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EAN : 9782081353770
464 pages
Flammarion (08/04/2015)
3.8/5   316 notes
Résumé :
Istanbul, XVIe siècle. Le jeune Jahan, arrivé clandestinement, évolue dans la ville en compagnie d'un éléphant blanc destiné à être offert au sultan Suleiman le Magnifique. Il rencontre des courtisans, des gitans, des dompteurs, mais aussi la belle Mihrimah. Un jour, il attire l'attention de Sinan, l'architecte du roi.
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
3,8

sur 316 notes
Elif Shafak rend hommage à travers ce roman à l’architecte en chef de l’empire ottoman, Sinan, né dans une famille chrétienne d’origine arménienne ou grecque, qui aura servi trois sultans : Soliman le Magnifique, Selim II et Mourad et permis, par l’ampleur des travaux qu’il aura dirigés, l’assainissement et l‘embellissement d’Istanbul au cours du 16e siècle.
« L’architecte du sultan » se déroule entre 1546 et 1632, sur un fond historique avec des personnages qui ont réellement existé. Sinan a eu une longue existence, il est décédé en 1588 à l’âge de 99 ans. On est étonné devant une telle longévité et surtout qu’il ait pu occuper ce poste élevé si longtemps car les intrigues, les jalousies au sein du sérail de Topkapi rendaient souvent le maintien à de telles fonctions très précaire.

Mais c’est aussi un conte oriental, plein de péripéties, de cruauté, d’amour et de sagesse, centré sur le jeune Jahan, personnage fictif, qui va, au cours d’un voyage mouvementé qui le conduira de L’Hindoustan où il est né à Istanbul, suivre Chota un éléphant blanc offert par l’empereur Moghol Humayun au Sultan Soliman le magnifique. Car Chota est pour lui comme un frère de lait. Il a participé à sa naissance, l’a nourri. Il ne veut en être séparé à aucun prix et réussira à rester auprès de lui comme cornac.

C’est l’éléphant blanc qui en attisant la curiosité de la princesse Mihrimah fille unique de Soliman et Roxelane provoquera la rencontre de Jahan et de celle à laquelle il vouera un amour absolu.
« Outre son sourire, elle apportait des friandises pour l’éléphant —  non pas des poires et des pommes mais des confiseries royales : figues fourrées de crème épaisse, sorbet à la violette, massepains à la confiture de rose ou ces châtaignes cuites dans le miel… Chaque fois que les moeurs du sérail lui déplaisaient ou la décourageaient, elle venait rendre visite à l’animal blanc. Emerveillée, elle observait Chota avec l’air de se demander comment une créature aussi puissante pouvait se montrer si docile. L’éléphant était le sultan de la ménagerie, pourtant il ne ressemblait en rien à son père. »

C’est encore l’éléphant qui permettra à Jahan de devenir l’apprenti de celui qui n’est pas à cette époque le maître des travaux publics de l’empire. L’aide de Chota fera gagner du temps lors d’une campagne militaire en Moldavie pour édifier en dix jours un pont sur la rivière Prut. La construction proposée par Sinan ayant été une réussite sera pour lui le début de sa longue carrière au service su sultan.

Jahan est curieux et fait confiance trop facilement, ce qui dans une ville comme Istanbul et au sein du palais va lui amener bien des ennuis. Heureusement pour lui, associée à la protection pleine de sagesse, de douceur et de fermeté de Siman qui le forme, il aura aussi celle du chef des gitans, Balaban, qui l’aidera à sortir de bien des traquenards dans lesquels il tombe souvent par manque de méfiance mais aussi par orgueil.
Sinan lui dira : « Quand je t’ai vu, je me suis dit que tu avais une excellente tête sur les épaules, et que tu apprendrais vite, si seulement je pouvais te détourner des mauvaises habitudes, du passé, et te diriger vers le futur »
Et Balaban au terme de son séjour à Istanbul lui dira en soupirant : « Désolé que tu partes. Soulagé que tu partes. Tu es trop confiant pour survivre à Istanbul, frère. »

