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4,17

sur 392 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Entre traditions et modernité, culture et exil, Elif Shafak construit petit à petit une oeuvre à part, où les histoires de famille au destin marquant révèlent des personnages pris dans des conflits qui les dépassent, entre sentiments personnels et devoirs vis-àvis de leur communauté. Son écriture incisive faite à la fois de vocabulaire précis et de métaphores bien concrètes porte ces destins jusqu'à l'extrême de leurs situations, les croisant et les entrecroisant dans la montée du drame, comme dans un kaléidoscope à multiples facettes. Hommes, femmes, parents et enfants s'aiment et se confrontent sans cesse, se cherchent et se fuient , pris dans l'engrenage de leurs amours, de leurs amitiés, des influences et des rencontres qui forgent leur destin, communauté turque et kurde en exil à Londres.
"Crime d'honneur" est l'histoire d'une femme qui sera assassinée par un jeune homme qui la croit infidèle à son mari, mais c'est surtout l'histoire de cette communauté prise en étau entre liberté occidentale et valeurs propres. Les personnages sont riches, profondément humains, et leur histoire sonne juste d'un bout à l'autre. On est pris dans cette histoire comme dans un tourbillon qui nous entraîne au-delà de nous-mêmes, au-delà des choix que nous sommes tous un jour ou l'autre amenés à faire et qui sont pour certains, beaucoup plus difficiles et douloureux que pour d'autres. Ce n'est pas le livre de Shafak que je préfère, mais c'est tout de même superbe, éblouissant d'intelligence des êtres et des situations.
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Etre Européen, et lire un roman d'Elif Shafak, c'est remettre en question sa propre culture, avoir l'impression qu'elle est complètement incohérente et pervertie. Ce « Crime d'honneur » c'est un peu ça: nous faire comprendre des coutumes qui ne sont pas les nôtres, des règles que nous ne connaissons pas, nous faire accepter que notre mode de vie est largement questionnable et qu'il y a des valeurs que nous avons oubliées en cours de route.

Elif Shafak nous plonge au coeur des traditions et des cultures kurdes et turques, lorsqu'elles sont confrontées à un monde qui n'est pas le leur, celui de l'Occident, de l'Angleterre. On prend véritablement la mesure de ce que c'est que de vivre dans une contradiction permanente, chercher à maintenir son identité et ses valeurs, face au laxisme d'une société qui nous pousse au vice.

La famille d'Esma a beau être atypique, on s'y attache, à chacun d'eux, chaque personnage, malgré ses contradictions et ses faiblesses, puisque chacun d'entre eux au final a des raisons d'être ce qu'il est, des circonstances atténuantes. On se laisse porter par l'histoire, persuadé que dès le début, on n'a tout compris. En fait, les indices ont beau être disséminés tout au long du récit, on ne comprend rien du tout, et on hallucine jusqu'à la fin.

Magistral.
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Le roman s'ouvre sur Esma en 1992, à Londres, qui s'apprête à aller chercher son frère à sa sortie de prison. Elle rumine, elle imagine la suite, elle se repasse le film... Parce que si son frère est en prison, c'est parce que c'est un meurtrier.

Voilà, le décor est planté, on sent qu'on ne va pas rigoler.

Grâce à une construction format puzzle, baladant le lecteur, à coup de chapitres courts, de la Turquie à l'Angleterre, des années 40 à l'année 1992, c'est toute la problématique de la place de la femme dans la culture kurde qui se pose. Les relations de couple, l'accès à l'éducation, le rôle de mère,... tout est abordé à travers une famille que l'on pourrait pourtant presque qualifier de moderne sous certains aspects, pas religieuse pour un sou. Sans compter que la moitié de l'intrigue se déroule à Londres où une partie de la famille a émigré et tente de s'intégrer bon an mal an.

