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Pierre Leyris (Traducteur)Leo Salingar (Préfacier, etc.)
EAN : 9782080707567
404 pages
Flammarion (04/01/1999)
4.11/5   274 notes
Résumé :
Duke If music be the food of love, play on, Give me excess of it ; that, surfeiting, The appetite may sicken, and so die...
That strain again ! it had a dying fall : O, it came o'er my ear like the sweet sound That breathes upon a bank of violets ; Stealing and giving odour... Le Duc Si la musique est la pâture de l'amour, Jouez encoure, donnez-m'en jusqu'à l'excès En sorte que ma faim gavée languisse et meure. Ce passage à nouveau ! pour son rythme mourant ;... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Pièce qui n'a pas été publiée du vivant de l'auteur, mais uniquement en 1623 dans le Folio. Elle semble avoir été écrite en 1600-1601 ; son titre semble indiquer qu'elle a été créée le 6 janvier, le jour de l'Epiphanie, en 1601, même si aucune source sûre ne confirme ce fait. Le texte publié est un texte de scène, les spécialiste le jugent de bonne qualité.

Comme souvent dans le théâtre de l'époque, la source principale de la pièce de Shakespeare, est une, ou plutôt des pièces italiennes. Une comédie de nom d'Inganni a été jouée à Sienne en 1531, on ne connaît pas son auteur, mais la trame en a été reprise par Nicolo Secchi, puis par Curzio Gonzaga. Elle a connue diverses adaptations, latines, françaises, espagnoles...L'histoire de deux jumeaux de sexe opposé, séparés, déguisés, qui vivent des amours compliqués, dans lesquelles le changement apparent de sexe joue un rôle, troublant les corps et les âmes, a connu un beau succès. De toutes les façons, le XVIe et le XVIIe siècle étaient très amateurs de travestissements, et les filles déguisées en garçons comme les garçons déguisés en fille ont fait les beaux jours de la littérature de l'époque. On peut citer l'Astrée, le fameux roman d'Honoré d'Urfé dont la publication commence en 1607, dans lequel le personnage principal passe la plus grande partie du roman déguisé en fille auprès de celle qu'il aime, et qui sans le reconnaître, est troublée par sa présence. Shakespeare reprend donc une trame souvent utilisée.

Viola vient d'être sauvée d'une tempête dans laquelle son frère jumeau, Sébastien semble avoir péri, sur les rivages de l'Illyrie. Par prudence, elle se travestit en garçon, et prend du service auprès du duc des lieux. Elle en tombe amoureuse, mais le duc est épris d'Olivia, une jeune femme qui refuse ses avances, et cela même s'il n'est pas insensible au charme de son nouveau page. Le duc charge Viola, rebaptisée Césario, de fléchir Olivia. Viola approche la belle, qui loin de s'intéresser plus au duc, tombe amoureuse de Césario. Par ailleurs, Olivia héberge un oncle, noceur et plaisantin, qui joue des tours à qui il peut. Il décide ainsi, par l'entremise de Maria la suivante d'Olivia, de ridiculiser Malvolio, son intendant puritain. Mais Sébastien, le jumeau de Viola, n'est pas mort. Il arrive en ville, où il est pris pour Viola-Césario. En particulier par Olivia, qu'il épouse. Le duc, apprenant le mariage de son serviteur, est prêt à l'exécuter. Mais l'arrivée de Sébastien éclairci la situation : c'est lui qui est devenu le mari d'Olivia. Viola dévoile sa véritable identité, et le duc décide de l'épouser. Le seul mécontent est Malvolio, qui espérait épouser Olivia, et qui a été ridiculisé et maltraité. Le tout sous le regard goguenard du fou d'Olivia, Feste.

La pièce a une double tonalité, amoureuse, tout d'abord. Le duc n'est plus en capacité de gouverner ses états, envahi par une mélancolie amoureuse, dans laquelle il se complaît. Olivia et Viola sont éperdues d'amour, un amour qui ne semble pas possible, du fait du travestissement : le duc ne peut aimer Viola, qu'il pense être un garçon, et Olivia est dupe du déguisement de Viola, qui est en réalité une fille. Tous les amours sont donc sans issue. C'est l'arrivée de Sébastien, le complément mâle de Viola qui dénoue les fils ; le couple des jumeaux, en se reconstituant, en étant de nouveau homme et femme, remet le monde en état de marche et permet à chacun de retrouver un partenaire assorti. Après avoir connu les troubles et les attirances du semblable, chaque protagoniste rejoint l'autre, le différent, qui le complète. Sans oublier forcément l'attrait du pareil.

