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Citations sur Les derniers flamants de Bombay (17)

[...] ... - "Pourquoi [Zaïra] n'a-t-elle pas engagé un garde du corps ?

- Samar et moi avons essayé de la convaincre de le faire, mais elle considérait ça comme une intrusion dans son espace privé. Elle détestait la proximité sous toutes ses formes ; je ne crois pas non plus qu'elle ait pris la juste mesure de sa popularité.

- Mais elle était immensément célèbre en Inde !

- Ils lui ont même construit des temples.

- Non ! C'est ouf !

- En parlant d'ouf ... A la télé, hier soir, un homme politique a avancé une explication inédite du drame. Il a prétendu que Zaïra avait poussé son assassin au meurtre en se montrant dans un bar vêtue d'"une robe indécente, le dos nu."

- Tu plaisantes !"

Léo poussa un soupir. La naïveté de Sally le hérissait mais elle aiguisait aussi son appétit : c'était précisément le genre d'ignorance qu'il avait espéré combattre dans son livre. L'homme politique en question, dit Léo, était membre du Parti du peuple hindou. "On l'a sans doute envoyé au front pour sauver la peau du ministre Prasad [père de l'assassin de Zaïra]. La théorie selon laquelle la "robe indécente" de Zaïra aurait causé sa mort cadre parfaitement avec le point de vue moralisateur du parti.

- C'est l'idée la plus saugrenue que j'aie jamais entendue ! Même nos Républicains grand teint [aux USA] ne vont pas jusque là !

- Oui, mais nous sommes en Inde, chérie. Cet homme politique ne croit sans doute pas un instant à ce qu'il raconte. En douce, il dirige probablement un empire du porno, mais pour la galerie, rien de tel que de jouer les vierges effarouchées. ... [...]
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Leur rapprochement suite au procès pour meurtre avait amené le ministre à mieux apprendre à connaître son fils. Il s’étonnait de voir tout ce qu’ils avaient en commun : même forme d’yeux, estomac fragile, allergies cutanées. Il reconnut chez Malik l’imperfection de sa propre mortalité, une propension à aimer contrecarrée par certains égarements et une tendresse outrée. Peu à peu, la volonté d’épargner la prison à son garçon devint une obsession, non seulement parce que son avenir politique dépendait du fait de ne pas être éclaboussé par le scandale, mais aussi parce qu’il se doutait que, si Malik allait en prison, alors un ressort en lui-même serait brisé à jamais…
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Lorsqu’il était nerveux, le ministre Chander Prasad avait l’habitude de se gratter si sauvagement les bourses que ses morpions en avaient des orgasmes à répétition. (p. 240)

Le ministre Prasad était peut-être une vieille mauviette velue, mais, s’il était allé loin dans la vie, ce n’était pas pour rien. (p. 259)

A propos de la littérature indienne (p. 381) : Leo déplorait que la prose fût à la fois tapageuse et empruntée. « C’est du style atelier d’écriture en surrégime. » Zaira déclara que l’auteur ne faisait qu’exploiter un filon, que cette femme avait réappris l’alphabet dans un cours intensif chez Exotica 101 : A pour « mariage arrangé », B pour « femme battue », C pour « colonisation ». S’excitant tout à coup, Samar fit une grande déclaration à l’emporte-pièce : les romans indiens ne valaient rien. « On les dirait sortis de la quasi-foufoune d’une drag queen autobaptisée Lady Epique.
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[...] ... Le petit ami de Samar, Léo Mac Cormick, venait de demander à la jeune auteur [Mantra] son opinion sur les récentes manoeuvres du gouvernement réactionnaire de l'état du Maharashtra [dont Bombay est la capitale] visant à rebaptiser Bombay en "Mumbaï", sa façon de donner à la mégapole un coup de badigeon.

- "Dans le genre nom de villes, "Mumbaï" a tout le charme de "Gonorrhée", déclara Mantra. Sans compter que le changement polluera la mémoire collective de Bombay."

Il ne fallut que quelques minutes au trio pour s'exciter sur cette profanation programmée, mais un autre point de vue fit irruption dans le débat lorsque Priya Das, nouvellement élue députée de la majorité incriminée, se joignit à la conversation.

- "Mumbaï" était l'ancien nom de Bombay", fit-elle remarquer d'un air pincé, faisant allusion au fait que les Kolis, l'une des premières communautés à avoir habité le chapelet d'îlots, l'avaient baptisé en l'honneur de la déesse Mumbadevi. "Et il s'agit de reprendre notre passé aux colonialistes."