Je découvre la plume d'Elif Shafak avec ce roman que j'ai beaucoup aimé. L'histoire de cette famille sur deux générations était très intéressante et la fluidité de l'ensemble a permis une lecture aisée. La psychologie des personnage est bien construite à travers différentes techniques y compris un aspect épistolaire qui s'intègre parfaitement à l'ensemble.
Les thèmes abordés restent d'actualité aujourd'hui, 30 ans après le moment où se situe le temps présent du roman. Au-delà de la question bateau de la cohabitation de cultures différentes, l'autrice aborde aussi subtilement les mécanismes activés ou qui font défaut, et qui peuvent entrainer certains jeunes sur une pente radicale là où le contexte n'y était a priori pas spécialement favorable. le fait d'avoir mis le focus sur une fratrie dans laquelle chacun a évolué différemment a partir d'un postulat de départ assez similaire (quoique le diable se cache parfois dans le détail) était assez crédible.

Je ne manquerai pas de découvrir un autre roman de cette intéressante autrice à la plume très agréable.
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Fille de diplomate, élevée par sa mère, Elif Shafak est profondément enracinée dans la culture turque mais s'enrichit d'autres univers. Ainsi, on retrouve souvent dans ses romans les superstitions et les coutumes orientales mais aussi la défense de la femme et surtout le lien très riche de la mère à l'enfant.
L'auteur dit " J'aime me perdre quand j'écris, me trouver au niveau de mes personnages...". Effectivement, Crime d'honneur nous perd dans les différentes générations pour mieux comprendre le destin d'Iskender, fils chéri de Pembe.
Pembe et Adem quittent Istambul pour l'Angleterre avec leurs deux enfants Iskender et Esma. Yunus, le troisième enfant naîtra ensuite.
L'auteur nous dévoile les sombres histoires des familles d'Adem et de Pembe. Adem a vécu la déchéance de son père dans l'alcool et la fuite de sa mère. La mère de Pembe est morte en couches, espérant enfin mettre au monde un fils après la naissance de huit filles, dont les dernières jumelles, Pembe et Jamila.
Dans chaque famille, il y a la honte de la femme salie que ce soit avec Aïsha, la mère d'Adem ou avec Hediye, la soeur aînée de Pembe. Si la femme est salie, le mari ou à défaut le fils aîné doit défendre l'honneur de la famille.
Lorsqu'Adem se perd dans le jeu et s'installe avec une danseuse, Pembe se retrouve seule avec ses enfants. Si l'homme peut tromper ou mettre enceinte une anglaise, la femme doit rester fidèle et droite.
Dans ce mélange de cultures, ces familles turques ou immigrées, le poids des traditions se trouve confronté à une Angleterre où les extrêmes (punks, immigrés...) cohabitent. Si la jeune génération comme Yunus s'adapte facilement, les mentalités des pères, oncles et même fils aînés évoluent peu. le devoir d'aînesse se jouera mais Elif Shafak qui mêle habilement les histoires des uns et des autres réserve un dénouement inattendu.
Avec une construction originale, l'auteur nous plonge au coeur de liens familiaux troublés par le poids ancestral d'une société patriarcale, enrichis des superstitions orientales. Mais c'est toujours la force du lien entre la mère et ses enfants, les liens familiaux quelquefois renforcés par la gémellité qui sauve les destinées.