vue littéraire, j'ai changé d'avis puisque quand c'est bien écrit, c'est beau et même très !

Durant toute ma lecture, ce livre est devenu une obsession. Je pensais à Iskender, à son histoire, et je trouve que mes moments préférés (ou j'étais le plus triste quoi et le plus à fond dans l'histoire…) c'était surtout dans les lettres d'Iskender. Son histoire est bouleversante, on ne sait même plus comment réagir face à lui, l'apprécier, le détester…que faire ? On ne sait pas, et ça nous trouble et nous fascine encore plus…

PS : Il faut savoir que j'ai bien pleuré en lisant ce livre surtout en lisant les lettres de certains personnages qui sont justes bouleversantes vu le contexte…

J'ai adoré la trame narrative ! On fait des espèces de saut dans le temps parfois alors que parfois c'est linéaire, j'avais un peu peur de m'y perdre, mais on s'y retrouve assez vite. Et les points de vue puzzle qui se complète est encore meilleur puisque ça nous permet de tout comprendre et de remplir le puzzle qu'on a en nous.

La fin !! Je ne m'y attendais pas du tout, mais pas du tout…je ne sais pas si d'autres lecteurs s'y attendaient, mais moi, PAS DU TOUT ! Elif Shafak m'a choqué, m'a surpris, elle m'a fait espérer avant de me remettre dans un gouffre, à cause de ce livre, je suis passé à travers toute la panoplie des sentiments existants…bref, la fin est bien comme elle est même si j'aurais eu quelques questions à l'auteur si je la vois !

Après quelques temps de réflexion, il me vient à l'idée que cette fin est super bien fait, qu'elle insiste encore plus sur l'aspect message social de ce livre, que ce livre n'est pas une « simple » histoire (comme dans la réalité) mais surtout une fiction qui permet d'insister sur quelque chose qui permet de montrer l'horreur de la situation. Si vous ne m'avez pas vraiment compris, je vous comprends, il faut que vous lisiez le livre.

Il ne faut pas oublier l'aspect message social de ce livre. Il n'est pas clairement dit, mais on le comprend aisément. le crime d'honneur, acte horrible qui détruit des familles surtout à cause des malentendus, des problèmes de communications, à cause de valeurs qui ne sont même pas bafoués…bref un très beau message à travers une histoire brisante !

A part le crime d'honneur, il y a encore de nombreux sujets traités comme les parents, les enfants, les relations entre enfants-parents, la famille…brève un peu de tout ça pour faire cette histoire touchante au possible.

Pour terminer, je vous conseille ce livre. Il est à lire si vous voulez découvrir une histoire émouvante, triste, magnifiquement bien écrite (pour la traduction, je ne peux rien dire…) pour découvrir la vie d'Iskender…

- Ce livre est unique -
Lien : http://letteraturaa.wordpres..
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Dans ce roman, l’auteure nous entraîne dans un petit village kurde au bord de l’Euphrate. Elle raconte l’histoire d’une famille de paysans du fin fond de la Turquie, loin de l’agitation des grandes villes.

Avec simplicité et délicatesse, elle montre le visage d’une culture d’un autre âge, où le cours du temps semble s’être arrêté. Familles nombreuses, nécessité d’engendrer des descendants mâles, traditions, religion et superstitions intimement mêlées.

A travers l’enchevêtrement de toutes ces vies, elle aborde également le déracinement culturel, poussé par le besoin de trouver un emploi, de survivre. S’exiler en occident c’est porter sur son dos son passé, ses principes moraux, trainer derrière soi le poids de ses peurs et de ses regrets.

Sans jamais juger ni condamner, Elif Shafak incarne tour à tour le bourreau ou la victime, l’homme ou la femme, les anciens ou la nouvelle génération, celle qui est née dans le nouveau pays et tente d’y trouver sa place.

Difficile de s’intégrer dans une culture qui est en totale opposition avec celle de ces ancêtres. Trouver ses marques sans vaciller, être moderne tout en honorant sa famille.

L’honneur…parlons-en ! l’honneur d’une famille qui tient presque exclusivement à la vertu de ses femmes, mère ou filles, et qui peut conduire à bien des drames, à bien des vies brisées, des malheurs et du chagrin.

Hommes et femmes sont enfermés dans un carcan éducatif dont le schéma se perpétue à travers les générations. Les mêmes principes sont transmis, de mère à enfants, et reflètent les valeurs d’une société. Comme c’est souvent le cas (toujours ?), les règles de bonne conduite sont impitoyables quand elles sont appliquées aux femmes, et bien laxistes quand il s’agit des hommes…

Au final, qu’il s’agisse des uns ou des autres, l’élan du cœur est ignoré, brisé et dévalorisé.

Le regard de l’auteure est comme toujours tellement plein de douceur et d’amour qu’il incite à la compréhension et à l’ouverture d’esprit.

Un sujet délicat abordé avec beaucoup de pudeur, un roman bouleversant…



Lien : http://lebouddhadejade.blogs..
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Etre Européen, et lire un roman d'Elif Shafak, c'est remettre en question sa propre culture, avoir l'impression qu'elle est complètement incohérente et pervertie. Ce « Crime d'honneur » c'est un peu ça: nous faire comprendre des coutumes qui ne sont pas les nôtres, des règles que nous ne connaissons pas, nous faire accepter que notre mode de vie est largement questionnable et qu'il y a des valeurs que nous avons oubliées en cours de route.

