La Tempête

SÉBASTIEN : S'il m'en souvient, vous supplantâtes votre frère Prospéro.
ANTONIO : En effet. Et, vous pouvez le voir, mes habits me vont à merveille : mieux qu'avant. Ceux qui servaient mon frère étaient mes compagnons en ce temps-là ; ils sont à cette heure mes gens.
SÉBASTIEN : Mais votre conscience ?
ANTONIO : Où cela niche-t-il ? Si c'était une ampoule au pied, je porterais pantoufle. Mais je ne sens point cette déesse en mon sein.

PROSPÉRO : Nous sommes de l’étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée d'un sommeil.
(We are such stuff as dreams are made on, and our little life is rounded with a sleep.)

C'est un démon, un démon-né ! Jamais sur sa nature aucune culture ne tiendra : les efforts que j'ai faits pour son bien, humainement, sont tous perdus, tous, sans retour.
(A devil, a born devil, on whose nature nurture can never stick : on whom my pains, himanely taken, all, all lost, quite lost.)

un sein vertueux a plus d’une fois produit de mauvais fils.

De même que ce mirage sans assises, les tours ennuagées, les palais somptueux, les temples solennels et ce grand globe même avec tous ceux qui l'habitent, se dissoudront, s'évanouiront tel ce spectacle incorporel sans laisser derrière eux ne fût-ce qu'un brouillard.
(Like the baseless fabric of this vision, the cloud-capped towers, the gorgeous palaces, the solemn temples, the great globe itself, yea, all wich it inherit, shall dissolve, and, like this unsubstantial pageant faded, leave not a rack behind.)

SÉBASTIEN: Je me souviens que vous avez supplanté votre frère Prospero.
ANTONIO: C'est vrai. Aussi voyez comme mes vêtements me vont bien ! beaucoup plus élégants qu'auparavant ! Les sujets de mon frère étaient mes égaux alors ; ce sont mes gens à présent.
SÉBASTIEN: Mais votre conscience ?
ANTONIO: Bah ! monsieur, où placez-vous ça ? Si c'était une engelure, elle me retiendrait dans mes pantoufles ; mais je ne sens pas cette divinité-là dans mon cœur. Y eût-il vingt consciences de glace interposées entre Milan et moi, elles fondraient avant de me gêner...
(Acte II, Scène 1)

N'encombrons pas notre mémoire d'un fardeau qui n'est plus.
(Let us not burden our rememberance with a heaviness that's gone.)

Ton père a le sort le plus beau ;
La vaste mer est son tombeau ;
Ses yeux, ce sont des perles fines ;
Ses os sont changés en corail.
Tout son corps, merveilleux travail,
A pris mille formes marines.
Écoute les chants des ondines !
Entends leur cloche de cristal,
Mêlée à leurs voix argentines.
Sonner pour lui le glas fatal !

Full fathom five thy father lies;
Of his bones are coral made;
Those are pearls that were his eyes:
Nothing of him that doth fade
But doth suffer a sea-change
Into something rich and strange,
Sea-nymphs hourly ring his knell:

STEPHANO
Trinculo, si vous l'interrompez encore dans son histoire, par ce poignet ! je vous extirpe quelques dents.
(Acte III, Scène 2)

il y a plus de gloire à la vertu qu’à la vengeance