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Crime d'honneur : dès les premières pages du dernier livre d'Elif Shafak, il est clair que toutes les pistes narratives de cette immense saga familiale vont mener à cet acte horrible : le meurtre d'une femme par son propre fils décidé à laver un affront indélébile. Patiemment, la romancière remonte tous les fils d'une histoire qui débute dans un petit village du Kurdistan turc, se pose un temps à Istanbul, avant de se déployer dans le Londres de la fin des années 70 alors que le mouvement punk secoue l'Angleterre avec les riffs des Clash pour bande son. Elif Shafak bouscule la chronologie, passe d'un personnage à l'autre, tous en lutte pour échapper à leur destin, les principaux, loin de leur terre natale, se débattant entre le respect des traditions ancestrales et une hypothétique aspiration à la liberté. La tragédie a ses racines et il faut tout le talent d'une conteuse orientale pour entremêler une douzaine d'histoires sans jamais perdre de vue son thème central. Entre l'honneur et l'horreur, celle d'un crime, Elif Shafak s'insinue dans les interstices, donne de l'ampleur à l'intime, cherche et trouve l'empathie avec des hommes et des femmes qui ont tous et toutes leurs raisons d'agir, que l'auteur détaille sans porter le poids du jugement. Avec Crime d'honneur, la romancière se renouvelle, explore de nouveaux rivages, tout en affinant sa plume, et pétrit la pâte des sentiments humains avec virtuosité et maîtrise.
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Très beau roman choral où l'on retrouve tout le talent, l'humanité et l'intelligence d'Elif Shafak.
Du Kurdistan au Royaume Uni, sur 4 générations, nous suivons une famille à travers ses histoires d'amour, de filiation et d'honneur.
Il s'agit des femmes, de leur place et de leurs droits. Et il s'agit des hommes aussi, de la place et des droits qu'ils peuvent où non donner aux femmes de leur vie. Il s'agit de la difficulté à faire avancer les choses, du chemin qui reste encore à parcourir, dans notre monde, pour qu'une femme puisse vivre avec honneur quelques soient ses choix.
A lire! Petite pépite!
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Dans ce roman, Elif Shafak raconte l'histoire d'une famille kurde émigrée en Angleterre. Pembe, la mère, a grandi dans un petit village au fin fond de la Turquie, Mala Car Bayan. Avec sa soeur jumelle, Jamila, elles sont les 7ème et 8ème filles de la fratrie. Leur mère est au désespoir et espère toujours que Dieu lui permettra de mettre au monde un fils. Mais elle mourra en couches sans avoir vu le "miracle" se réaliser. Pembe rêve de voyages et de contrées lointaines alors que sa soeur se montre plus casanière. Elle épouse Adem, un jeune homme de passage dans le village dont elle n'est pas amoureuse. Lui non plus d'ailleurs. Leur premier enfant est un garçon. Pembe a rompu la "malédiction familiale". Ce premier fils, Iskender, est la prunelle de ses yeux, elle lui passe tous ses caprices et entretient un rapport fusionnel avec lui. Après avoir eu son deuxième enfant, Esma, le couple part s'installer à Londres. C'est dans cette nouvelle ville que naîtra Yunus, le dernier enfant de la fratrie. Cette installation dans un pays étranger avec une culture très différente n'est pas vécue avec la même facilité par tous les membres de la famille. Adem va vite se perdre. Il succombe au démon du jeu jusqu'à perdre la majeure partie de son argent. Il abandonne sa famille pour suivre une belle rousse rencontrée dans un bar. Suite à la désertion paternelle, la famille, bancale, doit trouver un nouvel équilibre. Pembe, maintenant seule avec ses trois enfants, est contrainte de trouver un emploi. Elle découvre alors un monde qui lui était inconnu jusqu'alors. Ses moindres mouvements sont néanmoins surveillés par les membres de la Communauté turque au sein de laquelle elle vit. Iskender, en qualité de fils aîné, se croit investi du rôle de chef de famille. Un rôle bien lourd pour ses épaules d'adolescent. C'est de ce rôle que va naître la tragédie : le meurtre de sa propre mère.

