AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,93

sur 987 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est simple : j'ai adoré ce roman !

Très beau et touchant, avec beaucoup d'humour - j'ai tout particulièrement aimé les jeux de contrastes et de miroirs entre les personnages; car Elif Shafak a mis en scène des personnages aux opinions (politiques, religieuses,...) très différentes.

Tout d'abord j'ai été embarquée par les portraits de femmes que fait l'auteur. Tant qu'elle nous fait le portrait de ses personnages, plus différentes et atypiques ( mais à la fois familières) les unes que les autres, le rythme du récit est assez nonchalant. Cela m'a donné l'impression d'assister à des moments de vie, un peu comme dans les nouvelles.

Puis les deux adolescentes du roman se rencontrent : Asya et Armanoush. L'une est Turque, l'autre Américaine avec des origines arméniennes. En dépit des apparences, les deux filles se ressemblent bien plus qu'elles ne l'imaginent. Avec cette rencontre, chacune mène sa quête des origines. Les deux ne s'accordent pas toujours sur la place que le passé doit avoir dans l'histoire d'un individu et dans l'histoire d'une nation.
Et là le roman devient juste génial ! Elif Shafak dresse un beau tableau de son pays, une belle mosaïque de gens, de couleurs et de goûts !

En bref, un roman sensoriel et original qui donne des envies d'ailleurs et bien d'autres choses encore - que je vous laisse découvrir !
Commenter  J’apprécie          934
Un roman de femmes qui permet de découvrir la Turquie à travers le destin de la « bâtarde », fille d'Istanbul, et la belle-fille de son oncle, fille d'un Arménien et d'une Américaine.

Les personnages principaux : deux jeunes filles à l'âge de la quête de soi, qui partagent des interrogations communes aux jeunes, qui cherchent à se définir par rapport aux générations précédentes, à trouver à la fois leur individualité et leur place dans leur groupe social. Mais pour une Turque née de père inconnu et une Américaine d'origine arménienne, l'identité c'est aussi la question de la tradition et de la nationalité et ce n'est pas une mince tâche que de se trouver soi-même dans des tribus matriarcales aimantes et protectrices, protectrices aussi de lourds secrets de famille.

Ce n'est pas véritablement un roman historique, mais un roman où le poids de l'Histoire est très présent. le génocide arménien de 1915-16 est évoqué, avec ses conséquences sur la diaspora, mais aussi sur les Turcs dont le pays nie les événements, un pays où la prise de parole peut encore conduire en prison.

Comme la ville qui l'abrite, cette famille stambouliote sans homme est colorée et pleine de contrastes. On respecte les traditions autour de la nourriture, on mange d'ailleurs beaucoup dans ce roman! La religion musulmane est présente, mais on consulte le passé ou l'avenir avec l'intervention de la magie des djinns. On y trouve aussi des femmes qui portent le voile et leur soeur, indépendante, qui travaille court vêtue.

Un bout d'histoire, des intrigues, des émotions féminines dans un pays machiste, dans une ville magnifique qu'on quitte à regret. J'y retournerai volontiers!

P. A. : Merci à la Babeliote Under_The_Moon qui m'a suggéré cette lecture.
Commenter  J’apprécie          751
Cela faisait un moment qu'un livre ne m'avait pas autant emportée (et valu quelques cernes et réveils difficiles car impossible de s'en détacher).

Ce livre est d'une grande finesse :
- l'histoire est subtile malgré la lourdeur des événements (déportation des arméniens, liberté d'expression en Turquie, poids de la religion sur la vie des femmes)
- les personnages sont ambiguës alors qu'il aurait été tellement facile de tomber dans les clichés musulmans, chrétiens, turques...
- la cuisine...mon dieu ! Si les marques essaient encore de perfectionner le marketing olfactif, lisez ce livre et vous verrez comme au fil des pages on sent la cannelle, le sésame, les grenades...
- l'écriture d'Elif Shafak est un enchantement

A cause de ce livre, j'ai envie de me replonger dans l'histoire de l'Empire Ottoman, d'aller en Turquie, d'apprendre le turc et de devenir goûteuse de tous les plats turcs et arméniens !!!
Commenter  J’apprécie          676
Il s'en passe des choses en Turquie ! Encore ce week-end j'ai vu des images à la T.V. : leur président à la tribune. Mais je n'ai vu que ces grandes bannières descendant du plafond jusqu'au sol. Ces grands drapeaux turques : Rouges Sang. Je ne vois plus qu'eux, que peut valoir un discours devant un mur aux drapeaux rouges flottants ? Et soudain, impérieusement, le passé, d'autres bannières, un autre moustachu, vient se superposer. Pardon, cela n'a rien à voir et pourtant : toujours du sang ! Qu'importe quel génocide, quel massacre, quel viol : oh tout ce sang. Oh l'Histoire, les grandes marches, les déracinements. Honni ! le bannissement !