Mais la pièce a aussi une tonalité loufoque, carnavalesque ; beaucoup de commentateurs considèrent qu'elle est en lien avec la date supposée de la création, à l'entrée du carnaval. Le moteur en est sir Tobie, l'oncle d'Olivia, accompagné de son satellite, Sir Aguecheek. Festen, le fou, joue aussi son rôle, ainsi que Maria. Malvolio, est un participant involontaire, mais le personnage est comique malgré lui, et devient la victime désignée des autres. Comme dans le carnaval et ses débordements, le rire est proche de la cruauté, voire de la violence. Malvolio en est la victime, mais il n'est pas le seul, la mort peut survenir, par duel ou par exécution. Nous ne sommes pas loin par certains aspects d'un côté presque rituel, où pour conjurer le sort et s'assurer la prospérité, les débordements d'abord joyeux, vont jusqu'au paroxysme, et demandent une victime expiatoire pour s'accomplir.

Une très grande pièce.

Challenge Théâtre 2018-2019
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Une de mes pièces préférées de Shakespeare sur l'amour, les conventions et les faux-semblants.

Cette histoire d'amour est bien moins connue que Roméo et Juliette, pourtant elle est , à mon sens, bien plus raffinée. C'est une pièce pleine de douceur et bien travaillée dans laquelle Shakespeare nous parle d'amour fraternel et d'amour romantique. J'aime aussi particulièrement le thème du déguisement qui permet aux personnages d'être dans la peau d'un autre. Et tout en étant dissimulés dernière une apparence qui n'est pas la leur, ils peuvent se dévoiler librement.