Elif Shafak n'a pas son pareil pour plonger le lecteur dans l'histoire d'une famille sur plusieurs générations. Elle dresse avec brio des portraits singuliers et attachants. le lecteur vit au rythme des difficultés et des désillusions de cette famille. L'auteur aborde la thématique de l'immigration en mettant en avant les difficultés inhérentes aux différences culturelles, sans toutefois, il me semble, tomber dans le jugement. C'est un roman que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire, d'autant plus en raison du "rebondissement" de la dernière partie du livre. Un livre émouvant et passionnant.
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Une histoire qui s'étend sur trois générations, une fresque de destins tissés sur un crime de pression culturelle.
Elif Shafak continue de nous impressionner par son talent de grande conteuse !
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Entre la Turquie et l'Angleterre, comment trouver sa place malgré des différences culturelles évidentes?
C'est sur cette question que repose ce roman. le thème de l'immigration y est abordé avec plein de douceur et d'amour.

Les débuts sont intéressants mais traînent en longueur. Beaucoup de personnages, une chronologie qui n'est pas respectée...J'avoue que j'ai eu du mal à suivre. Je me suis un peu perdue entre les histoires de chacun;

Mais très vite l'histoire s'éclaire. Elle nous enveloppe de douceur et de lumière jusqu'au final auquel l'on ne s'attend absolument pas.

C'est une belle découverte qui déconstruit les stéréotypes visant les migrants. L'auteur nous enrobe d'une pudeur émouvante qui nous amène à réfléchir aux histoire de chacun. Ne jamais juger trop vite sans connaître le passé de chacun...On en ressort grandit.
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J'ai commencé à lire ce livre avec beaucoup de préjugés sur le sujet, les personnages et l'époque. Je n'ai pas honte de l'avouer car tous ont été balayés et cette lecture s'est d'elle-même muée en un véritable coup de coeur. Comment ne pas être chamboulé et transformé par cette oeuvre ?
Les thèmes qui y sont abordés sont forts et importants (l'immigration, la xénophobie, le sexisme) et abordés sous divers angles : l'intégration, la racisme, la misogynie, pour n'en citer que quelques-uns. Mais il y est aussi question d'amour, d'amitié, de la famille ou de grandir.
Les quatre-cent-dix pages ont défilé en un rien de temps. J'ai rarement lu aussi vite. Il faut dire que ce roman est passionnant. le récit nous fait passer de 1992 à 1952, en passant par 1969, 1978 et j'en passe, et ce sur trois générations, sans jamais nous perdre. C'est là un formidable tour de force de l'autrice.
Ce roman est un coup de poing aux idées reçues. Une oeuvre à part, un drame social sur fond de crime(s). Crimes au pluriel car le titre et le résumé en présentent déjà deux : un crime d'honneur et un meurtre.
Les coupables et les victimes sont connus dès le départ. Mais alors, quel est l'intérêt de lire ce roman si l'assassin est déjà connu ? me demanderez-vous. Lisez et vous comprendrez, car l'important dans cette histoire n'est pas tant le crime en lui-même que ses personnages. le contexte socio-culturel et géographique sert à leur évolution. Les drames sociaux (le destin ?) qui les unissent et les désunissent se jouent sur plusieurs générations d'une même famille.
Les personnages sont terriblement attachants et intéressants, qu'il s'agisse de la famille Toprak, des squatteurs ou des autres personnages secondaires. L'autrice nous fait pénétrer leur histoire, leur intimité (les drames qu'ils traversent) avec une pudeur touchante. Elle réussit à construire des personnages vivants en quelques lignes à peine. Même ceux ne faisant qu'une brève apparition acquièrent une présence marquante sous la plume de l'autrice.
Le roman nous fait passer de la chaleur de la Turquie à la grisaille de Londres, et pas seulement en terme de couleurs. La Turquie, c'est le foyer des Toprak, l'enfance, l'union, la joie, la vie. Londres, c'est la ville des ruptures, des drames, de la survie. Si la Turquie représente le pays des contes de fées de l'enfance, Londres est la réalité et le monde des adultes. Ce roman, c'est aussi le roman de personnages qui ont dû grandir trop vite et devenir adultes avant l'heure.
Et la fin... La fin ! J'aurais la sentir venir à des kilomètres mais l'autrice a tellement bien mené son intrigue que je n'y ai vu que du feu. J'ai été scotchée ! Et presque littéralement puisque je ne n'arrivais plus à décoller du livre avant même d'avoir atteint la moitié. Une histoire brisante (pour les personnages mais aussi pour notre pauvre petit coeur) se joue sous la plume brillante de l'autrice.
Décidément, les suggestions de lectures issues d'algorithmes font toujours mouche. J'avais déjà découvert Joyce Maynard et Nicholas Sparks par ce biais, eh bien « jamais deux sans trois » comme le dit le vieil adage : Elif Shafak vient s'ajouter aux très belles plumes que j'ai pu découvrir de cette manière, plumes auxquelles je ne me serais jamais intéressée autrement.
Ce roman mérite d'être lu. Vraiment. Et jusqu'au bout. Plus qu'une oeuvre, un chef-d'oeuvre.
Lien : https://lecturoir.wordpress...
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