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EAN : 9782290165430
576 pages
J'ai lu (06/03/2019)
3.85/5   304 notes
Résumé :
Le livre est centré sur le personnage de Nazperi Nalbantoğlu, appelée affectueusement Peri par ses proches, que l’on suit tout au long du roman à différentes périodes de sa vie entre 1980 et 2016. Lorsque l’histoire débute, à Istanbul en 2016, Peri a une quarantaine d’années et est une femme mariée et mère de trois enfants, dont une adolescente. Dans la scène d’ouverture, à la suite d’un embouteillage, Peri se fait voler son sac par un malfrat. Dans ce sac, il ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (60) Voir plus Ajouter une critique
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Le défaut des boulimiques dont je fais grandement partie... est cette curiosité insatiable qui fait se disperser. La présentation du dernier ouvrage de cette auteure turque, dans le Magazine "LIRE" de janvier 2018 m'a décidé à l'acquérir, alors que j'aurais pu ronger mon frein en lisant déjà un de ses romans, paru en poche, offert par un ami, il y a juste quelques mois : "Crime d'honneur"... mais non !!! Ce fut plus fort que tout, ce besoin de tout lire, tout embrasser, même si on sait bien que c'est impossible !

Alors me voilà happée par " trois filles d'Eve", captivée, touchée par ce personnage féminin, central, Peri, petite dernière et unique fille d'une fratrie de trois enfants...


Peri vénère son père, se désole de sa tristesse permanente, ainsi que du manque d'amour terrible entre ce père, homme laïc, lucide et militant et sa mère, tombée dans tous les excès religieux . Une famille éprouvée, habitant Istanbul... Cette ville y est décrite par notre écrivaine, avec énormément d'esprit critique et acéré...

Une colère intense contre les dérives de cette ville et du pays: la corruption, le fanatisme religieux, les traitements inacceptables contre les prisonniers, les mauvais traitements faits aux femmes dans la sphère privée autant que dans la sphère publique, le manque de liberté, l'hostilité vis à vis des livres profanes, etc.!

Une auteure courageuse, fière... portant haut les couleurs de la révolte et de la Liberté dû à chaque individu, mais aussi le droit à l'éducation, l'instruction, la bataille contre l'ignorance qui induit tous les sectarismes, les abus sur les plus vulnérables, dont les femmes !

Ce roman est captivant à plus d'un titre, et nous raconte mille détails liésaux usages, traditions et coutumes...de la Turquie !

Le récit de la vie de Peri se raconte , alternativement, sur deux périodes, entre les années 1980 [ où elle est acceptée à Oxford, à l'immense fierté de ses parents, mais surtout de son père... qui voulait le meilleur pour sa fille unique !] et plus de 30 ans après, en 2016...Ce qui est advenu des rêves, exigences de la jeune étudiante sérieuse, tourmentée et solitaire....

Un beau portrait de femme se cherchant entre les parents aimants, mais désaccordés... entre la jeune étudiante brillante, assoiffée de lectures, de savoir, de questionnements , l'abandon de ses études, à la suite d'une histoire bouleversante (dont je ne dévoilerai surtout pas la substance !!...) et la femme adulte, heureusement mariée, mère de famille, installée dans une existence bourgeoise et protégée...qu'elle n'aurait jamais imaginée.

Il n'empêche que le feu couve toujours sous la cendre de cette femme attachante, tentant de réunir toutes ses contradictions et ses ombres...!


Ce roman brasse une multiplicité de sujets, politiques, personnels, avec des questionnements récurrents sur toutes les dérives sectaires !

Un roman haletant qui dit à quel point la littérature est porteuse d'espoir, de liberté et d'indépendance de pensée... dans des pays aussi complexes que la Turquie, où apprendre, faire des études, avoir du sens critique, être une femme ... sont des handicaps... trop souvent frappés d'anathèmes, de synonymes de "mal" de "péché" dans une société développant moult sectarismes et intégrismes...

Un moment passionnant et foisonnant de lecture, qui, "cerise sur le gâteau" fait partie de ces ouvrages dynamiques, contenant beaucoup de références
littéraires... qui nous mènent ensuite à d'autres curiosités et d'autres élans de lectures....[avec en prime, une jaquette très réussie, colorée et orientalisante à souhait ] !

Un immense coup de coeur , qui m'a littéralement transportée ! Je ne peux résister à terminer sur un extrait... qui sous-tend un hommage constant aux
mots, à la littérature et aux horizons merveilleusement agrandis par la lecture ...Un hommage , également, double du savoir et de la tolérance, de plus en plus urgents, à nourrir et protéger dans des contextes sociaux violents et fanatiques !