Là, on peut apprécier tout l'art et la beauté de l'oeuvre de Shakespeare !
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Le théâtre est un genre que l'on lit quand l'envie s'en fait sentir. C'est avec plaisir que je retrouve un genre que j'aime lire, un classique qui plus est, le théâtre shakespearien faisant montre de modèle dans le genre.
Ici, les scènes engagent les thèmes du travestissement, des quiproquos, de la vengeance et de la ruse. L'amour, aussi bien sûr. Qui toujours chez ce maître-ci, se veut complexe et alambiqué.
Les personnages sont des archétypes mais recèlent également des richesses de jeu. Comme souvent, on savoure particulièrement les envolées du fou, empreintes de bien des vérités. Pour que tout se termine pour le mieux...
Une pièce qui se lit avec aisance et facilité, une histoire à rebondissements qui prête au sourire et à l'émotion.
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Sortant du cinéma où j'ai assisté, médusée, à une représentation de la pièce par la troupe de la Comédie Française, où la mise en scène grotesque et la vulgarité obscène des costumes et des jeux d'acteurs, avaient réussi le tour de force de chasser la poésie du texte en occultant la malicieuse ambiguité de l'intrigue, je me suis précipitée sur Wikisource où j'ai retrouvé avec délice la pièce que j'ai relue en tentant d'oublier cette navrante pantalonnade qui me parait davantage destinée à susciter un émoi publicitaire dans le microcosme parisien plutôt qu'à faire connaître au grand public un dramaturge exceptionnel (que je vénère particulièrement , vous l'avez compris !).
Comédie de la dualité et de l'amour interdit, du désir et de la dissimulation, "la nuit des rois" est un délicieux divertissement qui met en scène le Duc Orsino amoureux fou de la belle Olivia qui refuse ses avances.
Quand Viola et son frère Sebastien , font naufrage sur les côtes d'Illyrie et sont séparés lorsqu'ils touchent terre, Viola croit son frère mort et se présentant comme un jeune page, elle entre au service du Duc et tombe aussitôt amoureuse de lui. Mais bien sûr, le Duc ne fait que soupirer pour Olivia et il charge Viola, sous son déguisement d'homme, de se rendre auprès de sa belle et de tenter de la faire changer d'avis.
Mission réussie, si ce n'est qu'Olivia , enfin décidée à renoncer à son farouche célibat, ne choisira pas le Duc Orsino mais le jeune et beau "garçon" envoyé par celui-ci...
L'intrigue fait la part belle au travestissement et à la dualité, fait sourire aux quiproquos qui se multiplient et au fur et à mesure que les fils de l'intrigue s'emmêlent, les personnages évoluent et l'amour finit par triompher.
Les seconds rôles comiques tiennent une place de choix, qu'il s'agisse de Malvolio, l'intendant d'Olivia, dont les aspirations amoureuses feront l'objet d'un jeu cruel, de Sir Andrew qui rêve d'un riche mariage, du bouffon Feste ou encore de Sir Toby, l'oncle trop épris de la dive bouteille....
Même traduite, la langue de Shakespeare reste d'une rare élégance et d'une puissance poétique inégalée. L'expression des sentiments fait l'objet d'une analyse pénétrante et le thème est d'une troublante actualité à une époque où la frontière entre les sexes fait preuve d'une réjouissante porosité permettant à chacun de vivre ses amours en pleine liberté.
La diffusion le soir de la Saint Valentin était un excellent choix mais bien dommage que le spectacle se soit révélé aussi décevant.
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C'est une superbe pièce de théâtre. Je l'ai joué et j'ai eu un plaisir immense à la jouer. C'est fort, c'est finement écrit et les personnages sont bien plantés par l'auteur. Pour les plus jeunes qui de prime abord peuvent trouver Shakespeare désuet, il y a matière à fermer les yeux, transposer l'histoire à notre époque et à se régaler.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
LE DUC
Si la musique est nourriture d'amour, joue encore,
Donne-m'en à l'excès afin que, rassasié,
Mon appétit languisse et meure.
Encore cette mélodie, elle avait une cadence mourante:
Oh ! elle m'a flatté l'oreille comme la douce brise
Qui souffle sur un lit de violettes,
Répandant le parfum qu'elle leur a dérobé. Assez, arrête;
Maintenant ce n'est pas aussi délicieux qu'avant.
Ô esprit de l'amour, comme tu es ardent et affamé,
Ta voracité est immense
Comme celle de la mer, et pourtant rien n'y entre,
Quelle qu'en soit la valeur et quel qu'en soit le prix,
Qui ne soit avili et déprécié
En une seule minute ! Si plein de formes est le désir
Qu'il est fantasmatique au suprême degré.
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LE DUC
(...) La femme doit toujours prendre
Un homme plus âgé qu’elle; ainsi elle se fait à lui,
Ainsi elle règne sur un pied d'égalité dans le coeur de son mari:
Car, mon garçon, quoique nous prétendions,
Nos désirs sont plus capricieux et changeants,
Plus impérieux, plus vacillants, plus vite en fuite, plus vite usés
Que ceux des femmes.
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LE CLOWN
Esprit, si telle est ta volonté, inspire-moi d'heureuses folies ! Les gens d'esprit qui croient t'avoir en partage font souvent preuve de folie; et moi qui suis sûr d'en être dénué, je peux passer pour sage. Car que dit Quinapalus ? "Mieux vaut un fou spirituel qu'un bel esprit qui est fou."
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LE DUC, à Viola
(...) Votre maître vous rend la liberté; et pour vous remercier des services rendus,
Si contraire à la nature de votre sexe,
Si indignes de votre douce et tendre éducation,
Et puisque si longtemps vous m'avez appelé maître,
Voici ma main; vous serez désormais
La maîtresse de votre maître.
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LE CLOWN
Qu'est-ce que l'amour ? Il n'est pas à venir,
La joie présente au présent à son rire:
Demain est toujours incertain.
Il n'est de jouissance dans l'attente,
Aussi viens m'embrasser, ô ma charmante:
La jeunesse ne dure point.
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Videos de William Shakespeare (372) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de William Shakespeare
SHAKESPEARE – Les femmes dans Henri VI & Richard III avec Patrice Chéreau (FR3, 1999) Un documentaire de Stéphane Metge réalisé en 1999. Présence : Patrice Chéreau, Elsa Bosc, Céline Carrère, Jeanne Casilas, Rebecca Convenant, Amélie Jalliet, Cylia Malki, Sarah Mesguich. Traduction utilisée : Armand Guibert, Pierre Leyris et Daniel Loayza (édition du Club Français du Livre).
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