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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A la naissance de son premier enfant, Elif Shafak sombre dans une dépression post-partum.


Elle relate ici cette expérience : revenant sur sa vie passée, uniquement consacrée à l'écriture, décrivant comment le mariage et la maternité l'ont rattrapée quand ils ne faisaient pas partie de ses projets de vie initiaux, expliquant comment la dépression s'est déclenchée et comment elle en est sortie.


Traitant d'un sujet douloureux, le récit n'est pour autant jamais sombre, et s'avère même plein d'humour. Le parti-pris narratif est encore une fois original et surprenant : en mettant en scène et en dialoguant constamment avec ses voix intérieures, matérialisées sous la forme de six petits personnages en guerre les uns contre les autres, l'auteur réussit à merveille à décrire le processus psychique qui conduit à l'effondrement de la jeune maman. En même temps, cela donne un livre paradoxalement amusant.


Témoignage autobiographique intime et sensible, fable poétique et drôle, Lait noir est aussi un essai intelligent et érudit, une réflexion sur la place des femmes dans la société tant orientale qu'occidentale, et, en particulier, celle des femmes écrivains : occasion de se remémorer les plus illustres d'entre elles et leurs difficultés à percer dans un monde longtemps réservé aux hommes, au point qu'elles furent nombreuses à publier sous un pseudo masculin.


Pas de coup de coeur cette fois, mais une admiration croissante pour la créativité, l'érudition et le féminisme engagé d'Elif Shafak.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Le livre commence par une "Méthode de lecture" et ces mots "Tous les livres répondent au désir de rester en mémoire, de laisser une trace sur terre. Sauf celui-là. Ce livre a été écrit pour être oublié sitôt lu. Tels des signes tracés à la surface de l'eau."
Tant que ma lecture est encore fraîche, je tente d'en rédiger un commentaire avant de vérifier si cette prophétie est autoréalisatrice.
L'autrice questionne les liens entre maternité et création littéraire. Une femme peut-elle à la fois être mère et écrivain ? A trente-cinq ans, elle se demande si elle devra renoncer à l'une pour pouvoir être l'autre. Pour cela, elle s'appuie sur une galerie de personnages féminins, le plus souvent réels (Virginia Woolf, des autrices turques), parfois imaginaires (la soeur de Shakespeare, celle du poète Fuzuli) pour l'aider à y voir plus clair et se conforter dans son avis que ces deux aspects sont inconciliables. Elle est aussi habitée par un Choeur de six femmes miniatures qui représentent chacune un trait de sa personnalité et qui ne cessent de se disputer. Lorsqu'elle se marie et tombe enceinte, elle redoute plus que tout l'apparition du "djinn qui s'attache à la nouvelle accouchée", autrement dit, de la dépression post-partum. J'ai bien aimé cette manière de mélanger les cultures et les références ; l'univers des six femmes miniatures m'a plu aussi, bien que j'aie trouvé leur place trop peu définie, je les ai trouvées tantôt trop réelles et tantôt trop intérieures.
L'ensemble est un peu hétéroclite et un peu inabouti aussi, j'ai eu l'impression d'une catharsis pour l'autrice, d'où peut-être son injonction à oublier cette lecture sitôt l'avoir faite. Mais j'ai bien aimé le panorama littéraire des autrices turques que je ne connaissais absolument pas et la vision féministe et moderne qui sous-tend l'ensemble. Elle tente de démontrer absolument que maternité et écriture sont inconciliables alors qu'elle finit par prouver l'inverse et réconcilier toute ses petites voix intérieures. Reste à savoir si l'oubli annoncé prendra le pas sur le plaisir immédiat de la lecture, et dans quels délais.
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J'ai un peu grimacé à la lecture de la préface de ce livre, celle ci n'annonçant en rien ce à quoi je m'attendais. En effet, la préface laisse entendre que le livre entier porte sur la dépression post-partum alors que le résumé me laissait à penser que c'était avant tout une réflexion sur la conciliation enter l'écriture et la maternité. La lecture de cette préface m'a laissé penser que je serai sûrement déçue par cette lecture...cela n'a pas été le cas! Je me suis totalement laissée emporter par ce livre!