"En outre, même si sa vie en dépendait, elle ne pouvait pas se faire aux réactions hostiles à la lecture. Dans divers coins du monde, on est ce qu'on dit et ce qu'on fait, mais aussi ce qu'on lit; en Turquie, comme dans tous les pays hantés par les problèmes d'identité, on se définit, d'abord, par ce qu'on rejette. Apparemment, plus les gens s'en prenaient à un auteur, moins ils avaient lu ses livres. "(p. 150)





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Istanbul , 2016. Peri et sa fille Deniz sont engluées dans les bouchons stambouliotes quand Peri se fait voler son sac...
Parallèlement, on plonge dans l'enfance de Péri et sa construction en tant que femme ou plus simplement être humain.

Livre très dense, très ambitieux aussi qui fait la part belle aux femmes musulmanes.
Pour étayer son propos, l'auteur choisit des personnages limite caricaturaux et radicalement opposés, que ce soit dans la sphère familiale ou dans la vie étudiante de Péri.
Le thème principal est la place de Dieu dans la vie de chacun et donc principalement des femmes musulmanes . Et donc , on a l'athée, la pieuse et la déboussolée, Péri.
C'est aussi un livre sur la Turquie et son évolution ; le pessimisme de l'auteur est latent, tant elle fustige la fracture sociétale d'un pays tiraillé entre allégeance aveugle à Dieu , symbolisée par Selma , la mère, et refus du diktat religieux , matérialisé par le père. Et au milieu Péri essaie de se construire.
Dans la pièce principale s'affronte le portrait d'Atatürk et une pendule rappelant les heures de prières. le livre se déroulant sur plus de 30 ans , la dégradation du vivre ensemble turc est plusieurs fois évoquée.

Alors que penser ?
Ce livre a déjà le mérite de nous interroger, sur la tolérance notamment, l'apparence quotidienne de Dieu, la dualité orient / occident.
Il met à plat la question de la femme musulmane , sans prendre partie , exposant clairement les positions de chacune, les confrontant que ce soit dans le cadre familial, le cadre étudiant expatrié ou même au sein de la bourgeoisie turque du XXI ème siècle.
Un roman dense , posant de vraies questions tout en finesse .On peut reprocher quand même le coté un peu caricatural de la plupart des personnages , sauf sans doute Péri, et également une ou deux histoires parallèles qui n'apportent pas grand chose.

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Recherche philosophique et religieuse d'une femme turque qu'on dit « déboussolée »…

Prise dans les embouteillages d'Istanbul en 2016, Peri fait face à un incident qui la bouleverse et lui rappelle l'enfant qu'elle a été et lui amène une remise en question de ce qu'elle est devenue.

Une alternance de chapitres montre cette femme, puis la petite fille des années 80, coincée entre un père qui tend vers le modernisme athée et une mère musulmane intégriste, et qui se réfugie dans les livres et l'étude. Grâce à ses succès scolaires, on la suivra à Oxford en 2001 où elle rencontrera deux autres filles d'Ève, Shirin une Iranienne libérée et Mona, une musulmane qui porte le voile. Dans ses cours avec le professeur Azur elle poursuivra sa quête de sens, de Dieu et d'une troisième voie entre la foi et la science.

