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Critique de traversay


Déjà, dans Kartographie, son précédent roman traduit en français, Kamila Shamsie évoquait l'influence de l'histoire et de la géographie dans les destinées humaines. Dans Quand blanchit le monde, ce thème s'est amplifié : deux familles, 60 années, de Nagasaki à Guantanamo.
Au centre du roman, une femme, Hiroko, qui ne se considérerait certainement pas comme courageuse, et pourtant. Survivante de la bombe de Nagasaki, marquée dans ses chairs, elle transporte sur son dos les stigmates de l'horreur, qui l'accompagneront sa vie durant. Un personnage superbe, libre et indomptable parce, que d'une certaine façon, elle est déjà morte une fois.
Autour d'elle, un monde en ébullition. Delhi, à la veille de la partition, un idylle qui naît, improbable, avec le musulman qui lui apprend l'ourdou. Chaque amour d'Hiroko découle de l'enseignement des langues (son fiancé, mort à Nagasaki, était allemand) comme si en parlant le même langage que l'autre, le monde pourrait devenir soudain tolérant et éviter de s'entredéchirer. Message subliminal.
Plus tard, les années 80 à Karachi, au moment où les afghans se battent contre les soviétiques. de nouveaux personnages entrent en scène, risquent leurs vies. Hiroko, est là, dans l'ombre, figure rassurante et tutélaire. Ses cicatrices se réveillent pourtant encore, quand la mort frappe l'un de ses proches.
New York, enfin. Et l'Afghanistan, en parallèle. Les tours sont tombées. Hiroko vit désormais aux Etats-Unis, le pays qui a crucifié son avenir. Un paradoxe de plus. Comme pourrait-elle prêcher la compréhension dans un siècle binaire où deux pensées s'opposent, chacune croyant représenter le bien face aux forces du mal ?
Quand blanchit le monde est un roman ample et magnifique, d'un pessimisme serein dans le tumulte et la folie du monde. Faut-il donc, comme Hiroko, connaître les plus terribles souffrances pour acquérir sagesse et acceptation des différences ?
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