Alors je lis. Après Neige d'Orhan Pamuk, La Bâtarde d' Istanbul, tant qu'ils sont encore disponibles. Vite. Car je pressens les bûchers, question de temps... Mais là j'écris le futur à la plume du passé, avec plein de mâle ressentiment. C'est pourquoi j'ai tant besoin d'Elif Shafak, de sa clairvoyance, de la tendresse de son regard, de son intelligence du coeur, pour tenter, tenter au moins, d'accepter l'espoir d'une réconciliation. Une écriture envoûtante dont les volutes pourraient donner une petite chance à la paix. A saisir, et se ressaisir d'urgence. Ecoutez ceci : "Il fut et ne fut pas un temps dans un pays pas si lointain où des êtres humains aux manières détestables traversaient une époque difficile." p.276 s'en suit et le précède un lumineux roman.

J'ai jadis croisé un Arménien : je comprends le Hai Dat*. Mais bâtir et faire dépendre son identité d'un tiers c'est aussi entraver sa liberté. Moi je n'ai évidemment aucune légitimité pour le dire, Elif Shafak si. Une famille d'Arméniens émigrée à San Francisco, une famille turque à Istanbul comme deux mains qui s'agitent. Se rejoindront-elles ? Quête d'identité des communautés, des familles et au sein même des familles grâce à la culture et la gastronomie, pour se ressourcer, pour se restaurer. San Francisco, Istanbul manger pour combler la faille ? le mal est profond, le danger est grand, mais quand même partager un repas. Partager le goût ! La gastronomie est un plaisir et une ouverture à l'autre, elle est mémoire des générations passées, elle est omniprésente dans le récit. Saveurs, senteurs, son et toucher Elif Shafak gratifie tous nos sens dans cette magnifique traversée.

Véritable hymne à la tolérance, une invitation au coeur des deux cocons familiaux, une magnifique amitié naissante entre Armanoush et Asya, il y a tout dans ce roman y compris, je le suppose, une bonne part autobiographique dans ce solaire portrait d'une figure féministe Zeliha, merveilleuse de dignité. Mais je tremble pour tous ces écrivains turques qui me semblent aussi fragiles que les verres à thé décrits dans le bouquin. p.319 "C'est juste que je n'avais pas misé lourd sur leur durée de vie. Je trouvais qu'ils se brisaient trop vite. Mais apparemment même les verres à thé peuvent durer pour raconter leur histoire." Puisse cela être vrai et le monde d'Elif Shafak se matérialiser.

En attendant le Bosphore fait le gros dos sous le poids des chalands qui le lui labourent dans une impression de quiétude toute passagère, pour combien de temps ? Alors que le bonheur aussi nous tend les mains et que quelque soit notre identité, nous sommes avant tout humain. Ah que ce roman est juste et fait du bien !

*Lutte pour la reconnaissance du génocide
Commenter  J’apprécie          603
Vous avez peut-être remarqué que j'ai un faible pour Istanbul et qu'il suffit que le nom de cette perle de l'Orient figure sur la première page de couverture pour que je craque...
Je précise toutefois que je n'ai jamais eu jusqu'ici l'occasion de la visiter, mais que cela reste un des projets que j'espère concrétiser un jour.

Imprégnée par la culture ottomane et féministe engagée, Elif Shafak écrit des romans qui mêlent les traditions romanesques occidentales et orientales.
À propos d'Istanbul, elle écrit : "Orient et Occident ne sont pas comme l'eau et l'huile. Ils se mélangent. Et dans une ville comme Istanbul, ils se mélangent de façon intense, incessante, et époustouflante."

Dans La bâtarde d'Istanbul, son deuxième roman, qui fut best-seller en Turquie, elle nous raconte l'histoire de deux familles, l'une turque et l'autre arménienne émigrée aux Etats-Unis, à travers le regard des femmes.
L'ombre du génocide arménien plane sur tout le récit provoquant incompréhension et tiraillements entre les deux communautés.
L'auteure a d'ailleurs été poursuivie en justice pour humiliation faite à la République turque et, heureusement, l'affaire s'est soldée par un non-lieu.
Deux communautés qui s'avèrent très proches l'une de l'autre en ce qui concerne culture et traditions.
Dans le récit, les Kazanci et les Tchakhmakhchian cachent chacun des secrets qui pourraient bien se révéler troublants pour les deux familles.