Un roman qui donne beaucoup de place aux réflexions sur la société et la religion, tout en campant les dilemmes des femmes dont les valeurs s'opposent. Un excellent livre si ce n'était de la fin qui arrive abruptement et sans un véritable dénouement.
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Deux récits qui s'entrecroisent dans ce beau roman: Peri, l'héroïne qui vit une vie bourgeoise plutôt traditionnelle à Istanbul de nos jours et l'évocation de sa jeunesse étudiante à Oxford, dans les années 2000 à 2002. Elle y a vécu des moments intenses en compagnie de deux amies proches, Shirin, l'anglo-iranienne et Mona, l'égyptienne. Trois femmes, trois musulmanes, et trois manières de vivre la religion: une rigoriste (Mona), une transgressive (Shirin), et la dernière, l'héroïne, Peri, plutôt dubitative.
Ce roman à la trame classique nous permet de découvrir la société turque d'aujourd'hui, fortement imprégnée de religion: il y a d'un côté les militants laïcs, et de l'autre les religieux militants. Peu de points communs entre ces deux groupes, condamnés à s'affronter. L'émancipation de la Femme dans ce contexte paraît difficile, même pour des jeunes femmes qui ont fait de brillantes études à l'étranger, comme notre héroïne. Une société très marquée encore par la séparation des sexes même dans les milieux bourgeois aisés.
Le texte est très bien écrit. Ce roman montre la problématique de ce grand pays qui voudrait s'ouvrir à l'extérieur tout en respectant des traditions qui semblent a priori incompatibles avec un mode de vie occidental.
La fin du roman m'a un peu déçue; on s'attendait à quelque chose de plus dramatique dans le vécu de Peri, notre héroïne.
En tout cas c'est une lecture à conseiller à ceux qui s'intéressent à la Turquie.
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Peri, mère, épouse et femme turque accomplie, invitée dans un soirée bourgeoise à Istanbul avec son mari, se rappelle son enfance, son adolescence, les choix qu'elle a fait pour arriver là. Au travers de son récit, on a également une vision de la volonté et des difficultés de ce pays à faire coïncider religion et modernité.
Peri supporte les conflits apparemment totalement incompatibles qui opposent ses parents. Sa mère, très portée sur la religion et les traditions et son père bien plus modéré, plus intéressé par l'instruction et la science. Chacun de ses frères a pris un parti et l'a poussé à l'extrême. Peri, petite dernière et arrivée tardivement, attirée par les sciences et l'ouverture sur le monde, a aussi beaucoup de respect pour sa mère et ses croyances, même si elle a parfois des difficultés à la comprendre. Elle grandit avec comme défit tacite de faire entrer ces deux visions dans la même vie.
J'ai aimé ce roman car il donne un aperçu de la société turque, et il fait aussi réfléchir à ce phénomène de société qui est la cohabitation de la connaissance et de la religion. Néanmoins, j'ai vu un petit flop pour la fin que j'ai trouvé particulièrement bizarre.
Lien : https://www.facebook.com/Les..
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critiques presse (3)
LaPresse
21 février 2018
À Istanbul en 2016, Peri se fait voler son sac à main en se rendant à une chic soirée. Une photo prise pendant ses études 14 ans plus tôt et conservée dans son portefeuille la plonge dans ses souvenirs.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Lexpress
29 janvier 2018
Elif Shafak met en perspective dans son nouveau roman le durcissement idéologique de la société à travers l'histoire d'une jeune femme élevée dans la bourgeoisie stambouliote par un père athée et une mère ultracroyante.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeFigaro
19 janvier 2018
Une bourgeoise d'Istanbul repense à ses années à Oxford.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (104) Voir plus Ajouter une citation
En outre, même si sa vie en dépendait, elle ne pouvait pas se faire aux réactions hostiles à la lecture. Dans divers coins du monde, on est ce qu'on dit et ce qu'on fait, mais aussi ce qu'on lit; en Turquie, comme dans tous les pays hantés par les problèmes d'identité, on se définit, d'abord, par ce qu'on rejette. Apparemment, plus les gens s'en prenaient à un auteur, moins ils avaient lu ses livres. (p. 150)
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Le problème aujourd'hui, c'est que le monde attache plus de valeur aux réponses qu'aux questions. Mais les questions devraient compter bien davantage ! Je crois au fond que je veux faire entrer le diable à l'intérieur de Dieu et Dieu à l'intérieur du diable . (p. 348)
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Peri avait quitté la table avec les autres mais s'attarda au milieu du salon. Comme toujours elle se sentait partagée dans ce genre de situation. Elle détestait la ségrégation par sexe courante dans les réunions mondaines d'Istanbul. Dans les familles conservatrices, la séparation était si marquée qu'hommes et femmes pouvaient passer la soirée entière sans échanger un mot, isolés dans des parties éloignées de la maison. Les couples se divisaient en arrivant et se retrouvaient à la fin de la réception avant de franchir le seuil.
Même les cercles libéraux n'excluaient pas cette pratique.
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Elle essaya un moment de ne pas gaspiller son argent pour des ouvrages occidentaux, mais sa résolution faiblit vite. Un bon livre était un bon livre, c’est tout ce qui comptait. En outre, même si sa vie en dépendait, elle ne pouvait pas se faire aux réactions hostiles à la lecture. Dans divers coins du monde, on est ce qu’on dit et ce qu’on fait, mais aussi ce qu'on lit ; en Turquie, comme dans tous les pays hantés par les problèmes d’identite, on se définit, d’abord, par ce qu’on rejette. Apparemment, plus les gens s’en prenaient à un auteur, moins ils avaient lu ses livres.
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Comme tous les exclus, elle s'apercevrait bientôt qu'elle n'était pas seule. Dans une classe il y en a toujours quelques-uns qui, pour diverses raisons, sont en décalage avec la majorité. Ils se reconnaissent entre eux immédiatement. Il faut un intouchable pour en déceler un autre (...)
Mais ses véritables compagnons restaient les livres; l'imagination était sa demeure, son pays, son refuge, son exil. (p. 98)
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