Elif Shafak nous plonge au coeur des traditions et des cultures kurdes et turques, lorsqu'elles sont confrontées à un monde qui n'est pas le leur, celui de l'Occident, de l'Angleterre. On prend véritablement la mesure de ce que c'est que de vivre dans une contradiction permanente, chercher à maintenir son identité et ses valeurs, face au laxisme d'une société qui nous pousse au vice.

La famille d'Esma a beau être atypique, on s'y attache, à chacun d'eux, chaque personnage, malgré ses contradictions et ses faiblesses, puisque chacun d'entre eux au final a des raisons d'être ce qu'il est, des circonstances atténuantes. On se laisse porter par l'histoire, persuadé que dès le début, on n'a tout compris. En fait, les indices ont beau être disséminés tout au long du récit, on ne comprend rien du tout, et on hallucine jusqu'à la fin.

Magistral.
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C'est ma première rencontre avec la Turquie et l'un de ses auteurs et je dois que je suis très bien tombée.. Ce livre est magnifique ! Je remercie d'ailleurs la copinaute qui me l'a pioché pour un challenge, parce que c'était sublime. Une histoire très touchant, une fresque familiale qui nous prend aux tripes. Des personnages vibrant de vérité, très bien construits. Un très beau cadeau que nous a fait Shafak avec cette oeuvre.
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Le roman s'ouvre sur Esma en 1992, à Londres, qui s'apprête à aller chercher son frère à sa sortie de prison. Elle rumine, elle imagine la suite, elle se repasse le film... Parce que si son frère est en prison, c'est parce que c'est un meurtrier.

Voilà, le décor est planté, on sent qu'on ne va pas rigoler.

Grâce à une construction format puzzle, baladant le lecteur, à coup de chapitres courts, de la Turquie à l'Angleterre, des années 40 à l'année 1992, c'est toute la problématique de la place de la femme dans la culture kurde qui se pose. Les relations de couple, l'accès à l'éducation, le rôle de mère,... tout est abordé à travers une famille que l'on pourrait pourtant presque qualifier de moderne sous certains aspects, pas religieuse pour un sou. Sans compter que la moitié de l'intrigue se déroule à Londres où une partie de la famille a émigré et tente de s'intégrer bon an mal an.

Je découvre la plume d'Elif Shafak avec ce roman que j'ai beaucoup aimé. L'histoire de cette famille sur deux générations était très intéressante et la fluidité de l'ensemble a permis une lecture aisée. La psychologie des personnage est bien construite à travers différentes techniques y compris un aspect épistolaire qui s'intègre parfaitement à l'ensemble.
Les thèmes abordés restent d'actualité aujourd'hui, 30 ans après le moment où se situe le temps présent du roman. Au-delà de la question bateau de la cohabitation de cultures différentes, l'autrice aborde aussi subtilement les mécanismes activés ou qui font défaut, et qui peuvent entrainer certains jeunes sur une pente radicale là où le contexte n'y était a priori pas spécialement favorable. le fait d'avoir mis le focus sur une fratrie dans laquelle chacun a évolué différemment a partir d'un postulat de départ assez similaire (quoique le diable se cache parfois dans le détail) était assez crédible.

Je ne manquerai pas de découvrir un autre roman de cette intéressante autrice à la plume très agréable.
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Le roman d'une famille kurde qui a du mal à rester unie en exil,certains de ses membres ne pouvant secouer le joug de la
tradition, d'autres choisissant la liberté au prix de leur vie parfois.
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Fille de diplomate, élevée par sa mère, Elif Shafak est profondément enracinée dans la culture turque mais s'enrichit d'autres univers. Ainsi, on retrouve souvent dans ses romans les superstitions et les coutumes orientales mais aussi la défense de la femme et surtout le lien très riche de la mère à l'enfant.
L'auteur dit " J'aime me perdre quand j'écris, me trouver au niveau de mes personnages...". Effectivement, Crime d'honneur nous perd dans les différentes générations pour mieux comprendre le destin d'Iskender, fils chéri de Pembe.
Pembe et Adem quittent Istambul pour l'Angleterre avec leurs deux enfants Iskender et Esma. Yunus, le troisième enfant naîtra ensuite.
L'auteur nous dévoile les sombres histoires des familles d'Adem et de Pembe. Adem a vécu la déchéance de son père dans l'alcool et la fuite de sa mère. La mère de Pembe est morte en couches, espérant enfin mettre au monde un fils après la naissance de huit filles, dont les dernières jumelles, Pembe et Jamila.
Dans chaque famille, il y a la honte de la femme salie que ce soit avec Aïsha, la mère d'Adem ou avec Hediye, la soeur aînée de Pembe. Si la femme est salie, le mari ou à défaut le fils aîné doit défendre l'honneur de la famille.
Lorsqu'Adem se perd dans le jeu et s'installe avec une danseuse, Pembe se retrouve seule avec ses enfants. Si l'homme peut tromper ou mettre enceinte une anglaise, la femme doit rester fidèle et droite.
Dans ce mélange de cultures, ces familles turques ou immigrées, le poids des traditions se trouve confronté à une Angleterre où les extrêmes (punks, immigrés...) cohabitent. Si la jeune génération comme Yunus s'adapte facilement, les mentalités des pères, oncles et même fils aînés évoluent peu. le devoir d'aînesse se jouera mais Elif Shafak qui mêle habilement les histoires des uns et des autres réserve un dénouement inattendu.
Avec une construction originale, l'auteur nous plonge au coeur de liens familiaux troublés par le poids ancestral d'une société patriarcale, enrichis des superstitions orientales. Mais c'est toujours la force du lien entre la mère et ses enfants, les liens familiaux quelquefois renforcés par la gémellité qui sauve les destinées.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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