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sur 123 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans le mochav de Nahalal, une coopérative agricole de Galilée, on considère que l'oncle Yeshayahou est un traître. Car il est parti en Amérique et le pays du capitalisme est mal vu par cette communauté juive d'origine russe. Mais l'oncle Yeshayahou a un plan diabolique. Il connaît l'obsession pour la propreté de Tonia, la grand-mère du narrateur, et lui envoie le tout dernier modèle d'aspirateur General Electric. Un sweeper qui deviendra le moteur des histoires familiales, des tensions intergénérationnelles et des anecdotes les plus folles.
Ma grand-mère russe et son aspirateur américain est un roman d'un auteur israélien reconnu dans son pays, Meir Shalev, que je ne connaissais pas, et dont j'ai appris à savourer l'univers autobiographique et complètement surréaliste en même temps dans lequel il nous plonge dans une invraisemblable histoire familiale qui nous dit pas mal de choses pertinentes sur la société israélienne à ses débuts.

On y apprend pas mal de choses sur un des premiers moshav de Palestine, fondés par une poignée d'Ukrainiens communistes hauts en couleur, et dans lesquelles ces populations juives chassées de leurs pays respectifs et condamnées à assimiler une nouvelle culture et une nouvelle langue.

Sur un sujet qui aurait pu être plein de tragique et de gravité, Meir Shalev préfère la fantaisie et la farce ( un peu à la manière d'un Emir Kusturica dont j'ai parlé récemment) mais n'oublie pas la tendresse et la malice dans ce livre à mi chemin entre le récit iniatique jubilatoire et le documentaire d'une partie d'une population qu'on connaissait fort mal.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Il arrive que des livres retiennent l'attention par leur titre, qui laisse augurer d'une bonne lecture. C'est clairement le cas ici !

Si l'on ne connaît pas Meir Shalev (ce qui était mon cas), on peut s'attendre à une fiction, mais c'est bien plus que cela : l'auteur nous raconte ici la vie de sa famille, sans concession, avec un humour mordant, jouissif, teinté d'ironie pour notre plus grand plaisir. Sans se prendre jamais au sérieux mais en veillant à l'être dans sa description des faits, il nous embarque dans le destin d'une lignée familiale certes, mais au-delà, il dessine les contours de la société israélienne à ses débuts, de Nahalal à Jérusalem en passant par Haïfa, avec toute sa complexité et ses ambiguïtés. Pour la novice que je suis en la matière, cette lecture a été l'opportunité de comprendre davantage la vie de ces communautés depuis leur arrivée à la fin des années 20 : kibboutz, mochav, travail de la terre, valeurs portées à la modestie et l'entraide, reconnaissance du travail manuel, rejet du luxe et des superficialités…L'occasion d'effleurer et de s'imprégner de cet univers ashkénaze riche et haut en couleurs.

Un délice à parcourir car Meir Shalev a le don de mettre en scène l'ambiance familiale tout au long de la lecture et de le distiller page après page, agrémenté de temps en temps par une photo qui achève de nous plonger dans son récit : passant de digression en anecdotes, on a l'impression d'assister avec lui à un de ses grands repas de famille où chacun y va de sa version des faits, s'interrompant pour raconter une autre histoire qui vient s'intégrer avec une fluidité presque insolente dans la trame du récit. Et l'auteur est un vrai conteur qui sait nous maintenir en haleine pour savoir comment, oui, comment grand-mère Tonia s'est procuré cet aspirateur, pourquoi il est arrivé jusqu'ici et pourquoi elle le garde enfermé dans sa salle de bains dans laquelle personne n'a le droit d'entrer ! Il faut accepter de rentrer dans le jeu de l'écoute attentive de Meir Shalev, qui ne perd pas une occasion d'entrer dans le détail de la grande épopée de sa famille.

Et c'est cela qui constitue aussi le sel de ce texte : l'histoire de l'aspirateur est certes drôle, mais ce sont les personnages tous plus étonnants les uns que les autres qui teintent le récit d'une aura si éclatante. Grand-mère Tonia et son caractère bien trempé, maniaque et autoritaire jaillit tout au long du texte et retentit fortement dans le paysage, mais frères, soeurs, mère, tante et oncle sont tout aussi savoureux et on est happé en un rien de temps dans la narration, avec la volonté d'en savoir plus sur chacun d'eux. L'âne de la famille aurait même eu la capacité de voler, mais plus personne aujourd'hui ne peut le confirmer. le plus original de tous, c'est bien sûr le sweeper, ou sveeperrr comme dirait Tonia, personnage à part entière doté d'une capacité à penser et qui va créer le terreau de nombreux débats, même bien après sa disparition inexplicable.

Vérité, réalité, mensonge, déformation se mélangent en une joyeuse mêlée familiale avec laquelle l'auteur s'amuse et dans laquelle il tente de faire émerger malgré tout le Vrai, en prenant des pincettes. Avec tendresse, malice et facétie, il nous plonge dans un récit à la croisée du documentaire et de l'autobiographie pour nous faire découvrir la vie de l'un des premiers moshav de Palestine. Il dresse avec intelligence un portrait qui rend hommage à ces populations juives ayant quitté l'Europe de l'Est et qui en voulant mettre en place un idéal du travail agricole en communauté sur la Terre Promise ont développé une culture hybride assez souvent méconnue. Une saga familiale drôle avec une approche intéressante mêlant petite et grande histoire.
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Un récit autobiographique, écrit par Meir Shalev, centré sur le personnage étonnant de sa grand-mère Tonia, arrivée en Israël en 1920 pour rejoindre son mari et s'établir dans le Mochav (coopérative agricole) de Nahalal.

