Voici donc enfin l'histoire de la vie d'Henry IV roi d'Angleterre.
« Coupez ! On la refait. »
Voici l'histoire des tribulations du prince de Galles Henry, futur
Henry V, et du maître de la pantalonnade sir John Falstaff.
C'est vrai quoi ! C'est quoi ce titre qui nous fait croire que l'on va détailler la vie du papa d'
Henry V alors qu'en fait on veut nous raconter les premiers soubresauts de la vie d'adulte du fiston ?
Henry IV est très effacé dans cette pièce, à peine un faire-valoir. Il prenait davantage de place dans
Richard II, alors qu'il n'était encore que Bolingbroke.
La pièce entrecroise deux sujets : d'une part la révolte de la famille Percy, associée aux Gallois de Glendower et aux Écossais de Douglas, contre le roi
Henry IV, et d'autre part les frasques du jeune prince de Galles et de son bon compagnon Falstaff. Selon moi, elle est beaucoup trop déséquilibrée au profit du second sujet. Ce sont un peu les interludes comiques qui prennent le pas sur la narration de l'Histoire.
Richard II – qui présentait aussi des éléments de comédie – était nettement mieux équilibrée.
La partie historique est très intéressante. Elle évoque un pan méconnu de l'histoire d'Angleterre. On se rend compte que pendant la guerre de Cent Ans, la France n'était pas la seule à devoir faire face à des conflits internes tels qu'Armagnacs contre Bourguignons. L'Angleterre avait son lot de révoltes et la coalition autour de Henry Percy alias Hotspur (« éperon chaud ») était sacrément dangereuse pour
Henry IV. Ce dernier est devenu roi au culot car il n'était pas le premier dans l'ordre de succession, et visiblement il a manqué de jugement et réussi à se mettre à dos ceux-là mêmes qui l'avaient mis sur le trône. Il est également intéressant de voir qu'à cette époque le pays de Galles pouvait encore se révolter contre l'Angleterre (pour l'Écosse c'est plus connu). Je pensais qu'il était « pacifié » depuis longtemps. Ce Glendower (ou Glyndwr) était visiblement un personnage, bénéficiant à l'époque de
Shakespeare d'une aura légendaire de magie celtique.
Le dernier acte est consacré tout entier à la bataille de Shrewsbury qui verra la victoire de Henry IV. Je crois que je n'avais jamais lu une bataille menée au théâtre avec autant de brio. Cela devait être impressionnant sur scène.
L'autre partie tient beaucoup plus de la farce. le prince de Galles est un fêtard farceur on ne peut plus éloigné du roi implacable qu'il deviendra tel qu'il nous est montré dans le film
Henry V de Kenneth Branagh ou la série BD le Trône d'argile. Mais le véritable bouffon gras et aviné est Falstaff qui nous vend des tonnes de mythomanie. S'il est souvent drôle, souvent aussi son humour m'a complètement échappé. Son personnage éclipse tous les autres, prend beaucoup trop de place, un vrai coucou. Réduite, ses interventions auraient apporté la respiration nécessaire à une pièce historique. Ici elles ont tendance à l'étouffer au contraire.
Un ressenti mitigé au final. Je me demande ce que me réserve la deuxième partie.