C'est un roman dépaysant à souhaît qui fait la part belle à l'art culinaire et ses senteurs orientales. J'ai pris soin de noter les noms turcs de toutes les préparations, bien décidée à en tester quelques-unes !
Les yalanci sarma, les tourshi, le patlijan, le topik ou les enginar n'auront plus de secrets pour moi..

Armanoush et Asya, la jeune génération, vont nouer une amitié désireuse de modernité, d'apaisement et de respect de chacun.

Un roman passionnant, plein de vie, bavard et gourmand comme les Orientales, avec des secrets déroutants et des allusions historiques indispenables.
Inoubliable !!
Commenter  J’apprécie          406

Je me revois, assise à l'ombre d'un chalet de vacances en Auvergne, jetant un oeil distrait sur le magnifique paysage qui s'offre à mon regard : un joli petit lac dans son écrin de verdure.
Mais aussitôt, mon esprit replonge dans le tumulte d'Istanbul. Un paradoxe saisissant entre le calme volcanique auvergnat et le chaos urbain stambouliote !

Elif Shafak, avec son style simple et fluide, a su m'emprisonner dans son récit au point de me réveiller au milieu de la nuit, pour lire encore quelques pages et avoir l'illusion d'apaiser mon addiction, tout en en laissant suffisamment pour le lendemain, et les quelques jours qui suivent et prolonger ainsi le plaisir de cette lecture.

A travers le temps et l'espace, une partie douloureuse de l'histoire est abordée : le génocide arménien… Ce terme vaudra d'ailleurs à l'auteure quelques soucis avec la justice turque.

C'est aussi une aventure humaine, avec un enchevêtrement de relations familiales, ses secrets, ses non-dits et des destins croisés.

Les pages de ce roman sont également parfumées aux multiples saveurs culinaires turques et arméniennes. Chaque chapitre a d'ailleurs pour titre le nom d'une épice ou d'un ingrédient. Ah que le monde est vaste et tellement de choses à découvrir !

C'est un roman multiculturel, un éventail de couleurs, un panache olfactif, une invitation à l'apaisement, à la compréhension de l'autre et à l'amitié.


Lien : http://lebouddhadejade.blogs..
Commenter  J’apprécie          345
La Bâtarde d'Istanbul est un livre profondément humain. On suit le destin de deux jeunes filles, Amy et Asya. Tout les oppose et bien sûr, elles vont se rapprocher. Amy est d'origine américaine-arménienne tandis qu'Asya est Turque. Amy débarque dans la famille d'Asya, constituée uniquement de femmes (mère, tantes, grand-mère) pour y mener une enquête sur le génocide arménien, poussée par des cyberamis rencontrés sur internet. Ils alimentent ensemble un forum exclusivement réservé aux Arméniens. Amy arrive à Istanbul avec une montagne de questions : comment les Turcs se situent-ils par rapport à cette page noire de leur histoire ? Ont-ils des remords ? le reconnaissent-ils ?

Plusieurs questions intéressantes sont abordées dans ce roman : la place de la femme dans un pays, anciennement républicain et maintenant profondément islamiste ; les questions de mémoire propre au génocide arménien ; l'évolution d'une jeune femme dans un univers de femmes ; les fondations instables des familles aux secrets inconnus mais lourds à porter.

Il m'a rarement été donné de lire un livre aussi ouvert sur des cultures différentes, aussi objectif sur les forces en présence, aussi clair et pédagogique dans ces explications… et qui mêlent tout ça avec un humour subtil !

Une vraie pépite pour se plonger dans la culture turque (avec plein de plats listés au fur à et mesure du roman !).

Plus de chroniques littéraires sur :
Lien : http://raisonlectureetsentim..
Commenter  J’apprécie          250
Roman entraînant, avec des couleurs, des descriptions de lieux, des odeurs de cuisine, le thé, les épices…….Et tout ça avec beaucoup d'humour.
Des personnages atypiques attachants voire surprenants : la tante Banu, qui es marié mais vie toute seule avec sa famille et avec ses Fjnin et avec ses dons de voyance, la tante Feride à qui on a diagnostiqué une schizophrénie et qui vit selon les règles d'un monde fantaisiste en dehors duquel elle n'avait jamais mis le pied, Cevriye la prof d'histoire stricte et bornée, Zeliha et sa fille Asya les révoltées avec Leurs relations difficiles et la Petite-Ma, atteinte de la maladie dAlzheimer.