J’ai lu ce roman presque d’une traite. Il est d’une grande richesse à la fois par l’attachement qu’il fait naître entre le lecteur et les différents personnages : Jahan, Chota, Mihrimah, Sinan, Balaban le chef gitan mais aussi par un habile dosage de mystères tout au long du récit (dont il faudra attendre presque la fin pour qu’ils soient révélés).
Ajouté à cela, la fascination pour Istanbul où tous les sens sont sollicités, où les rumeurs courent régulièrement, où la peste vient faire par deux fois des ravages. Istanbul raffinée et sordide, ville de savants où la superstition règne, riche par son cosmopolitisme et le mélange bigarré de religions et de peuples qui s’y croisent et y demeurent ; richesse et grouillement de vie d’une ville, pont entre orient et occident.

Un grand merci pour ce beau moment de lecture aux éditions Flammarion et à Babelio.

A lire en complément un guide littéraire qu’Elif Shafak a accepté de faire pour l’exposition qui se déroule à Bruxelles jusqu’au 31 mai 2015 « L’empire du sultan, le monde ottoman dans l’art de la Renaissance » où figure une gravure qui a été à l’origine de ce livre recoupant cette exposition que malheureusement je ne pourrai pas voir.
La plaquette composée par Elif Shafak est téléchargeable ainsi que le guide du visiteur à ce lien :
http://www.bozar.com/activity.php?id=11618
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Au risque de passer pour la grincheuse de service, je m'en vais remonter le courant des critiques élogieuses publiées jusqu'à présent.
Autant « Soufi mon amour » m'avait emportée et emballée, autant « L'architecte du sultan » m'a laissée de marbre, aussi insensible que la pierre de tous les palais et mosquées érigés par Sinan, l'architecte du sultan. Ou plutôt des sultans, puisque, ayant commencé sa carrière, presque par hasard, au service de Soliman le Magnifique, il survivra à celui-ci et continuera à servir la dynastie ottomane sous le règne des successeurs de Soliman, jusqu'à sa mort en 1588, à l'âge canonique de 99 ans.
Mais Sinan n'est pas le personnage central de ce roman. Celui-ci raconte les aventures de Jahan, jeune garçon fraîchement arrivé d'Inde (Hindoustan), en tant que cornac (là aussi, presque malgré lui) de Chota, le bel éléphant blanc offert en cadeau au sultan. Non content d'être la seule personne capable de maîtriser Chota, Jahan a un autre don : le dessin. Cela lui vaudra de devenir l'un des apprentis de Sinan et de participer avec lui à la construction des bâtiments les plus prestigieux de l'empire ottoman.
Cette trame principale est évidemment saupoudrée d'intrigues de palais, de haines féroces et de jalousies mortelles, d'amours contrariées et d'amitiés indéfectibles, de guerres absurdes et d'épidémies ravageuses, de petites victoires et de grandes défaites, ou l'inverse. Mais tout cela est conté avec une platitude désolante, une succession d'anecdotes et de mésaventures énoncées dans un style plus documentaire que romanesque. Une foultitude de choses se passent dans ce livre, pourtant aucune n'est approfondie, aucune n'est traitée avec le souffle épique que j'attends de ce genre d'ouvrage. Toutes sont esquissées puis aussitôt abandonnées, ou bâclées, pour passer à autre chose. Certes il y a quelques fils conducteurs, comme les gitans ou la princesse Mihrimah, mais ces fils sont bien lâches, aucune tension qui donne envie de tourner les pages. D'ailleurs ce qui aurait pu être rendu comme une grande histoire d'amour impossible et tragique entre Jahan et la princesse ne m'est apparu que comme une bluette sans intérêt, qui resurgit épisodiquement pour « meubler » entre deux autres péripéties. J'ai également trouvé d'un goût douteux l'épisode initial qui relate l'assassinat sanglant de plusieurs enfants au palais, placé là artificiellement (puisque hors chronologie) pour appâter le lecteur, et qui, lui aussi, ne sera plus qu'effleuré par la suite, alors qu'il aurait mérité davantage d'explications, ne serait-ce que sur le plan historique.
Bref : ennuyeux, décevant, inabouti, personnages ne suscitant pas réellement d'empathie, tout juste Chota l'éléphant. Ce livre ne m'a pas transportée dans un conte ottoman digne des Mille et une nuits.
Merci néanmoins aux éditions Flammarion et à Masse Critique de Babelio.
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C'est le coeur plein d'appréhension que Jahan accoste à Istanbul un jour de 1546. Il a laissé sa pauvre mère entre les mains d'un époux violent mais la tentation était trop forte de suivre Chota, l'éléphanteau blanc dans son voyage vers Topkapi et la ménagerie du sultan Souleymane. Après un voyage mouvementé auquel le cornac officiel n'a pas survécu, Jahan et Chota rejoignent donc le palais où le garçon se fait passer pour un cornac et affirme venir d'Hindoustan.
Topkapi est un panier de crabes, parcouru de rumeurs, de trahisons, de crimes de sang et Jahan est un garçon gentil et naïf. Pourtant, il s'adapte, sait se faire apprécier et attire même l'attention de la princesse Mihrimah, fille unique du sultan. Sous prétexte de venir voir Chota, elle multiplie leurs rencontres et charme Jahan qui tombe irrémédiablement amoureux. Souleymane, lui, ignore l'éléphant et il faudra une campagne militaire dans les Balkans et l'aide de Chota pour construire un pont pour que Jahan et son animal soient remarqués, à la fois par leur maître et par Sinan, le chef des travaux. Promu architecte impérial, Sinan prend Jahan sous son aile et il devient son apprenti. Il restera auprès de lui jusqu'à sa mort, participant à la construction des plus belles mosquées d'Istanbul mais aussi aux travaux de rénovation et d'assainissement de la ville.