A travers cet écrit, Elif Shafak nous fait partager ses doutes et ses réflexions sur la conciliation de la maternité et de l'écriture, sur la condition de la femme, sur la dépression qui a suivi la naissance de sa fille et sur la dualité que chaque être humain a en lui, ces batailles que l'on se livre à nous même, ces contradictions intérieures qui font de nous ce que nous sommes.

Tout part d'une rencontre avec une autre écrivain qui dit à Elif Shafak qu'elle a choisi de ne pas avoir d'enfant et de se consacrer entièrement à l'écriture. Elif Shafak se pose alors la question de savoir si le fait d'avoir des enfants serait conciliable avec son métier, sa passion de toujours: l'écriture. Elle nous livre alors sa réflexion sur cette conciliation entre maternité et écriture, entre la femme et la mère, entre le corps et l'esprit, enter l'intellect et l'intuition. tout au long de sa réflexion, elle s'appuie sur des exemples de femmes écrivains qui ont choisi ou non de devenir mère. Cette convocation de grandes figures féminines de la littérature est particulièrement intéressante.

Les réflexions de l'auteur sont accompagnées au quotidien par ses voix intérieures, les différentes facettes de sa personnalité, représentées sous la formes de femmes miniatures, chacune ayant son propre caractère, son propre physique [...]

J'ai adoré cette matérialisation des différentes facettes d'une personnalité. Chacune de ces voix intérieures tente d'imposer son point de vue dans un joyeux mélange de putsch, de monarchie et de démocratie. La personnalisation de ces voix intérieures est absolument savoureuse.

On retrouve également, dans la dernière partie du livre, Poton, un djinn qui représente quand à lui la dépression post-partum. Dans le même esprit que les voix intérieures, il permet de mettre un visage sur ce que l'on ressent et qu'on ne voit pas.

J'ai moins aimé cette deuxième partie du livre qui traite de la dépression post partum. Alors que la première partie du livre s'appuie sur la littérature, il m'a semblé que cette partie là s'appuyait davantage sur des articles de vulgarisation traitant de la dépression post partum. de plus, même si j'ai bien compris que cette partie est là pour réconcilier l'auteur avec un moment difficile de sa vie et traite de ses ressentis à cette période là, j'ai trouvé plutôt étrange qu'absolument rien ne soit dit sur son bébé.

Malgré cela, j'ai véritablement apprécié ce livre qui oscille entre l'autobiographie, l'essai et le conte. Un livre particulièrement réussi! J'en lirai probablement d'autres de cette auteur.
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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Pour moi ce livre n'est pas un roman
A travers son autobiographie et de celles d'écrivaines célèbres Elie Shafak évoque le duel entre l'écriture et la maternité
Etre mère et écrivain cela est -il possible ?
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Un roman qui arrive, de façon drôle et intelligente, à aborder la question de la dépression et de la lutte pour s'accepter soi-même.