C'est en effet une personnalité remarquable, une femme dure au travail, comme beaucoup à cette époque et plus particulièrement parmi les pionniers, mais aussi une maniaque de la propreté. Maniaque au point de laisser des chiffons à chaque poignée de porte pour essuyer les traces de doigts, maniaque compulsive et imposant à son entourage ses règles très contraignantes de nettoyage et de propreté dans la maison. Elle imposera à ses filles de récurer le sol avant chaque départ à l'école et tant pis si elles ratent la classe.

L'anecdote de l'aspirateur annoncé dans le titre est le fil conducteur de ces mémoires familiales. Mais il est surtout le prétexte à parler d'un tas d'autres choses, des oncles, des tantes, des petits travers de chacun et des bisbilles de famille. C'est un récit plein d'humour, qui m'a paru un peu long parce qu'il se focalise uniquement sur la famille de l'auteur et n'aborde aucunement « les ambiguïté de la société israélienne naissante » mentionnées sur la quatrième de couverture. Je suis donc restée sur ma faim.

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Quelle famille que la famille Shalev ! La grand-mère Tonia en est sans doute le personnage dominant mais tous les autres sont dépeints avec beaucoup d'humour par l'auteur, qui sait mieux que personne se moquer des travers de chacun. Grand-mère Tonia est obsédée par l'existence de la moindre saleté pouvant envahir vicieusement sa maison. Elle tyrannise tout le monde, obligeant à une vie spartiate. Parfois le grand-père se sauve mais elle arrive toujours à le retrouver. Certaines pièces dont la salle de bain sont fermées.
L'objet le plus mystérieux de la maison est un aspirateur, qui fut envoyé d'Amérique par un beau-frère, traître à Israël, parti faire des affaires aux USA. Ce "sweeper" est devenu un personnage à part entière dans la saga familiale au même titre que l'âne volant et le cheval caractériel. D'autant que la grand-mère s'aperçoit, horreur ! que la saleté est stockée dans le ventre de ce cheval de Troie. Sa fureur éclate. Elle le nettoie et l'enferme pendant 40 ans dans la salle de bains sans que personne ne puisse le voir. Autant dire aux oubliettes !
A sa mort, l'aspirateur a disparu.
Sous l'humour, on trouve toutefois le rigorisme des premiers pionniers israéliens, la rudesse de leur vie et la naissance complexe de la jeune société israélienne.
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Roman autobiographique, saga familiale, qui débute en 1890 à Makarov, Ukraine. le récit grouille d'anecdotes amusantes et touchantes dont l'auteur lui-même ne garantit pas la véracité...

Une écriture vive et alerte, pas de temps mort, on passe du rire aux larmes, un pur moment de plaisir cette lecture !
Lien : http://mazel-pandore.blogspo..
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Bien sur que ce genre littéraire est précieux! Ces moments tendres amers, légèrement enjolivés sont, eux aussi, un précieux témoignage sur notre monde.
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L'art de conter, quand il est maîtrisé à ce point, procure un plaisir incroyable au lecteur. Meir Shalev nous narre avec verve et tendresse le quotidien des siens, premiers pionniers juifs partis d'Ukraine pour rejoindre Nahalal, un mochav de Galilée. le fil rouge est le "sweeper" que le frère du grand-père de l'auteur expédie en Palestine. Cet aspirateur,venu des Amériques, est un cadeau empoisonné que l'émigré qui a choisi le camp du capitalisme, destine à sa belle-soeur Tonia, obsédée par la propreté. Il sait que l'appareil va susciter de nombreux commentaires au sein de la communauté agricole, qui ne jure que par le socialisme et la serpillière pour nettoyer les sols !

Les tribulations de cet aspirateur dont Meir Shalev nous fait partager les sentiments (personnification très amusante) nous sont contées petit à petit. Les digressions sont nombreuses et nous amènent à découvrir les membres de la famille, la redoutable Tonia qui régente son monde et mène une lutte incessante contre la poussière, son mari, intellectuel devenu agriculteur malgré lui pour que la terre d'Israël devienne prospère, leurs enfants élevés à la dure mais toujours une histoire, une anecdote aux lèvres pour que le travail paraisse moins pesant. L'auteur ne s'attarde pas sur le contexte historique, éventuellement sujet à polémique. Il ressuscite par la magie de son verbe sa famille avec ses histoires petites et grandes et sa démarche ne peut que plaire à la nostalgique qui sommeille en moi.
Un très joli roman entre tendresse et humour, à ne pas manquer !

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J'ai personnellement découvert Meir Shalev dans le roman "Le pigeon voyageur" (2009) et j'avais été particulièrement séduite par l'originalité de ce récit... "Ma grand-mère russe et son aspirateur américain" est l' évocation de souvenirs familiaux plus ou moins vécus, plus ou moins romancés de l'enfance et de la jeunesse de l'auteur mais aussi de la réalité de la vie quotidienne dans les communautés des moschavim en Israël. Récit savoureux tour à tour humoristique et émouvant.
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