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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Au risque de passer pour la grincheuse de service, je m'en vais remonter le courant des critiques élogieuses publiées jusqu'à présent.
Autant « Soufi mon amour » m'avait emportée et emballée, autant « L'architecte du sultan » m'a laissée de marbre, aussi insensible que la pierre de tous les palais et mosquées érigés par Sinan, l'architecte du sultan. Ou plutôt des sultans, puisque, ayant commencé sa carrière, presque par hasard, au service de Soliman le Magnifique, il survivra à celui-ci et continuera à servir la dynastie ottomane sous le règne des successeurs de Soliman, jusqu'à sa mort en 1588, à l'âge canonique de 99 ans.
Mais Sinan n'est pas le personnage central de ce roman. Celui-ci raconte les aventures de Jahan, jeune garçon fraîchement arrivé d'Inde (Hindoustan), en tant que cornac (là aussi, presque malgré lui) de Chota, le bel éléphant blanc offert en cadeau au sultan. Non content d'être la seule personne capable de maîtriser Chota, Jahan a un autre don : le dessin. Cela lui vaudra de devenir l'un des apprentis de Sinan et de participer avec lui à la construction des bâtiments les plus prestigieux de l'empire ottoman.
Cette trame principale est évidemment saupoudrée d'intrigues de palais, de haines féroces et de jalousies mortelles, d'amours contrariées et d'amitiés indéfectibles, de guerres absurdes et d'épidémies ravageuses, de petites victoires et de grandes défaites, ou l'inverse. Mais tout cela est conté avec une platitude désolante, une succession d'anecdotes et de mésaventures énoncées dans un style plus documentaire que romanesque. Une foultitude de choses se passent dans ce livre, pourtant aucune n'est approfondie, aucune n'est traitée avec le souffle épique que j'attends de ce genre d'ouvrage. Toutes sont esquissées puis aussitôt abandonnées, ou bâclées, pour passer à autre chose. Certes il y a quelques fils conducteurs, comme les gitans ou la princesse Mihrimah, mais ces fils sont bien lâches, aucune tension qui donne envie de tourner les pages. D'ailleurs ce qui aurait pu être rendu comme une grande histoire d'amour impossible et tragique entre Jahan et la princesse ne m'est apparu que comme une bluette sans intérêt, qui resurgit épisodiquement pour « meubler » entre deux autres péripéties. J'ai également trouvé d'un goût douteux l'épisode initial qui relate l'assassinat sanglant de plusieurs enfants au palais, placé là artificiellement (puisque hors chronologie) pour appâter le lecteur, et qui, lui aussi, ne sera plus qu'effleuré par la suite, alors qu'il aurait mérité davantage d'explications, ne serait-ce que sur le plan historique.
Bref : ennuyeux, décevant, inabouti, personnages ne suscitant pas réellement d'empathie, tout juste Chota l'éléphant. Ce livre ne m'a pas transportée dans un conte ottoman digne des Mille et une nuits.
Merci néanmoins aux éditions Flammarion et à Masse Critique de Babelio.
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