Quel magnifique roman ! Elif Shafak y convoque une Istanbul de légende où se côtoient les pauvres et les puissants. Elle décrit Topkapi et ses secrets d'alcôve, son luxe, son harem, le zoo personnel du sultan.
Au fil des années, les sultans passent et trépassent, Souleymane, Selim, Mourad, les caractères changent, les méthodes de gouverner aussi, et l'indéboulonnable Sinan continue de faire émerger ponts, mausolées et mosquées. Avec lui, Jahan grandit, prend de l'assurance, connait les tourments de l'amour et reste fidèle à son maître et à son éléphant blanc.
L'architecte du sultan est un roman d'apprentissage, une histoire d'amour, un conte oriental, une magnifique fresque historique où personnages réels et inventés s'associent pour faire revivre les beaux jours de l'Empire byzantin. On y croise aussi des gitans, des favorites, des religieux, et bien sûr, Chota, l'éléphant blanc, le meilleur ami de Jahan, le compagnon des joies et des peines.
Un roman à l'image d'Istanbul, bouillonnant de vie, d'intrigues, de mystères, de magie. Un livre qui se dévore.
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Je me sens moralement poussé à présenter des excuses à Françoise Houdart pour lui avoir fait perdre deux heures au fin d'une interview un peu exceptionelle sur son dernier livre Eclipse alors que naïvement j'imaginais pouvoir intéresser un maximum de passionnés de littérature. J'avais développé le secret espoir d'ainsi apporter la visibilité que mériterait son talent. Hélas, cette chronique est un flop et le constat amer que nombre de Babéliotes préfèrent les autoroutes d'auteurs déjà bien établis à s'aventurer sur les chemins de traverse qui mènent pourtant régulièrement à la découverte de petits bijoux comme l'est sans contestation Eclipse. C'est donc le coeur lourd que j'ai commencé la lecture de L'architecte du Sultan...

J'avais adoré mon premier Elif Shafak et m'étais promis alors que ce ne serait pas le dernier. Musardant dans une petite librairie de Perros Guirec L'Architecte du Sultan me tendit les bras, je n'hésitai pas une seconde. Quelle bonne inspiration ! Il me permet de m'évader de la banalité routinière de l'hôpital où je suis de retour pour traiter par intraveineuse une méchante infection urinaire multirésistante. Comme dans ce très beau roman d'Elif Shafak toute vie est faite de hauts et de bas, n'est-ce pas ? Me voici donc ébloui dans cet Istambul fantasmé au temps du Sultan Salomon le Magnifique, grand commandeur des croyants, sur les pas de Jahan tout droit venu d'Hindustan avec son éléphant blanc Chota, cadeau du Shah pour honorer le Sultan tout en affichant la puissance de l'Inde. Petits cadeaux entre grands de ce XVIe siècle où l'empire ottoman étale sa puissance.

