Je découvre Zeruya Salev à travers ce roman qui reçut en 2014 le Pris Fémina étranger .
Il m'aura fallu plus de temps que prévu pour venir à bout de ce roman fleuve , qui n'en finit pas de s'enrouler autour de lui-même tout en avançant quand même , parce que le mouvement qui nous rapproche de la fin est intrinsèque à la vie .
Et c'est de cela dont elle parle
Zeruya Shalev , à travers une dizaine de personnages liés par le sang , ou le hasard des rencontres .
C'est au chevet d'Hemda qui attend dans une semi conscience sa fin prochaine que débute l'histoire .En Israel .
Et commence , à travers un flux de réminiscences pour cette vieille Hemda , une forme d'acceptation ? de résilience ? de réconciliation avec soi et avec les autres ?
Par ce personnage central ,, nous remonterons le cours de l'eau ( à l'image de ce lac qui hanta toute l'enfance de la petite Hemda , mais la poursuivra toute sa vie dans un schéma fortement névrotique associé à un manque , à l'image d'un père aussi , à l'absence d'une mère , à l'incapacité à trouver sa place dans le Kibboutz sans pouvoir trouver pour autant son équilibre ailleurs ...) , nous suivrons le parcours de sa descendance ... Dina ,la sacrifiée sur l'autel maternel et qui avance péniblement à l'aube de sa ménopause en remettant tout en question , Avner , le surprotégé en revanche ,(par voie de conséquence , pour faire équilibre bien-sûr ), avocat des Bédouins ( à travers ce personnage , on appréhendera une facette d'Israel et des blessures sociales de cette terre de violence , la voix politique engagée de ce roman ) , mais aussi l'enfant de Dina , les conjoints respectifs , les rencontres déterminantes pour chacun d'eux dans leur projection , bouffée d'oxygène que de vivre de façon ponctuelle par une forme de procuration et s'ouvrir par cette brèche vers un ailleurs jusque là insoupçonné et peut-être rebondir ( vous savez : "rien n'est gratuit dans la vie , il n'y a pas de hasard !!! Hum hum...)
Alors oui , bien évidemment chacun s'y retrouvera ....On pourra apprécier un temps la force pugnace de l'auteure à vouloir soulever le voile et nous rendre à nous-mêmes , pauvres mortels englués dans la complexité des relations interpersonnelles , du tissage psycho-générationnel auquel personne n'échappe ...
On pourrait se sentir emporter par des envolées lyriques plutôt bienvenues au départ , mais glissant très rapidement dans l'effet de saturation , tout comme le ton de questionnement existentiel qui éveille le lecteur à ses propres errances et douleurs avec une certaine habileté et finesse psychologique mais qui n'aboutit qu'à une forme totalement indigeste par accumulation , répétitions , scansions stériles .
Malgré ses qualités de clairvoyance , d'esprit d'analyse certain , la forme oppressante de l'écriture plonge le lecteur dans un magma de ruminations s'entrelaçant sur des centaines de pages , et le souffle en apnée , on en ressort lessivés et pas forcément convaincus .
Une sorte de volonté acharnée à vouloir démontrer les conditionnements issus du passé familial , mais aussi de l'histoire ( la grande histoire , celle d'un peuple ), de la force souvent implacable de l'histoire familiale et de la complexité à trouver l'ouverture pour prendre en main sa propre destinée , en se délestant de ce qui nous paralyse ....et toutes ces perspectives vues et revues dont nous abreuvent les méthodes de développement personnelles et certains psychiatres très en vogue ( et qui ont le méritent d'apporter une approche accessible à tous et ainsi d'ouvrir quelques portes malgré tout , qu'ils en soient remercié ) alourdit considérablement l'ensemble de l'oeuvre , n'atteignant pas son lectorat potentiel .
Lecture comme d'habitude hautement subjective . Que j'assume .