Mantra poussa un soupir retentissant. "Voyons, Priya, il y a un viol par heure à Bombay. Plus de la moitié de la population vit dans des bidonvilles. Des gamines de douze ans se prostituent. Les trains ne sont jamais à l'heure. Mon lait est coupé avec une eau douteuse.

- Et alors ? ...

- Et alors, les Rosbifs ont plié bagage il y a quarante ans. Le passé est important mais le présent est crucial. Rebaptiser Bombay, ça ne va pas rendre la ville plus sûre ni plus propre.

- Tu n'as aucun sens de l'authenticité !" hurla Priya.

Mantra songea que Priya avait l'aménité des bibliothécaires bourrues dont le seul salut était le gode. "Quelle authenticité ? Les Kolis l'ont appelée "Mumbadevi" vers 1800. Si c'est de l'authentique que tu cherches, il te faudra remonter beaucoup plus loin que ça. Bombay a été fondé au XIIème siècle !" ... [...]
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"C’était un magnifique envol de milliers de flamants blancs qui cachait toute la lumière".
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(...) même si tous les pays du monde étaient confrontés à la corruption au sein de leurs systèmes, l'Inde avait une bonne longueur d'avance en la matière : elle avait tout simplement pris acte qu'il existait un système au sein de la corruption. Une fois la fraude confortablement installée dans la conscience nationale, la machinerie politique s'était dispensée de chercher à rectifier le tir et avait embrassé ses idéaux. Au fil des ans, le ministre Prasad avait perfectionné cet art. Il savait obtenir les services de juges qui attendaient désespérément d'être promus d'un tribunal de seconde zone à la Haute Cour. Il savait intimider les témoins. Il savait soudoyer les inspecteurs. C'était cruel, certes, mais ces agissements étaient nimbés d'une lumineuse logique cosmique : une fois les morts disparus, la vie continuait, comme elle était censée le faire. p.254
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Elle sortit de l’atelier et, depuis la terrasse, contempla la cité que Karan avait choisie comme sujet. Des carrés bien géométriques et éclatants de piments rouges mis à sécher sur la terrasse de ses voisins n’avaient pas encore été ramassés : dans la lumière du jour déclinante, on aurait dit de motifs sur un tapis mythique, tellement sombres qu’ils paraissaient teints dans le sang. Des chauves-souris fusaient des branches envahissantes d’un immense banian, dont les épaisse racines aériennes plongeaient jusqu’au sol, tels des tentacules. des lumignons clignotaient sur la mer d’Oman : dhows manœuvrés, au loin, par d’étiques pêcheurs avinés. Ces images se fondaient en un flou de détails familiers et rassurants, ceux-là même qui avaient bercé l’enfance de Rhea : pour la première fois de sa vie, elle se demanda ce que ce spectacle aurait signifié aux yeux de qui n’aurait pas été natif de Bombay.
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Leur rapprochement suite au procès pour meurtre avait amené le ministre à mieux apprendre à connaître son fils. Il s’étonnait de voir tout ce qu’ils avaient en commun : même forme d’yeux, estomac fragile, allergies cutanées. Il reconnut chez Malik l’imperfection de sa propre mortalité, une propension à aimer contrecarrée par certains égarements et une tendresse outrée. Peu à peu, la volonté d’épargner la prison à son garçon devint une obsession, non seulement parce que son avenir politique dépendait du fait de ne pas être éclaboussé par le scandale, mais aussi parce qu’il se doutait que, si Malik allait en prison, alors un ressort en lui-même serait brisé à jamais…
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Il avait fui Shimla et adopté Bombay pour se débarasser de son passé. Dans la mégapole, il s'était épris d'amour et d'amitié. Lorsque le monde lui avait éclaté à la figure, il avait fui en Angleterre pour se faire refaire une peau épluchée par ce qu'il avait en son for intérieur, fini par baptiser "ces évènements bizarres qui se sont déroulés à Bombay".
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Karan n'avait jamais rien vu de semblable aux vasières de Sewri : sur cette vaste étendue criblée de cratères, d'immenses mares emplissaient les creux des ondulations de la terre saturée d'eau. Cela lui rappela les premières photos du sol lunaire. Dans la douce lumière d'un jour nouveau, des flamants jusqu'à l'horizon, sur leurs échasses, avec leurs grandes ailes aux plumes dentelées, rose fébrile à la pointe ; avec leurs becs recourbées en crochets de pirate, ils perçaient avec diligence le lilmon et piochaient l'air de leurs cris d'oie peu mélodieux.
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