Elif Shafak est une conteuse remarquable, une des toutes meilleures de notre époque. Sa prose hypnotique m'emporte totalement et je me retrouve enfant à qui l'on raconte une belle hisoire qui pourrait durer indéfiniment et se prolonger par les rêves les plus doux, alors que je dis encore, raconte encore... Et comme chez les véritables conteuses aucun des très nombreux personnages n'est manichéen, tous ont leur propre personalité riche, complexe,attachante avec leurs failles et contradictions.

Une ode à l'architecture, aux oeuvres laissées par l'architecte impérial Sinan, trésors de l'humanité, tout comme à Rome, à la même époque travaillait, lui aussi sans relâche, un certain Michel Ange ... Une lecture qui fait tout oublier, rien ne me fera bouder l'immense plaisir que j'ai pris pendant ces longues heures entrecoupées de rêverie.
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J'avais apprécié Soufi mon amour et La Bâtarde d'Istanbul, et j'étais impatiente de me plonger dans le dernier roman d'Elif Shafak. J'ignorais tout de Sinan, architecte impérial du XVI siècle, infatigable bâtisseur de l'architecture ottomane avant de lire L'architecte du sultan.
J'ai retrouvé les talents de conteuse d'Elif Shafak qui entraîne le lecteur sur les traces d'un jeune indien orphelin, Jahan, venu offrir un éléphant blanc au sultan Suleiman le Magnifique. le jeune cornac, entré clandestinement sur le bateau qui transportait l'animal, va vivre d'incessantes aventures, tombé amoureux de la belle Mihrimah, subir les intrigues de cour mais surtout il va devenir l'apprenti de Sinan…
De manière assez classique, l'auteure introduit un jeune personnage imaginaire au long parcours initiatique auprès de personnalités historiques. Mais l'intrigue s'essouffle un peu, manque de relief et surtout, Elif Shafak a modifié les faits et les dates, ce qui m'a déçue et frustrée car j'apprécie les romans historiques qui permettent de se plonger agréablement dans une période et de s'instruire de manière distrayante. Mais après des recherches sur internet, j'ai pu contempler les oeuvres du génial architecte et approfondir mes connaissances sur cette période, dommage qu'Elif Shafak n'ait pas réussi le même tour de force que Ken Follet avec son magnifique roman Les Piliers de la terre.
L'architecte du sultan permet néanmoins de passer un agréable moment de lecture et je remercie les éditions Flammarion et Babelio pour cette découverte. Laissez-vous conduire par Jahan, perché sur son éléphant blanc et vous allez bientôt apercevoir Istambul, au XVIème siècle, avec ses odeurs, ses coutumes et ses constructions.