Un grand merci à la Shafak car aujourd'hui encore, la dépression post-partum mais aussi les difficultés plus générales et les sentiments parfois négatifs que rencontre une femme face à la maternité, restent des sujets tabous, et il me semble important que les jeunes mères et les mères en devenir puissent lire qu'elles ne sont pas seules avec leurs mauvaises pensées et leurs mauvais djinn...
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Merci à l'auteur d'avoir mis des mots si justes sur des sentiments si complexes, si intimes, si cachés…que personne n'a envie d'avouer ou même d'entendre, émotions qui sont « tues » volontairement par les mères qui ne veulent pas démentir la « béatitude et le bonheur obligatoires » qui se doivent d'accompagner grossesse et maternité dans nos sociétés qui sacralisent les enfants.
Elle explore le questionnement existentiel de la femme avant la décision d'avoir des enfants : peut-on être « bonne mère » en restant soi-même, en gardant sa propre identité et ses ambitions personnelles et professionnelles : élever un enfant, le rendre heureux et l'épanouissement maternel sont-ils compatibles ? Elle continue avec un regard sincère, réaliste et assez objectif sur la grossesse et toutes les questions qu'elle suscite… elle termine par le récit de sa « traversée du désert », la dépression post-partum qui l'anéantit littéralement pendant de longs mois avant sa renaissance qui passe par le retour à sa passion : l'écriture et la littérature.
Ce livre, écrit comme une autobiographie a une vraie portée universelle. de plus, j'ai aussi beaucoup aimé, admiré, comment Elif Shafak mène sa réflexion, son discours en s'appuyant sur la vie et les oeuvres des grandes figures féminines de la littérature mondiale : de Simone de Beauvoir à J.K. Rowling, de Virginia Woolf à Doris Lessing, de Yuko Tsushima à Muriel Spark…Les références occidentales et orientales (que je connais moins… mais que ce livre m'a donné envie d'explorer) se croisent et se répondent…comme toutes les petites voix intérieures de l'auteur-héroïne, petites voix que j'ai souvent cru reconnaître comme ressemblant aux miennes !
Très bon livre qui m'a beaucoup plu et que je pense offrir à certaines amies !
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Voici un livre tout à fait inclassable, d'une ingénieuse originalité et qui éveille dès les premières pages toute notre curiosité.
En découvrant le thème de ce récit, un scepticisme nous gagne : si le sujet peut certes valoir la peine d'être abordé, était-il nécessaire d'en faire tout un livre ?
Contre toute attente, la réponse est oui.
Pourtant, il y a de quoi douter : on se dit qu'un ouvrage traitant de la dépression postpartum va regorger de considérations scientifiques, éthiques, philosophiques ou religieuses et que sa lecture va être longue et éprouvante.
C'est en réalité le contraire qui se produit : nous sommes immédiatement happés et interloqués par ce style haut en couleurs, franc et drôle mais aussi érudit et passionnant.
Elif Shafak offre un magnifique cadeau à ses lecteurs : le récit des ses sentiments les plus intimes, de ses doutes les moins avouables avec une pointe d'humour rafraîchissante.
Et si effectivement ce témoignage n'est pas destiné à laisser un souvenir impérissable (l'auteur nous le dit elle-même en introduction), il n'en est pas moins d'une loufoquerie attachante et d'une sincérité incontestable.
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Une femme écrivain relate de la dépression post partum qu'elle a connu, mais aussi des pensées contradictoires qu'elle a eues avant d'avoir un enfant. Elle le fait de façon originale en matérialisant ses pensées sous la forme de paroles de djinns. Pendant que ses dernières s'affrontent , elle en profite pour parler dE femmes ecrivains turques qui ont marqué la littérature. Qui gagnera ? La femme maternelle, celle qui veut faire carrière ? le débat ainsi décrit peut paraître simpliste, mais le livre ne l'est pas. D'un style original, il fait réfléchir.
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Un coup de coeur pour ce livre que je recommande à toutes celles (et ceux) qui s'interrogent sur la manière pour une femme de concilier au quotidien vie professionnelle et vie de famille.

Ce livre est un roman autobiographique. Elif vit au quotidien avec « un Choeur intérieur » symbolisé sous forme de petites femmes mesurant 15 cm Ces dernières viennent à la rencontre d'Elif au fur et à mesure de ses interrogations personnelles sur sa vie.

Comment être à la fois une bonne mère en s'occupant correctement de son bébé et en lui apportant toujours tout ce dont il a besoin, être une bonne épouse en se présentant toujours sous son meilleur jour, bien coiffée, bien habillée, bien maquillée, être une bonne maîtresse de maison en gardant son intérieur toujours propre et avenant, et continuer de mener de front sa carrière professionnelle ?

Si, il y a plusieurs décennies, les femmes subissaient la mentalité patriarcale de la société et suivaient docilement les dictats qu'elle leur imposait, aujourd'hui, les femmes cherchent à s'affranchir de ses règles inventées par des hommes, pour leur propre confort. Mais ces femmes doivent faire face à de réelles difficultés car les mentalités évoluent lentement malgré les mouvements féministes qui naissent à travers le monde. de plus, elles sont confrontées à un grand sentiment de culpabilité si elles n'arrivent pas à concilier tous leurs rôles à la perfection. Et lorsque l'on devient mère ; comment éduquer une fille en maintenant un équilibre entre nos idéaux et la réalité de la vie si la société ne partage pas les mêmes avis ?

Ce roman interroge sur les contradictions que l'on peut éprouver et qu'il faut apprendre à dompter. Il faut composer avec tous ces sentiments contradictoires pour créer sa propre harmonie de vie.
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le baby blues, terriblement décrit, captivant
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