Au-delà du roman et de l'histoire, en dehors des questionnements : Peut-on éviter notre destinée ? le hasard ? Les coïncidences ? Les invraisemblances?.......... ses secrets, ses non-dits et des destins croisés, le roman fait le point sur beaucoup de sujets :
- la Turquie contemporaine, et particulièrement dans la découverte d'Istanbul, une ville multiculturelle, moderne, où l'on croise des personnages typiques, où les coutumes sont toujours présentes, où la religion est centrale, où la nouvelle génération se cherche.
- la culture gastronomique qui, d'ailleurs, occupe une grande place dans le roman…… cela m'a mis l'eau à la bouche : les plats familiers, les soupes, les mezzes, les farcies avec beaucoup de descriptions des mets et des plats.
- La famille : étant un élément majeur et indiscutablement important dans les cultures orientales en dépits de problèmes internes et secrets enfouis, on remarque bien que Les deux personnages principaux évoluent au sein de familles aimantes et chaleureuses à leurs propres façons et d'un soutien moral sans pareil.
- le conflit moral entre les exigences de la religion et le modernisme de ces pratiquants ainsi qu'au coeur de la rébellion de ceux qui la renient.
- la place de la femme au sein de la société turque : les traditionnelles (comme la grand-mère ou les tantes), auxquels s'opposent des figures plus modernes, féministes, revendicatrices de leurs droits et de leurs libertés (la mère et la fille), sans pour autant que ces différences les empêchent de cohabiter, de vivre ensemble, de se respecter et de s'aimer.
- le poids du secret de famille et du poids qu'il peut représenter sur plusieurs générations
- le viol (et l'inceste / à travers l'histoire de zeliha qui a été violé par son frère)
- Et enfin la douleur qu'a laissée l'histoire du peuple arménien
Je le recommande vivement !!! et j'ai hâte de découvrir les autres romans de Elif Shafak
Commenter  J’apprécie          213
Elif Shafak nous donne l'opportunité unique de voyager, sans même quitter son fauteuil. Elle nous plonge dans une Istanbul moderne, pleine de contradictions, affrontant son passé et ses traditions tout en les chérissant, mais aussi pleine d'énergie, de charme et de couleur chatoyantes.
Rien n'est jamais ni tout blanc ni tout noir pour la romancière, qui s'amuse à mettre en scène des personnages aux opinions et aux personnalités divergentes, rendant parfois le récit comique. Mais c'est aussi pour elle l'occasion d'explorer les blessures enfouies de son pays, oubliées de l'histoire turque mais transmises de générations en générations dans les familles arméniennes. Et petit à petit, elle nous montre avec doigté que nous sommes tous irrémédiablement liés par l'histoire, qu'importe où nous nous enfuyons pour y échapper.

Avec ses personnages hauts en couleurs, tous plus attachants les uns que les autres malgré leurs côtés détestables et ses ramifications labyrinthiques, à l'image des ruelles qui parcourent la nouvelle Constantinoples, ce récit est juste un voyage incroyable, au coeur d'un pays et d'un peuple, au coeur de l'histoire, au coeur des gens.
Il y a longtemps que je n'avais pas eu un tel coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          160
Dans ce très beau roman, Elif Shafak nous raconte les destins liés et croisés de deux familles, l'une turque, l'autre arménienne, qui ne savent ni ne veulent rien savoir l'une de l'autre. Si les aînés préfèrent parfois garder le silence et la distance, la jeune Armanoush a soif de vérité et elle décide de partir à la recherche d'elle-même. Ce faisant, elle va délier les fils de son histoire et par cela, elle va non seulement découvrir une part d'elle même et de ses origines, mais sa quête va permettre à tous les siens de se retrouver et de s'ouvrir, les uns aux autres mais surtout à eux-même...

"La bâtarde d'Istanbul" est un très beau livre sur le génocide arménien et sur la difficulté et la nécessité de réconcilier les peuples après un drame d'un tel ampleur. Ce thème est abordé par l'auteur avec une ouverture d'esprit, une honnêteté et un discernement qui méritent d'être salués.
C'est également avec beaucoup de finesse et d'intelligence qu'Elif Shafak aborde le sujet du secret de famille et du poids qu'il peut représenter sur plusieurs générations.

J'étais déjà sa fidèle lectrice, mais avec "La bâtarde d'Istanbul", je suis définitivement conquise à l'écriture d'Elif Shafak, qui, tout en tendresse et en profondeur, décrit ses personnages et ses lieux avec tant d'amour qu'on entre dans ses romans comme on rentre chez soi, et qu'on ne cesse de s'y sentir bien. Je la recommande sans hésitation!

Commenter  J’apprécie          160




Lecteurs (2230) Voir plus



Quiz Voir plus

Soufi, mon amour

Comment s'appelle la première femme de Rûmi?

Gevher
Gisha
Gozde
Kerra

10 questions
22 lecteurs ont répondu
Thème : Soufi, mon amour de Elif ShafakCréer un quiz sur ce livre

{* *}