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Citations et extraits (121) Voir plus Ajouter une citation
Au cours de l'été, Sinan et les quatre apprentis commencèrent ce qui était la plus grande entrepris la mosquée Suleymaniye. [...] Sinan fit apporter des caracasses de vaches et de mouton par les bouchers. On les suspendit à des crochets en divers emplacements pour les mettre à pourrir. Une ou deux fois par semaine, Sinan venait inspecter la viande. Là où la pourriture était la plus rapide, le degré d'hygrométrie était plus élevé. Comme l'humidité rongeait les bâtiments à la manière de mites grignotant une toile, il évitait ces endroits là. Il recherchait un point où l'air était sec et le terre suffisamment ferme pour résister en cas de tremblement de terre. Installée au sommet d'une colline, la mosquée, comme le souverain dont elle tiendrait son nom, aurait un œil sur toute la cité.
Chacun des matériaux fut choisi avec soin. Le plomb et le fer venaient de Serbie et de Bosnie, le bois de Vama. Le marbre arrivait des pays arabes et du lieu où se dressait jadis le palais du roi Salomon - leurs surfaces polies reflétaient encore la beauté de la reine de Saba. Une colonne géante avait été transportée depuis Baalbek, la ville du Soleil. Dix sept colonnes furent soustraites à hippodrome, dérangeant le fantôme irrité de l'impératrice Théodora.
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Après des semaines de navigation en haute mer, la première image de la cité eut un effet insolite sur l’imagination de Jahan — surtout un jour brumeux comme celui-ci. Il scruta l’horizon, la ligne où l’eau battait contre le rivage, une bande grise, sans pouvoir distinguer s’il allait vers Istanbul ou s’il s’en éloignait. Plus il la fixait du regard plus la terre semblait une extension de la mer, une ville de métal fondu perchée sur la pointe des vagues, vertigineuse, toujours mouvante. Ce fut là, plus ou moins, sa première impression d’Istanbul, et à son insu, elle ne changerait plus, même après une vie entière passée ici.
(…) peu à peu la brume se dissipa comme si on avait tiré un rideau. La ville, clairement dessinée maintenant, s’ouvrait devant lui, incandescente. Ombres et lumières, crêtes et creux. De haut en bas, colline après colline, bosquets de cyprès ici et là, elle semblait un amas de contrastes. Se reniant à chaque pas, changeant d’humeur avec chaque quartier, tendre et cynique d’un même élan, Istanbul donnait généreusement tout et dans le même souffle exigeait qu’on lui rende son cadeau.(…) Bien qu’étranger à ses façons, le garçon pressentit à quel point on pouvait tomber sous son charme. p 32-33
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"Ne pleure pas, dit le sultan. Prie."
Honteux de sa faiblesse, Jahan redressa les épaules. "Je prierai pour nos soldats, mon seigneur.
- Non. Prie pour eux tous. Il n'y a plus de différence maintenant."
Cet homme qui pendant ses quarante-six années de règne avait livré sans relâche une guerre après l'autre ; qui avait donné l'ordre de tuer le plus brillant de ses grands vizirs et peut-être son seul ami ; qui avait assisté à l'étranglement de son fils aîné, en avait fait mourir un deuxième de chagrin, et organisé l'assassinat d'un troisième là-bas en Perse ; qui s'était imposé comme le plus fort de tous les sultans ottomans - cet homme venait de dire, dans un champ de pissenlits et de cadavres, qu'au bout du compte, il n'y avait pas de différence entre le soldat à l'intérieur et le soldat à l'extérieur de la forteresse, laissant Jahan face à une énigme qu'il serait incapable de résoudre avant bien des années.
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Et c'est ainsi, au terme de presque cinquante ans comme architecte impérial et quatre cents bâtiments exquis, sans compter d'innombrabres sanctuaires et fontaines, que Sinan quitta ce monde. Il avait toujours laissé une petite faille dans ses ouvrages, façon de reconnaître qu'il n'était ni parfait, ni complet, car ces qualités n'appartiennent qu'à Dieu. C'est à peu près dans le même esprit qu'il mourut, à l'âge glorieux mais imparfait de quatre-vingt-dix-neuf ans et demi.
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Les quatre faces du Taj Mahal sont dessinées à l'identique, comme s'il y avait un miroir situé sur un côté, sans qu'on puisse jamais dire lequel.
La pierre réfléchie dans l'eau. Dieu réfléchi dans les êtres humains. L'amour réfléchi dans le cœur brisé. La vérité réfléchie dans les contes.
Nous vivons, travaillons, mourrons sous le même dôme invisible. Riches et pauvres, mahométans et baptisés, libres et esclaves, hommes et femmes, sultan et cornac, maître et apprenti...
J'en suis venu à croire que s'il existe une forme qui parle à chacun de nous, c'est le dôme. Là toutes les distinctions sont abolies et chaque son, de joie comme de chagrin, se fond dans le vaste silence d'un amour qui embrasse tout.
Quand je me représente notre monde sous ces traits, je me sens étourdi et désorienté, ne sachant plus dire où commence le futur; où se couche l'Occident et où se lève l'Orient.
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